Bataille des Haies

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La bataille des Haies est le nom donné à une phase de la bataille de Normandie qui impliqua majoritairement l'armée Américaine face aux Allemands, du 13 juin, quelques jours après le débarquement, jusqu'au 24 juillet 1944 et le début de la percée d'Avranches. Cette bataille se déroula dans le bocage normand marqué par ses innombrables haies d'où le nom que lui donneront les historiens.

Face au blocage de la situation à l'est du front et l'impossibilité pour les troupes anglo-canadiennes de prendre Caen (voir bataille de Caen), les troupes alliées, principalement américaines, se voient obligées de progresser au sud-ouest dans une zone de bocage, une zone très favorable à la défense et dont les troupes allemandes plus expérimentées savent profiter.

D'un point de vue opérationnel, cette succession de prés et de haies empêche l'alignement du front d'attaque américain et facilite les prises de flanc. D'un point de vue tactique, chaque haie présente un nouveau retranchement à conquérir, exposant aux coups des défenseurs l'infanterie et les blindés alliés à courte portée de tir telle une succession d'embuscades. Or l'état-major américain n'avait pas prévu de disputer des combats intenses dans cette zone et sous-estima les difficultés de la configuration du terrain rendant difficile tout mouvement de chars ainsi que la progression des hommes avec peu de visibilité.

Elles favorisent les positions défensives allemandes et leur camouflage. Les troupes de la Wehrmacht auxquelles les Alliés doivent faire face sont plus expérimentées que les troupes qui stationnaient sur les côtes du débarquement. Notamment les Fallschirmjäger qui savent tirer profit de ces petits prés clôturés par des talus et des hautes haies. Elles s'y camouflent facilement rendant la suprématie aérienne alliée moins déterminante et l'artillerie américaine peu efficace. Les Allemands pratiquent une tactique où chaque point défensif d'un pré peut soutenir celui du pré d'à côté.

Les blindés alliés ne peuvent progresser sur ce terrain, les routes sont étroites et bordées de hautes haies ou les chars sont exposés aux tirs de l'artillerie allemande. Et quand ils arrivent à franchir les haies, la manoeuvre découvre le dessous du char, non blindé, pour les tirs de panzerschrecks (l'équivalent des bazookas américains) de soldats allemands embusqués. La bataille des haies est une guerre d'infanterie qui peut être rapprochée par certains de ses aspects à une guerre de jungle.

L'avancée américaine est très lente et très coûteuse en vies humaines. Il faut quelquefois plusieurs dizaines de morts alliés pour prendre un pré ou une haie. 7000 GI sont tués ou blessés pour libérer le simple bourg de Sainteny, entre Carentan et Périers. 10 000 autres subiront le même sort pour prendre la Haye-du-Puits le 8 juillet puis Lessay une semaine plus tard alors que cette ville n'est distante que de 8 km. Le moral des troupes américaines est atteint dans cette guerre d'usure où une haie prise avec difficulté ressemble terriblement à la haie précédente. Début juillet, les Américains perdent un homme par mètre de progression de la ligne de front. Les pertes seront encore plus terribles pour prendre la ville de Saint-Lô, âprement défendue par un régiment parachutiste allemand depuis les collines au nord de la ville. Le mois de juillet sera sans doute le mois le plus difficile pour les Alliés sur le front de l'Ouest. Selon leurs plans, à D+60 (60 jours après le débarquement) ils auraient déjà dû libérer la Bretagne et avoir atteint la Loire alors qu'ils sont bloqués au nord d'une ligne Caen-Saint-Lô, n'ayant progressé que de quelques kilomètres en plus de trois semaines. L'état-major américain est inquiet ; à ce rythme, ils craignent de devoir livrer un mois de combat supplémentaire pour atteindre Coutances.

Afin de permettre un accompagnement blindé des troupes, l'US Army chercha des solutions pour percer facilement les haies par les chars. Certains seront équipés de socles de charrue soudées à l'avant pour retourner directement le terrain sous les haies. Les meilleures solutions seront d'utiliser des canons de gros calibre pour pulvériser les haies à franchir. Une fois franchies, les chars ne s'avanceront plus dans les prés et soutiendront l'infanterie à distance pendant qu'elle remontera de chaque coté pour attaquer la haie suivante.

Mais les Alliés ne sortiront de ce piège qu'avec le lancement de l'opération Cobra et le percement des lignes allemandes avec une nouvelle tactique définie par le général Omar Bradley dite du « tapis de bombes ». Le 25 juillet, 1500 bombardiers saturent de bombes un corridor étroit de quelques kilomètres seulement entre les villages de La Chapelle-en-Juger et Hébécrevon, au nord de la grande route joignant Saint-Lô à Coutances, afin d'annihiler toute défense allemande et de créer la brèche dans laquelle s'engouffreront les armées américaines, marquant la fin de la guerre des haies. Les troupes allemandes, usées elles aussi par 2 mois de combats et manquant d'effectifs ne pourront reconstituer rapidement une ligne de défense, permettant la percée d'Avranches et une guerre de mouvement plus favorable aux Alliés.

[modifier] Bibliographie

  • The Battle of the Hedgerows : June-July 1944, de Stephen Hart, Zenith Imprint, ISBN 0760311668
  • Battle of the Hedgerows : Bradley's First Army in Normandy, June-July 1944, de Leo Daugherty, ISBN 0760311668
  • Mourir pour Saint-Lô : Juillet 1944 la bataille des haies de Didier Lodieu, Editions Histoire & Collections, ISBN 2-35250-034-6
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