Barbentane

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Barbentane
Carte de localisation de Barbentane
Pays France France
Région Provence-Alpes-Côte d'Azur Provence-Alpes-Côte d'Azur
Département Bouches-du-Rhône Bouches-du-Rhône
Arrondissement Arrondissement d'Arles
Canton Canton de Châteaurenard
Code Insee 13010
Code postal 13570
Maire
Mandat en cours
Jean-Louis Ichartel
2008-2014
Intercommunalité Communauté de communes Rhône Alpilles Durance
Latitude
Longitude
43° 54′ 01″ Nord
         4° 44′ 55″ Est
/ 43.9002777778, 4.74861111111
Altitude 12 m (mini) – 167 m (maxi)
Superficie 27,13 km²
Population sans
doubles comptes
3 660 hab.
(2005)
Densité 135 hab./km²

Barbentane est une commune française, située dans le département des Bouches-du-Rhône et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Ses habitants sont appelés les Barbentanais.

Sommaire

[modifier] Géographie

Géographiquement, Barbentane est au confluent de la Durance et du Rhône.

[modifier] Accès

[modifier] Géologie

D’un point de vue géologique, deux parties composent sa surface :

  • au nord et à l’est, face au village actuel, la grande plaine qui date du quaternaire récent. Elle est constituée par les alluvions modernes du Rhône et de la Durance. La nappe phréatique est située à un mètre de profondeur d’une terre très riche et intensément cultivée qui ne comporte ni galet, ni gravier ;
  • a l’ouest et au sud, le massif de la Montagnette est formé par deux soulèvements. Le premier datant du Néocomien (-70 millions d’années), l’autre du Miocène (10 de millions d’années environ).

Le point culminant se situe, bien sûr, dans la Montagnette et jette son summum à 167 mètres. Barbentane occupe une superficie de 2 713 hectares, dont la moitié environ pour la Montagnette. Le Massif total de la Montagnette couvre 6 000 hectares. C’est dans ces collines, largement cultivées aux siècles passés et maintenant intensément boisées que poussent les délicieux champignons dit « rosés de Barbentane ».

Barbentane compte actuellement 3 700 habitants, assez diversement éparpillés entre la plaine et le village ; seule la Montagnette échappe, du moins pour l’instant, à l’urbanisation malgré quelques essais sauvages.

[modifier] Histoire

[modifier] Préhistoire et Antiquité

À l’origine, trois sites distincts d’habitation se trouvaient sur le territoire. Le plus ancien, Fretta, qui a disparu vers le VIe siècle mais dont le nom a perduré sous la forme de Frigolet. Les deux autres sites, Bellinto et Barbentane, sont beaucoup mieux connus.

Aux abords du site de Fretta des fouilles faites en 1957 ont permis de découvrir dans un puits funéraire, un os humain de Chasséen (pariétal droit, Ve millénaire av. J.-C.)) au milieu de divers silex et ossements d’animaux (près du quartier des Carrières).

Les Ligures sont le plus ancien peuple dont on a conservé le nom. Au fil du temps, ils s’associent avec les Celtes, qui donnent les Celto-Ligures. C’est de ces Celto-Ligures que vient le nom de Bellinto (Bel signifiant bac et linto était le nom d’une barque à fond plat) à l’endroit où un bac permettait de franchir la Durance.

Ce nom de Bellinto est écrit pour la première fois en 333 après Jésus Christ sur l’itinéraire de Bordeaux à Jérusalem. Mais bien avant cette date, Bellinto existait déjà et il est probable que le plus illustre de ses occupants de cette période fut Marius. Ce général romain avait établi son camp dans la Montagnette avant d’aller écraser les Cimbres et les Teutons dans la plaine de Pourrières (près d’Aix-en Provence) en 102 avant Jésus-Christ.

Vint ensuite l’époque de la « Pax Romana », qui dure quatre siècles, dont il reste de nombreux vestiges (sarcophages, fondations dans le haut du village, etc.)

[modifier] Moyen Âge

À ce temps de paix succède celui des invasions. Les Alamans, les Vandales, les Wisigoths, les Burgondes, les Ostrogoths, les Francs, les Lombards, Normandset les Sarrasins se succèdent. Quand les Vikings sont revenus du pillage de Lyon, ils ont dû descendre le Rhône avec un fort mistral et n’ont donc pu s’arrêter en route. Outre ces conquérants aux passages ravageurs, les pseudo défenseurs ne valaient guère mieux. Les pillages des uns et des autres amenaient des épidémies, telles que la peste et la lèpre, et devaient s’ajouter à une malaria endémique dans cette plaine inondable. De ce fait, il ne reste rien de toute cette époque qui a tout de même duré près de cinq siècles.

C’est au IXe siècle que les habitants du lieu recommencèrent à bâtir, aux abords de leur ancien oppidum qui devait se situer à la place actuelle de la tour, des fortifications qui font le charme actuel du village. C’est à partir de cette époque que l’on trouve les premières traces écrites de Barbentane. Malgré son apparition tardive, ce nom très ancien, signale probablement une source au pied d’une barre rocheuse. Déjà chez les Ligures la syllabe ar signifiait eau et tan une falaise, de plus les préfixes « Barva » ou « Borvo » sont très répandus dans toute l’Europe. L’étymologie de Barbentane serait donc à rapprocher des villes thermales telles que La Bourboule, Barbotan-les-Thermes, etc.

1133 signale le premier seigneur connu, Guillaume de Barbentane, dont le descendant direct est toujours Barbentanais (Henri de Puget de Cabassole du Réal de Barbentane, marquis). Ce Guillaume habitait la maison des Chevaliers qui fut terminée en 1178. Terre frontalière, Barbentane est alternativement fief du royaume de France et du Saint-Empire romain germanique. Elle en profite également car c’est un lieu de passage : un bac permettant de traverser la Durance est attesté en 1178[1]. Il fusionne avec celui de Rognonas vers 1450[2].

La Papauté, en s’installant à Avignon au XIVe, permet de clarifier la situation. Outre tous les avantages qu’ils pouvaient tirer de la situation, allègement ou exemption pure et simple des charges et des taxes, ils bénéficièrent d’un embellissement architectural du village. Fortifications rehaussées, agrandissement de l’église datant de la même époque que la Maison des Chevaliers, construction de la Tour Anglica en 1364-1365. Cette tour, du nom de l’évêque Anglic de Grimoard qui n’était autre que le frère du pape Urbain V, fut érigée pour la modique somme de 4 000 florins.

[modifier] Temps modernes

[modifier] Révolution française

De la Révolution datent de solides traditions politiques familiales, qui sont républicaines ou monarchistes/conservatrices. Ce n'est que depuis la fin des guerres coloniales que les Barbentanais peuvent s'exprimer politiquement à titre individuel sans pour cela se faire bannir de leur famille.

[modifier] Économie

Les deux grands pôles économiques de Barbentane furent, dès l'origine, l'agriculture et les carrières de pierres.

Sa grande plaine alluvionnaire permettait une agriculture intense et de grande qualité, essentiellement basée, aux temps historiques, sur une culture autarcique (blé, fèves, etc.). Puis vint l’époque béni de la culture de la Garance, première vraie culture industrielle. Il fallait 1 000 Barbentanais et 600 travailleurs immigrés pour récolter cette plante. Cette manne fut de courte durée et s’effondra en quelques années suite à l’apparition, déjà, des colorants chimiques. Toutefois, la construction de la ligne impériale de chemin de fer reliant Paris à Marseille via Lyon (le PLM) vers les années 1840 a permis le remplacement de la Garance par les « Primeurs ». En effet, les terres ayant été aplanies et irriguées, il ne restait plus qu’à planter des cyprès pour se protéger du Mistral et se lancer dans la culture de ces nouveautés. Un ensoleillement méditerranéen à nul autre pareil, conjugué avec une présence d'eau à très faible profondeur et en quantité illimitée, ont fait naître une agriculture variée de fruits (pommes, poires, pêches, etc.) et de légumes (haricots, aubergines, tomates, courgettes, etc.). La gare ferroviaire de Barbentane, point de jonction avec la ligne de chemin de fer venant de Plan-d'Orgon (Bouches-du-Rhône), fut même pendant assez longtemps la première gare primeurs de France ! Les agriculteurs, en pratiquant de mains de maître un assolement triennal, ne se reposaient guère l'hiver avec la cueillette des olives et des amandes dans la Montagnette et la culture des salades, des choux et des épinards dans la plaine. A noter qu'une variété d'aubergine porte, et ce n'est que justice, le nom de « aubergine longue et violette dite de Barbentane » et nous en sommes très fiers ; qu'une variété de figue rustique mais néanmoins succulente est dite « noire de Barbentane » ; bien sûr, l'horticulture ne pouvez rester en retrait et a créé une rose, de couleur rouge cerise, qui porte le nom raffiné de « Comtesse de Barbentane ».

L'éperon rocheux sur lequel est juché le village a été de tout temps exploité par les carriers. Certes, la pierre de Barbentane n'est sûrement pas la meilleure qui soit, mais elle s'est révélée indispensable pour les énormes besoins de construction tant du village que des éléments architecturaux d'Avignon et villages environnants.

Les immenses vides laissés par cette extraction au sein du village même, ont été économiquement utilisés par les habitants. Barbentane possède donc deux quartiers presque exclusivement troglodytes et de bonne facture puisque encore entièrement habités de nos jours.

Ces deux activités économiques sont grandes utilisatrices de main-d'œuvre et, à celle autochtone, s'est ajoutée une forte immigration Latine (Italie, Espagne) depuis des temps très anciens et a duré jusqu'aux années 60. Depuis cette époque, l'immigration est essentiellement maghrébine.

L'intégration sociale de tous ces étrangers est assez notable pour être relatée. Lors de leur arrivée, les nouveaux venus s’installent au plus haut du village dans le quartier le plus ancien (datant du bas moyen âge) aux habitats des plus rustiques. Au fur et à mesure de leur intégration, ils descendent vers les habitations techniquement plus modernes, situées dans la plaine. Au passage, ils entretiennent et rénovent constamment cette partie du village. On pourrait imager cette intégration, réussie jusqu’à présent, en usant de la métaphore et disant que, comme un caramel, les immigrés ont toujours nappés d’une saveur suave et colorée le gâteau du village ! Juste retour des choses, actuellement ce sont des nouveaux immigrés, ceux de l’intérieur pourrait-on dire (Parisiens, Gens du Nord, etc.), qui arrivent.

Aujourd'hui, les carrières de pierre ont complètement disparues et l'agriculture a perdu de sa primauté dans l'activité principale du village. La culture Provençale, elle, reste bien vivante. Avec leurs manifestations culturelles, leurs diverses activités artistiques, les Barbentanais restent majoritairement attachés à leur culture originelle. Sûr, la langue provençale n’est plus d’usage courant et reste l’apanage de quelques familles, mais les expressions les plus imagées restent.

Comme ailleurs, il était d’usage courant de donner des surnoms (lieu de résidence, métier, action remarquable, etc.) pour différencier les gens qui avaient souvent le même nom de famille. Mais d’une façon globale, les Barbentanais étaient surnommés « li broument », mot Provençal signifiant « beaucoup » et utilisé seulement à Barbentane, sûrement une autre façon de reconnaître que nous sommes les « meilleurs » !

Barbentane possède sa spécialité culinaire « Les tirettes ». Faites en pâte spéciale, elles se dégustent au petit déjeuner des dimanches et des jours de fêtes !

[modifier] Administration

Liste des maires successifs
Période Identité Parti Qualité
mars 2008 Jean-Louis Ichartel

[modifier] Démographie

Évolution démographique
1962 1968 1975 1982 1990 1999 2005
2 616 2 795 2 864 3 201 3 273 3 645 3 660
Nombre retenu à partir de 1968 : population sans doubles comptes

[modifier] Personnalités liées à la commune

[modifier] Principaux monuments

Château de Barbentane façade sud
Château de Barbentane façade sud

Le Château de Barbentane : « Le Petit Trianon de la Provence » ! Ce château fut bâti en 1674 par Paul François 1er de Puget de Barbentane. Pierre Mignard II en fut l’architecte. Remodelé par Paul François II, fils du précédent en 1741 (voûtes plates et surbaissées qui font sa gloire). L’intérieur est embelli au XVIIIe siècle par Joseph Pierre Balthazar de Puget de Barbentane, fils de Paul François II, ambassadeur de Louis XV de France en Toscane, à l’âge de 20 ans. Il fut sauvegardé pendant le révolution du fait que Paul François Hilarion de Puget de Barbentane, ancien officier du Roi, accepta de devenir général de la république. De part sa construction, il est à l’origine des premiers faubourgs du village. Du perron de sa façade nord, il offre une vue remarque sur la tour de Barbentane, le village et la Montagnette. Classé Monument Historique, il se visite (voir à l’Office de Tourisme).

Le Cours : Actuellement la place principale du village. Appelé au XVIIIe siècle « le jeu de balle », il doit son étymologie actuelle au verbe « se courser » (courir l’un derrière l’autre). Ombragée de magnifique platanes, il reste « la place » du village avec la mairie, la poste, les cafés, etc.

Les Remparts (ou Bàrri) : Construits au IXe siècle. Percés historiquement de deux portes, au nord la porte Calendrale ou Sarrasine et au sud la porte du Séquier. Percés aussi de deux poternes, à l’ouest la poterne Pujade et à l’est la poterne Pousterle. Ils furent embellis et rehaussés au XIVe siècle en même temps que la construction de la tour Anglica. Leurs particularités de « remparts creux » a fait que dès qu’a cessé leurs utilisations militaires, ils se sont aussi sec transformés en maisons d’habitation. Ils restent très visible encore aujourd’hui.

La Coquille : Élément architectural assez rare, mais nous ne possédons aucune information sur sa construction et encore moins son origine.

La Porte Calendale ou Sarrasine : Construite au IXe siècle en même temps que les premiers remparts. Elle fut reconstruite et certainement rehaussée au XIVe. En 1660 il y a eu un essai de maison commune, ce fut un échec malgré la destruction de la tour supérieure. Ses herses, de style Sarrazin, étaient fermées par le Capitaine de la ville en cas de danger et lui ont donné son autre nom de « porte Sarrasine ». L’ensemble des herses a été vendues au début du XVIIIe siècle à un maréchal-ferrant de Tarascon et elle a faillie être entièrement démolie à cette même époque. Récemment rénovée, elle est le plus beau passage pour accéder au village médiéval.

La Grand’Rue : Cette rue était l’artère principale du village au XXe siècle. Tous les commerces y avaient élus domicile (boulangeries, boucheries, marchands de chaussures, bazar, épicerie, etc.). A 50 mètres et sur sa droite se trouve une des plus belle et plus ancienne maison du village. Son toit à quatre pentes est terminé à chaque angle par une gargouille en pierre sculptée. Elle est surmontée d’un solarium. Toujours à main droite, dans l’impasse Matheron se trouvait un des nombreux puit de l’espace Intra-muros. Il avait 42 mètres de profondeur avec une hauteur d’eau de 12 mètres. Cette rue offre une très belle vue sur la tour Anglica.

Le Château D’Andigné : De construction récente (1850 environ), il possède deux tours carrées donnant sur une magnifique cour d’honneur. A l’origine, il était la demeure du marquis de Robin co-seigneur de Barbentane. Son histoire est très peu connue et il est probable que ses soubassements soient très anciens. Sur sa façade est incorporé le dessus d’un sarcophage Romain (II ou IIIe siècle) trouvé lors de la construction de la ligne de chemin de fer du PLM aux alentours de 1840. Cette incrustation paléochrétienne représenterait le « banquet de l’immortalité » ou bien le « taurobole », le sacrifice du taureau. Un très beau parc ombragé par des cèdres plus que centenaires et remplis de toutes les essences de la forêt méditerranéenne monte jusqu’à une Chapelle du XIXe siècle. Il a la particularité de renfermer une Crypte servant de tombeau à la famille D’Andigné. Ce château ne se visite pas !

La maison des Consuls : Au nord de la place de l’église….. (voir le livre de Denis Martin, Chronique communale de Barbentane au XVIIe siècle 1690-1790).

L’Église Notre Dame et le clocher : Probablement situé sur l’emplacement d’un édifice plus ancien (Temple romain, chapelle ?). C’est, à l’origine, une église romane plein cintre du XIIe siècle sur les deux premières travées. Elle fut Agrandie une première fois sous le pontificat du Cardinal Grimoard, frère du pape Urbain V au XIVe par l’ajout de deux travées gothique et d’une abside en 1324. Au XVe ajout de la chapelle Ste Croix. Au XVIe ajout de la Chapelle Neuve et au XVIIe ajout de la Chapelle Mondragon. Enfin au XIXe construction de la Chapelle du Midi (1867) en style néo-gothique par l’architecte Marseillais Caramagnole. Le porche en forme de manteau de cheminée pour les réunions date du XVe, il est classé monument historique ainsi que le clocher. Ce clocher fut élevé sur la Chapelle Ste Croix entre 1486 et 1492. Il a 21 mètres de haut et il est surmonté d’une flèche de 7 mètres détruire à coups de boulets sous la Révolution Française en 1794. Toutes ses cloches, sauf une, furent expédiées à Marseille pour « fabriquer des armes contre les ennemis de la Nation ». Cette flèche a été reconstruite en 1983.

La maison des Chevaliers de Malte : Dite « Maison des Chevaliers » ! Ancienne maison seigneuriale du XIIe siècle (1133) du marquis de Barbentane. Les arcades du rez-de-chaussée et les colonnettes du 1er étage date du XVIe siècle. L’ensemble a été restauré durant l’année 2000. L’aile nord servit de mairie de 1670 à 1888. C’est la plus belle maison du village, un de ses titres de gloire. Elle est classée monument historique.

Puits de la place ou Grand puits : Il existait déjà en 1370. Entièrement taillé dans le roc, il a 36 mètres de profondeur et 6 mètres de profondeur d’eau. Il servait pour l’alimentation en eau de tout le haut du village.

Rue du Séquier : Cette partie du village date de bas moyen âge. Façades avec fenêtres à meneaux. À noter dès le début de la rue à main gauche, la présence dans un cour d’une ancienne tour d’origine inconnue mais sûrement très ancienne.

Porte du Séquier : Date du IXe siècle. Porte sud des anciens remparts, elle possédait le blason de Barbentane qui fut martelé par les « Rouges » à la Révolution. Elle a été restaurée récemment. A l’origine, c’est dans cet espace que l’on séchait les divers légumes ou fruits avant de les entreposer, d’ou son nom à cette porte (légende ???).

La Tour Anglica :[1] À l’origine, sur ce site, ce trouvait probablement un oppidum. Un premier château fut construit sur cet emplacement, il appartenait à l’Évêque d’Arles (898). La tour elle-même fut bâtie en seulement deux ans (1364/65) par Anglic de Grimoard (frère du Pape Urbain V), elle était la propriété du Fief de Barbentane. Elle servait de défense avancée pour la cité Papale d’Avignon. Cette tour a 28 mètres de haut et 10 mètres de coté. Elle se termine par une tourelle ronde, ou Tourillon, surmontée d’un pavillon avec pour devise « Piu forté nel aversita » (Plus fort dans l’adversité) et les armoiries Papales (Tiare, plumet, clés). Elle est classée monument historique. Frédéric Mistral l’a chantée dans son poème « Lis Isclo d’Or » en 1875, ce qui lui valu le Prix Nobel de littérature en 1904 (avec Echegaray écrivain Basque Espagnol). Elle a servi d’observatoire à Cassini qui était chargé par le roi Louis XV de cartographier la France au milieu du XVIIIe siècle.. La légende veut qu’il existe un souterrain qui irait de cette tour au Palais des Papes. Il recèlerait un des trésors du Vatican, et les Allemands y ont entrepris des fouilles durant les années 1943/1944. Située dans le parc privé du Château d’Andigné, elle ne se visite pas, trop dangereuse. Elle reste le symbole des Barbentanais.

Il y a un puits, dit Puits du Seigneur. Il alimentait en eau la tour Anglica et l’avoisinait sur l’arête qui supporte la tour. Il a servi aussi d’oubliettes et l’on y jetait, selon la légende bien sûr, les chevaliers ayant fauté. Marius Girard, Félibre de St Rémy, lui a consacré un beau poème « Le Puits du Seigneur ».

La Montagnette : Cette colline qui date de l’ère secondaire (néocomien –70 millions d’années) à une superficie d’environ 6 000 hectares, dont les 2/3 sont couverts de pins d’Alep. Un quart environ est sur la commune de Barbentane mais c’est sur la commune de Boulbon que ce trouve son point culminant qui jette son sommet à 167 mètres d’altitude au « Mont de Raous » à environ 800 mètres à l’ouest de l’abbaye de St Michel de Frigolet. Sur sa partie est, dans la commune de Graveson, au ras de la ligne de Chemin de fer, se trouve l’oppidum de la Roque. Cette installation, qui date du VIe siècle avant JC, reste remarquable par son ancienneté. Au pied de cet éperon rocheux ont a retrouvé récemment de nombreuses traces d’occupations anciennes ainsi qu’un cimetière longuement utilisé. Il est probable que la Montagnette a servi de campement aux 10 000 légionnaires du Général Romain Marius qui attendait de pied ferme la descente des Cimbes et des Teutons qui se dirigeaient vers Rome en l’an –123. Mais bien avant lui, déjà un autre Romain, Hannibal et ses 300 éléphants, avaient utilisés cet espace pour se diriger vers la cité éternelle. C’est peut être pour cela que, depuis notre Montagnette sert de bouffée d’oxygène aux nombreux touristes qui viennent s’enivrer des senteurs Provençales à nulles autres comparables comme le bien être indispensable pour une vie pleinement réussie. A noter qu’un champignon comestible porte le nom de « Rosé de Barbentane » (Hebeloma edurum).

Le paysage : Face au nord-ouest, on peut entrevoir le miroitement du Rhône à travers les allées de cyprès. Ce fleuve servit de voie de communication et de commerce depuis la préhistoire. C’est par là que presque toutes les incursions « Barbares » sont arrivées. En effet, aux premiers habitants Néolithiques, dont d’ailleurs ont a retrouvé la trace (le premier Barbentanais connus date de 5 000 ans), Barbentane à subi toutes les invasions, toutes les influences. Des Ligures jusqu’aux Sarrasins, chacun a eu soin de s’installer ou du moins d’y laisser une trace. De nombreux mots de notre langue, une grosse partie de nos coutumes ancestrales portent la marque de ces hommes. Seuls probablement les Vikings qui, après le saccage de Lyon, ont du redescendre le Rhône par très fort Mistral et n’ont pu donc s’arrêter ! Sinon, nous serions blonds aux yeux bleus et cela se verrait encore….

Les grandes plaines alluvionnaires du Rhône et de la Durance (16 mètres d’altitude moyenne) ont été et restent encore le témoignage du passé agricole de Barbentane. Avec une absence complète de cailloux, elles ont permis l’installation des hommes sur les contours de la Montagnette. Plaines, certes fertiles, mais au combien sensibles aux inondations plus que fréquentes de ces cours d’eau aux éléments parfois furieux et toujours ravageurs. Si elles ont permis une culture autarcique jusqu’au début du XIXe siècle, elles ont pris un essor agricole considérable avec en premier lieu la culture de la Garance, grâce à leurs irrigations par le canal des Alpines, et après son spectaculaire déclin au alentour de 1850 le développement des « primeurs » conjugué avec la voie de chemin de fer pour faire de ces plaines un des greniers à légumes de la France. Malgré son apparence champêtre, la gare de Barbentane fut un temps la première gare primeurs de France grâce aux apports de la ligne des « Bouches-du-Rhône » qui allait jusqu’à Mollégès et desservait ainsi la totalité de la basse plaine de la Durance.

À ce sujet, il faut noter que Barbentane a donné son nom à une variété d’Aubergines longue et violette, dite « de Barbentane » ou Aubergine très hâtive de Barbentane (Larousse gastronomique de 1938) et à une variété de cerises « Duchesse de Barbentane ». D’autre part, le Quid 2004 nous apprend (page 1702) que Barbentane fut un des premiers endroits européens pour la culture des « pommes d’amour » vers les années 1750, dommage quand même que le nom de ces fruits, maintenant devenus indispensable, se soit transformé en « tomates » !

Les Passages sous le Parc d’Andigné : C’est vers 1850 que le parc d’Andigné a été élaboré. Mais comme deux rues se trouvaient dans son enceinte, un compromis a été trouvé par le percement de deux passages souterrains. Le premier, de dimensions très modestes, presque entièrement creusé dans la roche, file vers l’ouest et le second axé nord/sud est plus important. Il est nommé « la Pousterle » et servait d’abri aux plus démunis au début du XXe siècle.

Place du Séquier : On peut admirer, ce qui est assez rare, une maison troglodyte en haut du village ! Comme ce quartier date du haut Moyen Âge il a servi, de part sa rusticité, de premier habitat pour les immigrés qui dès le milieu du XIXe sont venus s’installer dans le village. En effet, si depuis dès temps très anciens les « gavots » venaient de façon périodique et temporaire faire les moissons, à partir de la construction de la ligne de chemin de fer c’est en vagues successives et selon les besoins de mains d’œuvres ou les situations politiques que des hommes et des femmes des États voisins sont venus s’installer de façon plus ou moins durable dans le village. Il faut savoir, que la récolte de la Garance a utilisé pendant une période plus de 1 000 hommes du village et 600 immigrés ! Lorsque cette culture disparue, la récolte des fruits et légumes qui la remplaça fut tout aussi utilisatrice de ces hommes et femmes. Ce quartier abritait, en particulier, les immigrés d’origines Italiennes.

Rue de la Clastre : Cette ruelle ne pouvait être emprunté que par des ânes. Près de son issue au nord, on peut admirer sur une façade à main droite les armoiries de la ville de Barbentane. A l’origine, ces armoiries ne comportaient qu’une tour ronde que l’on peut encore voir à l’angle de la maison des Consuls sur la place de l’Église. François 1er, en février 1516 de retour de Marignan, fit d’abord une étape à Manosque. Dans cette ville, les habitants chargèrent la belle Honnorade (ou Peronne) de Voland de lui présenter les clefs de la ville. Comme le roi s’intéressa de trop près à la jouvencelle, celle-ci se vitriola le visage d’où le surnom de « Manosque la pudique ». Un ou deux jours après, ce même François 1er, qui allait fêter carnaval à Avignon, « passa une excellente nuit à Barbentane….. », l’histoire ne dit pas avec qui, dommage…. Mais laisse préjuger d’une excellente qualité aux Barbentanaises. Toutefois, en souvenir, il fit don de son emblème, la salamandre, à notre cité. Les Barbentanais s’empressèrent de jumeler celle-ci à la tour, et surmontèrent le tout de la couronne royale. A main gauche, la maison des Templiers qui servit de cure pendant des années et qui a donné son nom à la rue (le Clastrum ou cour fermé).

Rue Pujade : Nom ancien qui voulait dire en latin « donner de la peine ». Car, c’est par cette rue que les habitantes de la cité allaient chercher l’eau à la source au quartier bien nommé de « la Fontaine » grâce à une poterne qui perçait les remparts. Alors, la peine qu’éprouvait ces femmes en remontant cette ruelle abrupte avec 40 kilos d’eau ne pouvait que laisser son nom à ce passage. On peut toujours s’apercevoir que les soubassements des maisons sont directement posés sur le rocher et celui-ci est même creusé pour former les caves.

A l’Ouest et au-dessus de l’Hospice : La tour Caradone qui est encore visible sur la partie ouest du village, offre une vue remarque des étapes de la constructions des remparts Barbentanais, avec un premier étage de construction en petit appareillage suivi d’un rehaussement en gros appareillage datant du XIVe. Il est dommage qu’un adepte d’astronomie y est construit un troisième étage en briques rouges du plus mauvais effets.

L’Hôtel Dieu (Maison de retraite publique « La Raphaëlle ») : Probablement construit au XIVe siècle. Il s’appelait en 1407 « Hôpital des pauvres du Christ de Barbentane ». Il fut agrandi au XVIe siècle et s’appela Hôtel Dieu, sous l’invocation de l’Archange Raphaël. Il possède une chapelle construite en 1732. Transformé dernièrement en Maison de retraite municipale « La Raphaële », elle est encore en activité comme au premier temps de sa construction.

Le Planet : Tout ce quartier était la propriété de la lignée de Mondragon. Cette famille qui n’a laissé aucune descendance n’était pas des plus commode, à tel point qu’incommodé par les détours qu’ils devaient faire pour monter le fourrage à leurs écuries, ils firent percer une nouvelle porte dans les remparts, ce fut et reste encore « la porte neuve ».

Rue de la Croix Rouge : Cette appellation n’a rien à voir avec la Suisse ni avec l'organisation humanitaire, mais vient des noms des anciennes Confréries. On peut remarquer dès le début de cette rue, de nombreuses maisons avec courettes fermées avec des porches très esthétiques qui sont plus proche des mas que de maisons de villes, normal. Elles étaient la propriété des Mondragon qui préféraient avoir des fermes dans le village à l’abri des inondations de la plaine.

Rue Porte Neuve : Ancien quartier bourgeois du XIXe siècle aux façades typiques très stylées.

Rue du Paty : Ancienne rue qui permettait de sortir du village par son coté ouest vers la Montagnette (endroit où l’on faisait paître les troupeau ou Pàti). A noter que la trouée de la route « du pont de Guyot » n’a été faite qu’au milieu du XIXe siècle. Il fallait donc pour sortir du village prendre le chemin de Canade et passer au ras de l’entrée des communs (avec ses deux splendides « poivrières ») du Château de Barbentane.

Prison : Construite dans l’épaisseur des anciens remparts, elle a été restaurée très récemment. C’est une simple salle au sol taillé dans le roc.

Hôtel des Barons de Chabert : Cette superbe maison de style Louis XIII a été bâtie au début du XVIIe siècle. Ce bâtiment est le siège de la mairie depuis 1888. Son intérieur est vraiment remarquable et il ne faut pas manquer sa visite lors des journées du patrimoine. Il possède une statue de la vierge en pierre. Son beffroi en fer forgé supporte la cloche de l’horloge qui pèse 250 kg. Louis XIV, enfant, y aurait séjourné une nuit.

Rue du Four : Rue bien nommée puisque depuis au moins le XIVe siècle (ce four a été cité le 9 novembre 1318 dans les archives du Vatican) il y a un four au numéro 12 de cette rue ! Ancien four banal du village, c’est toujours une boulangerie, bel exemple de continuité !

[modifier] Jumelage

Barbentane est jumelée avec Saillon (Suisse).

[modifier] Personnalités liées à la commune

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

(toutes ces sources n’ont pas forcément été utilisées pour la rédaction de cet article)

  • Livres :
    • Sébastien Fontaine, Histoire pittoresque de la Ville de Barbentane et de ses environs, Tarascon, imprimerie d’Antoine Aubanel fils aîné, 1854
    • H. Bout de Charlemont, Notice Historique sur Barbentane, Paris, imprimerie Lucien Duc, 1869.
    • Denys Marie Turrier, Essai sur les origines de la paroisse de Barbentane et de sa vie religieuse depuis son origine jusqu'à nos jours, Cavaillon, imprimerie Mistral, 1939.
    • Garbeto de Nouvé ‘que se canton a Barbentano au tèms de Calendo’, recueil de chants de Noël en Provençal qui se chantent lors de la messe de minuit le 24 décembre, Avignon, imprimerie Barthélemy, 1940.
    • René Jarno et Henri Linsolas, Histoire de Barbentane, Nîmes, imprimerie les Presses du Castellum, 1981.
    • Barbentane, le temps retrouvé de Monsieur Joseph Rey, imprimerie Lienhart d’Aubenas en 1993.
    • Patricia Santouchi et Charles Bertaud, Barbentane, Les commerces et l’artisanat du début du siècle jusqu’aux années 60, Avignon, imprimerie Arts et Systèmes, 2000.
    • Denis Martin, Chronique communale de Barbentane au XVIIIe siècle 1690-1790, Cavaillon, imprimerie Rimbaud, 2004.
    • Denys Turrier et Maurice Courdon, Terre Barbentanaise, Avignon, imprimerie Authia, 2004.
    • Denis Martin, Chronique communale de Barbentane -Révolution et XIXe siècle, Avignon, imprimerie Ruldder, 2007.
  • Journaux barbentanais :
    • L'Écho de Barbentane. D'octobre 1905 à août 1956, journal mensuel (à l'origine) de la paroisse de Barbentane (archives dispersées).
    • Du Haut de la Tour. De 1957 à 1972, journal communal à parution discontinu, créé pour informer les soldats en Algérie/Maroc/Tunisie (archives dispersées).
    • Barbentane Provence. De 1973 à janvier 1983, journal communal à parution discontinue (archives dispersées).
    • Du Haut de la Tour. Depuis mai 1983, reprise du titre de l'ancien journal communal à parution trimestrielle (archives en mairie).

Autres documents (disponible en mairie) :

    • Patrick Biancone, Un exemple de la résistance royaliste au temps de la République : Barbentane (1880-1920). Mémoire de maîtrise, 1996.
    • Christine Leclerc, Structures, économie et société à Barbentane au XIXe siècle. Mémoire de maîtrise, 1981.
    • Denis Martin Les de Mondragon de Barbentane XVIe-XVIIIe. Extraits des mémoires de l'académie de Vaucluse, 1993.
    • Jean Louis Ichartel, Confréries et associations dans la région de Barbentane. Mémoire de maîtrise.

[modifier] Notes

  1. Catherine Lonchambon, « D’une rive à l’autre de la Durance : d’étranges bateaux », in Guy Barruol, Denis Furestier, Catherine Lonchambon, Cécile Miramont, La Durance de long en large : bacs, barques et radeaux dans l’histoire d’une rivière capricieuse, Les Alpes de lumière no 149, Forcalquier 2005, ISBN 2-906162-71-X, p 55
  2. Catherine Lonchambon, op. cit., p 54