Projet:Bande dessinée/Brouillon 02

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La bande dessinée (appelée encore par l'acronyme BD, ou bédé) est un art, souvent désigné comme le neuvième art d’après une série d’articles Neuvième Art, musée de la bande dessinée parue sous la signature de Morris dans le journal de Spirou[1]. Cette classification a été reprise et popularisée par Francis Lacassin dans son livre Pour un neuvième art, la bande dessinée[2].

La bande dessinée (plus précisément les bandes dessinées) est aussi un medium[3],[4]. véhiculant le neuvième art et le matérialisant au travers d’un ensemble sémiotique et iconique défini. Il permet de raconter des histoires au moyen d’un enchaînement signifiant de dessins, « Actuellement, la bande dessinée constitue la principale application de l'art séquentiel au support papier » comme l’a clairement montré Will Eisner dans le premier ouvrage de sa trilogie Comics and Sequential Art[5].

Sommaire

[modifier] Définition

Il est de coutume de distinguer entre la bande dessinée et les bandes dessinées. Cette distinction est mise en lumière par Francis Lacassin[6]. La bande dessinée est le concept, c'est-à-dire l’Art – le 9e – et la technique permettant la réalisation de cet art. Les bandes dessinées est le medium par lequel est véhiculé cet art[3],[4]. Cela implique de donner une double définition, celle de la bande dessinée et celle du médium bande dessinée.

[modifier] Définition de la bande dessinée

Puisque la bande dessinée est un art, il existe deux grandes perceptions de cet art, donc de la bande dessinée. La première perception considère la bande dessinée comme un art mineure, la bande dessinée est de l’art. L'autre perception fait de la bande dessinée un art à part entière.

[modifier] La bande dessinée est de l’art

Si la bande dessinée est de l’art, il faut alors que cet art se rattache à toutes les formes picturales qui l’ont précédées. C’est la position de Scott McCloud[7]. Cette façon de percevoir la Bande dessinée oblige à la replacer dans le grand courant artistique et culturel qui commence avec les premiers dessins, ceux de l’art pariétal A, comme à la grotte de Lascaux, même si aujourd'hui un tel rapprochement est artificiel. A priori les spécialistes s'accordent sur le fait qu'il ne s'agit pas de suites de dessins. De plus, la qualité narrative de ces peintures reste à prouver, de nombreux archéologues, comme le professeur Aujoulat responsable du site, penchent pour une interprétation chamanique (les dessins auraient une fonction magique)[8].

Il n'y a donc pas de raison de rattacher les peinture rupestres à la bande dessinée plutôt qu'aux autres arts graphiques au même titre que les bas reliefs des temples égyptiens[9], les codex précolombiens[10] et les biblia pauperum[11] du Moyen Âge B. Il faut encore rajouter à cette liste : la Tapisserie de Bayeux[12], le Rouleau de Josée de la bibliothèque vaticane[13] et les 182 collages de Max Ernst Une Semaine de bonté[14]. Ces références artistiques ont toutes en commun la volonté de raconter une histoire comme le fait une bande dessinée ou encore les frises du Parthénon à Athènes, la colonne Trajane à Rome, les bas reliefs du temple d'Angkor au Cambodge.

« L'histoire de l'art ne pouvait donc pas reconnaître dans la dimension narrative de ces œuvres le critère d'une discipline autonome au sein des arts visuels. »[15]. Cette vision d'un grand courant artistique qui parcours l’histoire de l’art pour donner ses lettres de noblesse à la bande dessinée est de moins en moins retenue depuis la mise en avant de la bande dessinée, neuvième art.

[modifier] La bande dessinée est un art

Dans ce deuxième cas, il faut évidemment définir en quoi la bande dessinée est un art, il ne suffit pas de l'affirmer. Là encore deux perceptions s’affrontent :

    • La bande dessinée est un art à la croisée de l’écriture littéraire et de l’écriture graphique[16]. C’est la vision de l’inventeur de la bande dessinée Rodolphe Töpffer : « Ce petit livre est d’une nature mixte. Il se compose de dessins autographiés au trait. Chacun des dessins est accompagné d'une ou deux lignes de texte. Les dessins, sans le texte, n’auraient qu’une signification obscure ; le texte, sans les dessins, ne signifierait rien. Le tout ensemble forme une sorte de roman d’autant plus original qu’il ne ressemble pas mieux à un roman qu’à autre chose. »[17]. Ce que R. Töpffer appellera « Littérature en estampes » dans son Essai de Physiognomonie[18] et Will Eisner Sequential Art, « l’Art séquentiel »[19] ou Visual Narrative, « La Narration visuelle »[20].
    • Si la bande dessinée n'est que graphique regroupant texte et dessin, le texte doit s’inscrire obligatoirement sous une forme graphique dans le dessin au sein d’une bulle : « la bande dessinée est une suite de dessins contant une histoire ; les personnages s’y expriment par des textes inscrits dans des bulles. » Henri Filippini[21]. Cette définition rejette les auteurs de bandes dessinées appelées alors « histoires en images » comme les français J-P. Pinchon (Bécassine), Louis Forton (Les Pieds Nickelés et Bibi Fricotin), le néerlandais Marten Toonder (Tom Poes/Tom Pouce), les américains Rudolph Dirks (Katzenjammer Kids/Pim Pam Poum) et Gustave Verbeek (Upside-downs/Sans dessus-dessous). Cette définition rejette aussi, peut être moins catégoriquement, les bandes dessinées sans texte comme celles de l'américain Otto Soglow (Little King/Le Petit Roi) qui en 1975 ne comportaient toujours pas de texte.


Les spécialistes de la bandes dessinée défendent avec de moins en moins de vigueur cette deuxième vision restrictive de la bande dessinée, même H. Filippini intègre tous les auteurs cités ci-dessus dans son Dictionnaire de la bande dessinée (cf. bibliographie).

[modifier] Définition du médium bande dessinée

Si la définition du concept de bande dessinée partage encore les critiques et les spécialistes de la bande dessinée, les amateurs de bandes dessinées n’ont aucune difficulté à définir dans la pratique le medium bande dessinée.

  • Bande dessinée : succession d'images organisées pour raconter une histoire et présentée de façons diverses (en planche, en illustré, en petit format, en album, etc.).
  • Histoire en images : distinction faite par certains spécialistes pour différencier les suites d'images organisées pour raconter une histoire mais dont le texte est disposé en récitatif sous les images. Se présente aussi sous diverses formes.

[modifier] Aux États-Unis

  • Funny : à la fin du XIXe dessin d’humour paressant dans la presse quotidienne et au début du XXe siècle synonyme de strip.
  • Strip, aphérèse de comic strip : dessin d’humour en deux ou trois cases disposé horizontalement et paraissant avec le supplément du dimanche d'un journal, appelé aussi sunday strip dès qu'il regroupe les daily strips sur une page, avant de devenir une véritable histoire avec des personnages récurrents plutôt pour les adultes.
  • Comic, apocope de comic strip : appelé aussi daily strip, dessins d'hummour en deux ou trois cases disposé horizontalement paraissant tous les jours et organisés pour raconter une histoire plutôt pour les adultes.
  • Comic book : à l’origine les huit pages de comic strip du supplément dominical repliés en quatre, soit 32 pages revêtus d’une couverture en couleur. Ensuite un livre de 64 ou 96 pages spécialement édités pour raconter les histoires des super-héros à destination de la jeunesse.
  • Graphic Novel : livre relié pouvant comporter jusqu’à une centaine de page et racontant une histoire unique.

[modifier] En Europe

  • Journal illustré, apocopé en illustré : journal édité dès la fin du XIXe siècle et comportant des histoires dessinées à destination de la jeunesse.
  • Fumetto : pour les italiens les phylactères ressemblent à des petits nuages de fumée. C'est donc le phylactère qui définit, ici, la bande dessinée.
  • Tebeo : c'est le nom de la première revue de bandes dessinées espagnole (TBO, en 1917) qui a donné son nom aux bandes dessinées en Espagne, on parle aussi souvent d’historietas (historiettes).
  • Tegneserie ou Tecknad serie : Tegneserie en norvégien ou Tecknad serie en suédois signifie série ou suite de dessins.
  • Petit format : nom français des comic books reprenant souvent des aventures venant des États-Unis.
  • Album : livre relié à couverture rigide proche du format A4 comportant à l’origine une quarantaine de pages puis 46 planches (environ 50 pages) généralement en couleurs. Maintenant la pagination est libre et va à plus de 150 pages pour des suites d’histoires.

Un album fait généralement partie d’une série, dans le cas contraire les professionnels utilisent un anglicisme pour désigné un album unique : One shot (coup unique), à rapprocher de l’américain Novel Graphic.

[modifier] En occident

  • Beaucoup de pays ont simplement traduit la locution dans leur langue vernaculaire comme les portugais qui parlent de Banda desenhada (bande dessinée) ou ont adopté le terme américain de comic. D’autres comme les Brésiliens utilisent un terme plus imagé puisqu’il parle de História em quadrinhos (histoire en petits tableaux).

[modifier] En Asie

  • Manga : au Japon, terme inventé par Gakyōjin Hokusai, « le Fou de dessin » en 1814 et qui s’applique à tout se qui s’approche de près ou de loin aux bandes dessinées japonaises. Manga (漫画) qui est généralement traduit par « images dérisoires », (man signifiant originellement en chinois « déborder, à son gré »), « dessins libre » dans le sens d'interprétation libre.
  • Komiku : au Japon, traduction de l'américain comic, pour désigner les bandes dessinées d'importation généralement américaines et traduites en japonais.
  • Lianhuanhua (连环画 « images enchaînées ») : bandes dessinées chinoise composée de petits livres ne contenant qu’une seule image par page accompagnée d’un récitatif, très rarement de phylactères.
  • Manhua : désigne les bandes dessinées d’importation japonaise et traduites en chinois.
  • Manhwa (만화, prononcer man-h'oua) : désigne en Corée la deuxième production de bandes dessinées d’Asie après le Japon.

[modifier] Anatomie d'une bande dessinée

Les amateurs s'entendent sur un certain nombre de mots et de définitions pour décrire les différents éléments dont sont composées les bandes dessinées :

  • Les récitatifs sont des panneaux généralement situés au bord des vignettes et servant aux commentaires en « voix off  », notamment pour donner des indications de temps et de lieu ou pour fournir des informations permettant une meilleure compréhension de l'action. Le style ligne claire a beaucoup utilisé le récitatif comme Edgar P. Jacobs, l'auteur de Blake et Mortimer. Les « histoires en images » sont caractérisées par l'usage exclusif du récitatif.
  • Les bulles, appelées à l’origine « phylactères » (d’après le terme qui désignait les banderoles supportant les textes dans les enluminures du Moyen-âge) ou en anglais balloon (ballon, moins utilisé en français que bulle). Généralement rondes (plutôt rectangulaire dans le style ligne claire), elles contiennent les dialogues des personnages auxquels elles sont rattachées. Pour les pensées ou les rêves, elles ont souvent une forme de nuage.
  • Les onomatopées sont des mots ou des icones suggérant un bruit, une action, une pensée par imitation phonétique, graphique ou iconique. Les mangas utilisent des onomatopées pour suggérer des sentiments.
  • La case est une image ou une vignette contenant un dessin et généralement encadrée. À noter qu'une bande dessinée ne comporte pas nécessairement de case, dans ce cas la case se confond avec la planche.
  • La bande (de l'anglais : strip) ou bandeau est une suite de cases, disposées sur une ligne.
  • La planche est une superposition de bandes, à noter qu’une planche n’est pas obligatoirement constituée de bande et même quelque fois de case.
À l’origine le mot planche était réservé au document original dessiné par l’auteur. Celui-ci numérote souvent sa planche discrètement dans un coin de celle-ci. La numérotation des planches n'est pas nécessairement, pour ne pas dire jamais, identique à la numérotation des pages de l'album dans lequel elles paraîssent.
  • Un album est un recueil de planches qui raconte une aventure. Elles peuvent appartenir à une même série, à un même auteur, ou à un même thème (albums collectifs).
À l’âge d’or des illustrés, les aventures des héros de bandes dessinées étaient publiées sous forme de feuilletons appelés « histoires à suivre » puis éditées en albums.
Depuis la quasi disparition des magazines de bandes dessinées les histoires sont quelque fois pré publiées dans toutes sortes de médias, magazines, fanzines, hebdomadaires, quotidiens, etc. avant d’être éditées en albums.
Le reste du temps, les histoires sont directement édités en albums, cette pratique a tendance à se généraliser.
  • Une série est un ensemble d'albums reliés par un thème ou un personnage, organisée de façon chronologique quand l'histoire cours tout le long de la série.

[modifier] Annexes

[modifier] Notes

A. En 1942, une exposition organisée par l'American Institute of Graphic Arts et intitulée La Bande Dessinée, son histoire et sa signification présente les dessins pariétaux de la grotte de Lascaux, qui venait d'être découverte deux ans plus tôt, comme étant aux sources de la bande dessinée[22].

B. Le philosophe et missionnaire Raymond Lulle fait exécuter, au XIVe siècle des histoires en images juxtaposées mettant en scène ses aventures notamment en terres musulmanes. Les séquences d'images sont dialoguées à l'aide de phylactères[23] .

[modifier] Références

  1. Moris (1964/67)
  2. F. Lacassin (1971)
  3. ab D. Dupuis (2005), p.6
  4. ab A. Baron-Carvais (1985), p.5
  5. Will Eisner (1997)
  6. F. Lacassin (1971)
  7. S. McCloud (1999), pp.10-11 et 14-19
  8. N. Aujoulat, (2004)
  9. S. McCloud (1999), pp.14-15
  10. S. McCloud (1999), pp.10-11
  11. A. Baron-Carvais (1985), p.7
  12. G. Blanchard (1969)
  13. B. Galimard Flavigny (1981), p.19
  14. S. McCloud (1999), p.19
  15. T. Groensteen (2005), p.4
  16. M. Alessandrini (1979)
  17. R. Töpffer (1837) préface
  18. R. Töpffer (1845)
  19. Will Eisner (1997)
  20. Will Eisner (1998)
  21. H. Filippini (1989), p.IX
  22. W. Fuchs et R. Reitberger (1971)
  23. G. Blanchard (1969), p.28

[modifier] Documentation

  • Norbert Aujoulat, Lascaux, le geste, l'espace et le temps, Seuil, Paris (2004)
  • Dominique Dupuis, Au début était le jaune ..., une histoire subjective de la bande dessinée, PLG, Montrouge (2005)G, Montrouge (2005)
  • Will Eisner, La Bande dessinée, art séquentiel, Vertige Graphic (1997), traduit de Comics and Sequential Art
  • Will Eisner, Le Récit graphique : narration et bande dessinée, Vertige Graphic (1998), traduit de Graphic Storytelling and Visual Narrative
  • Francis Lacassin, Pour un neuvième art, la bande dessinée, éd. 10x18, Paris (1971), rééd. Slatkin, Paris (1982)
  • Scott McCloud L’art invisible, comprendre la bande dessinée, Vertige Graphic (1999), traduit par Dominique Petitfaux de Understanding Comics, the Invisible Art, Harper Collins (1992)
  • Morris, « Neuvième art, musée de la bande dessinée » dans le Journal de Spirou, de décembre 1964 à juillet 1967