Aux armes et cætera (chanson)

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Aux Armes et Cætera
Chanson par Serge Gainsbourg
extrait de l’album Aux armes et cætera
Sortie 1979
Enregistrement 1979
Kingston (Jamaïque)
Durée 03 : 07
Genre(s) reggae
Auteur(s) Serge Gainsbourg
Compositeur(s) Serge Gainsbourg
Producteur(s) Philippe Lerichomme
Label Universal
Pistes de Aux armes et cætera
Javanaise Remake
Javanaise Remake
Javanaise Remake
Les Locataires
Les Locataires
Les Locataires

Aux armes et cætera est une reprise de La Marseillaise composée en 1979 par Serge Gainsbourg sur un air de reggae et l'album du même nom.

Les paroles sont chuchotées en talk-over par la voix tabagique de Gainsbourg et accompagnée par des chœurs féminins sur le refrain « aux armes et cætera ».

Sommaire

[modifier] Circonstances

En 1979, Serge Gainsbourg traverse une passe difficile suite à l'insuccès de ses œuvres poétiques et a contrario de l'engouement du public pour la chanson disco Sea, Sex and Sun qu'il a bâclé. Il a raconté qu'il a à cette période ouvert son Grand Larousse encyclopédique à la page Marseillaise découvrant qu'à partir du deuxième refrain il était marqué Aux armes, et cætera ce qui lui donna alors l'idée d'un titre pour une nouvelle chanson.

Quelques années plus tard, il acheta le manuscrit original signé Rouget de Lisle. On peut effectivement y constater « Aux armes… et cætera » clairement calligraphié au niveau des refrains.

[modifier] Enregistrement

L'enregistrement a été effectué à Kingston en Jamaïque en quatre jours, avec Sly & Robbie.

[modifier] Diffusion et polémiques

Il est reconnu que c'est par l'album Aux armes et cætera que le reggae a fait son apparition en France. Sa promotion a démarré le 1er avril dans l’émission Top Club dimanche et Serge Gainsbourg a ensuite été invité dans de nombreuses émissions de télévision. L'impact se fait tout d'abord sur le plan musical, puisque le reggae est un genre nouveau, de surcroît en français.

[modifier] Réaction de Michel Droit

Au printemps 1979, la chanson titre devient un tube si important qu'elle provoque une vive réaction des militaires et de certains conservateurs. La polémique est lancée par le futur académicien Michel Droit, qui rédige une violente diatribe contre ce qu'il nomme « l’odieuse chienlit […] une profanation pure et simple de ce que nous avons de plus sacré. » Le texte paraît le 1er juin 1979 dans le Figaro Magazine : « Quand je vois apparaître Serge Gainsbourg je me sens devenir écologiste. Comprenez par là que je me trouve aussitôt en état de défense contre une sorte de pollution ambiante qui me semble émaner spontanément de sa personne et de son oeuvre, comme de certains tuyaux d'échappement... » L'éditorialiste, révolté par cette version de l'hymne national, s'emporte jusqu'à la limite de l'antisémitisme, allant jusqu'à insinuer que Gainsbourg fait du tort aux autres Juifs. Michel Droit utilise d'ailleurs dangereusement pour les nommer le mot « coreligionnaires », qui rappelle étrangement la propagande allemande sous l'Occupation. Il reproche à Gainsbourg d'ouvrir la porte à un regain d'antisémitisme, en déformant la version originale de La Marseillaise. La controverse devient rapidement phénoménale, ce qui apporte aussi une certaine notoriété au chanteur. L'album devient d'ailleurs disque de platine en quelques mois.

Serge Gainsbourg répond deux semaines plus tard par un article intitulé « On n'a pas le con d'être droit » paru dans Le Matin-Dimanche : « Peut-être Droit, journaliste, homme de lettres, de cinq dirons-nous, […] croisé de guerre 39-45 et croix de la Légion d’honneur dite étoile des braves, apprécierait-il que je mette à nouveau celle de David que l’on me somma d’arborer en juin 1942 noir sur jaune et ainsi, après avoir été relégué dans mon ghetto par la milice, devrais-je y retourner, poussé cette fois par un ancien néo-combattant ? »

Jane Birkin a aussi réagi en écrivant à Michel Droit.

[modifier] Altercation avec les militaires

Le 4 janvier 1980, alors que Serge Gainsbourg doit se produire à Strasbourg, la salle de concert est saccagée par un bataillon de parachustistes. Le chaos est tel que ses musiciens noirs refusent d'entrer sur scène. Les paras ont envahi le public.

Gainsbourg se présente seul sur le devant de la scène, face aux soldats qui menacent de l’expulser. Il entonne a cappella le premier couplet de La Marseillaise, un poing levé. Les paras se lèvent tous pour se mettre au garde à vous devant lui.

Cet évènement représente sans doute un retournement de situation concernant la perception que le public et les médias ont de Serge Gainsbourg. L'envolée des ventes de son album en témoigne : Aux armes et cætera devient le premier disque d'or de sa carrière.

Il entame alors une tournée triomphale avec Sly & Robbie accompagnés des choristes de Bob Marley, les I Threes.

Sa conclusion rageuse sur le débat fut : « Je suis un insoumis qui a redonné à La Marseillaise son sens initial. »

Pourtant, il fait encore des remous quelques années plus tard : il achète le manuscrit original de La Marseillaise de Rouget de Lisle à la salle des ventes de Versailles pour la somme de 135 000 francs de l'époque (soit environ 14 000 euros).

[modifier] Notes et références

Sources sur la polémique :