Auguste Maquet

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Auguste MaquetLithographie de C. Faber, 1847.
Auguste Maquet
Lithographie de C. Faber, 1847.

Auguste Maquet, né à Paris le 13 septembre 1813 et mort à Sainte-Mesme (Seine-et-Oise) le 8 janvier 1888, est un romancier et auteur dramatique français, connu surtout pour sa collaboration avec Alexandre Dumas.

Sommaire

[modifier] Biographie

Auguste MaquetCaricature par Nadar, 1854.
Auguste Maquet
Caricature par Nadar, 1854.

Il fut un brillant élève du lycée Charlemagne où il eut pour condisciple Théophile Gautier et Gérard de Nerval[1] et devint, à dix-huit ans, un professeur suppléant très remarqué. Docteur ès-lettres, il se destinait à l'enseignement, mais poussé par une irrésistible vocation vers la littérature indépendante, il abandonna l'Université. Quelques poésies fort appréciées, quelques nouvelles écrites dans les journaux le mirent en rapport avec les jeunes écrivains de cette féconde époque.

Fort lié avec Théophile Gautier, il fit partie des Bousingos, le groupe des Romantiques de la seconde génération, sous le nom d’Augustus Mac-Keat[2],[3],[4],[5], et composa quelques essais avec Gérard de Nerval[6]. C'est par ce dernier qu'il fit la connaissance d'Alexandre Dumas en décembre 1838. Alors commença cette collaboration fameuse qui mit en quelques années Auguste Maquet sur le chemin de la renommée.

Entraîné dans le désastre financier de son collaborateur, Auguste Maquet attaqua Dumas en justice d'abord pour impayé, et ensuite pour récupérer ses droits d'auteur sur les œuvres qu'il avait écrites en collaboration avec Dumas. Il s'en expliqua lors des audiences du 20 et 21 janvier 1858 devant le tribunal civil de la Seine. Il fut considéré comme un simple créancier, et moyennant la somme de 145 200 F payables en onze ans, il perdit le fruit d'un travail inouï en renonçant à mettre son nom à côté de celui d'Alexandre Dumas sur tous les livres qu'ils avaient écrits ensemble.

Auguste Maquet fut pendant plus de douze années président de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques. Officier de la Légion d'honneur depuis 1861, il mourut le 8 janvier 1888 dans son château de Sainte-Mesme, gagné, comme il le disait gaiement, avec sa seule plume. Il est enterré au cimetière du Père-Lachaise[7] à Paris.

[modifier] Maquet simple collaborateur ou « nègre » ?

La part d'Auguste Maquet dans la collaboration qui l'unit à Alexandre Dumas a fait l'objet d'importantes discussions. Eugène de Mirecourt, qui révéla l'emploi de collaborateurs par Dumas, rapporte une anecdote dans son pamphlet de 1845[8] :

[...] L'auteur des Trois Mousquetaires voulant prouver jusqu'à l'évidence que son chef de manufacture n'ajoutait pas une syllabe et ne retirait pas un iota du travail primitif, composa, séance tenante, sous les yeux d'une demi-douzaine d'intimes, une phrase étrange, une phrase barbare, une phrase de cinq lignes dans laquelle est répété seize fois le mot QUE, cet éternel désespoir de l'écrivain, ce caillou qu'une langue ingrate fait rouler constamment sous notre plume. Jugez de l'harmonie de la période. Les intimes s'écriaient : - Dumas en biffera bien deux ou trois! - Je parie pour sept. - Il en restera neuf, c'est fort raisonnable!
M. Dumas ne biffa rien.
Le jour suivant, on put voir toute cette froumilière de QUE grouiller dans le feuilleton du Siècle.

Pour Joseph-Marie Quérard, bibliographe contemporain des deux auteurs, plusieurs ouvrages ou passages sont du seul Maquet[9].

En revanche, pour Fernand Chaffiol-Debillemont, « Dumas avait seul conçu le plan, dessiné les personnages; bref il avait été l'architecte de l'édifice dont Maquet ne fut que le maçon. Et la page une fois composée, il y apportait les retouches définitives qui vivifiaient la prose languissante du bon Maquet; la verve, l'éclat, l'esprit sont bien de sa plume[10]. »

De même, pour Alain Decaux, « comme pour les peintres de la Renaissance, il faut que l'on prépare tes fresques - et il est juste que Auguste Maquet soit nommé [...] - mais à la fin celui qui tient la plume, c'est toi[11]. »

Dans cette vision, le travail d'Auguste Maquet consistait à rédiger une première copie à partir de ses connaissances historiques. Ensuite celle-ci était réécrite par Alexandre Dumas qui ajoutait son style romanesque.

Cependant, certains éléments montrent qu'au moins certaines parties étaient reprises sans aucune modification de la part de Dumas.

  • Lettre de Matharel de Fiennes à Auguste Maquet :

Paris, le 22 janvier 1858
Mon cher Maquet,
Deux lignes pour vous dire que je viens de lire le compte rendu de votre procès et que mon témoignage peut rectifier une erreur. En 1849 - je ne puis préciser la date - le Siècle publiait Le Vicomte de Bragelonne. Perrée était absent et je le remplaçais. On m'avertit à six heures du soir que le feuilleton qu'on était allé chercher à Saint-Germain, chez Alexandre Dumas, était perdu. Il fallait au Siècle son feuilleton, le feuilleton est dans sa charte. Les deux auteurs m'étaient connus, l'un habitait à Saint-Germain, l'autre à Paris. J'allai trouver celui qui était le plus facile à joindre. Vous alliez vous mettre à table. Vous eûtes la bonté de laisser là votre dîner et vous vîntes vous installer dans le cabinet de direction. Je vous vois encore à l'œuvre. Vous écriviez entre une tasse de bouillon et un verre de vin de Bordeaux que vous teniez de la munificence du Siècle. De sept heures à minuit, les feuillets se succédèrent, je les passais de quart d'heure en quart d'heure aux compositeurs. À une heure du matin, le journal était tiré avec son Bragelonne.
Le lendemain on m'apporta le feuilleton de Saint-Germain qui avait été retrouvé sur la route. Entre le texte Maquet et le texte de Dumas il y avait une trentaine de mots qui n'étaient pas absolument les mêmes, sur 500 lignes qui composaient le feuilleton.
Voilà la vérité. Faites de cette déclaration ce que vous voudrez.
[…]

[modifier] Œuvres collectives Dumas-Maquet

Romans
Théâtre
  • Les Trois Mousquetaires, drame en 5 actes, 1845
  • La Reine Margot, drame en 5 actes et 16 tableaux, 1847
  • Le Chevalier de Maison-Rouge, épisode du temps des Girondins, drame en 5 actes et 12 tableaux, 1847
  • Le Comte de Monte-Cristo, drame en 5 actes, 1848
  • Catilina, drame en 5 actes et 7 tableaux, 1848
  • La Jeunesse des Mousquetaires, drame en 5 actes, en 12 tableaux, 1849
  • Le Chevalier d'Harmental, drame en 5 actes et 10 tableaux, 1849
  • La Guerre des femmes, drame en 5 actes et 10 tableaux, 1849
  • Urbain Grandier, drame en 5 actes, 1850
  • Le Comte de Morcef, drame en 5 actes et 10 tableaux, 1851
  • Villefort, drame en 5 actes et 6 tableaux, 1851
  • Le Vampire
  • La Dame de Monsoreau, drame en 5 actes, 1860

[modifier] Œuvres de Maquet

Auguste Maquet a écrit seul :

  • De La Fontaine comparé comme fabuliste à Ésope et à Phèdre (thèse de doctorat ès-lettres, soutenue en Sorbonne), 1832
  • Le Beau d'Angennes, 1843
  • Deux Trahisons, 1844
  • une partie de l'Histoire de la Bastille, 1844
  • Le Comte de Lavernie, 1852
  • La Chute de Satan (suite du précédent), 1854
  • La Belle Gabrielle, 1854-1855
  • Dettes de cœur, 1857
  • La Maison du baigneur, 1857
  • La Rose blanche, 1858 (pour l'étranger) et 1859 (en France)
  • L'Envers et l'Endroit, épisode de la fin du règne de Louis XIV, 1858
  • Les Vertes Feuilles, 1862

Au théâtre, il a fait, seul :

  • Bathilde, drame en 3 actes, 1839
  • Le Château de Grantier, drame en 5 actes, 1852
  • Le Comte de Lavernie, drame en 5 actes et 8 tableaux, 1854
  • La Belle Gabrielle, drame en 5 actes et 10 tableaux, 1857
  • Dettes de cœur, pièce en 5 actes, 1859
  • La Maison du baigneur, drame en 5 actes, 1864
  • Le Hussard de Bercheny, drame en 5 actes, 1865

Il a fait représenter, en collaboration avec Jules Lacroix :

Il a écrit en collaboration avec Théodore Anne :

  • La Chambre rouge, drame en 5 actes, 1852
  • L'Enfant du régiment, drame en 5 actes et 6 tableaux, 1854

Il a écrit le texte d'un Paris sous Louis XIV. Monuments et vues, Paris, Laplace, Sanchez et Cie, 1883.

[modifier] Sources

  • Gustave Simon, Histoire d'une collaboration, Éditions G. Crès et Cie, 1919, d'où est extraite la lettre, p. 118-119
  • Préface de La Belle Gabrielle, édition de 1891

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes et références

  1. Corinne Bayle, Gérard de Nerval, la marche à l'étoile, Éditions Champ Vallon, 2001, p. 19-20, (ISBN 2876733307).
  2. Charles Augustin Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, Paris, Michel Lévy frères, 1866, tome VI, p. 278.
  3. Corinne Bayle, Gérard de Nerval, la marche à l'étoile, p. 55.
  4. Assassins, hors-la-loi, brigands de grands chemins : Mémoires et histoires de Lacenaire, Robert Macaire, Vidocq et Mandrin, Éditions Complexe, 1996, 1183 pages (ISBN 2870276060), présentation de Michel Le Bris, p. 22.
  5. Sous ce nom « irlandisé », il a publié plusieurs poèmes dans des journaux et revues sous ce pseudonyme. Sous le pseudonyme de « Paul L'Édile », il a également publié des articles dans la Revue municipale. Voir Georges d'Heylli, Dictionnaire Des Pseudonymes, Georg Olms Verlag, 1977, 599 pages, p. 135 (ISBN 3487063395).
  6. Les deux hommes ont eu un projet d'adaptation du conte La Main enchantée pour le théâtre en 1850. Voir Corinne Bayle, Gérard de Nerval, la marche à l'étoile, p. 55.
  7. (http://www.pere-lachaise.com/)
  8. Eugène de Mirecourt,Fabrique de romans. Maison Alexandre Dumas et compagnie, 1845, p. 45.
  9. Joseph-Marie Quérard, Les supercheries littéraires dévoilées. Galerie des auteurs apocryphes, supposés, déguisés, plagiaires et des éditeurs infidèles de la littérature française pendant les quatre derniers siècles, Paris, L'éditeur, 1847, tome 1, p. 419-584. Selon lui Auguste Maquet est « le principal, sinon l'unique, auteur du roman Les Trois Mousquetaires » (p. 474). De même, il rapporte que, selon Eugène de Mirecourt, Le Chevalier d'Harmental et Sylvandire sont l'œuvre du seul Maquet (p. 502-503). En revanche, Le Comte de Monte-Christo aurait été rédigé par Fiorentino pour la première partie et par Maquet pour la seconde (p. 507). Pour Le Bâtard de Mauléon, Maquet doit achever tout seul le roman, Dumas n'ayant pas écrit les deux derniers des huit volumes prévus (p. 515).
  10. Fernand Chaffiol-Debillemont, Petite suite excentrique, Mercure de France, 1952, p. 178.
  11. Discours prononcé par Alain Decaux lors du transfert des cendres d’Alexandre Dumas au Panthéon, 30 novembre 2002.
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