Assises d'Ariano

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Les Assises d'Ariano représentent une série de lois promulguées par Roger II de Sicile pendant l'été 1140 à Ariano, près de Bénévent dans le Mezzogiorno. Il venait de rétablir la paix dans la péninsule, sans cesse en révolte et avait décidé de faire un pas vers une plus grande centralisation du gouvernement. Les Assises créèrent la grande bureaucratie sicilienne et cherchèrent à maintenir le système féodal sous le strict contrôle du roi. Elles contenaient quarante clauses qui touchaient à tous les sujets qui pouvaient intéresser le droit de l'époque : la propriété privée, la propriété publique, l'Église, le code civil, les finances royales, l'armée. Ce travail était en avance pour son temps, car il tirait ses préceptes non seulement des théories juridiques normandes et françaises, mais aussi musulmanes et byzantines (surtout du Code Justinien).

Roger passa à Palerme la première moitié de 1140 à préparer soigneusement les Assises. Bien qu'il eût écrit la législation dans sa capitale, en juillet, il fit un voyage à Salerne, capitale du duché d'Apulie puis dans les Abruzzes, où il inspecta les conquêtes de ses fils Roger et Alphonse. Ces deux hommes, devenus respectivement à cette époque duc d'Apulie et prince de Capoue, avaient consolidé la paix sur la péninsule et l'avaient mise en état d'accueillir la grande législation de cette année-là.

Les Assises proclament que le roi est le seul législateur en Sicile, qu'il est aussi bien juge que prêtre (il possédait les pouvoirs de légat pontifical) et que tous les Siciliens étaient égaux et assujettis aux mêmes lois, aussi bien les Latins que les Grecs, les Juifs, les Musulmans, les Normands, les Lombards ou les Arabes. Le code punissait de mort la trahison. Il exposait aussi en détail d'autres crimes commis avec violence : la lâcheté au combat, le fait d'armer la populace, ou le retard dans l'aide apportée au roi ou à ses alliés. Du point de vue de l'Église, les chrétiens hérétiques et les apostats perdaient leurs droits. Les évêques étaient dispensés d'assister aux cours de justice, bien que le roi eut le droit de passer outre, comme partout ailleurs, et il ne pouvait y avoir d'appel. Militairement, la classe des chevaliers était fermée. Personne ne pouvait devenir chevalier s'il ne possédait un lignage chevaleresque. Enfin les Assises n'ignoraient pas les citoyens, exigeant qu'ils fussent traités justement et ne fussent pas accablés indûment de taxes par leurs seigneurs.

L'acte final de Roger à Ariano fut l'émission d'un standard de monnaie de basse qualité pour le royaume entier : le ducat. La pièce, surtout en cuivre et un peu en argent, mais non en or comme par la suite, prit rapidement de l'importance. Elle reçut le nom de ducat d'Apulie.

Les Assises nous sont parvenues dans deux manuscrits, différant légèrement l'un de l'autre, bien qu'on ignore ce qui est omissions et ce qui est adjonctions. Ils ont été retrouvés en 1856 dans les archives du Vatican et celles de Monte Cassino.

[modifier] Sources

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Assizes of Ariano ».
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