Art africain traditionnel

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Éléphant Makonde
Éléphant Makonde
Velours du Kasaï
Velours du Kasaï
Fétiche à clous (objet-force) Kongo
Fétiche à clous (objet-force) Kongo

L'art africain traditionnel se subdivise en une multitude d'arts locaux. Les musées internationaux ayant longtemps négligé l'art africain, appelé auparavant « art nègre », de ce fait la plupart des chefs d'œuvre sont entre les mains des collectionneurs privés et des marchands, et certains d'entre eux ont réalisé depuis les années 1980 de véritables fortunes. Après les diverses indépendances, beaucoup d'Européens étaient rentrés en Europe avec souvent d'importantes collections et peu à peu, leurs collections ont alimenté les marchés aux puces et les ventes aux enchères.

Sommaire

[modifier] Les objets

La véritable passion de l'art africain se doit dans certains cas de respecter l'objet dans son intégralité, ce qui signifie donc par exemple d'accepter l'existence — sans se laisser impressionner — d'une couche de sang séché (croûte sacrificielle) recueilli au cours des sacrifices rituels. Aux dires des collectionneurs — fétichistes ? — les plus passionnés, les traces laissées de leur utilisation, confèrent à ces objets une puissance magique ou esthétique que les autres ne possèdent pas.

Parmi les objets usuels africains on peut aussi trouver des objets artisanaux tels que des poulies, des serrures de grenier, des échelles, des calebasses pyrogravées et des armes, des objets personnels (poupée de maternité, fétiche), mais aussi des objets comme des statues décoratives sculptées pour les villas des blancs dans les années 1950 et 1960, ou comme enseignes naïves des boutiques. Ces objets sont des «faux» pour les puristes et les «ethnos» qui les méprisent, mais ces pièces, aujourd'hui pâtinées par le temps, se révèlent des choses, souvent très belles et très touchantes, d'un art réellement populaire, témoin d'un temps aujourd'hui révolu. Par exemple les statues dites «colons» représentent le «colon», l'homme blanc vu par l'homme noir, et sont souvent des statues pleines d'humour et de drôlerie (casque colonial, pistolet à la ceinture, mains dans les poches).

Cependant les faux d'aujourd'hui, font des ravages, car dans de nombreux villages africains, les artisans sont passés maîtres dans l'art de patiner le neuf, d'autant plus que selon les experts il devient impossible de retrouver aujourd'hui une œuvre majeure sur le continent. Tout est déjà en Europe, chez les collectionneurs (comme le bruxellois Willy Mestach), dans les familles d'anciens colons, ou en Amérique dans les musées. Trouver un objet rituel étant devenu rarissime, il y a de nombreux vols concernant ces objets, liés à la découverte de cet art primitif. D'autre part, de nombreux «rabatteurs» écument les villages de brousse les plus éloignés pour inciter les villageois à leur vendre leurs objets usuels comme les statuettes, les masques ou les poupées. Lors de la mode des échelles de grenier Dogons, à la fin des années 1980, les antiquaires africains raflèrent toutes les échelles des villages et saturèrent le marché parisien, ils firent la même chose pour les serrures Bambaras.

Les gouvernements africains de leur côté laissent faire car ils ne manifestent pas beaucoup d'intérêt pour le marché de l'art africain et même le boudent, alors qu'une résolution prise par l'UNESCO interdit, depuis le début des années 1990, de faire sortir masques et statues du continent africain. Mais dans les faits, ni l'UNESCO, ni les gouvernements africains ne disposent des moyens d'endiguer l'hémorragie et de protéger ce patrimoine. De plus certaines critiques se sont élevées contre une telle mesure avec comme argumentaire de dire : « Rien n'interdit aux Européens, aux Américains ou aux Japonais de vendre leurs œuvres à l'étranger ou d'en acheter. Pourquoi ce droit serait-il interdit aux Africains ? »

L'Afrique reste, cependant, un gisement artistique naturel d'importance majeure, car d'un bout à l'autre de ce vaste continent, il existe des milliers de tombes millénaires contenant, encore, des dizaines de milliers d'objets à découvrir. Quelques musées africains, dont les États n'ont pas les moyens ni la volonté d'entreprendre des fouilles, tentent de s'organiser et de proposer aux marchands des fouilles mixtes ou conjointes avec comme but de conserver les pièces les plus exceptionnelles, et au moins de pouvoir être intéressés aux ventes des objets collectés, afin d'avoir les moyens de mettre en œuvre une véritable politique d'acquisition.

Aujourd'hui l'art africain est une mine inépuisable d'inspiration pour les créateurs qui le réinterprètent, mais « hors de son milieu, retiré de son contexte, non seulement géographique mais aussi social, l'objet perd son identité culturelle. (...) De la panoplie du "colonial" au mur du "collectionneur" associé aujourd'hui à l'art contemporain, on tend à oublier la relation de l'objet africain avec son milieu d'origine, faisant abstraction de l'évidente implication ethnologique ».

[modifier] Quelques arts africains

  • Art ashanti
  • Art bakota (Gabon) et ses placages de cuivre et de laiton.
  • Art bambara (Mali), ses statuettes fétiches, ses figurines en fer forgé, ses serrures de greniers et ses statues.
  • Art bamoun (Cameroun)
  • Art bangwa (Cameroun)
  • Art baoulé (Côte d'Ivoire), ses statuettes fétiches, ses frondes, ses métiers à tisser, ses volets de case
  • Art boki (Nigéria), ses cimiers.
  • Art buyu (Congo-Kinshasa)
  • Art byieris (Gabon), ses statuettes.
  • Art dan (Côte d'Ivoire, Liberia).
  • Art dogon (Mali), ses statuettes fétiches, ses tabourets, ses échelles de grenier, ses portes.
  • Art fang (Gabon), ses têtes Byieri, ses reliquaires, ses armes de jet.
  • Art Ibedji Yorouba (Nigéria), ses statuettes fétiches, ses coupes.
  • Art kasai
    • La Luba est une statuette représentant la fondatrice du clan.
  • Art kirdi (Cameroun), ses boucliers.
  • Art kota ou Bakota (Gabon), ses reliquaires, ses armes de cérémonie.
  • Art kuba (Congo-Kinshasa), ses tapisseries, ses appuie-huque et ses cuillères sculptées.
  • Art kwese, ses masques.
  • Art lobi (Ghana), ses statuettes fétiches, ses sculptures sacrificielles bicéphales.
  • Art luba
  • Art mahongwé (Gabon), ses reliquaires.
  • Art mbuun
  • Art moba (Togo), ses statuettes.
    • Le Sakab Tchitchiri représente l'ancêtre fondateur du clan, il est représenté sous forme d'une grande statue, tête en pointe, jambe écartée sur son socle.
  • Art mossi (Burkina Faso)
  • Art mukuye punu (Gabon)
  • Art nimba (Guinée)
  • Art nkisi (Congo-Kinshasa), , ses statuettes fétiches à clous.
  • Art nyamwezie (Tanzanie)
  • Art pygmée, ses pongos (pagnes d'écorces battue aux dessins compliqués, rythmés et fantasques).
  • Art sénoufo (Côte d'Ivoire, Mali), ses statuettes fétiches, ses sièges.
  • Art songye, ses statuettes fétiches, ses masques et ses boucliers.
    • Art Bena-Kibeshi sous-groupe songye.
  • Art tschokwe (Angola), ses sceptres.
  • Art tsogho (Gabon), ses masques.
  • Art turkana (Kenya)

[modifier] La cote

Dans les années 1950, on pouvait trouver de nombreux objets au prix de 10 francs sur les marchés aux puces d'Europe. Les premiers objets à prendre de la valeur furent ceux du Bénin car ils étaient en bronze, puis vint la mode des objets à patine noire de Côte d'Ivoire, et ceux des Bakota du Gabon plaqués de cuivre et de laiton. Les grandes statues valaient plus chers que les petites, alors que le plus souvent en Afrique, si elles sont petites c'est pour pouvoir les cacher plus facilement car elles ont une importance particulière.

En 1983, un marchand parisien, Jean-Michel Huguenin, fait découvrir les sièges Sénoufo. En 1985, un autre marchand parisien, Réginald Groux, découvre les échelles de greniers Dogon — provenant de la falaise de Bandiagara — et Lobi dans la région de Mopti (Mali). Il acquiert un premier lot de cinquante, les fait socler et les vend dans sa galerie en faisant un joli profit. Au total il vendra plus de deux cents de ces objets bicentenaires. En 1990, un autre marchand parisien, Maine Durieux, fait découvrir les fers forgés des Bambaras (figurines de 10 cm).

  • Statue de reine Bangwa (Cameroun), 3,41 M.$ en avril 1990, Sotheby's New-York.
  • Grand Byeri de Chinchoa (Gabon), 2,5 M.FRF en juin 1990, Drouot Paris.
  • Statue féminine d'ancêtre Bambara, 900 000 FRF en décembre 1990, Paris.
  • Masque Mukuye Punu (Gabon), 617 142 € en juin 2004.
  • Plaque du Bénin (vers 1580-1620), 503 250 € en juin 2004.
  • Plaque du Bénin du XVI-XVIIe siècle, 691 200 € en décembre 2004.
  • Masque Ngil de culture Fang (Gabon), haut de 48 cm, en bois, représentant un visage stylisé peint en blanc au kaolin, 5,9 M d'euros (avec les frais) le 17 juin 2006, Drouot Paris, devenant ainsi l'œuvre d'arts premiers la plus chère jamais vendue au monde.
  • Statuette dogon représentant un cavalier, 85 000 € (2007).
  • Tabatière tschokwe du XIXe, 25 000 € (2007).
  • Statue-reliquaire nkisi, 145 000 € (2007).
  • Statue de femme Sénufo, 844 250 € en décembre 2007, Sotheby's Paris.
  • Statue Yoruba, Mère à l'enfant, 450 000 € en janvier 2008, 53e foire des Antiquaires de Bruxelles.

[modifier] Lieux de vente d'art africain

[modifier] Musées et fondations

  • Musée d'Art africain (Dakar, Sénégal)
  • Musée de la chefferie Bafut (Cameroun) : masques, armes de combat, instruments de musique, costumes de cérémonies.
  • Musée du sultanat de Foumban, capitale du pays bamoun (Cameroun) : plus de 3 000 objets dont certains vieux de plus de six cent ans.
  • L'exposition « Africa Remix » au Centre Pompidou du 25 mai au 15 août 2005, a dressé un panorama de l'art contemporain africain.

[modifier] Liens internes

[modifier] Voir aussi

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Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Art africain.

[modifier] Livres

  • Africa, la terre des origines de Cyril Christo et Marie Wilkinson - éd. Assouline
  • L’Art Africain de Jacques Kerchache, Jean-Louis Paudrat et Lucien Stephan, éd. Mazenod, 1988
  • L’Art Africain d'Étienne Feau et Hélène Joubert, Éditions Scala, 1996
  • L'Âme de l'Afrique, Masques et Sculptures de Serge Diakonoff, photographies d'André Longchamp, avec l'assistance de Frédéric de Senarclen, éd. Naef et Les Éditions de l'Amateur, 2006
  • Claude Tardits : L'Histoire singulière de l'art Bamoun, éd. Maison-neuve et Larose.

[modifier] Articles connexes

[modifier] Liens externes