Apollonie d'Illyrie

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Apollonie d'Illyrie (en Albanie), aussi appelée Apollonia (Aπολλωνία κατ' Επίδαμνον ou Απολλωνία προς Επιδάμνω), était située sur la rive droite de l'Aous, près de l'actuel village de Pojani.

Odeon (Théatre)
Odeon (Théatre)
Apollonie dans l'Antiquité
Apollonie dans l'Antiquité

[modifier] Une cité d'origine grecque

La ville a été fondée en -588 par des colons grecs de Corfou et Corinthe, sur un site qui semble avoir été auparavant un lieu de cohabitation entre les autochtones Taulantes et des colons grecs. Selon la légende, la ville s'appelait à sa fondation Gylaceia (du nom de son fondateur Glyax, avant que son nom ne soit changé en hommage au dieu Apollon. La ville a peut-être été la plus importante parmi celles qui portent le nom d'Apollonie (Απολλωνία).

Aristote citait Apollonie comme un exemple important du système oligarchique, en raison de la prévalence des familles descendant des colons grecs sur une population de serfs d'origine majoritairement illyrienne. La cité s'enrichit par son agriculture locale et par le commerce d'esclaves, favorisé par son port important dont on prétend qu'il pouvait accueillir une centaine de bateaux en même temps.

Apollonie, à l'instar de Dyrrachium ou d'Oricum, était un port important sur la côte illyrienne, qui permettait de relier Brindisi au nord de la Grèce, notamment par la Via Egnatia qui menait jusqu'à Thessalonique et Byzance. Les liens commerciaux sont attestés par la monnaie frappée au nom de la ville qu'on a pu retrouver jusqu'au bassin du Danube.

[modifier] Un port romain

La cité a été un temps la possesssion de Pyrrhus d'Épire avant de tomber dans le giron de la République Romaine en -229 à laquelle elle demeura loyale et en fut notamment recompensée lors de la défaite en -168 de Gentius, dernier roi d'Illyrie. En -148 Apollonie fut intégrée à la province romaine de Macédoine, avant d'être rattachée à celle d'Épire. Lors de la guerre civile opposant Pompée à Jules César, elle pris position pour ce dernier, mais tomba contre Marcus Junius Brutus en -48, allié de Pompée. Le futur empereur romain Auguste étudiait à Apollonie en -44 sous la tutelle d'Athénodore de Tarse lorsqu'il apprit la nouvelle de l'assassinat de César.

Apollonie accrut son opulence sous le gouvernement de Rome et fut mentionnée par Cicéron dans ses Philippiques en tant que magna urbs et gravis, une grande et influente cité. Le déclin de la cité s'amorça au IIIe siècle, notamment en raison d'un tremblement de terre qui détourna le cours de la rivière Vjosa, asséchant le port et transformant les terres en un marais frappé par la malaria. Le christianisme s'implanta dans la cité de façon assez précoce et les évèques d'Apollonie furent présents lors des Conciles d'Ephèse (431) et du Concile de Chalcédoine (451).

[modifier] Déclin et redécouverte

Toutefois, la cité devint peu à peu inhabitable. A la fin de l'Antiquité, la cité s'était dépeuplée et fut supplantée par la ville voisine de Vlorë.

La ville fut « redécouverte » par des hommes de lettres européens au XVIIIe siècle, même s'il fallut attendre l'occupation autrichienne de la région en 1916-1918 pour voir les premières fouilles archéologiques, qui furent poursuivie par une équipe française entre 1924 et 1938. Certaines parties du site furent endommagées durant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, une équipe albanaise prit le relais à partir de 1948, ce qui permit de mettre au jour certaines découvertes exposées dans un monastère voisin ou dans la capitale albanaise Tirana. Au cours de la péride d'anarchie qui suivit la chute du régime communiste en 1990, ces collections archéologiques furent pillées. Le site reste toujours en partie inexploré et est régulièment fouillé par des pillards à la recherche de reliques de valeur.