Antonio Escobar y Mendoza

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Antonio Escobar y Mendoza (né en 1589 à Valladolid - décédé le 4 juillet 1669 à Valladolid) était un ecclésiastique espagnol d’ascendance illustre. Il fut instruit par les Jésuites et à l'âge de quinze ans entra dans cet ordre et devint par la suite recteur du Collège des Jésuites de Valladolid. C'était aussi un prédicateur célèbre et telle était sa facilité que pendant cinquante ans il prêcha tous les jours et parfois deux fois par jour. De plus il était un auteur prolifique et ses œuvres complètes remplissent quatre-vingt-trois volumes. Ses premières tentatives littéraires étaient des vers latins à l'éloge d'Ignace de Loyola (1613) et de la Vierge Marie (1618); mais il est surtout resté comme un fameux casuiste. Ses travaux principaux appartiennent au domaine de l'exégèse et de la théologie morale. Dans ce dernier domaine on connaît surtout sa Summula casuum conscientiae (1627), son Liber theologiae moralis (1644) et ses Universae theologiae moralis problemata (1652-1666).

La Summula a été sévèrement critiquée par Blaise Pascal dans ses Provinciales, comme tendant à prôner une morale relâchée, car elle s'appuyait sur le Probabilisme : on n'est pas forcé de suivre un précepte moral si un moraliste reconnu soutient l'opinion contraire, qui devient ainsi « probable », c'est-à-dire vraisemblable, et même si cette dernière opinion est moins sûre. Le livre contient aussi la maxime célèbre selon laquelle la pureté d'intention peut justifier des actions qui en elles-mêmes sont contrairement au code moral et aux lois humaines; et la tendance générale est de chercher des excuses aux fragilités humaines. Ces doctrines scandalisèrent nombre de catholiques: les parlements de Paris, Bordeaux, Rennes et Rouen les firent brûler publiquement, et finalement Rome elle-même se vit forcée de les condamner du bout des lèvres. Elles ont été également ridiculisées avec esprit par Molière, Boileau et La Fontaine, si bien que peu à peu le nom d’Escobar en est venu à désigner en France n'importe quelle personne qui sait adroitement se fabriquer des règles de moralité en harmonie avec ses propres intérêts, ce qu’on appelle un casuiste.

Quant à Escobar lui-même on prétend que c’était un homme simple dans ses mœurs, un strict observateur des règles de son ordre, et qui consacrait tous ses efforts à réformer la vie de ses pénitents. On a dit à son sujet qu'il achetait le ciel chèrement pour lui, mais le donnait à bon marché aux autres.

(en) « Antonio Escobar y Mendoza », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail édition] [lire en ligne]

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