Antide Janvier

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Antide Janvier
Antide Janvier

Antide Janvier, né le 1er juillet 1751 à Briva, auj. Brive, un hameau de Lavans-lès-Saint-Claude dans le Jura, mort le 24 septembre 1835 à Paris, est un maître horloger français.

Sommaire

[modifier] Éducation

Son père, Claude Étienne, ouvrier agricole, se désigne déjà comme maître horloger et lui donne ses premières notion d'horlogerie. Son enseignement scolaire sera complété par l’abbé Tournier de Saint-Claude, qui prend en main son éducation. L’élève, en parlant de lui avec admiration, dira toujours « le maître ». Ayant reconnu chez cet adolescent de 13 ans les signes d’une intelligence remarquable et précoce, il le forme à toutes les disciplines qui sont les siennes : le latin, le grec, les mathématiques et l’astronomie pour laquelle il a une véritable passion.

[modifier] Premières réalisations

À 15 ans, en 1766, Antide entreprend la construction d’une sphère mouvante, travail qui lui prend 15 à 18 mois. En 1768, il a l’audace d’aller présenter sa sphère astronomique à l’Académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, instituée par Louis XV en 1752. Tous ces messieurs très savants consacrèrent au jeune inconnu de Saint-Claude deux de leurs séances. Ils sont séduits, ils le couvrent d’éloges et lui accordent un certificat en date du 24 mai 1768 au palais Granvelle, signé Droz :

« Le sieur Antide Janvier, de Saint-Claude, ayant présenté à l’Académie une sphère où il a exécuté par des mouvements un système d’astronomie, cette compagnie a cru qu’on ne pouvait donner trop d’éloges et d’encouragements à un jeune homme de 17 ans dont l’industrie ferait honneur à un mécanicien consommé, elle a regardé comme un acte de justice de lui accorder le présent certificat. »

Il entre au service de M. Devanne, comme apprenti, afin de parfaire son enseignement d’horloger. En 1770, la municipalité de Besançon, dont l'attention avait été attirée par le travail précédent, demanda à Antide Janvier de travailler à la réfection de l’horloge de table du cardinal de Granvelle, fabriquée à Augsbourg en 1564, ainsi que l'attestent des lettres de Fugger, négociant érudit de cette ville au cardinal, dont il avait été l'intermédiaire pour cette acquisition.

Pour une raison inconnue, il séjourne dans son Jura natal, à Morez, en 1771 et 1772. Ce qui permet aux horlogers de cette région de progresser dans leur art [1].

[modifier] Consécration

Antide Janvier construisit des planétaires qui lui valurent d'être présenté au roi Louis XV. Après un court séjour à Verdun où il se marie, il présenta au Roy Louis XVI , en Avril 1784, deux pendules à sphères astronomiques, l'une géocentrique, l'autre héliocentrique, celles-ci lui valurent de s'instaler à Versailles à la demande de Louis XVI, puis au Louvre en qualité d'horloger du roi. Il reste longtemps en relation avec le souverain, en 1792 il présente à la Reine sa pendule Géographique (actuellement à Fontainebleau) et, maladroitement, dit à la Reine :"voyez, vous pouvez savoir l'heure partout, par exemple, à Metz, il est..." . Après Varennes cela lui valut de tomber en disgrâce et lui permit de garder sa tête pendant la Révolution, même si, à cause d'inimitiés, il fit un séjour en prison. Ses pendules sont toutes remarquables, leur réalisation toujours parfaite et leurs complications parfois difficiles à comprendre; en particulier son chef d'oeuvre indiquant le mouvement des planètes, les phases de la lune, les marées, les éclypses lunaires et solaires, l'équation du temps etc..., sur quatre faces et avec des principes d'engrenages jamais vus ! Le fleuron de l'horlogerie !

Il a construit des horloges indiquant l'heure des marées, d'autres planétaires et des pendules extraordinaires d'ingéniosité et de complications astronomiques.

[modifier] Déchéance

En même temps que commencent les excès de la Révolution française, s’ouvre pour Antide Janvier une longue période de chagrins et de misère. Sa femme est très malade, ses moyens d’existence sont devenus précaires. Il loge au 152, rue Poissonnière, immeuble qu’il dit insalubre et privé de soleil. La mort de sa femme, en 1792, qui seule a toujours maintenu l’ordre et l’économie, va le précipiter dans de réelles difficultés. Il revient momentanément dans le Jura, à Morez, en tant que commissaire du salut public, chargé de l’établissement d’une manufacture d’armes et de l’installation des télégraphes aériens.

De retour à Paris, sa fierté et ses préoccupations horlogères lui font négliger les réalités de la vie courante liées à ses revenus. Pour continuer de produire ses pendules, il faut avancer les fonds pour payer le fondeur, le doreur, l’émailleur, le ciseleur. Pour habiller son horlogerie, il s’adresse toujours aux meilleurs artistes du moment. Par la suite, il sera obligé de vendre ses livres, ses dessins, ses meubles, ses machines et aussi ses pendules à Abraham Louis Breguet, qui y mettra son nom. De surcroît, l’horloger belge Zacharie Raingo utilisera ses mouvements signés Janvier pour faire des planétaires.

En 1826, la Restauration lui octroie 75 centimes par jour. Il a alors 75 ans. Il continue cependant à faire des pendules, plus ordinaires, avec quelques ouvriers. Il passe ses dernières années au 26 de la rue Saint-André-des-Arts, dans la plus grande misère, mais conservant, dit Gabriel de Chénier, « sa vigueur d’esprit, sa mémoire prodigieuse et la souplesse de ses membres. » Vers la fin de sa longue vie, il tombe malade, se réfugie chez un ami, et est hospitalisé à Cochin où il meurt le 23 septembre 1835 à 8 heures du matin, à l’âge de 84 ans. Son acte de décès porte la mention dérisoire et si injuste « Antide Janvier, sans état » et, plus loin, « cause du décès : vieillesse. »

[modifier] Héritage

Les spécialistes ou les amateurs qui s’intéressent à l’horlogerie de la fin du XVIIIe siècle connaissent les grands noms de ce métier tels que Julien Le Roy, Ferdinand Berthoud, Abraham Louis Breguet, Jean Antoine Lépine, qui ont contribué à la renommée de l’horlogerie française. Plusieurs ouvrages importants leur sont consacrés. Le XIXe siècle, trop préoccupé par les bouleversements industriels et les changements de société, ne lui a pas donné la considération qu’il méritait. Cet oubli s’est perpétué jusqu’à nos jours, où le nom d'Antide Janvier est difficile à trouver. Il fut cependant beaucoup plus que le grand horloger qu’ont vu ses contemporains : aussi doué pour l’investigation scientifique et mathématique que pour les arts, très en avance sur son temps, il reste celui qui a honoré le plus sa profession. Il mérite la place d’honneur parmi les plus grands, ce qui reste de son œuvre en est le témoignage. Il semblerait que l'inventeur du chronographe Rieussec le fit aussi travailler : Un régulateur portant son invention "mouvement synodique de la lune"; une pendule à cadran tournant et cadran géographique (cadran semblable à celui de 1792), tous deux signés Rieussec !

[modifier] Ouvrages

  • Description de l'horloge planétaire et à sphère mouvante in Ferdinand Berthoud, Description de l'horloge planétaire et à sphère mouvante, Tome II (1802)
  • Étrennes chronométriques pour l'an 1811, ou Précis de ce qui concerne le tems, ses divisions, ses mesures, leurs usages, etc. (1810). Réédité sous le titre Manuel chronométrique, ou Précis de ce qui concerne le temps, ses divisions, ses mesures, leurs usages, etc. (1815 ; 1821)
  • Essai sur les horloges publiques, pour les communes de la campagne (1810). Extraits en ligne avec illustrations : [1]
  • Des révolutions des corps célestes par le mécanisme des rouages (1812).
  • Précis des calendriers civil et ecclésiastique (1824).
  • Du pouvoir des sciences sur le bonheur des hommes (1825).
  • Recueil de machines composées et exécutées par Antide Janvier (1827 ; 1828).
  • Nouveau manuel complet de l'horloger, ou Guide des ouvriers, qui s'occupent de la construction des machines propres à mesurer le temps (1837, 1863). Édité par Louis-Sébastien Le Normand. Réédition : L. Laget, Paris, 1977. Texte en ligne : [2]. Nouvelle édition : Nouveau manuel complet de l'horloger (1850). Édité par Louis-Sébastien Le Normand. Réédition : LVDV Inter-livres, Paris, 1985. Texte en ligne : [3].

[modifier] Bibliographie

  • Michel Hayard, Antide Janvier, 1751-1835, Horloger des étoiles, Sa vie à travers son œuvre, Édition L'image du temps, Toulouse, 1995. Texte en anglais et en français. Ce livre donne les détails chronologiques de sa biographie et décrit toutes ses pendules connues.
  • Jean-Dominique Augarde et Jean Nérée Ronfort, Antide Janvier, Mécanicien-astronome, Horloger ordinaire du Roi, Éditions du Centre de recherches historiques sur les maîtres ébénistes, Paris, 1998. Ce livre donnant un rappel de sa biographie est surtout consacré à ses plus belles pendules et a son chef-d'œuvre.

[modifier] Notes et références

  1. Antide Janvier

[modifier] Liens externes

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