Anne Geneviève de Bourbon-Condé

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Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville peint par Chauveau
Anne Geneviève de Bourbon-Condé, duchesse de Longueville peint par Chauveau

Anne Geneviève de Bourbon, duchesse de Longueville (28 août 1619-1679) fut la seule fille d'Henri II de Bourbon, prince de Condé, et de son épouse Charlotte Marguerite de Montmorency, et la sœur du Grand Condé. Elle naquit dans la prison de Vincennes le 28 aout 1619 où ses parents avaient été placés pour leur opposition au maréchal d'Ancre, le favori de Marie de Médicis régente pendant la minorité de Louis XIII.

Elle fut éduquée avec sévérité au couvent des Carmélites, rue Saint-Jacques à Paris où elle se passionna pour les pièces de Corneille. Ses premières années furent assombries par l'exécution en 1632 d'Henri II, duc de Montmorency, le seul frère de sa mère, pour intrigue contre Richelieu, et du cousin de sa mère le comte François de Montmorency-Bouteville pour s'être battu en duel en 1627 ; mais ses parents firent la paix avec Richelieu et, ayant été introduite dans la société en 1635, elle devint bientôt l'une des vedettes des salons qui faisaient la vie culturelle.

En 1642, elle épousa un veuf du double de son âge, Henri II d'Orléans (1595-1663), duc de Longueville, qui fut gouverneur de Normandie pendant quarante ans. Après la mort de Richelieu, son père devint le chef du conseil de la régence pendant la minorité de Louis XIV, son frère Louis remporta la bataille de Rocroi en 1643, et la duchesse devint politiquement importante. En 1646, elle accompagna son mari à Munster, où il avait été envoyé par Mazarin comme chef de mission, et où elle charma les diplomates allemands qui préparaient le traité de Westphalie et fut célébrée comme la « déesse de la Paix et la Concorde ».

À son retour, elle devint amoureuse du duc de La Rochefoucauld, l'auteur des Maximes, qui utilisa cette passion pour obtenir de l'influence sur son frère. Elle était « l'âme » de la première Fronde quand elle amena Armand de Bourbon, prince de Conti, son second frère, et son mari aux mécontents, mais elle ne réussit pas à recruter Condé lui-même, dont la fidélité à la monarchie fit échouer le coup. Elle vivait à l'hôtel de ville et donna comme second prénom à son fils celui de Paris. La paix ne la satisfit pas, bien qu'elle eut obtenu pour La Rochefoucauld les titres qu'il convoitait.

La seconde Fronde fut largement son œuvre, et elle joua un rôle essentiel en décidant d'abord Condé, puis plus tard Turenne, à se joindre aux rebelles. Pendant la dernière année de la guerre, elle vivait à Bordeaux avec Henri II de Savoie duc de Nemours 1625-1659 (époux de sa belle fille, Marie d'Orléans Longueville 1625-1707, fille unique du premier mariage du duc de Longueville), une intimité qui donna à La Rochefoucauld une excuse pour l'abandonner et retourner auprès de son ancienne maîtresse la duchesse de Chevreuse.

Aussi, abandonnée et en disgrâce à la cour, la duchesse fit une dépression qui l'emmena vers la religion, le jansénisme, et la charité. Elle devint, jusqu'à sa mort, la protectrice de l'abbaye de Port-Royal-des-Champs, qui n'eut pas à craindre le pouvoir royal tant qu'elle fut en vie.

Elle décèdera le 15 avril 1679 à Paris, au couvent des Carmélites.

[modifier] Les Enfants

Enfants de Anne Geneviève de Bourbon-Condé :

  • Charlotte Louise (1644-1645).
  • Jean Louis Charles d'Orléans-Longueville (1646-1694), duc de Longueville et d'Estouteville, comte de Dunois, sans alliance. Son état mental le poussera à rester cloitrer dans l'abbaye de Saint-Georges de Boscherville à Rouen (76), où il décèdera.
  • Marie Gabrielle (1647-1650).
  • Charles Paris (1649-1672), comte de Saint Paul et duc de Longueville, dont le père fut son amant, François de la Rochefoucauld (1613-1680), et qui mourra tué à la bataille de Tolhuis aux Pays-Bas, sans postérité légitime.

La Duchesse de Longueville joue un rôle dans Vingt ans après d'Alexandre Dumas. Aramis y est en effet l'amant de la frondeuse.

[modifier] Sources

  • Père Anselme (dictionnaire biographique de la Maison de France), Tome 1, chapitre XII).
  • Arlette Lebigre, La duchesse de Longueville, Librairie Académique Perrin, 2004.