Jules Mazarin

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Cardinal

Jules Mazarin
de l’Église catholique
Image de Jules Mazarin
Portrait du cardinal Mazarin, par l'atelier de
Pierre Mignard, 1658-1660
Cardinal-diacre
Blason de Jules Mazarin
Naissance 14 juillet 1602
à Pescina (Italie)
Ordination
sacerdotale
Consécration
épiscopale
Évêque
Créé
cardinal
16 décembre 1641
par le pape Urbain VIII
Décès 9 mars 1661
à Vincennes (France)
 
Cardinal
Titre cardinalice
Collège cardinalice · Consistoire
Tous les cardinaux
(en) Fiche

Projet Catholicisme · Instructions

Portrait du Cardinal de Mazarin, par Pierre Louis Bouchart, (copie de 1877 du tableau de l'atelier de Pierre Mignard ci-dessus)
Portrait du Cardinal de Mazarin, par Pierre Louis Bouchart, (copie de 1877 du tableau de l'atelier de Pierre Mignard ci-dessus)

Jules Mazarin (en italien : Giulio Mazarino), (1602-1661), mieux connu sous le nom de Cardinal Mazarin fut un habile diplomate et homme politique, d'abord au service de la Papauté, puis des rois de France. Il succéda à Richelieu.

Sommaire

[modifier] Vie

[modifier] Ses origines

Le cardinal Mazarin, Giulio Mazarino, est né le 14 juillet 1602 à Pescina (alors sous domination espagnole), dans les Abruzzes, au sud-est de l'Italie. En fait, ses parents habitaient à Rome où il passa son enfance. Son père, Pierre Mazzarini, avait coutume d'aller de temps en temps chez son beau-frère, l'abbé Buffalini. Lors de ce voyage en 1602, sa femme étant enceinte, la chaleur accablante rendit si pénible la grossesse, que sa mère ne fut pas en état de rentrer à Rome. Les historiens de l'époque nous apprennent que sa mère Ortensia, accoucha de son premier né, bien nommé Jules, qui naquit coiffé et avec deux dents (on pensait alors que cela préjugeait d'une haute fortune). Plus tard, le cardinal s'en prévalait souvent.

Le père du cardinal, Pierre, fils de Jules, était né en Sicile à Castel-Mazarino, d'où lui est venu le surnom de Mazarin. Le grand-père du cardinal était artisan aisé (certains historiens disent qu'il fit faillite), ce qui lui permit d'envoyer son fils Pierre à l'école. Ce dernier y fit de tels progrès qu'il devint assez savant pour exercer la profession de notaire et plaider quelques petites causes. Après la mort de son père, il vendit ses meubles et partit pour Rome, muni de lettres de recommandation pour le connétable Colonna. Fort de ces recommandations, il sollicita un emploi. Pierre plut au connétable, qui le fit chambellan, puis lui confia la gestion de certains de ses domaines. Par sa conduite habile et prudente, toujours plus aimé de son maître, Pierre put mettre sa famille dans une grande aisance. Il fut d'ailleurs toujours reconnaissant envers cette famille Colonna, malgré l'éclatante fortune de son fils, le cardinal Mazarin, répétant toujours que sa fortune lui était venue de la faveur de cette maison.

Le connétable tenait à ce que ses domestiques fussent mariés. Il donna à Pierre, qui s'était décidé à prendre femme, Ortensia Buffalini, sa filleule, appartenant à une famille noble de Città di Castello en Ombrie. La jeune fille était belle et très vertueuse. Elle fut largement dotée. Ils eurent deux fils et quatre filles. L'aîné, Jules, futur cardinal, porta le prénom de son grand-père.

[modifier] Au service du Pape

En 1618, en marge de la guerre de Trente Ans, éclate en Italie du nord le conflit appelé guerre de succession de Mantoue qui opposait d'une part, l'empereur Ferdinand II, le duc de Savoie Charles-Emmanuel Ier et Ferdinand II de Guastalla, candidat gibelin au duché et, d'autre part, le roi de France Louis XIII venu secourir Charles Gonzague, duc de Nevers, le candidat guelfe. Le pape Urbain VIII envoya également des troupes dans la Valteline. Jules envoya promener ses livres et en profita pour prendre une commission de capitaine d'infanterie. Il fit, avec sa compagnie, quelques séjours à Lorette et à Ancône. Il ne connaissait de l'art de la guerre que ce qu'on en dit dans les livres ; pourtant, il montra dans l'exercice de ses fonctions la supériorité de son esprit et un grand talent pour discipliner les soldats.

À cette époque, Anna Colonna, fille du connétable, épousa Taddeo Barberini, neveu du pape Urbain VIII. À cette occasion, son frère, Girolamo, anciennement maitre de Mazarin, reçut l'archevêché de Bologne avec la pourpre. Lorsqu'on l'envoya dans le Montferrat, en qualité de légat du pape, pour traiter de la paix entre la France et l'Espagne, il obtint que Jules soit attaché à la légation au titre de secrétaire.

Des deux côtés, on était prêt pour la bataille. Le légat apostolique négociait cependant la paix avec grand zèle. Mazarin, comme secrétaire, allait d'un camp à l'autre, pour hâter la conclusion d'un traité. Il ne mit pas longtemps à s'apercevoir que le marquis de Santa-Cruz, qui représentait la couronne d'Espagne, avait une peur violente de perdre son armée, et un ardent désir d'arriver à un accommodement. Comprenant tout le parti qu'il pouvait tirer de cette faiblesse, il pressa le général espagnol, lui représentant avec exagération la force des Français.

Les négociations de Mazarin aboutirent le 6 avril 1631 au traité de Cherasco par lequel l'empereur et le duc de Savoie reconnaissaient la possession de Mantoue et d'une partie du Montferrat à Charles Gonzague et surtout l'occupation française de la place forte de Pignerol, porte de la vallée du . Elles apportèrent à Louis XIII et au cardinal de Richelieu une telle satisfaction que celui-ci en regarda l'auteur comme un homme inépuisable en ressources, fécond en ruses et stratagèmes militaires et qu'il en conçut le vif désir de le connaître personnellement. Il le manda à Paris, où Jules se rendit avec un plaisir inexprimable. Richelieu l'accueillit avec de grandes démonstrations d'affection, l'engagea par les plus belles promesses, et lui fit donner une chaîne d'or avec le portrait de Louis XIII, des bijoux et une épée d'une valeur considérable.

[modifier] Ses premiers contacts avec la France

Il est d'abord vice-légat d'Avignon (1634), puis nonce à Paris (1634-36), il déplut par ses sympathies françaises à l'Espagne, qui le fit renvoyer à Avignon (1636) et qui l'empêcha, malgré les efforts de Richelieu, de devenir cardinal.

Richelieu, se sentant accablé par l'âge, bien qu'il fût infatigable au travail, pensa que Mazarin pourrait être l'homme qu'il cherchait pour l'aider à porter le gouvernement. Dès son retour en France, après un bref voyage à Rome, il le retint près de lui et lui confia plusieurs missions dont Mazarin s'acquitta fort honorablement, puis le présenta au roi qui l'aima beaucoup. Il s'établit alors dans le palais royal.

Toujours très habile au jeu, un jour qu'il gagnait beaucoup, on accourut en foule pour voir la masse d'or qu'il avait amassée devant lui. La reine elle-même ne tarda pas à paraître. Mazarin risqua tout et gagna. Il attribua son succès à la présence de la reine et, pour la remercier, lui offrit cinquante mille écus d'or et donna le reste aux dames de la cour. La reine refusa d'abord, puis finit par accepter, mais quelques jours après, Mazarin reçut beaucoup plus qu'il n'avait donné.

Mazarin envoya à son père, à Rome, une grosse somme d'argent et une cassette de bijoux pour doter ses trois sœurs et s'affermit dans l'idée de servir la Couronne, dont la faveur pensait-il était le plus sûr moyen d'obtenir la pourpre, objet constant de son ambition depuis sa jeunesse car seul moyen pour lui (étant sans naissance) d'accéder aux responsabilités auxquelles il aspirait. Mais Richelieu, qui l'estimait beaucoup et le jugeait digne du chapeau de cardinal, n'avait pas hâte de le combler. Un jour, il lui offrit un évêché avec trente mille écus de rente. Mazarin, craignant de se voir enterré loin de Paris et des affaires, ne voulut pas courir le risque d'arrêter là sa fortune et refusa aimablement. Il attendit encore longtemps puis, las d'attendre, rentra en Italie en 1636, pensant qu'à Rome, au service du cardinal Antonio, neveu du pape, il serait plus en mesure d'avoir la pourpre.

[modifier] Au service des Rois de France

En avril 1639, il est naturalisé français et repart pour Paris. Il entre au service de la France et se met à la disposition de Richelieu. En décembre 1640, il fait un heureux début en gagnant à la cause française les princes de Savoie ; un an plus tard, le pape lui accordait le chapeau de cardinal. Lors de la conspiration de Cinq-Mars et du duc de Bouillon, celui-ci n'obtint sa grâce qu'en livrant la Principauté de Sedan ; Mazarin signa la convention et vint occuper Sedan.

Le 5 décembre 1642, lendemain de la mort de Richelieu, Mazarin fut nommé Principal Ministre de l'État, comme l'avait recommandé Richelieu qui voyait en lui son digne successeur.

Après la mort de Louis XIII, Mazarin créa la surprise en obtenant le soutien de la régente. Longtemps opposée à Richelieu et estimée comme favorable à un rapprochement avec l'Espagne (étant elle-même espagnole), la plupart des observateurs de l'époque furent surpris de cette volte face d'Anne d'Autriche. En réalité, le rapprochement entre Mazarin et la régente fut antérieur à la mort de Louis XIII et de son principal ministre. Le soucis de préservation de la souveraineté de son fils et la conscience des dommages qu'aurait causé pour celle-ci un rapprochement avec Madrid, fut un argument de poids dans sa décision de poursuivre la politique du feu roi et du cardinal de Richelieu -et donc de d'appuyer Mazarin-. Les inestimables compétences de ce dernier en matière de politique extérieure furent un prétexte tout trouvé pour justifier ce soutien. Mazarin sut par la suite très vite se rendre indispensable à la régente, se chargeant habilement de compléter son "éducation politique" et l'incitant à se décharger entièrement sur lui du poids des affaires.

Ainsi, à partir de 1643, à la mort de Louis XIII et comme Louis XIV n'est encore qu'un enfant, la régente Anne d'Autriche nomme Mazarin Premier Ministre. En mars 1646, il devient également « surintendant au gouvernement et à la conduite de la personne du roi et de celle de Monsieur le duc d'Anjou ».

À peine au pouvoir, il dut affronter l'hostilité des « Grands » dans l'affaire de la Cabale des Importants (1643) où un complot pour l'assassiner fut déjoué.

Malgré les succès militaires et diplomatiques mettant enfin un terme à la guerre de Trente Ans (traité de Westphalie-1648), les difficultés financières s'aggravèrent, rendant les lourdes mesures fiscales de Mazarin de plus en plus impopulaires. Ce fut l'une d'elles qui déclencha la première Fronde, la Fronde Parlementaire (1648). Paris est assiégée par l'armée royale, qui ravage les villages de la région parisienne par pillages, incendies, viols… N'obtenant pas la soumission de la capitale, les partis concluent la paix de Saint-Germain (1er avril 1649). Ce ne fut qu'un répit.

La Fronde des princes (1650-1652), déclenchée par l'arrestation de Condé avide de récompenses pour lui et sa clientèle, et défiant ainsi la primauté fragile et naissante de l'autorité royale promu par Mazarin, lui succéda. Mazarin fut obligé de s'exiler à deux reprises (1651 et 1652), tout en continuant de gouverner par l'intermédiaire d'Anne d'Autriche et de fidèles collaborateurs comme Hugues de Lionne (1611-1671) et Michel Le Tellier (1603-1685). La région parisienne fut à nouveau ravagée, par les armées et par une épidémie de typhoïde répandue par les soldats, dans un été torride, qui entraîna au moins 20 % de pertes dans la population. Sa lassitude et son épuisement facilitèrent le retour du roi, acclamé dans un Paris ainsi soumis, puis plus tard, celui de Mazarin.

Les critiques contre Mazarin concernaient en partie son origine italienne et roturière, mais surtout le renforcement de l'autorité royale, condition nécessaire à la mise en place d'un état moderne, au détriment des grands du royaume. La guerre contre l'Espagne, mal comprise et mal acceptée par l'opinion publique, entraina une formidable et impopulaire augmentation des impôts. Ayant brisé toutes les oppositions, dirigeant le pays en véritable monarque absolu, il est resté premier ministre jusqu’à sa mort au château de Vincennes, le 9 mars 1661 des suites d'une longue maladie.

Deux jours avant sa mort, il fait appeler les trois ministres du Conseil, Michel Le Tellier, Nicolas Fouquet et Hugues de Lionne, et les recommande chaudement au roi. Mais le lendemain, veille de sa mort, sur les conseils de Colbert, il revient sur ses propos concernant Fouquet jugé trop ambitieux et conseille au roi de s'en méfier et de choisir Colbert comme Intendant des finances.

[modifier] Enrichissement personnel

Dés le début de son gouvernement, Mazarin s'enrichit énormément en confondant les caisses de l'État avec sa caisse personnelle. Cela lui procura une grande souplesse financière, qui se révéla vite indispensable pour remplir ses objectifs politiques. Il perçoit de nombreux « pots de vin » en échange de charges (charges que lui-même collectionne) et profite de la faillite d'amis banquiers pour reconstituer à bon compte sa bibliothèque dispersée pendant la Fronde ainsi que, en véritable amateur d'arts, pour enrichir sa collection d'œuvres de Titien, Caravage ou Raphaël, de statues, de médailles, de bijoux.

Sa fortune est telle (la plus importante de tout l'ancien régime) que Nicolas Fouquet et Jean-Baptiste Colbert, les véritables artisans de la démesure de sa fortune après la fronde, lui seront indispensables pour la gérer au mieux. Grâce à leur habilité financière, il put ainsi aisément disposer immédiatement de toutes les sommes qui lui furent nécessaires.

Les mazarinades, feuilles d'informations de quelques pages et de toutes origines (celles inspirées par Condé sont parmi les plus audacieuses contre la monarchie), parfois pamphlets grossiers et creux, mais aussi parfois savants et ironiques (le cardinal de Retz en commit quelques-uns), l'attaquèrent très souvent sous cet angle, fustigeant le "voleur de Sicile".

Bien que les sommes concernées, en raison de la virtuosité du concerné et de ses aides (Fouquet et Colbert), dépasse de loin tout ce qui pouvait se voir à cette époque, il est nécessaire de relativiser le caractère exceptionnel de telles pratiques financières. Mazarin, aussi peu populaire chez les nobles dont il sapait l'autorité, que chez le peuple dont il prolongeait les souffrances issues de la guerre, souffrit d'une large hypocrisie sur ce point. Il est cependant certain que bon nombre de ses manoeuvres au service de sa propre fortune ne peuvent qu'indigner.

Postérieurement la fronde, période où il put mesurer toute la fragilité de sa position, Mazarin n’eut de cesse de vouloir consolider sa position. Etant sans aucune noblesse, son pouvoir était entièrement assujettit au bon vouloir d’une régente disposant elle-même d’un pouvoir contesté. En outre, seule sa dignité de cardinal (d’ailleurs révocable) lui permettait de prétendre aux fonctions qui était les siennes. Sans une situation financière solide, une disgrâce aurait tôt fait de le faire dégringoler au bas de l’échelle sociale. Ce point peut en partie expliquer la rapacité et l’acharnement de Mazarin à s’enrichir de manière exponentielle et contre toute morale.

[modifier] Sa fin

Mazarin meurt le 9 mars 1661 en laissant une Europe en paix. Louis XIV ne protégera pas cet héritage de Mazarin, bien au contraire : soucieux d'affirmer sa grandeur par de vastes conquêtes, il trouvera dans les traités de paix si difficilement obtenu par le Cardinal, les prétextes qui justifieront ses innombrables guerres. La fronde est alors finie depuis plus de huit ans (1653).

[modifier] Héritage

Au terme de sa vie, Mazarin avait rempli les principaux objectifs politiques qu'il s'était fixés pour la France. A savoir :

  • Apporter une paix stable à l'Europe et dont la France soit l'arbitre ;
  • Mettre un terme définitif aux révoltes nobiliaires, affirmer l'autorité royale au détriment des grands du royaume ;
  • Soumettre le clergé.

A ces différentes victoires, il est nécessaire d'ajouter la réussite de l'éducation du jeune Louis XIV, ce dont ce dernier, manifestement admiratif des talents du Cardinal, fut toujours reconnaissant. A la mort de Mazarin, le futur Roi Soleil trouvait entièrement dégagée la voie de l'absolutisme monarchique.

Outre l'héritage politique, le cardinal Mazarin a laissé une fortune estimée à 35 millions de livres, dont 8 millions en espèces (soit l'équivalent de l'encaisse de la Banque d'Amsterdam, banque la plus importante du monde à l'époque). Il avait tout perdu pendant la Fronde, il avait donc accumulé ces richesses entre 1652 et sa mort, soit en moins de dix années, en se faisant attribuer par la reine-régents charges civiles et écclésiastiques (en voir la liste impressionnante p 50-51 du La Fronde de Hubert Méthivier, PUF, 1984), en spéculant sur les fonds d'État, en jouant sur la valeur des monnaies et leur retrait (ce qui causa par exemple en 1659 la révolte des « Sabotiers » de Sologne, paysans misérables soulevés contre le retrait des liards, lesquels constituaient leurs maigres réserves monétaires), en s'enrichissant par l'entremise d'hommes de paille sur les fournitures aux armées…[1] Sous l'Ancien Régime, aucun héritage n'atteignit ce niveau, les plus élevés étant ceux du cardinal de Richelieu (16 millions nets) et de Charles Gonzague (5,5 millions en 1637). Pour éviter que ne soit fait un inventaire de ses biens, et donc de ses agissements, il légua tous ses biens au roi, qui hésita trois jours avant de les accepter, puis, l'ayant fait, les laissa à ses héritiers, manœuvre classique en ces temps pour éviter les recherches de justice[2]. Sa rapacité était telle qu'il songea même, lui qui ne fut jamais ordonné prêtre, à devenir archevêque d'un des riches territoires nouvellement conquis, mais le pape s'opposa à un zèle si intéréssé.

Par testament, Mazarin fit réaliser le Collège des Quatre-Nations (devenu l'Institut de France).

[modifier] Postérité

La réussite de Mazarin constitua un véritable outrage à l'ordre social de son époque. La formidable réussite d'un homme sans naissance et de condition modeste ne pouvait que s'attirer les foudres d'une noblesse censée seule avoir été dotée par Dieu des vertus et qualités propres au commandement. Le soucis de Mazarin de renforcer l'autorité royale attisa le ressentiment des nobles[3], et celui de poursuivre une guerre mal comprise celui du peuple. Le nombre de mazarinades diffusées pendant son ministère, ainsi que la qualité littéraire de bon nombre d'entre-elles, contribuèrent à ruiner durablement sa réputation. Ses origines étrangères ne plaidèrent pas non plus en sa faveur. Ainsi, en dépit des indéniables réussites que compta sa politique, Mazarin ne laissa pas un souvenir très positif dans la mémoire du peuple français, les mémorialistes préférant mettre en avant ses pratiques financières douteuses plutôt que ses victoires politiques.

[modifier] Connexions familiales

La richesse du Cardinal Mazarin et la volonté du cardinal de se lier à la haute aristocratie par les mariages avantageux de ses nièces (moyen pour les Grands de bénéficier des grâces royales) créèrent une dynastie.

Les sœurs Olympe, Marie, Hortense et Marie Anne Mancini furent célèbres pour leur beauté, leur esprit et leurs amours libérées.

Leur frère Philippe épousa Diane de Thianges, nièce de Madame de Montespan ; ils furent les grands-parents de l'académicien Louis-Jules Mancini-Mazarini et également des ancêtres des actuels Grimaldi.

C'est en contant les amours des nièces avec Louis XIV que Abraham de Wicquefort s'est retrouvé enbastillé.

La question de savoir si Mazarin et Anne d'Autriche s'aimèrent est controversée. Certains ont analysé leur correspondance de telle façon qu'ils ont cru pouvoir y voir une liaison, qui reste hautement hypothétique, entre l'homme d'Église et la reine-mère.

[modifier] Blasonnement

Armes du cardinal Mazarin :

D'azur au faisceau de licteur d'or lié d'argent, la hache du même, à la fasce de gueules brochant sur le tout chargée de trois étoiles d'or.

[modifier] Portrait

Le cardinal de Retz, célèbre ennemi de Mazarin, dresse de lui dans ses mémoires un portrait au vitriol saisissant -bien que fort peu objectif- :

« Sa naissance était basse et son enfance honteuse. Au sortir du Colisée, il apprit à piper, ce qui lui attira des coups de bâtons d'un orfèvre de Rome appelé Moreto. Il fut capitaine d'infanterie en Valteline ; et Bagni, qui était son général, m'a dit qu'il ne passa dans sa guerre, qui ne fut que de trois mois, que pour un escroc. Il eut la nonciature extraordinaire en France, par la faveur du cardinal Antoine, qui ne s'acquérait pas, en ce temps-là, par de bons moyens. Il plut à Chavigny par ses contes libertins d'Italie, et par Chavigny à Richelieu, qui le fit cardinal, par le même esprit, à ce que l'on a cru, qui obligea Auguste à laisser à Tibère la succession de l'Empire. La pourpre ne l'empêcha pas de demeurer valet sous Richelieu. La Reine l'ayant choisi faute d'autre, ce qui est vrai quoi qu'on en dise, il parut d'abord l'original de Trivelino Principe. La fortune l'ayant ébloui et tous les autres, il s'érigea et l'on l'érigea en Richelieu; mais il n'en eut que l'impudence de l'imitation. Il se fit de la honte de tout ce que l'autre s'était fait de l'honneur. Il se moqua de la religion. Il promit tout, parce qu'il ne voulut rien tenir. Il ne fut ni doux ni cruel, parce qu'il ne se ressouvenait ni des bienfaits ni des injures. Il s'aimait trop, ce qui est le naturel des âmes lâches; il se craignait trop peu, ce qui est le caractère de ceux qui n'ont pas de soin de leur réputation. Il prévoyait assez bien le mal, parce qu'il avait souvent peur ; mais il n'y remédiait pas à proportion, parce qu'il n'avait pas tant de prudence que de peur. Il avait de l'esprit, de l'insinuation, de l'enjouement, des manières ; mais le vilain cœur paraissait toujours au travers, et au point que ces qualités eurent, dans l'adversité, tout l'air du ridicule, et ne perdirent pas, dans la plus grande prospérité, celui de fourberie. Il porta le filoutage dans le ministère, ce qui n'est jamais arrivé qu'à lui ; et ce filoutage faisait que le ministère, même heureux et absolu, ne lui seyait pas bien, et que le mépris s'y glissa, qui est la maladie la plus dangereuse d'un État, et dont la contagion se répand le plus aisément et le plus promptement du chef dans les membres. »

[modifier] Œuvre littéraire

  • bréviaire des politiciens, ouvrage publié aux éditions Arléa, présenté par Umberto Eco qui indique que la première parution date de 1684. U. Eco indique que Dumas a du en entendre parler et n'avoir qu'un résumé de ce bréviaire, ce qui expliquerait le personnage dont il a tracé le portrait dans Vingt ans après.

[modifier] Littérature

Alexandre Dumas le met en scène dans Vingt ans après. D'Artagnan ainsi que Porthos deviennent ses créatures. Athos et Aramis se glissent du côté des princes, opposé au cardinal.

Dumas le met aussi en scène dans Le Vicomte de Bragelonne, dans lequel Mazarin sépare Louis XIV de Marie de Mancini et le marie à l'infante d'Espagne, Marie-Thérèse et enfin meurt en 1661.

[modifier] Liens internes

[modifier] Note et références

  1. Note : lire les innombrables témoignages des mémorialistes du temps, dont Mme de Motteville, amie de la reine Anne. Voir aussi le tome 1 des Lettres, instructions et mémoires de Colbert publiées par Pierre Clement en 1861, en 10 t.
  2. Voir le ch. XIX du Mazarin de P. Goubert, et les travaux de D. Dessert, dont Colbert, le serpent venimeux, 2000, pp. 63-65
  3. Ce qui inclut la plupart des mémorialistes

[modifier] Bibliographie

  • Pierre Goubert, Mazarin (Paris, Fayard, 1990)
  • Histoire anecdotique de la jeunesse de Mazarin, traduite de l'italien par C. Moreau (Paris, J. Techener, 1863)
  • Claude Dulong, Mazarin (Paris, Perrin, 1999)
  • Paul Guth, Mazarin (Paris, Flammarion, 1972)
  • Arthur Hassal, Mazarin (Londres, Macmillan, 1903)
  • Isabelle de Conihout, Patrick Michel, Mazarin : les Lettres et les Arts, Editions Monelle Hayot, 2006 (ISBN 2903824533)
  • Mémoires de la société historique de Pontoise, du Val d'Oise et du Vexin, Tome LXXXVII, 2005 (juin 2006) : La Fronde vue du Nord et du Nord-Ouest de la région parisienne.
  • Simone Bertière, Mazarin : le Maître du jeu, Éditions de Fallois, 2007 (ISBN 978-2877066358)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens externes

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