Anima

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L'anima est, pour Carl Gustav Jung, la part féminine de l'homme. Il s'agit d'un archétype, donc d'une formation de l'inconscient collectif, qui a son pendant chez la femme : l'animus. Ce concept est à replacer parmi les autre concepts de la théorie dite de la psychologie analytique.

"La complexité de la psychanalyse jungienne tient au fait que toutes les instances psychiques sont en étroites relations les unes avec les autres. Décrire isolément un concept donne de lui une vision forcément partielle car ne tenant compte ni des rapports dynamiques avec les autres instances ni de l'ensemble du système psychique. Tout est lié, tout est en mouvement." in La psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, Avril 2002

Animus et Anima . Archéytpes présents dans d'autres cultures comme, sous les traits de Shiva et Shakti, dans la culture indienne.
Animus et Anima . Archéytpes présents dans d'autres cultures comme, sous les traits de Shiva et Shakti, dans la culture indienne.

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Sommaire

[modifier] L'anima, pour Carl Gustav Jung, est la femme en l'homme.

L'anima apparaît souvent dans les rêves et les fantasmes sous les traits d'une femme séductrice et/ou diabolique qui est porteuse de valeurs féminines souvent très éloignées des valeurs masculines conscientes du rêveur. C'est au cours du processus d'individuation, souvent dans la seconde moitié de la vie, que l'homme se trouve confronté à cette figure de son inconscient.

« L'anima est féminine ; elle est uniquement une formation de la psyché masculine et elle est une figure qui compense le conscient masculin. Chez la femme, à l'inverse, l'élément de compensation revêt un caractère masculin, et c'est pourquoi je l'ai appelé l'animus. Si, déjà, décrire ce qu'il faut entendre par anima ne constitue pas précisément une tâche aisée, il est certain que les difficultés augmentent quand il s'agit de décrire la psychologie de l'animus.

Le fait qu'un homme attribue naïvement à son Moi les réactions de son anima, sans même être effleuré par l'idée qu'il est impossible pour quiconque de s'identifier valablement à un complexe autonome, ce fait qui est un malentendu se retrouve dans la psychologie féminine dans une mesure, si faire se peut, plus grande encore. »

« Pour décrire en bref ce qui fait la différence entre l'homme et la femme à ce point de vue, donc ce qui caractérise l'animus en face de l'anima, disons : alors que l'anima est la source d'humeurs et de caprices, l'animus, lui, est la source d'opinions ; et de même que les sautes d'humeur de l'homme procèdent d'arrière-plans obscurs, les opinions acerbes et magistrales de la femme reposent tout autant sur des préjugés inconscients et des a priori. »

C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 179 et 181.

[modifier] La femme présente en chaque homme

« Au Moyen Age, bien avant que les physiologistes aient démontré que notre structure glandulaire confère à chacun de nous des éléments à la fois mâle et femelle, un dicton voulait que "chaque homme porte en lui une femme". Et c'est cet élément féminin dans chaque homme que j'ai appelé l'anima. Cet aspect féminin est essentiellement une certaine façon, inférieure, qu'a l'homme de se rapporter à son entourage, qu'il cache aux autres tout autant qu'à lui-même. Même lorsque la personnalité visible d'un individu parait normale, il se peut qu'il dissimule aux autres et à lui-même cette "femme qu'il porte en lui" et dont l'état est quelquefois déplorable. » C.G. Jung " L'homme et ses symboles ", Robert Laffont, 1964 p 31.

"Apparition de la femme qui est en l'homme". Ici Psyché et éros.
"Apparition de la femme qui est en l'homme". Ici Psyché et éros.

Les figures féminines de la catégorie Anima se révèlent en général aux hommes. C’est pourquoi on la nomme la part féminine de l’homme. Dans le cadre de la clinique, ou simplement en suivant ses rêves, jour après jour, sur une longue période, et en prenant conscience de cette part féminine, ces personnages qu’il a en lui, le masculin réel de l’homme se met a se développer. Ce processus se nomme l’individuation.

L’aboutissement de cette réalisation se fait en général, par la rencontre avec la figure de la femme sage vers la fin du processus. Les personnages masculins ( bien que relevant en général de la psyché féminine ) apparaissant parfois dans l’homme au cours de ce processus.

Constituant l'anima, la part féminine, de l'homme on peut trouver :

  • 1 er niveau : femme primitive - par exemple Eve, vénus, mais aussi les sirénes, ou les femmes fatales. etc.
  • 2 ème niveau : femme d'action - Par exemple jeanne d'Arc, Diane la chasseresse, les amazones etc.
  • 3 ème niveau :femme de la sublimation - Par exemple : vierge des chrétiens, kali chez les hindous, Isis, Demeter etc.
  • 4 ème niveau : femme sage - Par exemple une déesse mère, une guide.

Chaque niveau correspond a un niveau de maturité psycho-affective. "L'anima du quatrième niveau , stade le plus élevé correspond à une sagesse transcendante, sous l'image d'athena, la sophia des gnostiques, les initiatrice et les muses. La dimension féminine entre en étroite relation avec la dimension masculine." in la psychanalyse jungienne, Collection Essentialis, ED. Bernet-Danilot, Avril 2002

[modifier] Comment s'exprime-t-elle ?

« De quelle façon l'anima s'exprime-t-elle dans la vie spirituelle intime de l'homme ? C'est ce qui reste incompréhensible aux femmes. L'anima exprime en quelque sorte le désir. Elle représente certains désirs, certaines attentes. C'est pourquoi on la projette sur la personne d'une femme, à laquelle se voient attribuées certaines attentes, des attentes unilatérales, tout un système d'attentes. C'est une forme de l'anima. L'anima, chez l'homme, ressortit toujours à un système de relation. On peut même parler d'un système de relation érotique, alors que l'animus chez la femme ne représente absolument pas cela : il apparaît comme un problème intellectuel, un système de compréhension. L'anima représente un désir, une attente ou une certaine forme de l'attente. » C.G. Jung " Sur l’Interprétation des rêves ", Albin Michel, 1998 p 149.

[modifier] Présence de l'anima dans les rêves

« La présence d'une figure de l'anima dans le rêve fait en effet toujours supposer l'existence d'une fonction de relation. L'anima représente toujours chez l'homme la fonction de relation. »

C.G. Jung Sur l’Interprétation des rêves Albin Michel, 1998 p 224.

[modifier] La Tendance séparatrice de l'anima

« ... il semble nécessaire et tout indiqué de rechercher les motifs cachés qui peuvent être à l'origine de la tendance séparatrice de l'anima. Le premier pas de cette recherche consiste en ce que je désire appeler l'objectivation de l'anima, à savoir l'interdiction catégorique de voir dans la tendance à la séparation l'expression d'une faiblesse personnelle du Moi. Ce n'est que lorsque cela est établi que l'on peut en quelque sorte adresser à l'anima la question : "Pourquoi recherches-tu cette séparation ?" Poser la question sur ce mode personnel a un gros avantage : ainsi, en effet, la personnalité de l'anima se trouve reconnue et acceptée et une relation entre le Moi et l'anima devient possible. Plus cette relation se fait intime et personnelle, mieux cela vaut.» C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 170.

[modifier] La Confrontation avec l'anima

« Les éléments du monde intérieur nous influencent subjectivement de façon d'autant plus puissante qu'ils sont inconscients ; aussi, pour quiconque est désireux d'accomplir un progrès dans sa propre culture (et n'est-ce pas chez l'individu isolé que la culture commence ?), est-il indispensable d'objectiver en lui les efficacités de l'anima, afin de tenter de découvrir quels sont les contenus psychiques à l'origine des efficiences mystérieuses de l'âme. De la sorte, le sujet acquerra adaptation et protection contre les puissances invisibles qui vivent en lui. »

C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 178.

[modifier] Le Dialogue avec l'anima

"Illustration du dialogue de l'homme avec son anima " : Représentation de psyché et cupidon. ".
"Illustration du dialogue de l'homme avec son anima " : Représentation de psyché et cupidon. ".

« Il faut élever ce dialogue avec l'anima à la hauteur d'une technique. Chacun, on le sait, a la particularité et aussi l'aptitude de pouvoir converser avec lui-même. Chaque fois qu'un être se trouve plongé dans un dilemme angoissant, il s'adresse, tout haut ou tout bas, à lui-même la question (qui d'autre pourrait-il donc interroger ?) : "Que dois je faire ?" ; et il se donne même (ou qui donc la lui donne en dehors de lui ?) la réponse. » « Tout l'art de ce dialogue intime consiste à laisser parler, à laisser accéder à la "verbalisation" le partenaire invisible, à mettre en quelque sorte à sa disposition momentanément les mécanismes de l'expression, sans nous laisser accabler par le dégoût que l'on ressent naturellement vis-à-vis de soi-même au cours de cette procédure qui semble un jeu d'une absurdité sans limite, et sans non plus succomber aux doutes qui nous assaillent à propos de l' "authenticité" des paroles de l'interlocuteur intérieur. » C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 171/172.

[modifier] L'art de se parler à soi-même

« ... il faut se cultiver dans l'art de se parler à soi-même, au sein de l'affect, et d'utiliser celui-ci, en tant que cadre de dialogue, comme si l'affect était précisément un interlocuteur qu'il faut laisser se manifester, en faisant abstraction de tout esprit critique. Mais, ceci une fois accompli, l'émotion ayant en quelque sorte jeté son venin, il faut alors consciencieusement soupeser ses dires comme s'il s'agissait d'affirmations énoncées par un être qui nous est proche et cher. Il ne faut d'ailleurs pas s'arrêter en cours de route, les thèses et antithèses devant être confrontées les unes avec les autres jusqu'à ce que la discussion ait engendré la lumière et acheminé le sujet vers une solution satisfaisante. Pour ce qui est de cette dernière, seul le sentiment subjectif pourra en décider. Naturellement, en pareil débat, biaiser avec soi-même et chercher des faux-fuyants ne nous serviraient de rien. Cette technique de l'éducation de l'anima présuppose une honnêteté et une loyauté pointilleuses à l'adresse de soi-même, et un refus de s'abandonner de façon prématurée à des hypothèses concernant les desidera ou les expressions à attendre de "l'autre côté". » C.G. Jung " Dialectique du moi et de l'inconscient ", Idées / Gallimard, 1973 p 174.

[modifier] Ressources

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • Richard Andre, “La femme idéale, l’homme idéal, Comment ils communiquent.“ Livre électronique libre sur http://projectif.site.voila.fr/ Ce document propose une Typologie étendue et originale de l'anima et de l'animus dans le prolongement des conceptions de C.G. JUNG.
  • Annick de Souzenelle, Le Féminin de l'Etre. Pour en finir avec la côte d'Adam - 1997 - Albin MICHEL