Amoghavajra

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Amoghavajra (705-774) (chinois : 不空 Bukong/P'u-k'ung, japonais : 不空金剛 Fukūkongo)[1] est un maître bouddhiste, un traducteur, et le plus célèbre représentant du bouddhisme vajrayana mizong (密宗) en Chine[2]. Les dangers menaçant l’empire au milieu de la dynastie Tang poussent les souverains à rechercher des rites protecteurs et permettent au courant mizong de prendre un bon départ, mais la décadence progressive du pouvoir et une hostilité sporadique contre les religions 'étrangères' coupent son élan et ne lui permttent pas de s’implanter durablement. Sous les Song, c'est un courant mineur par rapport au Chan et au Jingtu majoritaires et il disparaît avec la dynastie.

Amoghavajra exerça une grande influence sur le bouddhisme japonais par l’intermédiaire de ses disciples constituant l'école dite Zhenyan (mantra). Huiguo (慧果 , ja. Keika-Ajari), en particulier, eut comme élève Kukai, fondateur de l’école Shingon dont Amoghavajra est l’un des huit patriarches.

Sommaire

[modifier] Biographie

Il existe deux versions de ses origines. L’une le fait naître à Sri Lanka et suivre à 14 ans (718) Vajrabodhi à Srivijaya, puis à Luoyang en 720[3]. Selon d’autres sources, il naît au Nord de l’Inde[4], ou encore à Samarcande d’un père indien et d’une mère peut-être sogdienne, et se rend en Chine à 10 ans à la mort de son père.

Ordonné en 724 au Guangfusi (廣福寺), ses compétences linguistiques sont rapidement mises à profit par Vajrabodhi qu’il assiste dans son travail de traduction. En automne 741, Vajrabodhi décède. Trois mois après, Amoghavajra s’embarque à Guangzhou pour un voyage d’études et de recueil de textes avec des disciples (37 selon une source) dont Hanguang (含光) et Huibian (惠辯). Après un passage en Indonésie, ils se rendent à Sri Lanka. Il semble qu’il y ait rencontré Nagabodhi (龍智), maître de Vajrabodhi, et étudié le Tattvasaṃgraha (十八會金剛頂瑜伽法門), texte central du bouddhisme tantrique, La Réserve de compassion de Mahāvairocana (毗盧遮那大悲胎藏), l’Onction en cinq parties (五部灌頂) et le Livre secret des mantras.

Après un passage par l’Inde, il serait revenu en Chine en 746 avec un demi-millier de fascicules. Tout d’abord logé au Honglusi (鴻臚寺), service d’accueil des moines étrangers, il est invité à donner l’onction à l’empereur Xuanzong, puis est envoyé au Jingyingsi (淨影寺) diriger les traductions. Ses rites pour la pluie commandés par le palais s’étant montrés efficaces, il reçoit le nom de Zhizang (智藏) Réservoir de sagesse et la robe pourpre. Malgré les honneurs, il semble qu’il demande en 749 à rentrer dans son pays d’origine, mais il tombe malade en route à Shaozhou (韶州) dans le sud et renonce à son projet.

En 753, le général köktürk Geshu Han (哥舒翰), prince de Xiping (西平王), qui défend le pays contre les incursions étrangères du nord-ouest et souhaite une protection magique ou spirituelle pour son armée, l’invite au Kaiyuansi (開元寺) de Wuwei. En 754, il traduit la première partie du Tattvasaṃgraha [T 865]. En 755 éclate la rébellion d'An Lushan ; il est capturé par les rebelles, mais délivré par les troupes loyalistes en 757. Il revient alors à la capitale où des rites de purification lui sont demandés pour renforcer la dynastie. En 758, il sollicite du nouvel empereur Suzong de reprendre la direction de traductions. Il aurait arrêté à l’aide de rituels basés sur le Renwangjing (仁王經) une armée tibéto-ouïghoure de 200 000 hommes menaçant Chang'an : les troupes se seraient dispersées après que le général Pugu Huaien soit tombé raide mort. En 765, il est directeur du Honglusi.

Après Suzong, c’est au tour de l’empereur Daizong de faire appel à lui pour la protection de la dynastie. Amoghavajra avait persuadé l’empereur de mettre l’empire sous la protection du bodhisattva Manjusri. En 766, la construction du Jingesi (金閣寺) débute sur le mont Wutai, celui des quatre monts bouddhistes consacré au bodhisattva. En 771, il présente à Daizong les 77 textes qu’il a traduits accompagnés d’une table des matières, et demande à ce que l’ensemble soit intégré dans le Tripitaka chinois[5]. Il reçoit le titre de Maître tripitaka au vaste savoir (大廣智三藏).

A sa mort en 774 (15e jour du 8e mois), trois jours de deuil officiel sont décrétés et il reçoit les noms posthumes de Sikong (司空) et Dabianzheng (大辨正). Une pagode est érigée dans le temple de Daxingshan (大興山) pour recevoir ses reliques.

[modifier] Disciples

Hanguang (含光), Huiqiong (惠銎), Huilang (惠朗) su Chongfusi (崇福寺), héritier des onctions, Hanguang (含光) au Jingesi (金閣寺), Huichao (惠超) à Silla, Huiguo (惠果) au Qinglongsi (青龍寺), Yuanjiao (元皎) au Baoshousi (保壽寺), Juechao (覺超).

[modifier] Traductions

[modifier] Références et notes

  1. Le nom en japonais est une traduction intégrale de son nom sanskrit, "vajra à l’effet sans faille" ; le nom chinois ne garde que "à l’effet sans faille".
  2. Avec ses prédécesseurs Subhakarasimha –Shanwuwei (善無畏) et Vajrabodhi-Jingangzhi (金剛智), son maître, il est l’un des Trois Grands Moines vajrayana de l’ ère Kaiyuan .
  3. Liste de moines de l’ère Zhenyuan (貞元新定釋教目錄)
  4. Lettre de route du Maître Tripitaka Bukong (不空三藏行狀)
  5. Des catalogues lui attribuent 120 à 140 traductions.

[modifier] Voir aussi

Vajrayana | Mantra | Shingon

[modifier] Liens Externes