Samarcande

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Samarkand – carrefour de cultures 1
Patrimoine mondial de l’UNESCO

Détail d'une façade

Latitude
Longitude
39° 40′ 07″ Nord
         67° 00′ 00″ Est
/ 39.66861, 67
Pays Ouzbékistan Ouzbékistan
Type culturel
Critères (i)(ii)(iv)
Superficie 965 ha
Subdivision Région de Samarcande
N° identification (ID) 603
Région 2 Asie/Océanie
Année d’inscription 2001 (25e session)

1 Descriptif officiel (UNESCO)
2 Classification UNESCO

Vue du portail de la mosquée Bibi Khanoum
Vue du portail de la mosquée Bibi Khanoum

Samarcande ou Samarkand (Samarqand ou Самарқанд en Ouzbek) (population 400 000 habitants) est une ville d'Ouzbékistan, capitale de la Région de Samarcande (Samarqand Viloyati). Son nom signifie probablement « lieu de la rencontre » ou « lieu du conflit » (samara : rencontre, conflit en sanskrit, kand, kent : ville, terme centre-asiatique) et illustre bien sa position à la limite des mondes turc et persan.

Sommaire

[modifier] Histoire

L'occupation du site de la ville de Samarkand date du paléolithique inférieur elle est l'un des berceaux de la civilisation des peuples de l'Asie centrale. Le musée de Samarkand offre quelques exemples de silex taillés trouvés sur place. Le site archéologique est appelé Afrasiab.

Samarkand, connue alors sous le nom de Marakanda, a vu Alexandre le Grand (329 av. J.-C.). Il ira plus loin vers l'Inde mais la Sogdiane marque la limite de ses conquêtes en direction de l'Asie centrale : voir Alexandria Eskhate.

Le célèbre pèlerin chinois Xuanzang passa vers 631 par Tachkent et Samarkand lors de son voyage en Inde à la recherche de manuscrits sacrés bouddhiques. Voici son témoignage sur Samarcande :

Sa capitale (de Sogdiane) a plus de 20 li de tour (environ 10 km), excessivement forte avec une importante population. Le pays a un grand entrepôt commercial, est très fertile, abondant en fleurs et en arbres et fournit beaucoup de beaux chevaux. Ses habitants sont des artisans habiles et énergiques. Tous les pays Hu (iraniens) considèrent ce royaume comme leur centre et se font un modèle de ses institutions. Le roi est un homme d'esprit et de courage auquel les États voisins obéissent. Il a une superbe armée où la plupart des soldats sont des chakir. Ce sont des hommes de grande valeur, qui voient en la mort un retour vers leurs parents, et contre lesquels aucun ennemi ne peut tenir au combat.

Elle fut conquise par les Arabes en 712 et brilla particulièrement sous le règne des Samanides. Après la bataille de Talas en 751, où les Arabes capturèrent des artisans papetiers chinois, Samarkand devint le premier centre de fabrication du papier du monde musulman.

Le mathématicien, astronome et poète persan Omar Khayyam (1048-1131) y séjourna de 1072 à 1074, avant de s'installer à Ispahan en Iran à l'invitation du sultan seldjoukide Malik Shah Ier.

Elle fut ruinée par Gengis Khan en 1220.

Marco Polo (vers 1272) n'est pas passé à Samarkand, son itinéraire vers la Chine est plus au sud en Afghanistan. Mais son père et son oncle sont allés jusqu'à Boukhara par la route traditionnelle de la soie dont le prolongement naturel est Samarkand avant de traverser le Pamir vers Kachgar en Chine.

Samarkand est une très noble et grandissime cité, où se trouvent de très beaux jardins et tous les fruits qu'homme puisse souhaiter. Les gens y sont chrétiens et sarrasins. Ils sont au neveu du Grand Khan, qui n'est point son ami, mais bien souvent a été en querelle avec lui
Marco Polo (1255-1324) Le devisement du monde, Le livre des merveilles (Tome I), éditions FM/La Découverte

Ibn Khaldûn raconte la poussée vers la Chine par les Omeyyades :

En l'an 96 (715) Qutayba prit la décision de faire la conquête de Kachgar, la ville chinoise la plus proche. Il commença donc son expédition, emmena avec lui les familles des soldats qu'il laissa à Samarkand, traversa le fleuve Syr Daria et disposa un contingent pour garder le passage et empêcher les troupes de revenir en arrière sans son autorisation. Ensuite, il envoya son avant-garde à Kachgar, où elle recueillit du butin et fit des prisonniers. On mit à ceux-ci le collier des tributaires et on poussa l'expédition plus loin à l'intérieur de la Chine.
Le roi de Chine écrivit à Qutayba en lui demandant de lui envoyer un noble arabe pour le renseigner sur les Arabes et leur religion. Qutayba choisit dix Arabes parmi lesquels il y avait Huhayra ibn Mushamraj al-Kilâbî, et donna l'ordre de les doter d'un bon équipement, d'habits en soie et en étoffe à ramage, et de quatre chevaux. Il leur dit : « Faites-lui savoir que je ne partirai pas avant d'avoir foulé le sol des Chinois, enchaîné leurs princes et reçu leurs butins. »
Ibn Khaldûn (1332-1406) Peuples et Nations du monde, édition SindBad

En fait des négociations s'engagent et les Arabes n'iront pas plus loin.

Ibn Battûta séjourne à Samarkand (vers 1335). À cette époque, Samarkand avait été détruite par les mongols de Gengis Khan en 1220, et n'était pas encore reconstruite (vers 1370) par Tamerlan qui naquit quelques années après le passage d'Ibn Battûta. Il décrit des monuments qui n'existent plus.

Je me dirigeai vers la ville de Samarkand, une des plus grandes, des plus belles et des plus magnifiques cités du monde. Elle est bâtie sur le bord d'une rivière nommée rivière des Foulons, et couverte de machines hydrauliques, qui arrosent des jardins. C'est près de cette rivière que se rassemblent les habitants de la ville, après la prière de quatre heures du soir, pour se divertir et se promener. Ils y ont des estrades et des sièges pour s'asseoir, et des boutiques où l'on vend des fruits et d'autres aliments. Il y avait aussi sur le bord du fleuve des palais considérables et des monuments qui annonçaient l'élévation de l'esprit des habitants de Samarkand. La plupart sont ruinés, et une grande partie de la ville a été aussi dévastée. Elle n'a ni muraille ni portes. Des jardins se trouvent compris dans l'intérieur de la ville. Les habitants de Samarkand possèdent des qualités généreuses, et ont de l'amitié pour les étrangers ; ils valent mieux que ceux de Boukhara.
Ibn Battûta (1304-1368) Voyages (Tome II), édition FM / La Découverte

Elle devint la capitale de Tamerlan en 1369. Les monuments édifiés par les Timurides font la gloire de la cité. Oulough Beg (1394-1449), petit-fils de Tamerlan, prince et astronome, y fait construire un observatoire où il mène des travaux de grande qualité avec quelque 70 savants dont Qadi-zadeh Roumi, al-Kachi et Ali Quchtchi. Après sa mort, la vie intellectuelle et artistique des Timurides se concentre à Hérat en Afghanistan, en particulier chez son parent le prince et mécène Husayn Bayqara (règne 1469-1506).

Le marché couvert de Samarcande, près de la mosquée Bibi Khanoum
Le marché couvert de Samarcande, près de la mosquée Bibi Khanoum

En 1507, les Timurides sont renversés par les Ouzbeks de la dynastie des Chaybanides. Lors du morcellement de l'actuel Ouzbékistan en trois khanats (Khiva, Boukhara et Kokand) qui interviendra par la suite, Samarcande est rattachée au khanat de Boukhara.

En 1868, elle passe sous domination russe, avant de devenir, en 1925, la capitale de l'Ouzbékistan soviétique. Elle perdra cette place au profit de Tachkent en 1930.

En mai 2007, l'UNESCO célèbre le 2750e anniversaire de Samarcande et le 2000e anniversaire de Marguilan. Une conférence internationale consacrée au rôle de ces villes dans l'histoire de la civilisation mondiale a lieu le 29 mai 2007 au siège de l'UNESCO à Paris.

[modifier] Monuments

Mausolée Gour-Imir, abritant la tombe de Tamerlan
Mausolée Gour-Imir, abritant la tombe de Tamerlan

Les principaux monuments :

  • Mausolée de Gur-Emir (Enfants et petits enfants de Tamerlan) (1404).

Samarcande a été inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en 2001.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Homonymie

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