Alexandre Saint-Yves d'Alveydre

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Saint-Yves   d'Alveydre en 1892.
Saint-Yves d'Alveydre en 1892.

Joseph Alexandre Saint-Yves naquit le 26 mars 1842 à Paris dans une famille catholique dont le père était médecin-aliéniste. Il n'eut qu'un seul frère.

Elève insubordonné, Saint-Yves fit dans sa jeunesse un cours séjour à La Mettray, colonie pénitentiaire agricole pour jeunes détenus fondée par Frédéric Auguste de Metz, près de Tours. M. de Metz fit une forte impression sur Saint-Yves qui lui voua une grande affection durant toute sa vie. Il reconnut toujours l'importance de l'influence chrétienne de M. de Metz sur le cheminement de sa pensée.

Ses rébellions lui valurent d'être contraint par son père à s'engager dans l'armée plusieurs années avant sa majorité. Etudiant à l'école de médecine navale de Brest, il prit la variole noire en remplaçant volontairement un interne atteint de la contagion.

Convalescent, il obtint un congé renouvelable et se fixa en 1863 à Jersey attiré par les oeuvres et la gloire de Victor Hugo, alors exilé politique. Il y vécut en enseignant les sciences et menant de front des études incessantes. C'est à Jersey qu'il put lire les ouvrages d'Antoine Fabre d'Olivet qu'il tenait en grande estime.

En 1870, il revint en France alors en guerre contre l'Allemagne de Bismarck pour entrer dans un corps d'infanterie de marine. Il fut blessé lors d'une reconnaissance devant un fort. Après la guerre, il travailla au Ministère de l'Intérieur à Paris jusqu'en 1878.

En 1877, il épousa la Comtesse Marie Victoire de Keller. Ce mariage lui apporta la sérénité et l'aisance qui favorisèrent ses travaux.

Cette même année, il publia le "Testament lyrique" et les "Clefs de l'Orient". Dans ce dernier livre, il présente une solution (reposant sur une entente religieuse entre Juifs, Chrétiens et Musulmans) à la "question d'Orient", amenée par l'effondrement de l'empire ottoman qui entraîna des tensions dans le Proche et le Moyen-Orient. Le "Testament lyrique" rassemblent chronologiquement ses poèmes.

D'autre part, il entreprit la mise au point d'applications industrielles de plantes marines ("De l'utilité des algues marines" paru en 1879) dont il ne put mener à bien l'exploitation faute de capitaux.

En 1880, il reçut le titre de marquis d'Alveydre.


Sommaire

[modifier] SYNARCHIE

Saint-Yves définit succinctement la Synarchie comme la "loi qui, étant celle de l'organisation normale des Sociétés, est du même coup la loi de l'Histoire", France vraie, t.1, ch.5, p.113.

La "Mission des Souverains" et la "Mission des Ouvriers" parurent en 1882. Il était membre de l'Union de la Paix sociale, une des institutions fondée par Frédéric Le Play. En octobre 1882, il tint une conférence sur la Synarchie au Congrès international d'arbitrage et de fédération de la Paix à Bruxelles. Il chercha ainsi jusqu'en 1883 à réaliser un Sénat de petits états européens pour en faire une Cour d'arbitrage entre les nations européennes.

La "Mission des souverains" expose l'histoire gouvernementale de la Chrétienté depuis seize siècles. Il y préconise une Synarchie européenne, dont la clef est le souverain pontificat, pour établir des rapports civilisés entre les sociétés au même titre qu'entre les individus d'une même société. Schématiquement, cela rappelle l'Organisation des Nations Unies, sinon que l'organisation proposée est fort différente et restreinte à l'Europe. La "Mission des ouvriers" est une invitation faite aux ouvriers à s'organiser socialement et indépendamment de tout parti politique pour la création de trois chambres sociales.

En 1884, il publia la "Mission des Juifs" qui reprend le cadre historique de "l'Histoire philosophique du genre humain" de Fabre d'Olivet (empire de Ram, schisme d'Irshou, histoire d'Israël, ...) et s'étend sur soixante-quatorze siècles d'expériences antérieures à la Chrétienté.

Cet ouvrage, fort remarqué dans le milieu occultiste, lui valut de rencontrer le dr. Gérard Encausse, alias Papus. Il faut remarquer à ce propos que Saint-Yves ne s'est jamais regardé comme un occultiste : "La vérité est qu'il n'y a pas de sciences occultes, car ce qui est scientifique cesse d'être occulte, et ce qui est occulte cesse de l'être en devenant scientifique.", Mission des Juifs, ch. 13, page 343. Trop d'auteurs ont assuré du contraire sans prendre garde à la position de Saint-Yves sur le sujet. Faut-il dire, par ailleurs, qu'il n'y a aucun aspect anti-sémite dans ce livre ?

En 1887, il fit paraître la "France vraie" qui rapporte l'histoire des Etats-généraux depuis 1302 sous Philippe le Bel jusqu'à la révolution de 1789. Les Etats-généraux, assemblées sociales et non politiques, établissaient des cahiers de voeux (projets de loi) que le corps politique devaient arrêter en loi. La conception démocratique de la Synarchie trouve ainsi une base et un support historiques dans les Etat-généraux.

Dans la préface, Saint-Yves explique les démarches qu'il effectua avec entre autres le baron Th. de Cambourg auprès du gouvernement de la France pour la création d'un Conseil de l'économie national qui aurait rassemblé les délégués professionnels de tous les acteurs économiques de la société. Ce conseil devait proposer au gouvernement les voeux synthétiques de toute l'économie française.

Il donne, également dans ce livre, une autobiographie tant pour expliquer le cheminement de sa pensée vers la Synarchie, que pour se défendre de calomnies et diffamations dont il fut l'objet. Ainsi, il fait la comparaison entre sa doctrine et celle d'Antoine Fabre d'Olivet (1767 - 1825). Si les oeuvres de l'un et de l'autre utilisent parfois les mêmes matériaux historiques, elles sont cependant fort dissemblables en plusieurs points essentiels :

- Esprit profondément religieux, qui souhaite réconcilier la Religion et la Science, Saint-Yves d'Alveydre est avant tout chrétien. Le Christianisme est toujours sous-jacent dans ses ouvrages, tandis que Fabre d'Olivet ne lui accorde pas d'importance.

- Le fait social est ignoré de Fabre d'Olivet, alors qu'il est essentiel à l'oeuvre de Saint-Yves.

- La conception de la Synarchie est totalement inconnue de Fabre d'Olivet. On ne peut pas réellement parler d'une filiation quelconque entre Saint-Yves et Fabre d'Olivet. Certes, Saint-Yves reprend les matériaux mis à jour par Fabre d'Olivet et par d'autres savants du XVIIIe siècle (Anquetil-Duperron, D'Herbelot, William Jones et les savants de Calcutta, etc.), mais l'utilisation qu'il en fait et les conclusions qu'il en tire lui sont propres.

En 1890, dans la préface de son livre "Jeanne d'Arc victorieuse", il signale mettre fin à ses démarches en faveur de la Synarchie. Ce livre, épopée dédiée à l'armée française, raconte l'histoire de Jeanne d'Arc où sa fin est expliquée par une trahison des conseillers du roi Charles.

[modifier] ARCHEOMETRE

Quand Saint-Yves commença-t-il à réfléchir, à travailler sur l'Archéomètre ?

Probablement dans le courant des années 1890. En tout cas, il travailla sur ce sujet jusqu'à sa mort survenue le 5 février 1909 alors qu'il était allé chercher des soins pour sa santé défaillante dans une cure thermale à Pau.

Une année après la mort de Saint-Yves, en 1910, Gérard Encausse et quelques amis et les collaborateurs de Saint-Yves publièrent un gros livre, "L'Archéomètre - Clef de toutes les religions et de toutes les sciences de l'Antiquité - Réforme synthétique de tous les arts contemporains" qui devait sauver de la perte totale le travail de Saint-Yves. Malheureusement, le livre qu'ils publièrent ne permet guère de se rendre clairement compte du travail qui occupait alors Saint-Yves.

La même année, Gérard Encausse fit paraître un livre retrouvé dans les papiers de Saint-Yves, "Mission de l'Inde en Europe" que son auteur avait détruit à sa sortie de presse en 1886 pour une raison qui reste inconnue. Ce livre révèle l'existence d'une société entièrement fermée sur elle-même, l'Agarttha. Ce serait un corps enseignant, une université antique issue de l'empire de Ram au travers des âges...


Saint-Yves ne fit aucun disciple, contrairement à ce qu'on peut parfois lire, ne fonda aucune société ou secte et n'adhéra à aucune, ni à la Société théosophique de Md. Blavatsky, ni même à l'ordre Martiniste fondé par Gérard Encausse, dont il était pourtant l'ami. Il ne voulait pas réduire la portée universelle de la Synarchie en l'inféodant à quelque mouvement que ce fut.

Saint-Yves fut un savant du 19° siècle : poète, érudit, esprit religieux cependant soucieux de réalisation pratique, profondément chrétien.


[modifier] BIBLIOGRAPHIE

Le Retour du Christ, 1874

Clefs de l'Orient, 1877

Testament lyrique, 1877

Le Mystère du Progrès, 1878

De l'utilité des algues marines, 1879

Mission des Souverains, 1882

Mission des Ouvriers, 1882

Mission des Juifs, 1884

Mission de l'Inde, 1886

Les funérailles de Victor Hugo, 1885

La France vraie ou la Mission des Français, 1887

Voeux du syndicat de la Presse économique, 1887

Les Etats-généraux du suffrage universel, 1888

Le centenaire de 1789 - Sa conclusion, 1889

L'ordre économique dans l'Electorat et dans l'Etat, 1889

Le poème de la Reine, 1889

Maternité royale et mariages royaux, 1889

L'Empereur Alexandre III épopée russe, 1889

Jeanne d'Arc victorieuse, 1890

Des brevets pour des applications de l'Archéomètre en 1903 et suivantes.

Théogonie des Patriarches, 1909, édition posthume.

L'Archéomètre - Clef de toutes les religions et de toutes les sciences de l'Antiquité - Réforme synthétique de tous les arts contemporains, 1910, édition posthume.


[modifier] BIOGRAPHIE

La France vraie ou la Mission des Français, 1887 : Avant-propos ou Pro domo autobiographique de Saint-Yves

Saint-Yves d'Alveydre, 1910, de François-Charles Barlet (Albert Faucheux)

Saint-Yves d'Alveydre ou une Synarchie sans énigme, 1981, de Jean Saunier


Le livre de Jacques Weiss, "La Synarchie de Saint-Yves d'Alveydre" est une bonne introduction aux ouvrages de Saint-Yves, mais il ne se trouve plus qu'en occasion.


[modifier] Articles connexes