Wushu

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Démonstration d'une forme externe de Shaolinquan, au monastère de Daxiangguo à Kaifeng, Henan.
Démonstration d'une forme externe de Shaolinquan, au monastère de Daxiangguo à Kaifeng, Henan.

Le terme wushu (caractères chinois : 武术) peut être traduit de manière unanime au XXe siècle par « art martial ».

L'examen des caractères qui le composent montre que ce terme avait un sens plus général :

  • () : le sinogramme ancien (pictogramme) représente une « hallebarde ». L'idée est celle de l'arme du gardien, le pictogramme a le sens d'un talisman protecteur à l'entrée de la « maison ». Il empêche voleur et démon de pénétrer et de porter atteinte aux biens ou à l'intégrité physique des habitants (agression, maladie). L'idéogramme a pris un sens plus général, il désigne l'acte de mobiliser les moyens nécessaires à la préservation de sa vie, de ses biens ou d'un état.
  • shù () : les moyens nécessaires relèvent de l'idéogramme Shu, les savoir-faire, les connaissances multiples (médecine, art du combat, art de la guerre, techniques des armes, diplomatie, etc.). Ici, le terme « art » est à comprendre dans son sens ancien : celui (l'artisan) qui par un apprentissage long et rigoureux possède un métier.

Sommaire

[modifier] Les origines du terme

wǔshù
wǔshù

D’après Kang Gewu dans son ouvrage « Recueil pratique des arts martiaux chinois »[1], le terme de « wushu » apparaît pour la première fois pendant la dynastie Liang de la période Nanbei (502-557), dans le recueil des textes de Xiao Tong (501-531), qui n’est autre que le fils aîné de l’empereur Liang Wudi, Xiao Yan. Le terme y désigne les techniques militaires en général qui étaient auparavant nommées « techniques de combat » (jiji) et « arts guerriers » (wuyi). La notion de techniques militaires est comprise comme moyen de préserver un royaume, de préserver la dynastie et de préserver l'intégrité physique du dirigeant.

Le terme « wushu » fut peu usité pendant l’antiquité chinoise, il ne s’est vraiment répandu qu’à la fin de la dynastie Qing et après l’avènement de la République de Chine en 1911. En 1915, Ma Liang édite son fameux manuel d’entraînement qu’il nomme « Les nouveaux arts martiaux chinois » [2]. À partir de cette époque, le terme « wushu » perd de son sens de techniques de préservations à caractère militaire pour désigner plutôt un type d’activité sportive traditionnelle. Ce changement prend en considération l'apport de la conception occidentale du sport (hygiène physique et rationalité anatomo-physiologique) et les conceptions médicales traditionnelles chinoises. La définition usitée de wushu dans les manuels devient alors : manière de pratiquer et d’utiliser les arts de combat, les pratiques et techniques afférentes (gymnastiques, hygiène sportive, etc.) et les enchaînements codifiés esthétiques ou gymniques.

[modifier] Boxes externes et boxes internes

Cette distinction a été construite en Chine à la fin du XIXe siècle et s'inscrit d'une manière générale dans la confrontation entre les conceptions occidentales du corps (médical, anthropologique, biomécanique, etc.) et les conceptions énergétiques (taoïste et bouddhiste) de la médecine chinoise traditionnelle.

En Europe, cette distinction interne/externe consiste à considérer que les styles externes utilisent la force physique et la vitesse comme principes d'entraînement et les styles internes la maîtrise de la respiration, la décontraction et la lenteur pour guider l'énergie (Qi). Cette conception repose sur une connaissance des styles internes qui s'arrête au Taiji style yang popularisé en Chine après 1956 (Taiji à fonction thérapeutique), à l'ignorance des autres styles internes tels que Shunshi quan, xingyi quan, Bagua zhang, liuhebafa quan, et aux dimensions martiales de ces styles. Cette conception erronée repose aussi sur la méconnaissance des Qi gong propres à chaque style Externe. La popularité de cette distinction est sans doute à rapprocher du désir d'intellectualiser une pratique corporelle par des notions n'appartenant pas aux domaines scientifiques mais aux domaines médico-religieux.

L'examen des applications martiales des styles internes et des styles externes montrent que les principes de base sont identiques et que seules les pratiques diffèrent. Nous avons par commodité conservé cette distinction même si, pour les enseignants chinois des styles traditionnels, elle n'a aucun sens.

[modifier] Boxes externes : waijia 外家

Shaolin quan.
Shaolin quan.
Wushu dao.
Wushu dao.

Elles se classent en « Boxes du Nord » et « Boxes du Sud ». Mais, pour mieux se perdre dans les innombrables styles chinois, une boxe portant le même nom au sud et au nord, est souvent pratiquée de façon totalement différente.

Il faut distinguer le nom générique du style et ses variantes (branches) :

Exemple : le Tang lang quan (style de la mante religieuse) qui se subdivise en Taiji Tang Lang, meihua tang lang, etc. soit environ 20 styles tous différents de tang lang quan.

Quelques styles :

  • Bai he quan : boxe de la grue blanche, boxe du sud (province du Fujian). Ce style se subdivise en cinq styles principaux : Feihe quan, Minghe quan, Zonghe quan, Shihe quan, Suhe quan.
  • Baimei quan : boxe créée par le moine taoïste Baimei de la province du Sichuan et qui vivait sous la dynastie des Qing (1644 - 1911).
  • Baji quan : boxe des huit extrêmes, appelée aussi Kaimenbaiji quan (boxe des huit directions d'ouverture des portes) ou encore Yueshanbaiji quan (boxe des huit directions du mont Yueshan) serait originaire du Comté de Cangxian province du Hebei. Cette boxe d'inspiration taoïste s'est transmise essentiellement au sein de la communauté musulmane des Hui. Des écrits relatent la trace d'un musulman « Wu Zhong » (1712-1802) enseignant de Baji quan dans le village MengCun du Comté de Cangxian / Hebeï.
  • Cha quan : boxe de la famille Cha, créée par Cha Mier (1568 - 1644), style traditionnel du nord de la Chine pratiquée au sein de la communauté Hui (musulman chinois). Ce style se subdivise en trois branches distinctes : Yang, Zhang et Li. Une branche de synthèse à été créée récemment ainsi qu'une variante proche du Chang quan moderne.
  • Chang quan : « long poing » - style traditionnel du nord de la Chine. Ne pas confondre avec des tao lu nommés chang quan du Shaolin, ni le style chang quan moderne créé en 1956 à l'initiative de l'Institut des Sports de Nanjing et qui mélange plusieurs styles traditionnels du nord de la Chine (Cha quan, Hong quan, Hua quan…).
  • Ditang quan : boxe des culbutes.
  • Fan quan : boxe pivotante / système intégré à différents styles : cha quan, tang lang quan (fan che), Shaolin quan.
  • Fanzi quan : boxe tournante, appelée aussi boxe d'attaque continue. Se subdivise en de nombreux autres styles. Style pratiqué surtout dans la communauté Hui.
  • Gou quan : boxe du chien.
  • He quan : boxe de la grue. Terme générique pour désigner de très nombreux styles en rapport avec cet oiseau : Yongchun baihe quan, Baihe quan, Xiaja quan, Lama quan, Shizihou quan
  • Hongjia quan : boxe de la famille Hong. Boxe du sud de la Chine et plus précisement pratiquée à Canton.
  • Hou quan : boxe du singe. Se subdivise en plusieurs styles distincts au nord et au sud.
  • Hung Gar : boxe de la famille Hung, style de synthèse entre Tigre et Grue. Elle est surtout pratiquée au sud de la Chine.
  • Huo quan boxe du feu, se démarque par une activité constante du combattant.
  • Huxing quan : boxe du tigre.
  • Keijia quan : boxe de la famille des Keijia. Ce sont des communautés du nord de la Chine venues s'installer dans les provinces du sud. Elles pratiquent des styles qui leurs sont propres : Diaojiao jiao, Lijia jiao, Niujia jiao, Yujia jiao, Zhoujia jiao, Zhujia jiao.
  • Liu He Men : Boxe des six coordinations. Ce style de Kung-fu est une boxe originaire du nord de la Chine. Cette boxe des six coordinations fut transmis au début du XXe siècle par les maître Zhao Xin Zhou et Wan Laisheng
  • Liuhe quan : boxe des six unions, appelée aussi boxe des six combinaisons. Trois styles de boxe portent ce nom, tous originaires du nord de la Chine et surtout pratiquées dans la communauté Hui. Comme toutes les boxes du nord de la communauté Hui, elles se caractérisent par l'utilisation de la souplesse de la colonne vertébrale, les mouvements de rotation de la taille et la force en fouet au moment de l'impact.

Les trois boxes portant ce nom descendraient, selon la légende, du monastère de Shaolin de Songshan.

  • Le « liuhe quan » de la province du Hebei a été transmis par Tian Chunkui au XIXe siècle. Il se compose de quatre enchaînements sans arme.
  • Le « liuhe quan » distinct du premier (ci-dessus) date du XVIIe siècle et a été transmis par Cao Zhenpeng. Ce style est encore aujourd'hui pratiquée par la communauté Hui de Cangsian.
  • Le « liuhe quan » de la province du Sichuan a été transmis par Yu Zhenlin au début du XIXe siècle.
  • Liuhebafa quan : boxe des six combinaisons et des huit techniques. Style se réclamant du moine taoïste Chen Xiyi au début de la dynastie des Song (960 - 1127). L'examen des techniques, des combinaisons et des principes de ce style montrent qu'il est beaucoup plus récent et contemporain d'autres boxes ayant les mêmes affinités (Cha quan, Liuhe quan, Tongbei quan…). Ce style est aussi classé dans les styles Internes
  • Long quan ou « Long Zhuang » : boxe du dragon de la province du Fujian. Ce style remonte à Peng Decheng de la fin de la dynastie des Qing.
  • Long Ying Mo Kiu : « La forme du Dragon qui colle et franchit la distance ». Art martial traditionnel de la région du Guanggong. Construit au début du siècle par le moine bouddhiste Dayu. Se caractérise par un travail de la puissance et de la la vitesse et par une force explosive pour le pratiquant confirmé.
  • Meihua quan : boxe de la fleur de Mei. Se subdivise en de nombreuses variantes.
  • Mizong quan : boxe de la trace perdue. Aussi appelée « Yangquin quan » du nom d'un héros d'un roman du XIIe siècle « Shui Hu Zhuan ». Style originaire de la province du Shandong. Se subdivise en huit variantes différentes.
  • Nan quan : désigne d'une manière générale les styles du sud de la Chine. Depuis 1956, désigne une boxe « moderne » élaborée à partir de plusieurs styles cantonnais dont les enchaînements (tao lu) servent de standards de compétition.
  • Pao quan : boxe du poing canon / système intégré à différents styles (cha quan, Shaolin quan, Taiji style Chen) et aujourd'hui disparue en tant que style autonome.
  • Shaolin quan : boxes de Shaolin. Sous ce nom sont regroupés différentes boxes dont certaines n'ont pas de rapport avec le Temple de Shaolin. L'appellation fait référence à une méthode ou système et non à une origine. Se subdivise en de nombreux styles distincts et de nombreuses branches.
  • She quan : boxe du serpent. Se subdivise en plusieurs styles distincts au nord et au sud. Certaines formes se rapprochent plus des styles internes. Très portés sur la défense suivi d'attaques éclaires portées sur les points vitaux; les taos ont une allure ondulatoire, "serpentine"; les poings sont formés de telle sorte que ce soit la rate qui frappe dans l'extension du poing.
  • Tang Lang Hu Shi : boxe du tigre et de la mante religieuse. Style de synthèse du sud de la Chine.
  • Tang lang quan : boxe de la mante religieuse - Boxe originaire de la province du Shandong. Se subdivise en de très nombreux styles.
  • TongBei quan : littéralement, la boxe du dos traversé. Boxe développée surtout par la communauté Hui. Les bras et les jambes sont utilisés allongés et complètement relâchés, ils sont lancés par un mouvement de fouet de la colonne vertébrale. Style très souple, très vif et qui s'accompagne de claquements des mains sur les bras et les cuisses. Se subdivise en trois styles : Baiyuantongbei quan, Piguatongbei quan et Wuxingtonbei quan.
  • Wing Chun : Yong Chun Quan, en pinyin mandarin. Littéralement boxe du printemps radieux - boxe du sud créée au XVIIIe siècle par une nonne bouddhiste : Ng Mui, initialement pratiquante du style de la Grue Blanche. Se subdivise en plusieurs variantes et une branche spécifique au Viêt Nam.
  • WyngTjun : Yip Man Yong Chun Quan, en pinyin mandarin. Littéralement printemps éternel il s'agit du nom d'une académie de Weng Chun qui se trouvait au nord de la Chine. Selon la légende le WyngTjun aurait été créé par une nonne bouddhiste. Vis-à-vis des autres styles de kung-fu, le WyngTjun diffère par sa simplicité, l'usage de mouvements rationnels et non acrobatiques, l'usage de principes et maximes universels et l'étude de formes très courtes. Les racines du WyngTjun seraient le Weng Chun, mais aussi le style de la Grue Blanche, du Serpent et du singe.
  • Ying quan : boxe de l'aigle. Se subdivise en plusieurs styles distincts au nord et au sud
  • Yuanyan quan : boxe du canard mandarin. Style originaire du nord de la Chine. Ses principes et ses mouvements sont proches du Cha quan.
  • Ziran men : boxe ou style naturel, boxe d'inspiration taoïste constituant une synthèse entre les styles du nord et du sud.

[modifier] Boxes internes : neijia

Elles sont nombreuses. Les plus connues sont :

  • Bagua zhang (Pa Kua chuan) : paume des huit trigrammes. Se subdivise en cinq styles principaux : Cheng, Yi, Ma, Song, Liu. Il existe d'autres styles de Bagua Zhang qui n'ont pas été recensés ou sont considérés comme « incomplets ».
  • Da Cheng quan ou « Grand accomplissement de l'essence de la boxe » renommé Yi quan en 1949 : boxe de la grande compilation. Ce style se déclare être la synthèse des styles internes.
  • Taiji quan (Tai Chi chuan) : Tài Jí Quán en Pinyin. Boxe du Faîte Suprême. Se subdivise en plusieurs styles distincts : style Chen, Yang (le plus connu), Wu, Sun, Li, etc. Chacun de ces styles se subdivisant eux-mêmes en variantes.
  • Xingyi quan (Hsing I Chuan) : boxe du corps et de l'esprit. Se subdivise en plusieurs autres styles.
  • Liuhebafa quan : boxe des six combinaisons (voir dans les boxes externes).
  • Shunshi quan : style originaire de la province du Hunan. Il se caractérise par des postures très allongées et l'alternance de mouvements lents et rapides.
  • Boxes du Mont Wudang : ce sont les boxes taoistes qui seraient originaires des monastères du mont Wudang (province du Hebeî). Actuellement, sous ce nom, sont pratiqués des styles de création récente qui mélangent Bagua quan, Taiji quan et exercices de gymnastiques taoïstes.

[modifier] Techniques communes aux différents styles

[modifier] Postures de base

Note : Les postures décrites ci-dessous sont pratiquées dans plusieurs styles enseignés en Europe. Il est cependant possible qu'il existe des variantes d'une école à l'autre, tant dans le nom de la posture, que dans la posture elle-même. Aussi les noms et descriptions des positions suivantes ne sont-ils présentés qu'à titre indicatif.

  • Le Cavalier (Ma Bu - position associée à l'élément de la Terre) : jambes écartées de part et d'autre du corps, pieds parallèles, genoux pliés, buste vers l'avant. 50 % du poids repose sur chaque pied. Le bassin ne doit pas basculer vers l'arrière. C'est la position la plus stable.
  • Le Pas en arc, ou Arc et Flèche (Gong Bu - position associée à l'élément du Bois) : jambe avant pliée, jambe arrière tendue, buste vers l'avant. Suivant les styles, l'angle des pieds par rapport aux jambes peut changer. 70 % du poids repose sur la jambe avant. Position offensive, qui permet de frapper du pied et du poing rapidement.
  • Tim Bu (position associée à l'élément du Feu) : posture sur une jambe, pointe du pied avant tendue, légèrement au dessus du sol buste central. 100 % du poids repose sur la jambe arrière. Cette position permet de frapper du pied avant très rapidement.
  • Le Héron (Ti Xi) : posture sur une jambe, genou relevé haut, pointe du pied tendue, buste vers l'avant ou de trois quarts. 100 % du poids repose sur la jambe arrière. Cette position permet de frapper du pied très rapidement.
  • La Chèvre (Jorma Bu ou le Yi jee ki yum ma - position associée à l'élément Métal) : position typique du Wing Chun et des autres styles métal. Les pieds sont écartés de la largeur des épaules), les genoux et les pieds légèrement rentrés vers l'intérieur. Position stable, permettant de mobiliser rapidement bras et jambes en corps à corps et offrant une protection du corps grâce à une attitude en « fermeture ». Cette posture est appelée ainsi parce que le pratiquant est supposé pouvoir retenir une chèvre entre ses cuisses.
  • Le Tao Bu (associé à l'élément de l'Eau) pas d'esquive sur le côté, la jambe du côté de l'esquive passe au dessus de l'autre jambe et « l'œil du pied » (l'intérieur du pied) se dirige à 45° vers l'extérieur. Le poids repose entièrement sur la jambe qui se pose. C'est une position fréquente dans le style traditionnel du Cobra par exemple.
  • Le Pas rasant (Pu Bu) : la jambe avant est tendue, la jambe arrière pliée. Le buste est tourné de 90° par rapport à la position Gong Bu. 70 % du poids repose sur la jambe arrière. Position défensive et d'esquive.
  • Le Pas vide (Xu Bu) : la jambe arrière est pliée (le pied, le nombril et la tête forment une ligne), la jambe avant est légèrement posée sur la pointe. Le buste est tourné vers l'avant. 80 % du poids sur la jambe arrière. Position permettant de frapper rapidement du pied, d'esquiver ou de se replier.
  • Le Dragon (Sie Bu) ou Pas Assis : jambe avant légèrement pliée, pied tourné à 90°, jambe arrière légèrement pliée, pied sur la pointe. Le buste est effacé de trois-quart. Le genou arrière doit être exactement au-dessus du talon avant. 80 % du poids repose sur la jambe avant. Position d'attaque, permettant d'armer un coup de pied, ou de changer d'axe.
  • Le Tigre (Kwai Bu) : position de renforcement des jambes et des abdominaux, jambe avant pliée comme gong bu, genou de la jambe arrière rasant le sol au droit du pied de la jambe avant, sans toucher le sol, appui avec la pointe du pied ou tranchant du pied sur le sol.

Un entraînement couramment pratiqué consiste à marcher en passant d'une posture à l'autre, les jambes d'appui fléchies au maximum.

Il existe d'autres postures, mais elles sont soit utilisées comme exercice de musculation, soit spécifiques à certains styles.

  • L’intérêt de la posture est multiple :
    • Renforcer les muscles, os et articulations des jambes (et même le reste du corps) afin de frapper et d’être frappé sans blessure.
    • Permettre des déplacements rapides dans toutes les directions, en exposant le moins possible ses points vitaux.
    • Mettre le corps dans des positions optimales pour enchaîner les techniques offensives et défensives.
    • Forger la volonté en tenant longtemps la même posture.

[modifier] Respiration

Comme dans tous les arts martiaux, la respiration est primordiale dans le wushu. Suivant les écoles ou philosophies (bouddhiste ou taoïste par exemple), les façons de respirer peuvent être différentes, mais toutes s'accordent cependant sur l'importance de la respiration ventrale et sur l'importance de souffler en frappant et en bloquant (pouvant différer des théories de certains arts internes). Certaines écoles insistent sur l'importance, en combat, d'écouter la respiration de l'adversaire, afin de le frapper lorsqu'il inspire. Ces mêmes styles recommandent aux combattants de masquer leur propre respiration. D'autres styles au contraire insistent sur l'importance de libérer son Qi avec le plus de violence et donc de bruit possible, à l'instar du karate.

Certains exercices de respiration permettent en outre aux pratiquants de renforcer leurs organes internes (poumons, cœur, etc.).

[modifier] Théorie du coup

Comme nous l'avons vu plus haut, le wushu est un art martial externe qui considère le corps comme un solide. Le but principal du coup est donc de briser ce solide. Pour se faire, le pratiquant devra durcir les zones de frappe de son corps, mais aussi durcir ses points faibles en prévision des coups qu'il recevra. Pour cela, la plupart des styles dispose de techniques de renforcement prenant des noms divers dans leur application, comme la « chemise de fer ». Ces méthodes de renforcement et de revitalisation interne sont appelées Qi Gong, c'est-à-dire travail sur le souffle, l'énergie vitale.

[modifier] Les frappes de la main

Le coup est majoritairement porté de la main (ouverte ou fermée) ou du pied. Un coup de poing pour être efficace doit être lancé par un mouvement de rotation de jambes. Le pied, puis la hanche tournent, donnant de la vitesse et donc de la puissance au bras qui terminera le mouvement. Le coup de poing « de base » des boxes chinoises est appelé le Ming chuen, c'est-à-dire le « poing clarté ». Le caractère Ming est constitué des idéogrammes « lune » et « soleil » ; en effet le Ming chuen est un direct lancé poing fermé, paume vers le haut et finit poing fermé paume vers le bas. On l'appelle aussi «coup de poing vrillé ». Ainsi le poing passe à travers toute les positions de mains depuis la frappe basse au bas-ventre jusqu'à la frappe haute au visage en passant par la frappe courte (Jik chuen : coup de poing talon, beaucoup utilisé en Wing Chun) modifiable en uppercut avec l'avancée du poing. Ce simple basique contient presque toute la complexité des arts du poing de Chine. On distingue plusieurs type de frappes de mains :

  • le poing simple (associé au Feu)
  • le poing « phoenix », poing fermé, frappe avec la deuxième phalange de l'index en avant soutenue par le pouce. Pour les frappes précises, demande une certaine maîtrise.
  • la « patte de couguar », paume ouverte, pouce fermé et les deux premières phalanges de la main fermées. Utile pour les piques, les paumes et les saisies (associées au Bois).
  • la patte de Tigre, paumes en avant, doigts crispés pour saisir et griffer (élément Bois).
  • la paume (associé a la Terre).
  • le tranchant (associé au Métal).
  • la pique (associé a l'Eau).
  • le poignet, avec la main repliée (boxe de l'homme ivre, singe, mante, etc.)
  • et d'autres plus spécialisés encore…

[modifier] Les frappes du pied

Le wushu est réputé pour ses coups de pieds complexes et spectaculaires, bien que tous les styles n'exploitent pas toutes ces techniques. Contrairement au karaté, qui se pratique exclusivement pieds nus, le pratiquant de kung fu peut porter des chaussures. Les coups se portent donc plus avec la plante du pied, la tranche ou le talon qu'avec le bol du pied.

[modifier] Les frappes des autres parties du corps

En wushu on peut aussi frapper avec les coudes, genoux, doigts, tête, postérieur, toutes articulations et même mordre. Ces techniques s’apprennent mais ne doivent servir qu’en cas de stricte nécessité dans la rue. C’est le principe originel de l’art martial.

[modifier] Les armes du wushu

Démonstration à la lance
Démonstration à la lance

La Chine est un pays où les guerres ne se sont arrêtées que pour laisser la place aux rébellions. Il est donc logique que les armes les plus diverses soient apparues dans ce pays, et ce bien avant l'invention du wushu. On peut distinguer deux grandes catégories d'armes : les armes qui ont été conçues comme moyen de tuer (épée, pieu ou lance, etc.) et les armes qui sont un détournement d'un usage de travail (outils agricoles, outils de chasse, outils d'artisans, etc.). On distingue aussi les armes courtes adaptées au combat rapproché ou combat de mêlée (épée, sabre, poignard, etc.), les armes longues adaptées au combat à distance (fantassin contre cavalier par exemple : lance, hallebarde, etc.) et les armes de jet.

Certaines écoles de wushu utilisent une nomenclature dans laquelle serait recensée dix-huit armes classiques, d'autres affirment qu'il y auraient 108 armes traditionnelles. Des chiffres qui ne se référent qu'à leur dimension symbolique mais pris au sérieux par des pratiquants peu au fait des constructions imagées de la « pensée chinoise ».

  • Mao : lance, avec ou sans crocs ;
  • Chui : masse d'armes qu'il était possible de lancer ;
  • Gong : arc ;
  • Nu : arbalète (très ancienne en Chine) ;
  • Chong : vouge ou fauchard (lance équipée d'une longue lame) ;
  • Bian : épée à lame très souple et ondulée, utilisable comme un fouet d'acier. Éventuellement équipée de sections ;
  • Jian : deux types d'épées à double tranchant et à deux mains. Soit la section en était carrée, soit elle était plus large au niveau de la pointe que vers la garde ;
  • Lian : chaîne lestée ;
  • Yue : guisarme. Hache garnie d'une pointe ;
  • Ge : lance courte ;
  • Ji : hallebarde ;
  • Pai : bouclier ;
  • Bang : bâton d'arme, ferré ;
  • Qiang : fourche de guerre ;
  • Pa : râteau équipé de lames acérées ;

Remarque linguistique : il existe beaucoup de noms différents pour une même arme, en raison de la richesse linguistique de la Chine.

Il existe bien sûr toute une foule d'armes plus ou moins exotiques, plus ou moins improvisées par un peuple cherchant à se défendre avec les outils ou objets du quotidien. En voici une liste non exhaustive :

  • la lance ;
  • la hallebarde (lance permettant de piquer et de trancher) ;
  • la masse ;
  • le sabre chaîné (sabre manié par une chaîne fixée à sa poignée) ;
  • les sabres jumeaux (deux dans le même fourreau) ;
  • les couteaux papillons (deux courts sabres, utilisés pour le Wing Chun, à ne pas confondre avec les couteaux papillons philippins) ;
  • le bourdon (gros bâton lesté, très apprécié par les moines d'autrefois) ;
  • le tabouret ou le banc ;
  • l'épée des taoïstes dont la pointe seule était aiguisée afin de fatiguer l'adversaire par perte de sang, sans avoir à le tuer ;
  • la chaîne (à maillons, à section, lestée ou non) ;
  • l'éventail (généralement en fer ou en bambou) ;
  • le bâton à trois manches ou tribaton ;
  • les crochets du tigre ;
  • les aiguilles de lancé ;
  • les armes de jet très variés.

L'apprentissage et le choix des armes dépendaient du style enseigné et de l'école (crochet du Tang lang quan, bâton du Shaolin quan, demi-lunes du Bagua quan, etc.) mais aussi du statut social du pratiquant : épée pour l'aristocratie, sabre pour le juge et le militaire, lance pour le fantassin, bâton pour le moine. Certaines armes étaient spécifiques à une corporation : marteau long du forgeron, rame du batelier.

Certains styles ont des armes spécifiques qui sont leurs spécialités : crochets courts du tang lang quan, éventail du taiji quan, demi-lunes du Bagua quan, couteaux papillons du Wing chun, bâton du Shaolin quan, épée du Chang quan, etc.

Quels que soient les styles enseignés, certaines armes sont communes à tous et considérées comme bases permettant de maîtriser l'ensemble des armes :

  • le bâton long ;
  • l'épée ;
  • le sabre.

Les techniques d'armes (bâton, épée, sabre, hallebarde, etc.) sont communes avec leurs spécificités aux boxes externes comme internes.

[modifier] Qi gong

Les techniques de qi gong étaient initialement intégrées à l'ensemble des boxes. Elles étaient considérées comme faisant partie du wushu. Chaque boxe ayant développé le qi gong adapté à ses caractéristiques. Aujourd'hui, on tend à considérer, de manière très réductrice, que seul les styles internes possèdent une pratique du qi gong.

Tout comme les arts martiaux le Qi Gong connaît de nombreuses méthodes et variantes.

  • Zhi Neng Qi Gong (Qi Gong de la Sagesse) élaboré par Pang He Ming. En France, Zhou Jing Hong a introduit cette variante.
  • Zhan Zhuang Kung (travaille en posture debout) élaboré par Wang Zhiang Zai et faisant partie intégrante du Yi Quan et Da Cheng Quan
  • Ba duan jin : appelée également les huit pièces de Brocard
  • Daoyin Yangshen Gong: Méthode chinoise moderne créée par Maître Zhang Guang De pour la prévention et le traitement des maladies

[modifier] Histoires et légendes

Dynastie Zhou (XIe siècle – 256 BC) : une sorte de lutte appelée « jiaoli » était considérée comme un sport militaire au même titre que le tire à l’arc et les courses de chariots.

La période des Royaumes Combattants (475 – 221 BC) : elle a été la source de nombreuses stratégies révélant l’importance du wushu pour construire une armée forte. En référence à l'oeuvre de Sun Zi, le premier ouvrage chinois sur l’art de la guerre : « la lutte et les exercices de combat renforcent les capacités physiques des soldats ». Parmi les maîtres en épée à l’époque, les femmes n’étaient pas rares. L’une d’elles, Yuenü, fut invitée par l’empereur Goujian pour démontrer ses techniques d’épée, reconnues de très haut niveau pendant de nombreuses générations.

Dynastie Qin (221 - 206 BC et Han (206 BC – 220 AD) : elles ont vu croître des arts martiaux tels que le shoubo, le jiaoli (lutte), et le jiaodi dont les participants s’affrontaient avec des cornes sur la tête. Par ailleurs, il existait une danse théâtrale qui mettaient en scène des mouvements préarrangés avec des armes de toutes sortes, comme les sabres et les lances, à l’image des figures de wushu actuelles.

Dynastie Jin (265-439) et les dynasties du Nord et du Sud (420-581) : le wushu se chargea d’une influence Bouddhiste et Taoïste. Ge Hong (284-364), un célèbre médecin et philosophe taoïste, ajouta au wushu le qigong (exercices respiratoires), une branche essentielle de la médecine traditionnelle chinoise. Ses théories de « travail externe et interne » du wushu sont encore universellement reconnues de nos jours.

Dynastie Tang (618 - 907) : leur système d’examen a largement contribué au développement du wushu. En effet, les officiers et soldats devaient passer des tests d’arts martiaux pour être promus. Des titres d’honneur tels que « guerrier du courage » ou encore « guerrier de l'agilité » étaient attribués aux maîtres en wushu.

Dynastie Song (960 – 1279) : elle a vu apparaître une multitude d’écoles de wushu. Pendant cette période, des athlètes effectuaient des acrobaties dans les rues, avec un répertoire allant de « l’épée contre le bouclier » à la « lance contre le bouclier », et des démonstrations avec d’autres armes. À en croire une chronique de la ville de Kaifeng, ces spectacles de rue « attiraient des foules immenses tous les jours, en été ou en hiver, qu’il pleuve ou qu’il vente ».

Dynastie Ming (1368 – 1644) : le wushu prospéra comme jamais auparavant. Qi Jiguang, un général très connu, retranscrit dans un livre seize styles différents d’exercices à mains nues et quarante autres styles de lance et de bâton, chacun accompagné d’explications et d’illustrations détaillées. Il développa également une série de théories et de méthodes d’entraînement, apportant ainsi une large contribution au wushu.

Pendant la dynastie Qing (1644 – 1911), malgré les ordres impériaux interdisant la pratique populaire du wushu, des écoles et des groupes secrets apparurent les uns après les autres pour répandre ce sport. C’est pendant cette période que les écoles de TaiJi, Pigua et « des huit-diagrammes » naquirent.

[modifier] L'organisation du wushu en Chine au XXe siècle

Après la proclamation de la République de Chine en 1912 par Sun Yat-sen (Sun Zhongshan en mandarin), le pays s'ouvre à l'influence occidentale dans des domaines diverses : scientifiques, techniques mais aussi sportifs.

Il y a une tentative de repenser les arts martiaux chinois traditionnels dans une perspective plus « moderne » : préparations physiques, spécificités des échauffements, hygiène du sportif, conceptions gymniques des mouvements, etc. C’est-à-dire mettre en place les bases d'une « éducation physique » des arts martiaux.

  • 1909 : création de l'« Association Athlétique de la Connaissance Martiale » (Jingwu Tiyu Hui) à Shanghai.
  • 1911 : le Jingwu Tiyu Hui ouvre des écoles dans toute la Chine mais aussi à Saigon (Vietnam), à Singapour, en Malaisie, …
  • 1927 : fondation de l'« Institut Central de l'Art National » (Zhong Yang Guo Shu Guan 中央國術館) à Nanjing (Nankin)
  • 1928 : à Nanjing, organisation de la première compétition nationale d'arts martiaux chinois par l'Institut Central de l'Art National. Officialisation du terme Shuaijiao pour nommer la lutte dérivée du jiaoli.
  • 1950 : premières volontés politiques d'unification du wushu dans le but de contribuer à la santé de la population, lors d'une grande réunion de toutes les provinces de la Chine sous l'égide du Parti Communiste Chinois.
  • 1953 : création du premier festival officiel de Gong fu Wushu de la République Populaire de Chine.
  • 1954 : premiers cours de wushu à l'Université des Sports de Nankin.
  • 1956 : la « Commission Nationale d'Education Physique » (Guojia Ti Wei) réalise une synthése de plusieurs boxes du nord de la Chine afin de créer une boxe plus « sportive ». Cette boxe fut appelée Chang quan (long poing ou boxe longue). Ce Chang quan moderne se voulait une synthèse officielle de plusieurs boxes musulmanes : Cha quan, Hua quan, Pao quan et Hong quan, toutes choisies pour leurs qualités gymniques (tonicité, étirement) et chorégraphiques.

Création officielle de la section wushu au Centre National des Sports de Pékin (équivalent de notre Fédération) et de douze ligues dans les provinces. Politique de développement du wushu par la mise en place de démonstrations avec classement selon le niveau de pratique.

  • 1957 : mise en place de compétitions avec des règles établies, d'où émergent les premiers champions reconnus. À cette occasion, est édité le premier règlement : « Jing Saï Tao Lu » sur le Chang quan, le Nan quan et le Taiji quan.

Parallèlement, un deuxième livre est publié afin de promouvoir ces disciplines, pour encourager la jeunesse à développer « un esprit sain dans un corps sain ». Ce livre décrit les pratiques de compétition à mains nues et avec armes, en fonction des niveaux.

  • 1968 : pendant « la révolution culturelle » les écoles de wushu sont fermées, les professeurs sont accusés de propager un art féodal et envoyés en rééducation, de nombreuses archives sont détruites.
  • 1972 : après les excès et destructions de la révolution culturelle, est décidé un grand recensement national des styles, écoles et professeurs de wushu par les Instituts des Sports de Province. Environ 200 styles sont recensés et de nombreux autres inclassables ou incomplets ne sont pas répertoriés. Des documents cinématographiques, écrits, photos sont recueillis et donnent lieu à des expositions itinérantes. Ces archives « dorment » dans les bibliothèques des Instituts des Sports et demanderaient à être utilisées.

À l'instauration des compétitions, le Centre National des Sports a dû trouver des règles communes à la multitude des styles pratiqués en Chine. Tous les styles traditionnels du nord ont été regroupés sous le terme de « Chang quan » et tous ceux du sud, sous le terme de « Nan quan ». Chacune de ces deux disciplines a repris les critères communs et les particularités pertinentes des styles anciens concernés, pour en montrer la quintessence.

  • 1990 : pour des raisons idéologiques ou démonstratives (?) les styles modernes Chang quan et Nan quan perdent leurs caractères martiaux et dérivent vers des pratiques gymniques et acrobatiques. Le même changement apparaît dans les styles d'imitations animalières, les styles de Shaolin ou les styles internes de compétition. La fracture entre styles traditionnels et styles modernes semble aujourd'hui complètement institutionnalisée par la création en Chine d'une Fédération Chinoise des Arts Martiaux Traditionnels.

Le wushu est aujourd'hui une discipline sportive avec une fédération internationale (IWUF), des fédérations continentales et des fédérations nationales (FFW.aemc : Fédération Française de Wushu et Arts Énergétiques et Martiaux Chinois) toutes reconnues par le comité international olympique (CIO). Les championnats du monde ont lieu tous les deux ans. Trois compétitions ont lieu durant les championnats internationaux : compétition de San Da, compétition de taolu (enchaînements) et compétition de taiji quan. Le premier championnat du monde de wushu a eu lieu à Pékin en 1991.

[modifier] Notes et références

  1. « Zhongguo wushu shiyong daquan », Pékin, 1990, p.2.
  2. Titre original : « Zhonghua xin wushu ».

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Lien externe