Wolf Haas

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Wolf Haas en 2001
Wolf Haas en 2001

Wolf Haas est un écrivain autrichien né le 14 décembre 1960 à Maria Alm sur la Steinernes Meer dans le Land de Salzburg. D'abord remarqué pour ses textes de publicité et de radio, il obtient la reconnaissance pour ses romans policiers mettant en scène le détective Simon Brenner. Ces « polars » dans la tradition du roman noir, d'un style narratif novateur, ont remporté trois Prix allemands du roman policier, et ont été adaptés deux fois au cinéma.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Jeunesse

Wolf Haas passe les dix premières années de sa vie dans sa ville natale de Maria Alm, qui connait déjà à cet époque - les années 1960 - un essor touristique important. Ses parents sont serveurs. En 1970 Haas intègre l'internat de Borromäum puis de Salzburg. Après son examen de Maturité (Matura, l'équivalent autrichien du baccalauréat), il s'inscrit à l'université de Salzbourg, d'abord en psychologie puis en allemand et en linguistique. Son mémoire porte sur les « Fondements en théorie du langage sur la poésie concrète ». De 1988 à 1990, il travaille comme lecteur à l'université de Swansea en Pays de Galles.

[modifier] Carrière publicitaire et radiophonique

De retour en Autriche à l'aube de ses 30 ans, il repart de zéro et écrit des textes pour enfants dans différentes agences de publicité. Son dicton « Je ne connais rien à la publicité, mais je vais bien faire mon travail »[1] témoigne d'une confiance en soi solide. En effet, il connait ses premiers succès, et les slogans Lichtfahrer sind sichtbarer[2], Ö1 gehört gehört[3] (dont il dit lui-même le texte) ou encore la publicité pour Mazda A Mazda müsst ma sein[4] lui assurent une renommée d'auteur de radio et de publicité créatif. L'apogée de sa carrière sera le célèbre spot Peda & Peda pour une émission de la station Ö3. Il décide alors de quitter sa place pour Demner & Merlicek. Haas commente ce changement de carrière ainsi : « Ça fait plaisir de plaquer quelque-chose parce qu'il marche, et pas parce qu'il ne marche pas! »[5]

[modifier] Carrière littéraire

La deuxième carrière de Haas débute avec l'optimisme lucide du débutant qui reconnait n'avoir lu que peu de romans policiers dans sa vie. Il décrit sa méthode de travail comme contradictoire : « J'écris comme un sanglier, et repère ensuite ce qui me plaît »[6], « J'écris un livre qui convient à peu près, mais tout est encore contrôlé très rationnellement. Et la première fois qu'on arrive à se débrider, que pour ainsi dire l'histoire m'est racontée, les choses intéressantes commencent. Je m'y accorde beaucoup de temps. Quand j'en ai fini avec le livre, je préfère le garder près de moi encore six mois pour m'offir le luxe de détruire l'histoire. C'est en fait à ce moment que le livre se fait.»[7]

Selon Haas, il doit, parmi beaucoup d'autres choses, cette mentalité « destructrice » à son compatriote Thomas Bernhard, en dehors évidemment de son genre favori (le théatre). Il suit fidèlement le credo de Friedrich Dürrenmatt, pour qui « L'Art intervient là où personne ne l'avait supposé. »[8]

Haas a publié en sept ans (de 1996 à 2003) sept romans policiers, six reprenant son personnage le détective Simon Brenner. À son seul roman sans Brenner Ausgebremst se succédèrent les deux polars les plus remarqués du cycle Brenner, Komm, süßer Tod et Silentium !, qui furent tous deux adaptés au cinéma.

Ses romans policiers dévoilent à travers une critique satirique de la société, un suspense, un humour laconique, un assemblage de mobiles et une maîtrise exceptionnelle du langage. Son style original divise profondément son lectorat et lui vaut les louanges de la critique (« un Mont Everest qui domine les collines du polar »[9]) et de nombreux prix, dont trois Prix allemands du roman policier (Deutsche Krimipreise).

Après la parution du sixième opus de la série des « Brenner » Das ewige Leben, Haas a arrêté d'écrire des polars. En septembre 2006, il publie son roman Das Wetter vor 15 Jahren, nominé au Prix allemand du livre (Deutscher Buchpreis), sur une histoire d'amour dessinée par un interview entre une critique littéraire et un auteur fictif « Wolf Haas » sur son nouvel ouvrage (fictif). Haas a gagné le Prix Wilhem Raabe (Wilhelm-Raabe-Literaturpreis) de 2006 pour ce roman.

[modifier] La série des « Brenner »

[modifier] Thèmes

Chacun des six romans de Brenner se déroule à un endroit différent en Autriche (c'est pourquoi l'auteur laisse vagabonder son détective Simon Brenner, sans domicile stable), et comporte sa propre intrigue et ses propres personnages. L'ensemble de l'histoire suit une idée générale, comme on peut le voir dans Das ewige Leben, où le cinquantenaire Brenner retourne dans son quartier d'enfance (Puntigam à Graz), où ses péchés de jeunesse, vaguement évoqués dans les volumes précédents, le rattrappent et le lient avec son ancien camarade de l'école de police.

Les « Brenner » appartiennent au genre du « Whodunit » et s'inscrivent dans la tradition du roman noir, initié par Dashiell Hammett et Raymond Chandler. Avec Sam Spade et Philip Marlowe, ils ont créé un stéréotype de détective aux antipodes des mesurés et scientifiques Hercule Poirot ou Sherlock Holmes qui éclaircissent chastement les énigmes les plus épineuses, des personnages plus « bourrus », où les questions et les défis restent en suspens (y compris pour les aventures sentimentales). Brenner est un ancien policier, borné, victime de migraines chroniques, et préfère se fier à son intuition et s'engager dans les chemins de traverse.

[modifier] Style

Le style débridé qu'a volontairement développé Haas dans ses « Brenner » est avant tout une narration à la première personne, dont l'identité ne se révèle qu'à la fin du dernier volume. Bien qu'il ne soit jamais impliqué dans l'intrigue, ce narrateur est toujours présent par son dialogue constant avec son auditeur fictif - ou son lecteur - souvent introduit pas des formules toutes faites comme « Tu me croiras si tu veux »[10] ou « Tu me diras que »[11]. Ces effets produisent des changements et des coupures de tempo et de perspective, des digressions, qui réussissent à s'intégrer de manière cohérente dans le récit, à la manière des pérégrinations de Brenner. Les trait caractéristiques les plus marquants de cette voix narratrice sont les raccourcis syntaxiques inhabituels, les brisures et les incorrections : l'authenticité de la langue parlée est privilégiée.

Haas évoque la genèse de ce style, alors lecteur à Swansea : « Quand j'étais à la maison, j'ai commencé à parler un fort dialecte au téléphone, comme avant mon départ. C'était une expérience étrange. »[12]. Il se remémore également : « Mes histoires sont autobiographiques dans le sens où je retrouve la langue de mes origines. D'origine rurale, j'ai pris l'ascenseur social, et je me suis pour ainsi dire déraciné. Je suis en train de rembourser mes dettes. »[13]

[modifier] Adaptations cinématographiques

Bien que Haas ait lui même décrit ses romans comme inadaptables au cinéma, il collabora aux scénarios de Komm, süßer Tod (Vienne la mort) et Silentium, avec l'interprète de Brenner, l'acteur de cabaret Joseph Hader. Il a également fait une apparition dans des petits rôles, comme le jeune prêtre dans Silentium.

La différence la plus notable par rapport aux livres est, en dehors du reflux de la voix narratrice, la place plus importante de la violence. Le spectateur est beaucoup plus soumis au dialecte autrichien, au point de devoir sous-titrer le film dans certaines régions allemandes. Komm, süßer Tod est un des plus gros succès pour un film autrichien.

Après Silentium, présenté à la Berlinale, une adaptation de Der Knochenmann est prévue.

[modifier] Feuilletons radiophoniques

Les adaptations radiophoniques des « Brenner » ont également connu un certain succès. En 1999 et 2000, Auferstehung der Toten et Der Knochenmann ont été élus « Meilleure feuilleton radiophonique » par les auditeurs. En 2002, la station Österreichischer Rundfunk a produit l'adaptation de Vienne la mort en deux parties.

[modifier] Récompenses

  • 1997 : Prix allemand du roman policier pour Auferstehung der Toten.
  • 1999 : Prix allemand du roman policier pour Komm, süßer Tod.
  • 1999 : Meilleur feuilleton radiophonique autrichien pour Auferstehung der Toten.
  • 2000 : Prix allemand du roman policier pour Silentium!.
  • 2000 : Meilleur feuilleton radiophonique autrichien pour Der Knochenmann.
  • 2006 : Prix Wilhem Raabe de Braunschweig pour Das Wetter vor 15 Jahren.

[modifier] Œuvres

  • Die Liebe in den Zeiten des Cola-Rauschs, 1993, ISBN 3901352015
  • Ausgebremst - Der Roman zur Formel 1, Rowohlt, Reinbek, 1998, ISBN 3499228688
  • Das Wetter vor 15 Jahren Roman, Hoffmann und Campe, Hamburg 2006, ISBN 3455400043

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Références

  • (de) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en allemand intitulé « Wolf Haas ».
  1. « Ich hab' keine Ahnung von Werbung, aber ich werd' den Job schon gut machen »
  2. littéralement: les conducteurs éclairés sont plus visibles
  3. Pour la radio autrichienne Ö1, mot à mot Ö1 est faite pour être écoutée
  4. En dialecte autrichien: il faudrait être une Mazda
  5. « Es macht Spaß, etwas hinzuschmeißen, weil es funktioniert, und nicht, weil es nicht funktioniert! »
  6. « Ich schreib’ wie eine Wildsau und schau nachher, was mir gefällt »
  7. {« Ich schreibe ein Buch, das irgendwie passt, aber es ist alles noch sehr rational kontrolliert. Und erst, wenn man seine Bremsen löst, wenn sozusagen mir selbst die Geschichte erzählt wird, beginnt das eigentlich Interessante. Darum nehme ich mir sehr viel Zeit. Wenn ich fertig bin mit einem Buch, möchte ich es noch ein halbes Jahr bei mir liegen haben, und dann leiste ich mir den Luxus der Zerstörung der eigenen Geschichte. Und dabei entsteht eigentlich das Buch. »
  8. « Kunst da tut, wo sie niemand vermutet »
  9. « Mount-Everest-mäßig über dem Krimi-Hügelland »
  10. « Ob du es glaubst oder nicht », Silentium !, trad. Marie Reygnier, amorce du chapitre 2
  11. « Du wirst sagen, », Silentium !, trad. Marie Reygnier, amorce du chapitre 12
  12. « Da hat es mir diese Sprache richtig heraufgespült. Wenn ich zu Hause anrief, habe ich plötzlich stärker im Dialekt geredet als vor meiner Abreise. Es war eine komische Erfahrung »
  13. « Meine Geschichten sind in dem Sinne autobiografisch, dass ich mich in die Sprache meiner Herkunft zurückschwindle. Ich bin ja ein Sozialaufsteiger vom Land, also in gewisser Weise entwurzelt. Und daran arbeite ich mich ab. »

[modifier] Liens externes

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