Vaudois du Luberon

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Les Vaudois du Luberon sont des personnes de la région du Luberon (sud de la France) qui appartiennent à l'Église vaudoise, c'est-à-dire qui suivirent les doctrines de Pierre Vaudès (ou Pierre Valdo), créateur en 1170 d'un mouvement religieux intitulés Les Pauvres de Lyon.

L'histoire des Vaudois du Luberon illustre les tensions religieuses qui secouent le monde chrétien au Moyen Âge et à la Renaissance.

Sommaire

[modifier] Installation

Le mouvement initié en 1170 par Pierre Vaudès fut condamné en 1179 par l'Église au IIIe concile du Latran (voir : Église vaudoise).

L'installation de Vaudois dans la région du Luberon commence en 1399 : Louis II de Provence, à la suite d'une longue campagne militaire en Italie, a besoin d'argent. Il met en vente des terres de peu de valeur, qui lui sont achetées par les seigneurs de Boulier-Cental et de Rocca-Sparviera. Ceux-ci qui ont des possessions dans le Piémont, installent dans ces terres nouvellement acquises une centaine de familles de paysans piémontais, de religion vaudoise : à Mérindol, Vaugines, Cabrière d'Aygues.

Les témoignages de l'époque décrivent ces Vaudois comme de gros travailleurs, intègres, payant leurs dettes, d'une grande pureté de mœurs. Grâce à leur labeur, les terres produisent de plus en plus, et leurs seigneurs voient leurs dividendes passer « de quatre écus à huit cents ».

Par accroissement naturel, et par la venue de nouveaux piémontais, ils s'installent dans d'autres villages de l'autre coté du Luberon : Cabrières-d'Avignon, Gordes, Goult, Lacoste.

Jusque vers 1528, ils semblent vivre en bonne intelligence avec leurs voisins catholiques.

[modifier] La radicalisation

En 1528, l'évêque d'Apt, Jean Nicolaï, commence à lancer des procès en hérésie. Vers 1530, Jean de Roma, un dominicain, assemble une troupe et commence massacres, viols, tortures, pillages, avant de devoir s’enfuir au Comtat venaissin : le roi de France, inquiet de ces pillages, avait saisi contre lui le Parlement d'Aix[1]. Il meurt quelques années plus tard atteint d'un mal qui le fera se décomposer vivant dans une épouvantable puanteur[réf. nécessaire].

C'est l'époque de l'installation du calvinisme à Genève. En 1530, les Vaudois du Piémont y envoient quelques émissaires. Calvin leur montre leurs similitudes de doctrine.

En 1532, le mouvement vaudois se rattache officiellement au protestantisme.

[modifier] Le début de la répression

Dans le Comtat Venaissin, appartenant au pape, le vice légat confisque des terres de Vaudois et les redistribue à des catholiques. Le pape Clément VII demande au roi de France François Ier d'agir de même sur le versant français du Luberon.

Or, après l'élection de Charles Quint en 1519 comme empereur d'Allemagne, François Ier se sent encerclé car Charles Quint possède l'Espagne, les Pays-Bas et une partie de l'Italie. En réaction, François Ier s'allie avec l'empire ottoman de Soliman le magnifique, par un traité du 4 février 1536 dit « des capitulations ». Cette alliance avec un pays musulman faisant scandale, François Ier ne peut plus se permettre une attitude tolérante en France envers des hérétiques.

Le parlement d'Aix-en-Provence condamne en 1532 sept personnalités vaudoises, et demande aux seigneurs locaux de confisquer les terres des Vaudois.

Ceux-ci prennent les armes, et s'emparent de Mérindol, Lacoste et de Cabrières-d'Avignon.

En 1534, de nouvelles condamnations frappent des Vaudois, qui sont libérés par leurs coreligionnaires en armes des prisons d'Apt, Cavaillon, Roussillon.

La politique internationale interfère une fois de plus avec la question vaudoise : en novembre 1535, François Ier réclame de nouveau le duché de Milan.

Il envahit la Savoie dès le début de 1536.


Charles Quint prend alors en personne la tête de son armée pour envahir la Provence en franchissant le Var le 25 juillet 1536, et s'empare de Toulon , qui est occupée du 10 août au 15 septembre. Son armée en proie aux épidémies, Charles Quint renonce à assiéger Marseille et rebrousse chemin en septembre.

François Ier cherche alors à calmer la situation en Luberon, et le 15 juillet 1535, il accorde le pardon aux Vaudois à condition que ceux-ci abjurent leur religion dans les six mois.

En 1544, les vaudois incendient le monastère de Sénanque (Gordes).

[modifier] La persécution de 1545

Après avoir obtenu de manière sournoise (le roi ne lit pas l’édit de Mérindol), les vaudois sont condamnés.

En avril 1545, elle commence, avec comme chefs militaires Paulin de La Garde et Joseph d'Agoult, sous la direction du premier président du Parlement d’Aix, Jean Maynier baron d’Oppède. Les villages vaudois sont pillés, les hommes massacrés ou envoyés aux galères, les femmes violées avant d’être tuées. Certains sont vendus en esclavage. Les terres sont confisquées. Les biens pillés sont bradés au dixième de leur prix, pour payer les soldats. Les violences débordent, les villages alentour les subissent aussi. Au total, 24 villages sont détruits, 3000 personnes sont massacrées, 670 hommes sont envoyés aux galères. De plus, le passage des soldats empêche les cultures, les troupeaux sont tués, et un nombre indéterminé de paysans meurent de faim. À la mort de François Ier, un procès est ouvert par les seigneurs de la région, qui ont perdu gros. Mais les soudards comme les parlementaires qui se sont enrichis sont tous acquittés.[2].

[modifier] Notes

  1. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 120
  2. Pierre Miquel, Les Guerres de religion, Club France Loisirs, 1980, (ISBN 27274207858), p 129-135

[modifier] Sources