Sac de Rome (1527)

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Le sac de Rome se produit en 1527 et est l'œuvre des troupes de lansquenets à la solde de l'empereur Charles Quint.


Sommaire

[modifier] Le contexte

Charles Quint (portrait de Christoph Amberger, 1532)
Charles Quint (portrait de Christoph Amberger, 1532)

Cet évènement s'inscrit dans le cadre des guerres d'Italie, conflits pour la suprématie en Europe entre les Habsbourg et les Valois, entre Charles Quint, empereur du Saint-Empire romain germanique et roi d'Espagne et François 1er, roi de France ; plus précisément, il s'inscrit dans la septième guerre d'Italie, qui voit s'affronter les deux souverains de 1526 à 1529.

La sixième guerre d'Italie s'est conclue par la défaite de François 1er à Pavie et la signature du traité de Madrid en janvier 1526 et par lequel le roi François 1er, prisonnier, doit renoncer à toutes ses prétentions sur l'Italie, à certaines places fortes de la Picardie et restituer la Bourgogne aux Habsbourg[1].

Au mois de mai suivant, le pape Clément VII (Jules de Médicis), jouant sur le désir de revanche de François 1er, qui a dû signer un traité contenant des clauses extrêmement sévères pour la France, se fait le promoteur d'une ligue anti-impériale appelée la sainte ligue de Cognac conclue à Cognac le 22 mai 1526[1].

Le pape Clément partage le ressentiment du roi de France parce qu'il a la crainte plus que justifiée, par l'expérience de ce qu'au cours des siècles précédents, les empereurs du Saint-Empire romain germanique ont fait ou tenté, qu'une fois l'Italie septentrionale en la possession de l'empereur et ayant déjà en main l'entière Italie méridionale par l'héritage espagnol, il unifie les États de la péninsule sous un unique sceptre au détriment de l'État pontifical qui risque de disparaitre complètement.

La Ligue se compose en plus du pape et du roi de France, du duché de Milan, de la république de Venise, de la république de Gênes ainsi que la Florence des Médicis.

L'Empereur tente sans succès de reconquérir l'alliance du pape avec l'intention de contrôler momentanément l'Italie septentrionale : c'est pourquoi il décide d'intervenir militairement. Dans l'incapacité d'agir personnellement en raison des troubles internes contre les luthériens et externes avec l'empire Ottoman qui se manifeste aux portes orientales de l'empire, il fait en sorte de déchaîner contre l'état pontifical la puissante famille romaine des Colonna, depuis toujours ennemie de la famille Médicis.

La révolte des Colonna produit ses effets. Le cardinal Pompeo Colonna lâche dans la ville pontificale ses soldats, qui la saccagent (20 septembre 1526[2]). Clément VII, assiégé dans Rome, est obligé de demander l'aide de l'Empereur avec la promesse en échange de quitter l'alliance avec le roi de France, rompant ainsi la ligue de Cognac. Pompeo Colonna se retire à Naples. Clément VII, une fois libre de pouvoir décider du meilleur parti pour l'état pontifical, rompt le traité signé sous la contrainte et appelle à son aide l'unique puissance qui peut sérieusement le défendre, François Ier.

Dans cette situation, l'Empereur décide d'une intervention armée contre l'état pontifical et dépêche un contingent de lansquenets sous les ordres du duc Charles III de Bourbon. Les troupes en campagne (12 à 15 000 hommes) sont réellement commandées par le général Georg von Frundsberg[2] mais ce dernier, malade, ne peut mener à bien sa mission et rentre en Allemagne ; il laisse le commandement aux mains de Charles.

[modifier] Les faits

Le duc part d'Arezzo le 20 avril 1527, à la tête de 35 000 soldats, profitant de la situation précaire dans laquelle se trouvent les Vénitiens et leurs alliés en raison de l'insurrection de Florence contre les Médicis. 5 000 soldats défendent la ville mais ils bénéficient de solides remparts et d'artillerie dont les assiégeants sont dépourvus. Charles doit prendre la ville rapidement pour éviter d'être piégé à son tour par l'armée de la Ligue mais le 6 mai, il est blessé à mort d'un coup d'arquebuse[3] (Benvenuto Cellini raconte dans ses mémoires être le tireur, d'autres évoquent un prêtre dénommé Brantôme)[4] ce qui donne plus de force à son armée qui entre dans la ville. Grâce à la résistance et au sacrifice des gardes pontificaux, le pape Clément VII réussit à se réfugier dans le château Saint-Ange en empruntant le chemin couvert construit par un de ses prédécesseurs Léon IV. De là, le pape peut s'enfuir à Orvieto[réf. nécessaire][5].

Le saccage de la ville a de graves conséquences sur la ville : vingt mille victimes, des dommages incalculables sur le patrimoine artistique ; les travaux de la construction de basilique Saint-Pierre sont interrompus et repris seulement en 1534 avec le pape Paul III.

À la fin de l'année, Rome ne compte plus qu'un habitant sur cinq ; à la dévastation succède la peste en raison des cadavres que personne n'a enterrés. Plus de la moitié des lansquenets meurent[6].

[modifier] Les causes du massacre

Les raisons qui conduisent les mercenaires allemands à s'abandonner à un saccage aussi long, presque un an, tient à différentes raisons. En ces temps, les soldats sont payés tous les cinq jours : lorsque le commandant ne dispose pas de l'argent suffisant pour la rétribution des soldats, il autorise la mise à sac de la ville qui ne dure pas, en général, plus d'une journée, le temps suffisant pour la troupe prélève son butin.

Dans ce cas, les lansquenets, non seulement sont restés sans paie mais ils ne disposent même plus de leur commandant, Frundsberg, rentré précipitamment en Allemagne, et Charles mort sur le champ de bataille. De plus, la majeure partie d'entre eux, luthériens, nourrissent une haine contre l'Église.

Aussi sans paie, sans commandants et sans ordres, en proie à une aversion rageuse contre le catholicisme, il fut facile à la soldatesque de s'abandonner au saccage.

[modifier] Notes

  1. ab JL Fournel, JC Zancarini, Les guerres d'Italie, Découvertes Gallimard p 82
  2. ab JL Fournel, JC Zancarini, Les guerres d'Italie, Découvertes Gallimard p 84
  3. JL Fournel, JC Zancarini, Les guerres d'Italie, Découvertes Gallimard p 86
  4. Audin, Histoire de Henri VIII et du schisme d'Angleterre, L. Maison Libraire éditeur, 1847, p. 423
  5. Dans Les guerres d'Italie, Découvertes Gallimard p 86, il est dit que Léon IV reste prisonnier dans le château et livre une rançon de 70 000 ducats d'or
  6. Cf. Audin, op.cit., p. 433

[modifier] Bibliographie

  • (it)Francesco Guicciardini, Storia d'Italia. Pour le sac de Rome et la prison du pape, voir livre 18, chapitres 8-14
  • (it)Andrea Moneti, 1527. I lanzichenecchi a Roma, 2005, Nuovi Equilibri (roman historique)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

[modifier] Sources

  • (it) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en italien intitulé « Sacco di Roma ». du 9.12.2007