Rogier van der Weyden

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

PietàHuile sur toile (35 × 45 cm) National Gallery, London
Pietà
Huile sur toile (35 × 45 cm)
National Gallery, London

Rogier van der Weyden (Tournai v. 1399/1400 - Bruxelles 18 juin 1464) né Roger de la Pasture (ou même Rogier de le Pasture) est un peintre flamand de la Renaissance.[1]

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] À l'école de van Eyck

Rogier van der Weyden est né à Tournai, dans le comté de Flandre, vers 1399. La Flandre fait alors partie des Pays-Bas bourguignons. Il se marie vers 1426 et entre dans l'atelier de Robert Campin, à Tournai, l'année suivante. Il a alors un âge plus avancé que la plupart des apprentis (il approche en effet de la trentaine). Il obtient sa maîtrise dans la Guilde de Tournai en 1432.[2]

Portrait de Philippe le Bonc. 1450
Portrait de Philippe le Bon
c. 1450

En 1435, "Maître Roger" devient le peintre officiel de la cité de Bruxelles, où il s'est installé[3]. C'est à ce moment là que son nom (Roger de la Pasture) est changé en flamand (Rogier van der Weyden). Il travaille notamment pour la cour de Philippe le Bon, puissant duc de Bourgogne et grand mécène, pour lequel il fera des portraits. Ses premières œuvres reflètent l'influence de son maître (Robert Campin), mais il s'en affranchit en introduisant davantage de réalisme et d'émotion dans l'expression de ses personnages, véritables êtres de chair et de sang. Il a été fortement influencé par son confrère plus âgé que lui, Jan van Eyck, grâce auquel il apprend à exploiter les ressources d'un nouveau médium: la peinture à l'huile. Il devient bientôt le peintre flamand le plus recherché de son époque, après van Eyck.

La Descente de Croix, c. 1435 (Madrid, musée du Prado)
La Descente de Croix, c. 1435 (Madrid, musée du Prado)

Son succès s'explique par le fait que, tout en adoptant de nouvelles techniques, il conserve les règles traditionnelles de la composition. Ainsi la Descente de Croix, peinte vers 1435, présente les figures sur un fond neutre. Le corps du Christ est au centre de la composition, tourné vers le spectateur. À gauche, la Vierge, dans un drapé d'un bleu profond, s'affaisse parallèlement au corps de son fils. Les autres personnages ont un visage calme aux traits réalistes.


Van der Weyden exécute de grandes compositions dramatiques pour les membres de la puissante cour de Bourgogne. Il crée notamment l'admirable Jugement dernier (v. 1445-1449), retable unique en son genre, composé de 15 panneaux commandés par le chancelier Nicolas Rolin pour les Hospices de sa ville de Beaune (cet immense polyptyque de 2,25 m de haut et de 5,46 m de long s'y trouve toujours). À côté de ses œuvres à caractère religieux, van der Weyden réalise de magnifiques portraits de nobles et de riches négociants de la ville. Il réalise aussi des enluminures (en particulier pour les Chroniques de Hainaut de Jean Wauquelin, pour la bibliothèque de Philippe le Bon).

Jugement dernierc. 1445-1449, huile sur bois Hôtel-Dieu, Beaune
Jugement dernier
c. 1445-1449, huile sur bois
Hôtel-Dieu, Beaune

[modifier] Le tournant italien

Vers 1450, année du Jubilé, van der Weyden voyage en Italie, très vraisemblablement à Rome et à Florence. Il s'inspire de Fra Angelico et apprend de nouvelles techniques mises au point par les peintres italiens. Pendant cette période, il travaille pour la famille d'Este et ses portraits, notamment celui de Francesco d'Este, vont contribuer à l'essor de la peinture à l'huile en Italie à la fin du XVe siècle.

Après avoir exécuté des portraits de Philippe le Bon, van der Weyden réalisera des portraits pour le fils de ce dernier, Charles le Téméraire.

Son art exprime un sentiment religieux intense, voire pathétique ou bouleversant (comme dans son chef-d'œuvre, la célèbre Descente de croix de 1435), rendu avec une plénitude sculpturale. Ses tonalités sont saturées, mais souvent claires. Grâce à la perfection de sa technique, Rogier van der Weyden a joui d'une notoriété internationale de son vivant. Son style raffiné et empli d'émotion influença profondément de très nombreux peintres flamands et étrangers, en particulier allemands.

On retrouve son effigie dans Les effigies des peintres célèbres des Pays-Bas de Dominique Lampson.

[modifier] Principales œuvres

  • Portrait d'une jeune femme (v. 1432-1435), Gemäldegalerie, Berlin.
  • Saint Luc peignant la Vierge (v. 1435–1440), Museum of Fine Arts, Boston
  • Descente de croix (v. 1435), Musée du Prado, Madrid
  • Retable Miraflores (v. 1440), Staatliche Museen, Berlin
  • Triptyque du Calvaire (v. 1440), Vienne
  • Descente de croix (1443), Église St. Pierre, Louvain, Belgique
  • Polyptyque du Jugement dernier (v. 1445-1449), Hospices, Beaune
  • Descente de croix, Musée du Prado, Madrid
  • Mise au tombeau (v. 1449, 1450), Musée des Offices, Florence
  • Mise au tombeau, National Gallery, Londres
  • Vierge et saints (1450), Städel, Francfort
  • Saint Yves (v. 1450), National Gallery, Londres
  • Portrait de Philippe le Bon (v. 1456-1458), Musée royal des Beaux-Arts d'Anvers
  • Portrait de Charles le Téméraire (v. 1456-1458), Muséees Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles
  • Retable de Sainte-Colombe (entre 1450 et 1460), Munich
  • Crucifixion, dite Grande Crucifixion (après 1456), Escurial, Madrid
  • Femme pleurant, Musées Royaux des Beaux-Arts, Bruxelles
  • Annionciation, Ancienne Pinacothèque, Munich
  • Les sept sacrements, Koninklijk Museum voor Schone Kunsten, Anvers

[modifier] Anecdotes

  • Le Polyptyque du Jugement Dernier a été inscrite au programme du baccalauréat facultatif d'art plastique 2007.

[modifier] Notes et références

  1. Pour sa date de naissance, il existe deux pièces d'archives qui ne concordent pas. Dans l'une daté du 21 octobre 1435, il est dit âgé de 35 ans; dans l'autre, du 15 mars 1441, on lui accorde 43 ans. On peut présumer qu'il nacquit vers 1400.
  2. On possède diverses preuves qu'il provient de cette dernière ville. En 1440, il fit rédiger à Bruxelles, en qualité de tuteur de sa nièce, fille de sa sœur germaine Jeanne, une procuration pour la vente d'une maison située à Tournai. Il est question de cet immeuble par ailleurs, dans un document de Tournai daté de 1426, où sont cité Henri de la Pasture et Agnès Watrelos, père et mère de Jeanne et Roger. Il existe en outre, une lettre adressée, en 1463, par la lointaine duchesse de Milan au "Magistro Rugiero de Tornay pictori in Burseles". Également un autre témoignage, de registre de la corporation des peintres de Tournai contient son inscription comme maître avec la mention "nâtif de Tournai", et les comptes de la confrérie de Tournai pour 1463-1464 mentionnant les frais payés à l'occasion du service funèbre de Roger Van der Weyden en ces termes "Item payet pour les chandèles qui furent mise devant Saint-Luc, à cause de service Maistre Rogier de le Pasture, natyf de cheste ville de Tournay lequel demoroir à Brouselles"
  3. On relève également à son sujet, dans les archives tournaisiennes, trois mentions qui semblent contradictoires et qui provoquèrent bien des discussions. L'une concerne l'inscription d'un Rogelet de la Pasture comme apprenti chez Robert Campin, le 5 mars 1426, l'autre relate la réception officielle par le magistrat de Tournai, d'un "maître Roger de la Pasture, le le 17 novembre 1426, le troisième cite l'admission à la corporation des artiste, d'un maître Roger de la Pasture le 1er août 1432. Les historiens se sont demandé comment il se pouvait qu'un artiste ait été traité de maître, alors qu'il n'était qu'apprenti, et l'on a conclu à l'existence de deux artiste qui auraient porté le nom de la Pasture, à Tournai, dont l'un serait prénommé Rogelet et l'autre Roger

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Rogier van der Weyden.