Pays-Bas bourguignons

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Drapeau des Pays-Bas bourguignons (XVIe siècle)
Drapeau des Pays-Bas bourguignons (XVIe siècle)
Les États du Benelux dans l'Histoire
Belgique actuelle Luxembourg actuel Pays-Bas actuels
Empire carolingien
vers 800-843
Lotharingie
843-977
Période féodale
Xe-XIVe siècle

Principauté de Liège
+
Principauté de Stavelot- Malmedy
+
Duché de Bouillon


jusqu'en 1795

Pays-Bas
bourguignons

1384/1473-1482

Duché du Luxembourg
intégré en 1441


Pays-Bas des Habsbourg
1482-1549
Pays-Bas espagnols
1549-1713
(Pays-Bas méridionaux après 1581)


Provinces-
Unies
1581-1795
Pays-Bas autrichiens
1713-1795

États-Belgiques-
Unis
1790



France (Ire République) 1795-1804

République batave
1795-1806

France (Ier Empire) 1804-1815
Royaume de Hollande
1806-1810


Royaume des Pays-Bas
depuis 1815

Royaume de Belgique
depuis 1830



Grand-Duché de Luxembourg
depuis 1839

Les Pays-Bas bourguignons sont l'ensemble des Dix-sept Provinces acquises par les ducs de Bourgogne (dynastie des Valois) entre le XIVe siècle et XVIe siècle. On les désignait alors comme les « États de par-deçà » ou les « pays bas » pour les distinguer des «  États de par-delà », les possessions plus hautes et plus méridionales de Bourgogne et Franche-Comté.

Sommaire

[modifier] Unification territoriale

Les ducs de Bourgogne vont unifier ces pays.

Le premier d'entre eux, Philippe le Hardi, reçut le duché de Bourgogne en apanage (province donnée par un roi de France à son fils cadet). En 1369, il épousa la fille du comte de Flandre.

Toute la politique des ducs de Bourgogne consista ensuite à essayer de s'emparer des régions situées entre la Bourgogne et la Flandre et d'en faire un État entre la France et le Saint-Empire. Ils procédèrent par mariage, héritage ou achat (Jean sans Peur et Philippe le Bon) ou conquête (Charles le Téméraire).

[modifier] Les Dix-Sept Provinces

Carte des Pays-Bas bourguignons en 1477 (en niveau d'orange)
Carte des Pays-Bas bourguignons en 1477 (en niveau d'orange)

Les acquisitions des Ducs de Bourgogne et de Charles Quint (n˚ sur la carte entre parenthèses) :

S'ajouteront, sous Charles Quint :

  • la seigneurie d'Utrecht (17), la seigneurie de Frise occidentale et orientale (13), ainsi que le duché de Gueldre (2)
  • des provinces perdues, puis reprises: Groningue, c'est-à-dire la ville et les alentours (Ommelanden) (14), Overijssel (16), Zutphen (11)

Plus tard, les seigneuries de Tournai et le Tournésis sont souvent nommées comme une (ou deux) des Provinces. Le marquisat d'Anvers par contre appartenait au Brabant et n'est plus considéré comme une Province. Zutphen devient une partie de la Gueldre. Les villes "gallicantes" de Flandre (Lille, Orchies et Douai) se comportent de plus en plus comme une Province à part entière.

Ce territoire est également connu sous le nom de Dix-sept Provinces, dix-sept étant le nombre de représentants dans les États généraux des Pays-Bas à Bruxelles. Ce nombre a toujours été approximatif : les États généraux n'ont jamais indiqué quels étaient précisément les dix-sept États. Les ducs n'ont pas non plus indiqué d'une façon constante quels étaient les dix-sept titres qu'ils avaient réunis dans une union personnelle (une seigneurie étant parfois considérée comme dépendante d'une autre). La carte ci-jointe reprend les 17 Provinces communément admises.

Les principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy (en vert sur la carte) ne seront unies aux Pays-Bas qu'en 1795, après la Révolution française (premier empire français, puis Royaume-Uni des Pays-Bas).

[modifier] Unification administrative

Philippe le Bon (1396 - 1467).
Philippe le Bon (1396 - 1467).

L'unification administrative fut réalisée par Philippe le Bon. De tous ces territoires fort différents, il voulait faire un État puissant.

Pour administrer efficacement ses États, il créa :

  1. le Conseil de Bourgogne (le gouvernement), à la tête duquel se trouvait le chancelier de Bourgogne (sorte de premier ministre)
  2. les États provinciaux, composés de délégués du clergé, de la noblesse et des villes, votaient les impôts
  3. les États généraux, choisis par les États provinciaux, dans le but de ne pas devoir demander des subsides d'intérêt général à chaque province séparément
  4. trois Chambres des Comptes, s'occupant des finances, à Lille, Bruxelles, La Haye, réunies en une seule par Charles le Téméraire à Malines
  5. des Conseils de justice dans chaque province.

La politique centralisatrice des ducs de Bourgogne rencontra de grandes résistances parmi les communes, jalouses de leur autonomie, qui se révoltèrent sous Philippe le Bon (Gand, Bruges), mais surtout sous son fils, Charles le Téméraire (Dinant, Liège), plus exigeant (subsides pour ses nombreuses guerres) et moins diplomate que son père.

[modifier] Éclatement de l'État bourguignon

Charles le Téméraire (1433 – 1477).
Charles le Téméraire (1433 – 1477).

Le roi de France, Louis XI, était fort inquiet de la montée de la puissance bourguignonne. Il noua de nombreuses intrigues contre Charles le Téméraire (ex. il incita les métiers liégeois à se révolter contre Charles le Téméraire. Celui-ci réprima férocement le soulèvement et obligea Louis XI à assister à l'incendie de la ville).

Patient, Louis XI profita du caractère impulsif de Charles le Téméraire, qui entreprit une politique de conquêtes. En occupant la Lorraine, il s'attira l'hostilité des Cantons suisses. Battu par eux à plusieurs reprises, il finit par être tué sous les murs de Nancy en 1477. Aussitôt Louis XI se jeta sur les États bourguignons.

Les États Généraux supprimèrent toutes les institutions centralisatrices des ducs de Bourgogne, par le Grand Privilège. Ils conseillèrent à Marie de Bourgogne, fille de Charles le Téméraire, d'épouser Maximilien d'Autriche (famille de Habsbourg), afin de pouvoir faire face à l'invasion française.

Au terme de la guerre, Louis XI conserva la Bourgogne mais dut abandonner les Pays-Bas, qui seront alors dirigés par les Habsbourg.


Icône de détail Article détaillé : Pays-Bas espagnols.

[modifier] Économie

Sous le gouvernement des ducs de Bourgogne, la vie économique connaît une grande prospérité dans la région de Pays-Bas bourguignons. Ceci s'explique par la politique des ducs et par le fait que cette région connaît à ce moment (vers 1400-1450) une période de paix et d'ordre.

L'agriculture prospère particulièrement au comté de Flandre, où l'on supprime la jachère en introduisant les plantes fouragères (elles enrichissent le sol et permettent de nourrir le bétail)

Quant à l'industrie, les villes drapières (Gand, Bruges, Ypres) entrent dans une période de déclin : elles sont en effet concurrencées par les draps anglais et souffrent des prix élevés de la laine. En outre, Bruges voit son port s'ensabler. Les ducs prendront des mesures pour aider ces villes (taxes sur les draps anglais, travaux pour désensabler le port de Bruges), mais ces mesures resteront vaines, et ce sont d'autres villes qui prendront la relève. C'est le cas d'Anvers dès 1442; bien situé au fond de l'estuaire de l'Escaut, son port deviendra un important centre d'échanges à l'échelle européenne.

D'autre part la draperie rurale (lin) connaît un bel essor : il est rendu possible par la perte d'influence des grands centres drapiers (laine), par des règlements de fabrication plus souples et par des salaires plus bas.

Les ducs facilitent l'essor du commerce en unifiant les monnaies et en contrôlant leur frappe. L'organisation du commerce international devient plus libérale dans de nouveaux centres tels qu'Anvers (ex. pas de halles, ce qui signifie la liberté de vendre où l'on veut). Dans les centres anciens tels que Bruges, on reste attaché à une organisation corporative qui gêne les transactions commerciales.

[modifier] Société, art et culture

Un intérieur bourgeois.
Un intérieur bourgeois.

Les ducs aiment le luxe, le faste et la richesse. Ils organisent leur cour en conséquence, s'entourent d'une noblesse soumise (création de l'ordre de la Toison d'or pour récompenser les nobles fidèles), organisent des fêtes fastueuses pour divertir cette cour.

Sur le plan vestimentaire, la mode est au pourpoint court, à la coiffure « en bol » et aux chaussures « à la poulaine » pour les hommes ; les femmes se coiffent de hennins et leurs robes ont de longues traînes.

Les ducs sont de grands protecteurs des arts et des artistes :

  1. Architecture :
    Les artistes ne travaillent plus exclusivement pour l'Église, mais aussi pour de riches particuliers. Le style ogival (ou gothique) caractérise encore les XIVe et XVe siècles, mais il subit une évolution : les formes sont de plus en plus légères ("dentelle de pierre"), les lignes donnent l'impression de flammes (d'où le nom de "gothique flamboyant"). Les exemples sont nombreux en Belgique : hôtels de ville de Bruxelles, Louvain, Audenarde, cathédrale d'Anvers, etc.)
  2. Peinture :
    Elle supplante peu à peu la miniature, qui sert encore à illustrer les livres manuscrits (par ex. « Les Très Riches Heures du duc de Berry »). Elle connaît un développement particulièrement important. On peint sur des panneaux de bois et de toile et on utilise la peinture à l'huile (qui fixe la couleur). La perspective est mieux rendue et les peintres font preuve d'un grand souci de précision (visages, tissus…). Les sujets restent essentiellement religieux.

    Plusieurs peintres originaires des Pays-Bas marquent cette époque et illustrent la « Renaissance » flamande. Il s'agit par exemple deJan Van Eyck (L'agneau mystique, Vierge au chanoine Van der Paele), de Rogier van der Weyden (appelé aussi de le Pasture) (Les sept sacrements, Portrait de Philippe le Bon), de Dirk Bouts (La dernière Cène, La justice d'Othon), de Jérôme Bosch (Le jugement dernier) de Hans Memling, Gérard David, etc .
  3. Sculpture :
    Statues décorant les églises, les monuments publics et les tombeaux. Le sculpteur le plus connu est Claus Sluter (puits de Moïse à Dijon en Bourgogne)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien externe