Raoul Ubac

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Raoul Ubac, né à Malmedy (Wallonie) le 31 août 1910 et mort à Dieudonné (Oise) le 24 mars 1985, est un peintre non figuratif français d'origine belge, appartenant à la nouvelle École de Paris.

Sommaire

[modifier] Biographie

Raoul Ubac est né à Malmedy, petite ville de l'Ardenne belge, où la famille de sa mère exploite une tannerie depuis plusieurs générations et où son père est juge de paix. De 1920 à 1928, il fait ses études à Malmedy, parcourt à pied une partie de l'Europe et effectue en 1928 un premier séjour à Paris, où il rencontre notamment le peintre Otto Freundlich. En 1929, un jeune professeur lui fait découvrir le premier Manifeste du surréalisme.

De 1930 à 1934, lors d'un deuxième séjour à Paris, Raoul Ubac noue des contacts avec les surréalistes et fréquente les ateliers de Montparnasse. Il s'inscrit ensuite à l'École d'arts appliqués de Cologne, où il travaille le dessin et la photographie. Au cours d'un voyage en Dalmatie, il réalise en 1932 dans l'île de Hvar des « assemblages de pierres trouvées » qu'il dessine et photographie. Il s'éloigne alors de la peinture pour se consacrer à la création de photographies d'esprit surréaliste, qu'il expose en 1933, pour lesquelles il utilise les procédés du brûlage, de la solarisation et de la pétrification.

En collaboration avec Camille Bryen, qu'il vient de rencontrer, Raoul Ubac publie à Paris en 1934, sous le nom de Raoul Michelet un recueil de poèmes et de photographies. Avec Bryen encore, il dépose des « objets dans les endroits les plus inattendus », affiche « des poèmes et images sur les murs » et partage de 1936 à 1939 toutes les activités des surréalistes, côtoyant Hans Bellmer, Benjamin Péret, Victor Brauner et Raoul Hausmann. À partir de 1936, il s'engage dans une série de photographies autour du Combat de Penthésilée (la Reine des Amazones et Achille) dans lesquelles il combine de multiples procédés : association des négatifs, surimpression et solarisation, superposition ou décalage du négatif et du positif, qui donne une impression de pétrification, soufflage, fumage, brûlage ou voilage du cliché. Souvent, il réutilise des fragments de nus de ses deux modèles, sa femme Agui et Marthe. Certaines de ses photographies sont publiées entre 1937 et 1939 dans la revue Minotaure et André Breton lui commande en 1938 la photographie des mannequins présentés à l'Exposition internationale du surréalisme. Il apprend parallèlement en 1936 la gravure dans l'atelier de Stanley Hayter et se lie avec Roger Gilbert-Lecomte.

En 1940, il dirige avec René Magritte la revue L'invention collective (deux numéros, auxquels participent notamment Chavée, Lecomte, Louis (Jean à cette époque) Scutenaire, Marcel Mariën, Fernand Dumont, André Breton, Irène Hamoir), puis quitte Paris pour Carcassonne avec Scutenaire et Irène Hamoir. Il vit ensuite entre Paris et Bruxelles, où il fait en 1941 sa dernière exposition, préfacée par Paul Nougé, de photographies, rapidement fermée sur ordre des occupants. Ayant fait la connaissance du poète Jean Lescure qui la dirige, il collabore activement à la revue Messages, où il rencontre Éluard, Queneau et André Frénaud, qui ne cessera d'accompagner amicalement son travail. En 1942, il illustre Exercice de la pureté de Jean Lescure, puis abandonne la photographie en 1945.

Bien qu'il collabore aux activités du groupe surréaliste La Main à plume jusqu'en 1943, la guerre l'éloigne petit à petit du surréalisme : il commence dès 1939 de dessiner à la plume « les objets les plus simples », verres et flacons, fruits et pains, ciseaux ou couteaux posés sur une table (exposition en 1943 la librairie parisienne de Francis Dasté préfacée par Jean Lescure). En 1946, il ramasse en Haute-Savoie un éclat d'ardoise et commence avec un clou à la graver, réalise des gouaches sur le thème des Têtes. Jean Lescure lui ayant fait connaître Bazaine et ses amis non figuratifs, leurs recherches sur les formes et les couleurs l'aident, dit-il, « à faire l'effort d'aborder ces problèmes sans passer par les phantasmes » dont il avait été tributaire. Raoul Ubac aborde à nouveau la peinture, à l'œuf, pour une série non figurative de Personnages couchés dans des lumières sourdes. À partir de 1951, la galerie Aimé Maeght expose régulièrement ses gouaches et ses toiles, préfacées par André Frénaud, Georges Limbour, Claude Esteban ou Yves Bonnefoy. Ubac ne cesse simultanément de graver des ardoises qui deviennent à mesure des reliefs et dont il introduit en 1955 des fragments dans ses tableaux.

Église de Varengeville, vitrail d'Ubac
Église de Varengeville, vitrail d'Ubac

Dans les années 1960, ses peintures, sur panneaux recouverts de résines amalgamées, réalisent une synthèse et un épanouissement, autour des thèmes des Labours et des Sillons, des Corps et des Torses, du double travail qu'il pousuivra jusqu'à sa mort en 1985.

Raoul Ubac a réalisé en ardoise plusieurs reliefs, haut-reliefs et décors muraux pour des édifices publics et privés. On lui doit également plusieurs ensembles de vitraux, notamment, en 1961, pour l'église de Varengeville-sur-Mer (en collaboration avec Georges Braque) et, en 1967, la chapelle de la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, des mosaïques et des tapisseries. Il a illustré de ses dessins, gravures et lithographies une trentaine de livres : André Frénaud, Yves Bonnefoy, Christian Dotremont, Lucien Scheler, Claude Esteban, Jacques Dupin. Il est aussi l'auteur de la couverture de la revue Argile publiée chez Maeght de 1973 à 1981.

Des œuvres d'Ubac sont présentées dans de nombreux musées de France et d'Europe. En 1980, les Postes françaises ont émis un timbre reproduisant l'un de ses tableaux. Ubac fait partie des peintres réunis pour l'exposition L'envolée lyrique, Paris 1945-1956, présentée au musée du Luxembourg (Sénat), en avril-août 2006 (Sans titre, 1947) [catalogue : (ISBN 8876246797)].

[modifier] Bibliographie sélective

[modifier] Jugement

Christian Nicaise

« Je rends hommage à celui qui continue de feuilleter dans sa nuit le livre de pierre que la nature lui tend, Ubac magnifique en sa forêt native, qui scrute sans cesse l'ardoise bleue de ses Ardennes, les schistes de ses Fagnes, ouvrant comme par enchantement, "par un coup sec donné sur sa tranche", le fameux livre de pierre aux milliers de pages, épousant toujours ses lignes de clivage, faisant mine de se laisser conduire — "le clivage assigne au matériau ses limites (...) à chaque instant l'ardoise tend à retrouver son horizontalité primitive" — mais toujours tirant la leçon de ce surprenant tête à tête, conservant sur papiers très légers les empreintes des paysages subtils qu'il aura rencontrés, surtout repoussant toujours plus loin la contrainte première, taillant les plans selon des angles inédits, redressant l'horizontalité primitive d'une dalle d'ardoise, lui enseignant la verticalité des arbres et des hommes, l'érigeant, la bandant, grande Stèle thème de l'arbre ou petite stèle de Nancy, toutes à l'assaut du ciel, allant et nous menant à l'essentiel en sa nudité, signes de la Présence en son perpétuel instant. »

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes

  • [1] Ubac dans les Musées nationaux (base Joconde)
  • [2] Collection du Musée national d'art moderne Centre Georges Pompidou (rechercher : Ubac)
  • [3] Photos du site de la Réunion des Musées Nationaux (35 images)
  • [4] Ubac dans la galerie Bernard Bouche
  • [5]Timbre de Raoul Ubac, 1980