Race et Histoire

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Race et histoire
Auteur Claude Lévi-Strauss
Genre Essai, Brochures
Pays d’origine France
Éditeur Unesco
Date de parution 1952

Race et Histoire est un livre de l'anthropologue, ethnologue et philosophe Claude Lévi-Strauss (né à Bruxelles le 28 novembre 1908). Lorsqu'il l'écrit, il n'est connu que par quelques spécialistes de la sociologie, et non pas encore du grand public, comme il le sera lors de la parution de Tristes Tropiques.

Ce livre porte sur les comparaisons entre les différentes cultures.

[modifier] Raisons de la publication

En 1952, l'Unesco publie une série de brochures consacrées au problème du racisme. Claude Lévi-Strauss écrit pour l'occasion Race et Histoire. Il critique la thèse de Joseph Arthur de Gobineau (1816-1882, auteur dont la récupération des thèses racialistes fera l'un des pères du racisme), selon laquelle il y aurait trois races: la noire, la blanche et la jaune. Selon Gobineau, ces races n'auraient pas les mêmes capacités et le métissage ne conduirait qu'à la dégénérescence.

[modifier] Contenu

Divisé en 10 chapitres, l'essai montre d'abord que le racisme n'est pas fondé scientifiquement : il est absurde de chercher à départager les civilisations selon la couleur de la peau des hommes qui la composent, car cela résulte de leur situation géographique. Selon Lévi-Strauss, il est préférable de les comparer à partir de leurs productions culturelles. Ainsi, le « péché originel » de l'anthropologie a consisté à confondre les races et les civilisations qu'elles ont produites. En fait, il y a peu de races, et elles sont toujours restées les mêmes au cours de l'histoire. Par contre, les cultures se comptent par milliers, et ont beaucoup évolué.

À partir de ce constat, l'auteur va expliquer pourquoi on ne peut pas comparer les différentes cultures, d'où l'impossibilité de les hiérarchiser. Certaines sont technologiquement plus avancées, mais le progrès n'est pas rectiligne : il existe une part de chance associée à l'inventivité. De plus, une civilisation bénéficie très souvent des progrès et des découvertes des civilisations précédentes : c'est l'histoire cumulative. Ce qui fait qu'une civilisation va déconsidérer les autres relève de ce que les anthropologues nomment « ethnocentrisme », c'est-à-dire la tendance à ne considérer toutes les cultures que par rapport à la sienne. C'est pour cela que plusieurs historiens occidentaux ont fait du « faux-évolutionnisme », comme chercher le Moyen Âge en Orient ou l'époque du Roi-Soleil en Chine. Pour juger correctement d'une culture, il faudrait pouvoir se situer dans son système de valeurs. Il est donc au final impossible de comparer les cultures, et il est alors injustifié de chercher à les hiérarchiser.

Lévi-Strauss enchaîne ensuite, à partir du septième chapitre, sur l'idée que la domination de l'Occident n'est que technologique, et que cela cause des risques de chocs culturels. En somme, il démonte donc la thèse du racisme et, plus encore, il dépasse largement le sujet qu'il s'était donné en proposant une réflexion sur les différentes cultures, le sens de l'histoire et la place de l'Occident dans le monde.

[modifier] Éditions

  • Claude Lévi-Strauss, Race et histoire, brochures éditées par l'Unesco, 1952 ; réédition en volume en 1961, puis (suivi de Jean Pouillon, « L'oeuvre de Claude Lévi-Strauss »), Paris, Denoël Gonthier, 1975 ; aujourd'hui réédité chez Gallimard, « Folio essais ».