Résistance éthiopienne

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La résistance éthiopienne correspond à l’ensemble des mouvements de résistance développés par les éthiopiens face à l’occupation mussolinienne du pays de 1936 à 1941. Cette occupation fait suite à l’invasion par les troupes fascistes de 1935 à 1936, en rupture avec les principes de la Société des Nations qui révèle alors son impuissance.

L’empereur Hailé Sélassié est alors partit en exil à Londres, suite à la prise d’Addis Abeba le 9 mai 1936, et lance un appel à la Société des Nations, où il affirme notamment que son pays ne reconnaîtrait jamais sa soumission. Refusant de signer l’armistice, il sauvegarde ainsi l’indépendance du pays et soutient l’esprit de contestation intérieur.

Tout comme l’invasion du pays, son occupation est l’œuvre de crimes de guerres par les troupes italiennes, notamment par l’utilisant d’armes chimiques qui accélère les mouvements de résistance. Le pays est libéré en 1941 par les Alliés soutenus par de nombreuses troupes éthiopiennes.

Sommaire

[modifier] Les premiers actes de résistance

La barbarie avec laquelle s’est effectuée la conquête italienne, ainsi que l’exil de l’empereur qui en refusant de signer l’armistice, maintient l’horizon de la libération du pays, donnent dès le début de l’occupation très peu de soutien parmi la population éthiopienne. Beaucoup sont ainsi déterminé à poursuivre la lutte[1]

La résistance est initialement l’œuvre de groupes indépendants et non-coordonnés.

Le premier acte de résistance est dirigé par Lej Hayla Maryam Mammo, de Debre Berhane, à 130 kilomètres au nord d’Addis Ababa, qui le 4 mai 1936 prend en embuscade des troupes se dirigeant vers la capitale. Son action lui vaut en Ethiopie le nom de "premier arbagna" (patriote), du Shoa[2].

En réponse, Graziani tente de mettre un terme à la contestation réaffirmant dès la mi-mai que l’Italie était déterminée à rester « maître » de l’Ethiopie « quel qu’en soit le prix ». Les résistant sont menacés de mesures d’”extrême sévérité” et ceux qui collaborent de la “plus grande des générosité”. Un télégramme de Mussolini daté du 5 juin, ordonne à en prendre acte en ordonnant de "fusiller tous les résistants fait prisonnier".

Les menaces entament peu les résistants qui profitent de la saison des pluies durant l’été 1936, pour accentuer les actions en tentant de reprendre la capitale Addis Abeba. Le 28 juillet, un des jeunes chefs du Shao Dajazmach Abarra Kasa, fils du Ras Kasa Haylu, lance l’assaut du nord-ouest, mais est repoussé par l’artillerie aérienne. Le 26 août, un ancien officier de Ménélik, Dajazmach Balcha, lance l’assaut du sud-ouest, mais est repoussé de la même manière. Après la saison des pluies, les italiens reprennent l’offensive et continuant de mener des campagnes de bombardement et de gazage de villages, dans le Shoa, le Lasta, Charchar, Yergalam, entre autres[3].

[modifier] L’attentat contre Graziani

Icône de détail Article détaillé : Massacre de Graziani.

L’un des actes resté le plus tragiquement célèbre de cette résistance est l’ouvre de deux jeunes érythréens, Abraha Daboch et Moges Asgadom. Le 19 février 1937, ils tentent d’assassiner Graziani.

Les fascistes réagissent violemment à la tentative d’assassinat de leur leader, menant une campagne de massacre qui dureront trois jours parmi la population civile d’Addis Abeba, durant laquelle entre le 19 et 21 février, des milliers d’innocents trouveront la mort.

[modifier] Le massacre de Debre-Libanos

Le 20 mai, Graziani ordonne l’éxécution des prêtres du monastère historique du Shoa de Debre Libanos. 297 prêtres sont fusillés, et 129 diacres, quelques jours plus tard, Graziani avertira Mussolini par télégraphe: "Du monastère, il ne reste plus une trace".

[modifier] Le prêtre Abuna Petros, symbole éthiopien de la résistance

Cf.Voir. Lien externe

[modifier] Le développement de la résistance

De nombreux survivants des journées de massacre fuient la capitale et rejoignent les insurgés. Encouragés par leur nombre, ils décident de porter l’offensive durant la saison des pluies de l’été 1937, dans le Lasta dirigé par Dajazmach Haylu Kabada, et dans le Godjam dirigé par Dajazmach Mangasha et Belay Zalaka. Tout comme lors de l’invasion du pays, Mussolini ordonne à nouveau à Graziani d "utiliser tous les moyens possibles, y compris les armes chimiques", cette fois pour écraser la résistance. Grazziani se révèle malgré tout incapable de mettre fin à l’insurrection dans le Shoa, et ouvre des négociations de paix avec le leader, Ras Ababa Aragay.

Les forces italiennes repartent à l’offensive après les pluies. Les insurgés ne perdent pas espoir : conscient des divergences politiques croissantes entre « totalitaires » et « démocrates », ils sont conscient que l’Europe finira par subir elle aussi les conséquences du fascisme, ce qui finira par l’ obliger à venir leur apporter son soutien : Graziani admet, le 9 novembre 1937, que les « rebelles » espéraient le déclenchement d’une guerre européenne.

Des tentatives de former une résistance organisée commencent à prendre forme. C’est le cas notamment des trois leaders principaux du Shoa: Lej Zawde Asfaw, Blatta Takala Walda Hawaryat,et Shalaqa Masfen Seleshi. Ils lancent un manifeste invitant les populations du Godjam à les rallier. Grazziani, s’en référant aux patriotes du Shoa, déclare nécessaire de: "les éliminer, les éliminer, les éliminer".

Les principaux mouvements de résistance se retrouvent dans le Shoa, le Begemder et le Godjam, mais en étant supportés par l’ensemble du pays. Parmi les plus ardents combattants on trouve des déserteurs érythréens de l’armée coloniale italienne. Un mouvement clandestin se créé à Addis Abeba et dans d’autres villes, leurs memebres sont désignés du nom de ‘’wust arbagna’’, (patriotes.de l’intérieur). Ils aident à fournir une assistance militaire, médicale ou des approvisionnements et des informations sur les mouvements de troupes italiennes, nécessaires au résistants combattants. De nombreuses femmes font alors parti de la résistance ; parmi les plus connues, la fille du Ras Kassa ou la renommée Shawaragga Gadle

L’impossibilité de mettre fin à la résistance cause la démission de [[Rodolfo Graziani|Graziani, le 26 décembre 1937, et son remplacement par le duc d’Aoste, membre de la famille royale italienne. Peu de temps après sa prise de fonction, le général Ugo Cavallero, admet que de "large parties" du Shoa et de l’Amhara sont entré en rébellion, et que des « poches de résistances persistent dans le sud-ouest, en ayant « le soutien complet » de la population qui était prête à les joindre. L’étendu de l’opposition à l’envahisseur est confirmé par Haile Selassie en exil, qui affirme que la résistance est « plus étendue » que jamais. Le petit fils de Ménélik II, Lej Yohannes Iyasu, entré en résistance, observe que l’envahisseur, malgré son contrôle sur les principales villes, est incapable de conquérir le pays.

En 1939, année du déclenchement de la guerre en Europe, la situation d’impasse dans laquelle se trouve l’Italie ne fait que s’accentuer. Les italiens échouent à mettre fin à la résistance, mais les éthiopiens sont eux aussi incapable de pénétrer les lignes ennemies. Le beau-fils de Mussolini, Galeazzo Ciano, note le 1 janvier 1940 que le Duce est "très mécontent", de l’ « insurrection totale » en Amhara, et que 65 bataillons italiens se retrouvaient forcés de vivre consigné dans des forts.

Le chef fasciste Arcanovaldo Bonacorsi rapporte en mai que l’empire se trouve partout dans "un état de rébellion latent”, qui peut avoir :

« son dénouement tragique lorsque la guerre éclatera avec nos ennemis. Si un détachement anglais ou français était amené à entré en un point, il n’aurait besoin que de peu ou d’aucune troupe puisqu’ils trouveraient alors un vaste nombre d’Abyssins prêt à les rejoindre et à faire battre en retraite nos forces. »
    — Arcanovaldo Bonacorsi, mai 1939

[modifier] Annexes

[modifier] Bibliographie

  • Berhanou Abebe, Histoire de l’Éthiopie d'Axoum à la révolution, Paris, Maisonneuve & Larose, coll. « Monde africain », 1998 (ISBN 2-7068-1340-7) ;
  • Paul B. Henze, Histoire de l'Éthiopie. L'œuvre du temps, Paris, Moulin du Pont, trad. de l'anglais par Robert Wiren, 2004 (ISBN 2-84586-537-6);
  • (en) Richard Pankhurst, The Ethiopians: A History (Peoples of Africa), Wiley-Blackwell; New Ed edition, 2001 (ISBN 0631224939);
  • (en) Richard Pankhurst, Historic images of Ethiopia, Shama books, Addis Abeba, 2005 (ISBN 9-9944-0015-0).

[modifier] Articles

  • (en) ‘’History of the Ethiopian Patriots (1936-1940), The Graziani Massacre and Consequences’’, Dr. Richard Pankhurst, Addis Tribune [lire en ligne]
  • (en) ‘May Chaw and Badoglio's Occupation of Addis Ababa’’, Dr. Richard Pankhurst, Addis Tribune [lire en ligne]


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