Première guerre du Congo

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Première Guerre du Congo

Camp de réfugiés rwandais à l'Est du Zaïre, 1994
Informations générales
Date de novembre 1996 au 17 mai 1997
Lieu Zaïre
Issue Chute de Mobutu Sese Seko, prise du pouvoir par Laurent-Désiré Kabila
Belligérants
AFDL
Ouganda
Rwanda
Burundi[1]
Angola[1]
Zaïre
UNITA[2]
Commandants
Laurent-Désiré Kabila Mobutu Sese Seko

La première guerre du Congo est un conflit intervenu de fin 1996 à 1997, au terme duquel le président zaïrois Mobutu Sese Seko fut chassé du pouvoir par des troupes rebelles soutenues par des États étrangers, essentiellement l'Ouganda et le Rwanda. Le chef rebelle Laurent-Désiré Kabila se proclama président et changea le nom du pays en République démocratique du Congo. La guerre posa les jalons de la Deuxième guerre du Congo qui s'ensuivit rapidement et se traduisit par le début des massacres pour la population.

Sommaire

[modifier] Origines

Mobutu dirigea le Zaïre à partir de 1965 avec l'aide des États-Unis, qui le considéraient comme un rempart contre les leaders communistes tels Patrice Lumumba, que Mobutu déposa en 1960 avec l'aide de la Belgique et de la CIA.

Au début des années 1990, une vague de démocratisation gagna l'Afrique. Il y avait d'importantes pressions internes et externes pour une telle démocratisation au Zaïre, et Mobutu promit des réformes. Il abolit officiellement le régime du parti unique en vigueur depuis 1967, mais se montra peu enclin à mettre en œuvre les réformes promises, s'aliénant nombre de ses alliés traditionnels, au Zaïre comme à l'extérieur.

Il y avait une longue tradition de révoltes contre le pouvoir de Mobutu. L'opposition était notamment le fait d'hommes de gauche, se revendiquant de l'héritage de Patrice Lumumba, et de personnalités issues de diverses minorités ethniques et régionales opposées à la mainmise de Kinshasa sur le reste du pays. Kabila était l'un d'eux. Il était aussi par ailleurs originaire du Katanga, province traditionnellement opposée au gouvernement de Mobutu.

Camp de réfugiés de Mihanda au Zaïre, 1996
Camp de réfugiés de Mihanda au Zaïre, 1996

Le génocide au Rwanda déclencha l'exode d'environ 2 millions de réfugiés rwandais, principalement Hutus, après que le Front Patriotique Rwandais se fut emparé du pouvoir en juillet 1994. Parmi les réfugiés se trouvaient des membres des milices Interahamwe ; groupes militaires qui prirent part au génocide. Ils installèrent des camps dans le Congo oriental, à partir desquels ils lancèrent des attaques contre les Tutsi rwandais et zaïrois, appelés Banyamulenges. Mobutu, dont le contrôle sur le pays commençait à faiblir, aida les extrémistes Hutu pour des raisons politiques, et ne fit rien pour enrayer la violence naissante.

[modifier] Déroulement de la guerre

DRC flag
Cet article fait partie de la série
Histoire de la RD Congo
Congo précolonial
(avant 1867)
Colonisation du Congo
(1867-1885)
État indépendant du Congo
(1885-1908)
Congo belge
(1908-1960)
1ère République
Indépendance (1960-1965)
2ème République
Zaïre (1965-1996)
Première guerre du Congo
(1996-1998)
Deuxième guerre du Congo
(1998-2003)
Gouvernement de transition
(2003-2006)
3ème République
(2006-)
Articles connexes :
Histoire militaire du Congo-Kinshasa
Divisions administratives de la RD Congo

En 1996, le vice-gouverneur de la province du Sud-Kivu ordonna aux Banyamulenge de quitter le Zaïre sous peine de mort. Ces derniers se rebellèrent et s'allièrent aux opposants à Mobutu pour former l'Alliance des Forces démocratiques pour la Libération du Zaïre (AFDL). L'AFDL bénéficia du soutien des chefs d'État de la région des Grands Lacs, en particulier de Paul Kagame, président du Rwanda, et de Yoweri Museveni, président de l'Ouganda. Devant l'inaction des alliés traditionnels de Mobutu, de nombreux membres de l'armée zaïroises rejoignirent les troupes de Laurent-Désiré Kabila au cours de leur marche des frontières orientales du pays vers Kinshasa, où ils entrèrent le 17 mai. La résistance s'effondra face à eux, et Mobutu quitta le pays pour le Maroc où il périt peu après. Kabila prit officiellement le pouvoir en le 20 mai 1997, et rebaptisa le Zaïre République démocratique du Congo.

Une fois Kabila installé au pouvoir, la situation changea dramatiquement. Kabila devint rapidement aussi suspect de corruption et d'autoritarisme que son prédécesseur. Nombre des forces pro-démocrates l'abandonnèrent et il s'attela à un vigoureux effort de centralisation, ce qui alimenta le conflit avec les minorités de l'Est, qui réclamaient davantage d'autonomie. En août 1998, tous les membres d'origine Tutsi se retirèrent du gouvernement lorsque Kabila demanda aux mercenaires rwandais et ougandais de rentrer chez eux. En effet, l'alliance de Kabila avec les rwandais pour un contrôle militaire et politique le faisait déjà appeler "marionnette de Kigali" par les forces pro-démocratiques congolaises. Ceci poussa Kabila à se retourner contre ses ex-alliés rwandais qui lui montraient déjà très peu d'allégeance sur son territoire, et qui tenaient à exploiter indéfiniment les ressources minérales du pays (spécialement de l'Est du Pays), tout en manifestant beaucoup de mépris pour les populations congolaises. C'est dans ce contexte qu'éclata la deuxième guerre du Congo.

[modifier] Principaux groupes armés

République démocratique du Congo

Burundi

  • Conseil national pour la défense de la démocratie-Forces pour la défense de la démocratie (CNDD-FDD) : groupe rebelle généralement connus sont l'appellation FDD.
  • Forces armées burundaises (FAB) : armée nationale brurundaise dominée par l'ethnie Tutsi, coopérant avec le RCD et le RDF.
  • Front de libération nationale (FLN ou FROLINA) : milice Hutue dirigée par Joseph Kalumba

Rwanda

  • Armée de libération du Rwanda (ALiR) : l'organisation Hutu qui succéda aux Interahamwe, basée au Kivu, avec un recrutement de Hutus congolais. Se fondit dans le FDLR en septembre 2000.
  • Interahamwe : organisation rwandaise Hutus anti-Tutsi responsable à l'origine du génocide rwandais, désormais établie dans le Congo oriental
  • Rassemblement démocratique pour le Rwanda : l'organisation Hutu qui succéda aux Interhamwe au Congo, qui deviendra l'ALiR, puis les FDLR
  • Armée patriotique rwandaise (APR) : armée nationale rwandaise. Changea de nom en Forces rwandaises de défense (FRD) en juin 2002
  • Front patriotique rwandais (FPR) : branche politique des exilés Tutsi et des Hutu modérés basé en Ouganda, et dirigé par Paul Kagame, qui évinça les génocidaires en 1994. Devenu le parti au pouvoir actuellement au Rwanda.

Ouganda

  • Allied Democratic Forces (ADF) : groupe rebelle actif dans l'ouest de l'Ouganda, avec des bases arrières en République démocratique du Congo. Peu actif en 2004.
  • National Army for the Liberation of Uganda (NALU): groupe rebelle basé près de la frontière avec la République démocratique du Congo, issu de l'ADF en 1996
  • Uganda Peoples Defense Force (UPDF) : armée nationale de l'Ouganda

[modifier] Sources

  1. ab "Passive Protest Stops Zaire's Capital Cold" par Lynne Duke, Washington Post Foreign Service, mardi 15 avril 1997; Page A14 ("Kabila's forces -- which are indeed backed by Rwanda, Angola, Uganda and Burundi, diplomats say -- are slowly advancing toward the capital from the eastern half of the country, where they have captured all the regions that produce Zaire's diamonds, gold, copper and cobalt.")
  2. "Congo Begins Process of Rebuilding Nation" par Lynne Duke, Washington Post Foreign Service, mardi 20 mai 1997; Page A10 ("Guerrillas of Angola's former rebel movement UNITA, long supported by Mobutu in an unsuccessful war against Angola's government, also fought for Mobutu against Kabila's forces.")

[modifier] Voir aussi