Hutu

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Les Hutu constituent le groupe majoritaire au Rwanda et au Burundi, 80% de la population environ. Ils sont cultivateurs. C'est en fait une composante socioprofessionnelle traditionnelle de la société, à laquelle des structures politiques étaient attachées.

Il semblerait que les Tutsis étaient à l'origine un peuple nilotique et les hutus un peuple bantou (Il convient de noter que ceci est une théorie raciste et sans fondement connue sous le nom d'hypothèse hamitique). Mais comme il a été précisé précedemment, la distinction ne peut plus être faites depuis au moins 217 ans et la différenciation est avant tout sociale depuis.

Selon l'analyse des premiers colons arrivés au Rwanda et au Burundi, allemands puis belges, les populations du Rwanda et du Burundi étaient divisées en trois groupes « ethniques » : les Hutu, les Tutsi et les Twa. Cette analyse ne repose pas sur les critères qui caractérisent normalement des ethnies : tous les Rwandais et Burundais parlent la même langue (avec de légères variantes nationales : le Kinyarwanda et le Kirundi) et partagent la même culture. De plus ils vivent mélangés, acceptent dans beaucoup de familles les mariages entre groupes et ont les mêmes croyances, ancestrales ou issues de la colonisation. Enfin, avant la colonisation, il était possible de passer d'un groupe à l'autre.

[modifier] Au Burundi

Situé en Afrique des Grands Lacs, d’une superficie de 27.834 km² avec 9,09 millions d’habitants (estimation de 2006, World Fact Book), le Burundi a connu depuis son indépendance, une histoire marquée par des conflits meurtriers. Les années 1965, 1972, 1988, 1991 et 1993 ont été marquées par des affrontements et des massacres à caractère ethnique opposant les Hutus aux Tutsis, les deux grandes composantes ethniques du Burundi.

Placé sous le protectorat allemand en 1884 après quatre siècles de paisible régime royal fondé au XVe siècle, le pays passe sous mandat de la SDN en 1919 et sous tutelle de l’ONU en 1946 avec comme mandataire et tuteur le Royaume de Belgique.

Après son indépendance acquise le 1er juillet 1962, le Burundi resta sous un régime monarchique jusqu’au renversement du roi Ntare V le 28 novembre 1966 par le capitaine Michel Micombero, marquant ainsi l’avènement de la République du Burundi. Le régime se caractérise par l’instabilité politique, sur fonds d’exclusion politique et de régionalisme, matérialisée par les rumeurs de coup d’Etat de 1969 et de 1971. La répression aveugle à l’attaque d’une rébellion hutue en avril 1972 emporta la majeure partie de l’élite hutue. On estime qu’il y a eu 100.000 morts et 300.000 réfugiés. Le régime ne s’en relèvera pas, et le Lieutenant Général Michel Micombero sera remplacé par le Colonel Jean Baptiste Bagaza. Après cinq ans de relative bonne gouvernance, le Président Bagaza renoue avec l’exclusion, le régionalisme et le clanisme, sans oublier la dictature qui a fini par le dresser contre l’Eglise catholique. Cette politique finit par isoler le pouvoir et le 3 septembre 1987, le Major Pierre Buyoya dépose le Colonel Bagaza à la satisfaction de la population, de l’Eglise catholique et de la Communauté internationale.

Les événements sanglants survenus au Nord du pays en 1988 amènent le président Buyoya (Tutsi) à ouvrir un Gouvernement d’union nationale dirigé par un premier ministre hutu. Son gouvernement entreprend en même temps une large campagne de sensibilisation de la population qui aboutit le 5 février 1992 à un référendum sur l’unité des Barundi (se dit du peuple burundais, toutes ethnies confondues).

Le Major Buyoya est aussi le président qui a lancé le pays sur la voie de la démocratie en organisant les élections pluralistes qui ont porté au fauteuil présidentiel son principal opposant, le président Melchior Ndadaye, le 1 juin 1993. L’assassinat du président démocratiquement élu, Melchior Ndadaye, dans une tentative de coup d’Etat de l’armée à prédominance tutsie, le 21 octobre 1993, plongea le pays dans une crise sans précédent qui a causé plus de 300.000 morts. Les Hutus, voulant venger la mort du président hutu démocratiquement élu, se sont attaqués à leurs voisins tutsis. L’armée voulant protéger ces derniers s’en est pris aux Hutus.


Le successeur de Ndadaye, le président Cyprien Ntaryamira, mourut le 6 avril 1994 dans un accident d’avion qui coûta également la vie au président rwandais, Juvénal Habyarimana. Après de longues négociations politiques menées dans une période très tourmentée, le président Sylvestre Ntibantunganya accède au pouvoir en octobre 1994 et sera évincé par le Major Buyoya qui reprit le pouvoir en juillet 1996. Avec l’appui de la communauté internationale, l’Union africaine et la Sous-Région, le gouvernement mis en place par Buyoya, de retour au pouvoir, va s’atteler à asseoir le processus de paix tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays aboutissant ainsi le 28 août 2000 à la signature de l’Accord d’Arusha pour la paix et la Réconciliation sous la médiation de l'ancien président d'Afrique du Sud, Nelson Mandela. A partir de novembre 2001, le Burundi entre dans une période de transition de 36 mois dans le cadre de la mise en oeuvre des accords de paix signés à Arusha. Un gouvernement de transition, un parlement et un sénat élargis à tous les acteurs politiques burundais, y compris les représentants des factions armées sont mis en place. La première tranche de transition de 18 mois est pilotée par le président Buyoya jusqu’au 30 avril 2003, date à laquelle il passe le témoin au président Domitien Ndayizeye.

En novembre 2003, le gouvernement de transition réussit à signer les accords de cessez-le-feu avec le CNDD-FDD, un des plus importants mouvements armés qui avaient refusé de participer au gouvernement. L’entrée de ce mouvement dans les institutions de transition dont le gouvernement et le haut commandement militaire a laissé une ouverture à une paix durable.

L’appui de la communauté internationale à cette chance de paix a conduit le peuple burundais en l’espace de moins d’une année à effectuer quatre scrutins (un référendum constitutionnel ; des élections communale, parlementaire et sénatoriale ; et un scrutin présidentiel) sous l’observation des Nations Unies qui, depuis le 1er juin 2004, avaient déployé une force de maintien de la paix au Burundi. Entre temps, le président Ndayizeye voit son mandat prolongé jusqu’au 26 août 2005, jour de l’investiture du nouveau président, Pierre Nkurunziza du CNDD-FDD, l’ancien mouvement rebelle devenu parti politique. Arrivant ainsi au pouvoir après une décennie d’intenses combats qui ont mis à mal les indicateurs de développement du Burundi, le pouvoir actuel se voit confronté à de nombreux défis dont : celui de négocier un cessez-le-feu permanent avec le PALIPEHUTU-FNL, un autre grand mouvement armé qui jusqu’à très récemment combattait encore le pouvoir de Bujumbura ; réformer les corps de défense et de sécurité ; démobiliser, réinsérer et réintégrer les anciens combattants ; garantir les droits de l’Homme ; et améliorer les conditions de vie d’une grande partie de la population qui a sombré dans la misère chronique depuis l’éclatement de la crise en octobre 1993.

Les efforts soutenus du gouvernement de Pierre Nkurunziza dans le cadre de ses négociations avec le PALIPEHUTU-FNL aboutissent le 7 septembre 2006, grâce à la Facilitation sud-africaine et l’appui de la communauté internationale, à la signature d’un cessez-le-feu global à Dar es Salaam en Tanzanie.

Après deux ans et demi de présence dans le pays, le mandat de l’Opération des Nations Unies au Burundi (ONUB) est arrivé à terme le 31 décembre 2006. Conscient des défis auxquels le nouveau gouvernement doit faire face, le Conseil de sécurité des Nations Unies, en sa Résolution 1719, décide d’établir un Bureau intégré des Nations Unies au Burundi (BINUB) pour succéder à l’ONUB afin de continuer à appuyer les nouvelles autorités en vue d’une consolidation définitive de la paix dans ce pays. Entre temps, la création par le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale de la Commission de consolidation de la paix en décembre 2005 vient à point nommer lorsque celle-ci choisit la Sierra Leone et le Burundi pour en être ses premiers bénéficiaires. La Commission qui rassemble un large éventail de compétences et d'expériences en matière de prévention des conflits, médiation, maintien de la paix, respect des droits de l'Homme, état de droit, assistance humanitaire, reconstruction et développement à long terme, entend mettre tout ce capital au service du Burundi pour l’aider à sortir définitivement de ses 13 années de conflit.

[modifier] Au Rwanda

En 1960, les Hutu se sont emparé du pouvoir, avec l'aide du colonisateur belge longtemps allié aux Tutsi. Victimes des courants idélogiques du début du XXe siècle, qui ont aussi engendré la nazisme en Europe, les colonisateurs étaient convaincus de la supériorité des Tutsi, en qui ils voyaient des « nègres blancs », et renforcèrent leur monarchie au point de la rendre monolithique au Rwanda. Quand les Tutsi commencèrent à revendiquer l'indépendance, les colonisateurs belges renversèrent au nom de la démocratie leur alliance au profit des Hutu, déviant contre les Tutsi les revendications d'indépendance. Les Hutus au pouvoir, avec Grégoire Kayibanda comme président, organisèrent des exactions (massacres, destructions de biens, etc) contre les Tutsis dont plusieurs milliers prirent le chemin de l'exil vers les pays voisins. Ce sont les descendants de ces derniers qui ont chassé le régime génocidaire de Juvénal Habyarimana, responsable de plus d'un million de victimes, essentiellement Tutsi, mais aussi des Hutu démocrates opposés à la dictature.

Depuis l'accession au pouvoir du Front patriotique rwandais (FPR) à l'issue du génocide en 1994, le pouvoir rwandais s'est attaché à détruire les fondements de cet ethnisme dans la société rwandaise. La constitution adoptée par référendum en 2003 a très clairement confirmé par la loi cet engagement. Mais au plan politique les forces de l'ancienne majorité et celles de l'opposition actuelle contestent cette volonté politique qu'ils considèrent comme une façade qui cacherait la volonté de domination d'un groupe minoritaire.

[modifier] Voir aussi