Ordnungspolizei

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Drapeau de l'Ordnungspolizei.
Drapeau de l'Ordnungspolizei.

L’Ordnungspolizei (OrPo) était la police régulière allemande du Troisième Reich de 1936 à 1945. Ses membres portant un uniforme vert, elle est aussi connue sous le nom de Grüne Polizei (police verte)

Sommaire

[modifier] Historique

L’Ordnungspolizei correspond aux unités de police en uniforme créées par un acte du Ministre de l’intérieur, Wilhelm Frick, à l’été 1936. Cette décision place toutes les unités de la police régulière allemande sous l’autorité de la SS, qui incorpore de ce fait tous les organismes de maintien de l’ordre, aux niveaux local, régional et national. Les forces de police sont réparties entre l’Ordnungspolizei (Orpo police régulière) et la Sicherheitspolizei (Sipo ou police de sécurité). L’Orpo assure les missions de maintien de l’ordre de la police régulière en uniforme alors que la Sipo regroupe la Gestapo, police secrète d’Etat et la Kripo, police criminelle d’investigation. La Gestapo est composée d’enquêteurs professionnels qui s’occupent des tâches relevant de la police politique ; la Kripo, quant à elle, poursuit une mission classique de lutte contre la criminalité. En septembre 1936, la Sipo est regroupée avec le service de renseignement et de sécurité de la SS, le Sicherheitsdienst, pour former le Reichssicherheitshauptamt ou RSHA, sous la direction de Reinhard Heydrich. Le RSHA symbolise l’interconnexion entre la SS, organisation du parti nazi, et les forces de polices, relevant des compétences de l’Etat.

[modifier] Organisation

Kurt Daluege
Kurt Daluege

L’Orpo est placée sous le commandement de Kurt Daluege, nazi des premiers jours, SS Oberstgruppenführer, qui relève directement de l’autorité de Heinrich Himmler, non seulement Reichsführer SS mais aussi Chef des Deutschen Polizei.

En 1941, l’Orpo est répartie entre différents services couvrant tous les aspects du maintien de l’ordre en Allemagne.

[modifier] Direction centrale

L’ Hauptamt Ordungspolizei est le bureau de commandement central de l’Ordungspolizei. Il est placé sur le même plan hiérarchique que les autres quartiers généraux de la SS.

[modifier] Maintien de l’ordre

La Schutzpolizei (police de protection) est la police municipale chargée du maintien de l’ordre .Elle est comprend deux sections:

  • la Schutzpolizei des Reiches s’occupe des villes principales et assure le service dans les commissariats (revierdienst) ; elle dispose également d’unités cantonnées dans des casernes pour les interventions de maintien de l’ordre en cas d’émeutes ou de manifestations (Kasernierte Polizei) .
  • la Schutzpolizei der Gemeinden , qui est responsable du maintien de l’ordre dans les villes de petite taille.

[modifier] Gendarmerie

La Gendarmerie ou police rurale est chargée du maintien de l’ordre dans les villages, les districts ruraux et les zones montagneuse. Ses membres sont surtout utilisés dans la lutte contre le braconnage et comme troupes de montagne pour la défense intérieure.

Avec le développement du réseau d’autoroutes en Allemagne, des compagnies motorisées de gendarmerie sont créées en 1937 afin d’assurer la sécurité du trafic.

[modifier] Administration et police administrative

La Verwaltungspolizei est la branche administrative de l’Orpo et dispose d’une autorité générale sur tous les bureaux de police de l’Orpo. La Verwaltungspolizei est également en charge de la centralisation des archives. Elle contrôle diverses polices administratives spécialisée comme la Gesundheitspolizei (police de la santé), la Gewerbepolizei (police du commerce), et la Baupolizei (police de la construction). Dans la plupart des villes, Verwaltungspolizei, Schutzpolizei et Kriminalpolizei sont regroupées au sein de "Polizeiprasidium" ou "Polizeidirektion" qui dirigent l’ensemble des forces de police de leur district.

[modifier] Police de la route

La Verkehrspolizei est chargée de la police de la route, à l’exception des autoroutes dont la sécurité relève des compagnies motorisées de gendarmerie. Elle assure également l’escorte des dirigeants nazis parcourant de longues distances par la route.

[modifier] Police fluviale et maritime

La Wasserschutzpolizei est la garde côtière du troisième Reich. Elle est responsable de la sécurité des rivières et des fleuves, des ports et des voies d’eau intérieures. C’est de son autorité que relève les SS-Hafensicherungstruppen, unités de l’Allgemeine SS assignées à la sécurité des ports.

[modifier] Police ferroviaire

La Bahnschutzpolizei est compose d’officiers de police à temps partiel qui sont également employés par la Reichsbahn. Elle est chargée de maintenir la sûreté et la sécurité du réseau ferroviaire mais aussi de lutter contre l’espionnage et le sabotage dans ce secteur.

[modifier] Police postale

La Postschutz ( police postale) composée de plus ou moins 4 500 hommes est responsable de la sécurité des bureaux de poste mais aussi de celle d’autres moyens de communication comme les lignes téléphoniques et télégraphiques.

[modifier] Lutte contre les incendies

En 1938, toutes les brigades locales de pompiers sont absorbées par l’Ordnungspolizei. La Feuerschutzpolizei (Police de protection contre les incendies) reprend en un seul corps toutes les brigades de pompiers professionnels, avec une structure de commandement au niveau national. L’Orpo Hauptamt dispose quant à lui de l’autorité sur lesFreiwillige Feuerwehren, les brigades de pompiers composées de civils volontaires et non professionnels.

Pour lutter contre les incendies déclenchés par les bombardements alliés, la Feuerschutzpolizei et les Freiwillige Feuerwehren compteront jusqu’à deux millions de membres. Quasi quotidiens, ces bombardements stratégiques font des dizaines de milliers de victimes comme à Hambourg, fin juillet et début août 1943, ou à Dresde en février 1945.

[modifier] Défense passive

Le Sicherheits und Hilfsdienst (SHD), ou service de sécurité et d’assistance est créé en 1935 comme police de protection aérienne. Il s’agit de la protection civile en charge de la défense contre les raids aériens et des secours aux victimes des bombardements, en collaboration avec le Technische Nothilfe et la Feuerschutzpolizei. En avril 1942, le SHD est rebaptisé Luftschutzpolizei (police de défense aérienne)). Le réseau d’alerte en cas de raid aérien (Lutschutzdienst) est épaulé par le Reichsluftschutzbund ou RLB, une organisation contrôlée depuis 1935 par le Ministère de l’Air d’Hermann Göring.

[modifier] Service technique d’urgence

Connu sous le nom TeNo, le Technische Nothilfe ( service technique d’urgence) regroupe des ingénieurs, des techniciens et des spécialistes de la construction. Le TeNo avait été créé en 1919 pour maintenir en fonctionnement les services publics et les industries essentielles durant les grandes vagues de grèves. A partir des années 1930, il est renforcé afin de pouvoir faire face aux catastrophes naturelles, comme les inondations. En 1937, le Teno devient un service technique auxiliaire de la police et il est intégré à l’Orpo Hauptamt. Vers 1943, il compte 100 000 membres.

[modifier] Police des ondes

La Funkschutz (garde de la radio) comporte du personnel de sécurité de la SS et de l’Orpo, qui doit assurer la protection des stations de radio allemandes contre des attaques ou des tentatives de sabotage. La Funkschutz est aussi le premier organisme d’enquête pour poursuivre les écoutes illégales de radios étrangères.

[modifier] Protection des usines

La Werkschutzpolizei (police de protection des usines) regroupe les gardes de sécurité et les gardiens de nuit des entreprises du Troisième Reich. Il s’agit d’employés civils placés sous l’autorité du bureau central de l’Orpo. Ses membres sont généralement vêtus d’uniformes paramilitaires, provenant des surplus de l’Allgemeine SS, des vestes grises ou noires arborant un insigne de l’Orpo.

[modifier] Les bataillons de police

De 1939 à 1945, l’Ordnungspolizei dispose également d’unités militaires, indépendantes des structures policières à l’intérieur du Reich. Les premières de ces unités sont les bataillons de police, destinés au maintien de l’ordre dans les territoires occupés et à la lutte contre les partisans. Ils sont placés sous les ordres des Höheren SS und Polizeiführer et assurent notamment le maintien de l’ordre en patrouillant dans les ghettos juifs de Pologne. Les bataillons de police fournissent également une grande parte du personnel des Einsatzgruppen, en fonction des besoins. En 1942, la majorité de ces bataillons forment 28 régiments de police dont beaucoup combattent sur le front de l’Est lors de la retraite de l’armée allemande.

[modifier] L'ORPO en France

Sous les ordres de Karl Oberg, elle comportait six bataillons d'environ 450 hommes, et elle était commandée par le SS- Standartenführer von Schweininchen (remplacé en 1944 par le général Scheer). En 1942 elle totalisait environ 2400 hommes[1].

L'état-major était logé au 44 et 49 rue de la Faisanderie ; le bataillon de Paris était caserné dans le lycée Claude Bernard dans le 16e arrondissement, et ses véhicules (des camions et des blindés légers) étaient parqués sur le parc des Princes.

En province des bataillons étaient casernés dans les villes les plus importantes. A Bordeaux le KDO (Kommando der ORPO) était logé au 358 Avenue du Maréchal Pétain, Le Bouscat[2]. Dans les livres portant sur l'Occupation, l'ORPO est peu citée, car elle n'a pas opéré les rafles de juifs comme dans les autres pays d'Europe du fait de l'accord proposé par Laval et négocié par René Bousquet, qui a fait que c'est la police française qui a opéré ces rafles. Elle effectuait les exécutions d'otages. Elle est intervenue pour la destruction du quartier du vieux port de Marseille en janvier 1943, sans être très visible puisque les bataillons envoyés sont restés dans la gare, la police française opérant l'expulsion des habitants. Elle est intervenue dans la lutte contre la Résistance dans le Sud-Ouest.

[modifier] La 4e division SS Polizei

La première unité militaire de l’Ordnungspolizei est la 4e division de panzergrenadiers de la Waffen SS, la division SS Polizei. Essentiellement utilisée comme unité d’arrière-garde ou de réserve, elle est considérée comme une unité sous-entraînée et manquant de réelles compétences de combat et tactiques. Elle regroupe 4 régiments de police et elle est surtout utilisée pour permettre la rotation des membres de l’Ordnungspolizei entre fonctions de police et opérations militaires, tout en évitant que les agents de l’Orpo ne soient durablement affectés au sein de la Wehrmacht ou des autres divisions de la Waffen-SS.

En Grèce, elle est notamment responsable des l'assassinat de 223 civils à Klissura et de 300 à Bistromo, entre les mois d'avril à juin 1944[3].

A la fin de la guerre, de nombreux régiments de police de l’Orpo sont transférés à la Waffen-SS, pour former la 35e division SS de grenadiers de police.

[modifier] Orpo et SS

L’Ordnungspolizei ne fait pas à proprement parler partie de la SS et elle maintient son propre système d’insignes et de grades. Tout policier peut cependant aussi être membre de la SS. Les officiers supérieurs de police également membres de la SS sont, durant la guerre, systématiquement désignés par leurs deux grades : par exemple,un Generalleutnant de police également membre de la SS sera mentionné en tant que SS Gruppenführer und Generalleutnant der Polizei.De plus, les officiers supérieurs de l’Orpo qui accomplissent les tâches de Höheren SS und Polizeiführer obtiennent un rang équivalent dans la Waffen-SS à partir d’août 1944 quand Heinrich Himmler est nommé Chef der Ersatzheeres (Chef de l’armée de l’intérieur), parce qu’ils ont autorité sur les camps de prisonniers situés dans leur territoire.

L’objectif final d’Heinrich Himmler était de dissoudre l’Or pour la remplacer par un corps de protection de l’Etat, le Staatsschutzkorps, uniquement constitués d’unités de la SS. Pour Himmler, la maintien de l’ordre au niveau local devait à l’avenir être assuré par des unités de l’Allgemeine-SS, la Waffen SS s’occupant de la sécurité du territoire et de la police politique. Connus des principaux officiers de l’Orpo, ces plans suscitèrent une forte opposition.

[modifier] L'héritage de l'Orpo

A la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Ordnungspolizei cesse d’exister, mais nombre de ses membres poursuivent leur tâches normalement, assurant notamment les services de police pour les troupes d’occupation alliées. Les traditions de l’Orpo se sont perpétuées en Allemagne de l’Est, qui avait conservé une force de police de l’état, la Volkspolizei , dont la structure était calquée sur celle de l’Orpo. En Allemagne de l’Ouest, la police a été décentralisée dans chaque état fédéral ou Bundesländer, qui dispose de leurs propres forces de police, la Landespolizei, structure qui est toujours d’actualité dans l’Allemagne réunifiée. Dans de nombreuses Landespolizei, les règlements, les procédures, et même certains uniformes et insignes trouvent leur origine dans l’Ordnungspolizei et même dans la police de la République de Weimar.

[modifier] Notes et références

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « OrdnungsPolizei ».
  1. Henri Landemer, Les loups sont entrés dans Paris, Historia, Hors série N°26 : La Gestapo en France, 1972.
  2. Archive de la Gironde Rapport du capitaine de gendarmerie sur le bombardement du 5 janvier 1944.
  3. Guido Knopp, Les SS, Un avertissement de l'histoire, Paris, Presses de la Cité, 2006, p.301.