Mathurin Régnier

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Mathurin Régnier (né le 21 décembre 1573 à Chartres, mort le 22 octobre 1613 à Rouen) est un poète satirique français.

Sommaire

[modifier] Sa vie

Mathurin Régnier, l’un des écrivains les plus originaux du XVIe siècle, naquit à Chartres, le 21 décembre 1573, l’année qui suivit la Saint-Barthélemy. Son père, Jacques Régnier, notable bourgeois de Chartres, avait créé sur la place des Halles, un jeu de paume, qui resta longtemps célèbre et fut connu, tant qu’il exista son le nom de tripot Régnier. Sa mère, Simone Desportes, était la sœur de l’abbé Desportes, poète connu à l’époque, très bien en cours et pourvu de gros bénéfices.

Son père qui le destinait à la succession de son oncle le fit tonsurer à l’âge de sept ans, dans le but de lui assurer la protection de son oncle et de celle de Nicolas de Thou, évêque de Chartres. Mais le jeune Mathurin, n’ayant aucun goût pour l’état ecclésiastique, sa conduite désordonnée compromit sa réputation et une partie des bénéfices qu’il était appelé à recueillir dans la succession de son oncle l’abbé Desportes.

Il entendait très souvent lire les poésies de son oncle, plus respecté à Chartres que tout autre poète, et commença de l’imiter par de petits poèmes satiriques sur les honnêtes bourgeois qui fréquentaient le tripot de son père. Il monta ensuite à Paris auprès de son oncle. À vingt ans, il s’attacha au service du cardinal de Joyeuse, et fit à sa suite en 1595, un premier voyage à Rome. Il commence à écrire ses Satires. En 1601, il fit un second voyage à Rome, dans la suite de Philippe de Béthune nommé ambassadeur par Henri IV et y resta jusqu’en 1605. Il y écrivit sa sixième Satire, mais ne tira guère avantage de ce voyage et revient triste et dégoûté de tout.

De retour à Paris, il rencontre les poètes célèbres de l’époque. Nourri des auteurs anciens, et en particulier d’Horace, Régnier, doué d’un rare bon sens et d’une riche imagination, « donne au langage français une précision, une énergie et une richesse nouvelle pour l’époque ». On peut retenir parmi les jugements sur ce poète, celui de Madeleine de Scudéry, dans la Clélie : « …Regarde lui dit-elle, cet homme négligemment habillé et assez mal-propre ; il se nommera Régnier, sera neveu de Desportes et méritera beaucoup de gloire. Il sera le premier qui fera des satires en françois ; et, quoiqu’il ait regardé quelques originaux fameux parmi ceux qui l’auront précédé, il sera pourtant un original en son temps. Ce qu’il fera bien sera excellent, et ce qui sera moindre, sera toujours quelque chose de piquant. Il peindra les vices avec naïveté et les vicieux fort plaisamment. Enfin, il se fera un chemin particulier parmi les poètes de son siècle, où ceux qui voudront le suivre s’égareront bien souvent. »

L’épitaphe si connue qu’il s’est composé lui-même, est la fidèle expression de son caractère :

J’ai vescu sans nul pensement,
Me laissant aller doucement
A la bonne loy naturelle,
Et si m’estonne fort pourquoi
La mort osa songer à moi
Qui ne songeay jamais à elle.

Sa vie de débauche et de bohème l’empêcha d’accéder à la célébrité qu’il méritait. Il meurt, poursuivi par la maladie et le chagrin, dans une « hostellerie » de la ville de Rouen, à l’âge de 40 ans.

[modifier] Citations

« Qui ose a peu souvent la fortune contraire. » Satire III
« Avecque la science, il faut un bon esprit. » Satire III
« Ce qui plait à l’homme sain, offense un chassieux. » Satire VI
« Selon le vent qu’il fait, l’homme doit naviguer. » Satire VII
« Qui gai fait une erreur, la boit à repentance. » Satire XII
« Quand on se brusle au feu que soy-mesme on attise. Ce n’est point accident, mais c’est une sottise. » Satire XIV
« C'est alors que la verve insolemment m'outrage.  » Satire XV

[modifier] Œuvres

  • Satires N° I à XVI ;
  • Épitres ;
  • Élégies ;
  • Poésies diverses ;
  • Poésies spirituelles ;
  • Poésies attribuées à Régnier.

[modifier] Postérité

Actuellement, dans sa ville natale Chartres, il y a une rue à son nom (près de la place des Halles), une stèle sur la place des Halles (la place de l'hôtel de Ville), et un collège à son nom (près de La Madelaine). En outre, une rue de Paris porte son nom, dans le 15e arrondissement, entre la rue de Vaugirard et la rue Dutot.

[modifier] Bibliographie

  • Œuvres complètes de Mathurin Régnier, avec des notes littéraires de Prosper Poitevin. Éditions Garnier, Paris 1860.
  • Œuvres complètes de Mathurin Régnier accompagnées d’une notice biographique et bibliographique, de variantes, de notes, d’un glossaire et d’un index, par E. Courbet. Paris : A. Lemerre, 1875