Les Amours d'Astrée et de Céladon

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Les Amours d'Astrée et de Céladon est un film franco-italo-espagnol réalisé par Éric Rohmer et sorti le 5 septembre 2007. Le scénario est une adaptation d'une partie de L'Astrée écrite par Honoré d'Urfé au XVIIe siècle.

Sommaire

[modifier] Synopsis

Ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue.

Céladon est le fils d'une famille de petite noblesse d'une communauté gauloise du Ve siècle vivant à l'écart de la civilisation romaine. Il aime une bergère nommée Astrée et vit tel un berger pour être auprès d'elle. Les amants sont contraints de passer de multiples épreuves avant de pouvoir goûter en toute quiétude à leurs amours.

Le conte de fées pastoral d’Urfé revu par un conteur moderne et romantique, Rohmer, dans un contexte contemporain du roman, le XVIIe siècle.

[modifier] Commentaire

À l’opposé des productions à grand spectacle, numérisées ou avec une pléthore de stars à l’affiche, réalisées par les plus célèbres cinéastes actuels, l’un d’entre eux, Éric Rohmer, 87 ans, s’octroie le privilège de filmer, fidèle à sa technique minimaliste, une adaptation de L'Astrée : un véritable ovni dans le cinéma d’aujourd’hui. Comme toujours, filmée sans réflecteur, sans stars (les acteurs les plus connus sont Jocelyn Quivrin, Cécile Cassel et deux fidèles actrices rohmériennes, Rosette ainsi que Marie Rivière que l’on aperçoit un instant au début du film), l’histoire nous est contée (ou plutôt commentée) à l’ancienne par Alain Libolt en voix off. À l’arrivée, cela donne une image peu contrastée, on pourrait dire ultra pastel et, avec les costumes masculins (d’inspiration moyenâgeuse) et féminins (on pense aux robes des dames peintes sur les murs de l’antique Pompéi), on a parfois l’impression d’assister à quelques scènes échappées des chefs-d'œuvre de la peinture des XVIIe et XVIIIe siècles, de Poussin à Fragonard. Tout est décalé : scènes bucoliques idéalisées, Astrée (Stéphanie de Crayencourt), toute vêtue en camaïeu et propre sur elle, avec son bâton enrubanné de bergère, Céladon (Andy Gillet) déguisé en fille (ce qui prête un peu à sourire, l’acteur est trop grand et carré d’épaule, il n’y a vraiment qu’Astrée qui puisse se méprendre), femmes alanguies aux chemises chiffonnées ou encore sein dénudé d’Astrée endormie (les vues coquines du XVIIe). Toutes ces images ressurgissent de notre mémoire collective culturelle très française, voire gauloise : sous le grand chêne, cérémonies des druides et de leurs ouailles bardés de branches de gui, évocations et fusions entre dieux romains et magiciens… Ces visions peuvent autant déconcerter (et irriter) que séduire (et enchanter) mais ne laisseront pas le spectateur indifférent. Les Amours d’Astrée et de Céladon ou l’amour immuable de Rohmer pour un cinéma littéraire, artistique et raffiné (quelques-uns diront « maniéré ») : un cinéma brut et écolo, sans truquage, sans stars, mais toujours créatif…

[modifier] Fiche technique

  • Titre : Les Amours d'Astrée et de Céladon
  • Titre italien : Gli amori di Astrea e Celadon
  • Titre espagnol : El romance de Astrea y Celadón
  • Titre anglais : The Romance of Astrea and Celadon
  • Réalisation : Éric Rohmer
  • Scénario : Éric Rohmer d’après le roman-fleuve L'Astrée d’Honoré d’Urfé (XVIIe siècle)
  • Musique : Jean-Louis Valéro
  • Directeur de la photographie : Diane Baratier
  • Cadreur : David Grinberg,
  • Ingénieur du son : Pascal Ribier
  • Assistante-réalisateur : Françoise Etchegaray
  • Chorégraphie : Les Brayauds
  • Costumiers : Pierre-Jean Larroque, Pu-Laï
  • Scripte : Bethsabée Dreyfus
  • Monteuse : Mary Stephen
  • Pays d’origine : France France, Italie Italie, Espagne Espagne
  • Langue de tournage : Français
  • Directeur de production : Christian Paumier
  • Producteurs délégués : Jean-Michel Rey, Philippe Liégeois, Françoise Etchegaray

[modifier] Distribution

  • Serge Renko : Adamas
  • Arthur Dupont : Semyre
  • Priscilla Galland : Amynthe
  • Marie Rivière : la mère de Céladon
  • Olivier Blond : un berger
  • Alexandre Everest : un berger
  • Fanny Vambacas : une bergère
  • Caroline Biotière

[modifier] Autour du film

  • Polémique au sujet de l'avertissement précédant le film :
    « Malheureusement, nous n'avons pas pu situer cette histoire dans la région où l'avait placé l'auteur, la plaine du Forez étant maintenant défigurée par l'urbanisation, l'élargissement des routes, le rétrécissement des rivières, la plantation de résineux. Nous avons dû choisir ailleurs en France, comme cadre de cette histoire, des paysages ayant conservé l'essentiel de leur poésie sauvage et de leur charme bucolique. »
    • Le conseil général de la Loire attaque le cinéaste Éric Rohmer[1] : Le Conseil général du département de la Loire a attaqué en référé, devant le tribunal de Montbrison, les sociétés distribuant le film, pour obtenir le retrait de plusieurs affirmations figurant au générique. L'Assemblée locale considérait comme mensonger l'avertissement selon lequel « la plaine du Forez est défigurée par l'urbanisation, l'élargissement des routes, le rétrécissement des rivières et la plantation de résineux. » Elle a notamment fait valoir que les 90 communes de la plaine du Forez sont justement inscrites en zone Natura 2000, procédure qui vise à protéger les zones restées à l'état naturel, et qu'il n'existe aucune plantation de résineux à proximité de la Bâtie d'Urfé, demeure historique qui constitue un élément essentiel de la politique touristique du département.
      À la date de sortie du film, Éric Rohmer, 87 ans, ne s'était encore jamais rendu dans la Loire.[2]
    • La Loire déboutée de sa plainte contre le film de Rohmer[3] : « Le tribunal de grande instance de Montbrison a débouté, vendredi 28 septembre, le conseil général de la Loire de ses assignations en référé pour « dénigrement » visant les sociétés productrice et distributrice du dernier film d'Éric Rohmer, Les Amours d'Astrée et de Céladon. Dans son jugement, le TGI déclare « nulles et de nul effet » les assignations délivrées par le conseil général de la Loire à l'encontre de Rézo Films et Rézo Productions, estimant ne pas avoir été valablement saisi, sans examiner l'affaire sur le fond. » Me Christian Bernard, avocat du conseil général, a indiqué vendredi soir qu'une « nouvelle procédure va être engagée sur la base de la loi de 1881. » Celle-ci est une « assignation en diffamation » pour que soit supprimée les « falacieuses affirmations » (selon le Département de la Loire) apparaissant en préambule du film.
    • 31 octobre 2007Épilogue : Pas de poursuite pour Éric Rohmer[4] — La plainte du Conseil général du département de la Loire déposée contre le réalisateur pour diffamation a finalement été « jugée irrecevable pour des raisons de procédure. » Éric Rohmer et sa production ne seront donc pas poursuivis.

[modifier] Distinctions

[modifier] Liens externes

[modifier] Notes

  1. Premier article paru sur Le Monde.fr du 22 septembre et dans l'édition papier Le Monde du 23 septembre 2007.
  2. Communiqué de l'AFP : « Selon l'entourage du cinéaste âgé de 87 ans, Rohmer ne se serait pas lui-même déplacé jusque dans le berceau de l'Astrée, se contentant de confier une mission de repérage à l'une de ses collaboratrices. »
  3. Communication publiée par le NouvelObs.com du 29 septembre 2007.
  4. 20 Minutes.fr, édition du 31 octobre 2007.
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