Lapin de garenne

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Lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus)
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Catégorie:Race de lapin

Lapin de garenne est le nom vernaculaire qui désigne le lapin européen, Oryctolagus cuniculus, resté à l'état sauvage. Il est la souche des lapins domestiques. C'est un lapin que l'on trouve aujourd'hui en Europe et un peu partout dans le monde.

Sommaire

[modifier] Identification

Le lapin de garenne (Oryctolagus cuniculus) présente une silhouette comparable à celle du lièvre, dont il se distingue principalement par une plus petite taille et des oreilles plus courtes, avec un bord supérieur noir. Il mesure de 34 à 50 cm (longueur tête et corps) pour des oreilles de 4 à 8 cm. Son poids varie de 1,2 kg à 2,5 kg.

Son pelage est de couleur brun roux, parfois couleur fauve, constituant ainsi un camouflage de choix contre ses prédateurs. À l'approche de l'un d'eux, par exemple un homme, le lapin de garenne reste immobile, tapi dans son environnement, si bien qu'un chasseur peut ne pas le voir quand bien même le lapin serait à ses pieds. Le dessous des poils est blanchâtre. La queue est de couleur plus foncée dessus, blanche dessous.

On distingue les mâles des femelles grâce à leur tête, plus large et moins fine que celle des femelles.

[modifier] Répartition et habitat

Le lapin de garenne est originaire de la péninsule Ibérique et du Maghreb. Il s'est répandu dans le monde à partir de la dernière glaciation (il y a 18 000 ans). Il n'a été domestiqué qu'à partir du XVIIIe siècle.

Il est présent dans la plupart des pays de l'Europe occidentale (y compris en Corse, en Sicile et en Sardaigne), le long de la côte du Maghreb, sur la côte ukrainienne de la mer Noire. En Italie et en Espagne, il laisse plutôt la place au lapin à queue blanche. Il a été introduit en Australie par la First Fleet (1787), la flotte de onze bateaux britanniques qui établit la première colonie européenne en Nouvelle-Galles-du-Sud[1]. Depuis lors, il est présent dans tout le pays, à l'exception de son pourtour Nord. Il s'est également propagé à la Nouvelle-Zélande.

Le lapin préfère les terrains sablonneux et bien drainés. On le trouve principalement dans les landes, les roncières, les haies et les dunes ; il est présent jusqu'à 1000 mètres d'altitude environ. Le terrier est creusé de préférence sur un talus, en terrain sec ; son ouverture varie de 10 à 50 cm. Suivant la densité de la population locale, il est relié ou non aux autres terriers par des galeries. Un réseau de terriers est appelé une garenne. Le lapin s'en éloigne généralement de quelques centaines de mètres pour chercher sa nourriture.

Le domaine vital d'un lapin varie de 0,4 à 4 hectares ; le territoire d'une famille ou d'un groupe représente quant à lui 9 à 10 hectares. Il est délimité par l'urine, les crottes des mâles dominants et la secrétion des glandes mentonnières. Pour un humain, la présence de lapins se reconnaît principalement à la présence de groupes de crottes, au grattage de la terre aux limites du territoire et à la maigre végétation. Les empreintes du lapin sont comparables à celles du lièvre, mais plus petites.

[modifier] Régime alimentaire

Crottes finales d'un lapin de garenne (les points du papier sont distants de 0,5 cm)
Crottes finales d'un lapin de garenne (les points du papier sont distants de 0,5 cm)

Le régime alimentaire du lapin de garenne est variable, suivant l'environnement local. Il se nourrit de plantes herbacées, principalement des Poacées, au printemps et en été ; en hiver, son régime est composé de tiges et écorces d'arbrisseaux. Il peut creuser légèrement la terre pour trouver racines, graines et bulbes ; il est également capable de grimper dans des arbrisseaux et des buissons pour manger les jeunes pousses. Le lapin mange également des plantes cultivées (céréales ou choux). Un adulte consomme de 200 à 500 gr de plantes par jour. Quand les lapins sont présents en densité importante, leur impact sur le milieu est important : ils entravent la reproduction de certaines espèces de plantes mais aussi, en conséquence, d'animaux[1].

Comme les autres lagomorphes, le lapin a longtemps été considéré comme un ruminant. Ainsi, le Lévitique interdit de manger « le lièvre, car il rumine, mais il n'a pas l'ongle fendu.[2] » Ce classement se fonde sur une observation du comportement du lapin, qui passe de longues heures à remuer les mâchoires de droite à gauche. En réalité, ces mouvements ne s'expliquent pas par la rumination mais par une alimentation en deux temps. D'abord, le lapin digère l'herbe qu'il a consommée : la cellulose est transformée par les bactéries anaérobies du cæcum en acides gras volatils qui servent de nutriments. Il en résulte des cæcotrophes, sorte de crottes d'un vert olive, molles et brillantes que le lapin réingurgite dès leur sortie de l'anus pour les sucer longuement, d'où le mouvement des mâchoires décrit précédemment. Les crottes finales du lapin de garenne sont d'un brun foncé, plus grosses (7 à 12 mm de diamètre) et ternes[3].

[modifier] Comportement

Le lapin est un animal nocturne et crépusculaire. Il vit en couple si la densité est faible et en groupe quand elle est plus importante. Un groupe compte jusqu'à 20 sujets adultes ; il est composé généralement de 1 à 6 mâles et de 1 à 6 femelles. Il comporte des mâles et femelles dominants : les premiers monopolisent les accouplements tandis que les secondes disposent des meilleurs emplacements pour creuser les rabouillères (terriers d'accouchement). L'ordre hiérarchique est remis en cause à chaque printemps par des comportements d'intimidation et des combats. Une fois la hiérarchie en place, les interactions agressives décroissent significativement. Les individus dominés ne se défendent pas contre les attaques des dominants[4]. Tous les membres du groupe défendent la partie centrale de leur zone d'influence contre les prédateurs, les sujets dominés vivant en périphérie.

Le lapin de garenne est silencieux, à l'exception de cris aigus poussés en situation de détresse. Il tape du pied en cas de danger, peut-être pour prévenir ses congénères. La communication entre lapins passe principalement par les odeurs, qui permettent d'identifier le sexe et l'âge, mais aussi le statut social.

[modifier] Reproduction et longévité

Le mâle s'appelle un « bouquin » et la femelle la « hase » comme chez le lièvre. Il nichent dans un terrier appelé aussi « raboulière » [5].

Les lapins sont célèbres pour leurs capacités reproductives. En effet, les accouplements peuvent avoir lieu toute l'année, même si la plupart des mises-bas ont lieu de février à août. L'ovulation est provoquée par l'œstrus ; l'œstrus post-partum est possible. La seule période d'anœstrus se situe à l'automne. Les femelles atteignent la maturité sexuelle dès 3,5 mois, contre 4 mois pour les mâles. La gestation dure 28 à 33 jours. Une lapine a en moyenne 3 à 5 portées par an, chacune comptant de 3 à 12 lapereaux ; l'intervalle minimal entre deux portées est de 30 jours.

Les lapereaux naissent nus et les oreilles et yeux fermés ; ils n'ouvrent pas les yeux avant 10 ou 12 jours. La mère les allaite une fois par jour pendant trois à quatre semaines. Durant cette période, les jeunes prennent rapidement du poids : ils passent de 35 à 45 gr à la naissance à 80 % du poids adulte à 3 mois. Durant ce temps, ils restent dans la rabouillère creusée par leur mère pour mettre bas. Cette dernière ne reste pas auprès d'eux pour les réchauffer et leur témoigne peu de soins. En revanche, elle défend agressivement son territoire contre des jeunes étrangers, alors que les mâles protègent tous les lapereaux, quel que soit leur lien de parenté avec eux.

75 % des lapereaux meurent durant la période d'allaitement. Quand ils atteignent la majorité sexuelle, les jeunes mâles sont souvent chassés par le groupe familial. Soit ils rejoignent une autre garenne, soit ils mènent temporairement une vie solitaire. Les lapins vivent 9 ans au maximum ; en moyenne, leur longévité ne dépasse guère les deux ans. Ils sont en effet confrontés à grand nombre de prédateurs : renards, fouines, belettes, chats forestiers, chiens, rapaces (hibou grand-duc, aigle de Bonelli), etc. Le trafic routier et la chasse sont également des causes de mortalité importantes.

[modifier] Statut de conservation

Le virus de la myxomatose a fait des ravages dans les populations de lapin. En Australie, le virus a été inoculé volontairement en 1950, afin de contrôler la population locale, particulièrement importante. Il a éliminé dans une première phase 90 % des lapins, avant que certains ne développent une résistance naturelle[1]. Le virus a été introduit accidentellement en Europe en 1952 par le médecin Paul Armand Delille, qui souhaitait éliminer les lapins de son potager. Comme en Australie, le virus a d'abord fait disparaître 90 % des lapins avant que certains ne développent une résistance, ce qui explique le maintien de l'espèce. Depuis lors, la maladie est endémique.

La dégradation et la fragmentation écologique des milieux naturels est une autre cause de régression du lapin[6], et du lièvre et de nombreuses autres espèces. En France le lapin de garenne, bien qu'ayant localement fortement régressé ou même disparu est inscrit sur la Liste des animaux susceptibles d'êtres classés nuisibles et fait néanmoins l'objet de repeuplements par les organisations de chasseurs[7].

[modifier] La chasse

Icône de détail Article détaillé : chasse.

L'Office national de la chasse et de la faune sauvage estime que 3 209 210 lapins de garennes (± 2,0%) ont été abattus dans la campagne de chasse de la saison 1998-1999[8] ce qui fait de cette espèce le quatrième type de gibier chassé derrière le pigeon ramier, les faisans et les grives. En 1998-199, 35% des chasseurs avaient tué un lapin, contre 47% en 1983-1984. Le nombre de spécimen prélevé a beaucoup baisser depuis 1983-1984 puisque 6 432 000 lapins avait été tués[8], cependant ces chiffres peuvent ne pas refléter les populations de lapins car celle-ci varie fortement annuellement. Ce déclin peut être attribué à la fois à la baisse des effectifs des petites populations et à la fois au désintérêt de certains chasseurs qui préfère les gibiers plus gros et en outre de forte disparité régionales existent, ainsi les prélèvement dans le Nord et l'Ouest du Bassin parisien ont progressé[8].

[modifier] Zoologie

taille:35 à50 cm taille de la queue:5 cm poids:1 à 3 kg alimentation:herbages,ecorces,racines,fruits,graines habitat:foret,campagne durée d alaitement:3semaines

[modifier] Notes et références

  1. abc Cf. la fiche du Ministère de l'environnement australien sur le lapin de garenne.
  2. Lévitique 11:5-6, traduction de John Nelson Darby.
  3. Cf. La Hulotte no 60, p. 32-37.
  4. E. M. Albonetti, F. Dessi-Fulgheri et F. Farabollini, "Organization of behavior in unfamiliar female rabbits", Aggressive Behavior 17, p. 171-178 et R. Mykytowicz, "Social behaviour of an experimental colony of wild rabbits", CSIRO Wildlife Research 3, p. 14-26. Cités par St. Hoy et D. Schuh, Sociometric investigations in groups of wild and domestic rabbits with one buck and two or three does (PDF).
  5. Association des Amis de la Forêt de Fontainebleau : Lapin
  6. [http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/mammifere/FS279_marchandeau.pdf Gérer le lapin aujourd’hui Colloque de Plougonvelin, Finistère, 31 mai — 1er juin 2007] (Gestion et chasse)
  7. Actes/Dossier du colloque de Plougonvelin 31 mai — 1er juin 2007 sur le lapin
  8. abc (ONFS 2007)

[modifier] Voir aussi

[modifier] Articles connexes

[modifier] Bibliographie

  • François Biadi et André Le Gall, Le lapin de garenne. Vie, gestion et chasse d'un gibier authentique, Hatier, Paris, 1993.
  • Cécile Callou, De la garenne au clapier : étude archéozoologique du lapin en Europe occidentale, éditions du Muséum d'histoire naturelle, Paris, 2003 (ISBN 2856535453) ;
  • (en) Robert M. Lockley, The Private Life of the Rabbit: An Account of the History and Social Behaviour of the Wild Rabbit, Macmillan, New York, 1964 ;
  • David M. Macdonald et Priscilla Barrett, Guide complet des mammifères de France et d'Europe, Delachaux & Niestlé, coll. « Guides du naturaliste », 1995 (ISBN 2-603-01361-0), p. 285-288 ;
  • Dominique et Serge Simon, Le Lièvre et le lapin de garenne, Payot, Lausanne, 1986 (ISBN 2-601-02211-6)
  • (en) Harry V. Thompson et Carolyn M. King (dir.), The European Rabbit: The History and Biology of a Successful Colonizer, Oxford University Press, Oxford, 1994.

[modifier] Liens externes