Kalarippayatt

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Le Kalarippayatt ou Kalarippayattu (കളരിപ്പയറ്റ്) [kaɭaɾipːajatːɨ̆] est un art martial originaire du Kerala en Inde du Sud. Kalarippayatt signifie, en malayalam, « le lieu des exercices », de kalari (കളരി, le lieu, l'arène, l'espace de dialogue et payattപയററ്, dérivé de "payattuka" signifiant combattre, s'exercer, s'exercer intensemment. Le kalarippayatt serait, avec le Varma Kalai originaire de l'État voisin du Tamil Nadu, l'une des plus anciennes techniques martiales et mais aussi médicales connues. Les gurû de kalarippayatt, appelés gurukkal, sont guerriers et médecins, car ils sont censés connaître les techniques qui tuent mais aussi qui soignent

Les danseurs de kathakali exercent aussi leur art dans un espace consacré nommé kalari et leur entraînement emprunte des exercices au kalarippayatt, comme les quatre sortes de lancers de jambes (kalugal) mais aussi ses techniques de massages liées à l'ayurveda — (du sanskrit veda, connaissance et ayur, vie ) — la médecine traditionnelle indienne basée probablement sur celle des Aryens (Iran et Nord-Ouest de l'Inde), médecine qui est aujourd'hui essentiellement pratiquée dans l'Inde du Sud, en particulier au Kérala.

Urumi Payattu, Kerala
Urumi Payattu, Kerala

Sommaire

[modifier] L'ancêtre des arts martiaux ?

Le kalarippayatt, lié aux arts des traditions hindouiste et bouddhiste, serait à l'origine des arts martiaux asiatiques par l'intermédiaire d'un prince kéralais. En effet, d'après la tradition légendaire, dans les années 510 de l'ère chrétienne, Bodhidharma, fils du râja Sugandha, né à Kanchipuram la capitale de la dynastie des Pallava dans le sud de l'Inde, avait fondé près de Kottayam, au Kerala, la première école de kalarippayatt, puis était parti ensuite pour la Chine, où il fonda une école de ce qui deviendra le kung-fu au monastère de Shaolin. Bodhidharma est considéré comme le créateur de l'école bouddhiste Ch'an de Chine et du bouddhisme Zen du Japon où il est connu sous le nom de Bodai Daruma. Il est très difficile de faire la part des choses entre la légende et la réalité, quoiqu'il en soit les plus anciennes sources historiques sur le Kalarippayatt ne remontent pas au-delà du XVe siècle. Les arts martiaux védiques de la caste des guerriers, antérieurs au Kalarippayatt n'ont pas laissé de trace. Le Kalarippayatt quant à lui, est lié aux guerriers Naïrs, une caste militaire particulière au Kerala. En fait, il est improbable que le kalarippayatt ait été introduit en Chine à une époque ou il n'existait pas encore. Il paraît par contre plus probable que c'est le Shaolin qui a influencé le Kalarippayatt, puisque les points vitaux , les marmans à la base des écoles de Kalarippayatt, sont aussi désignés sous le terme de cina Ati (points chinois-voir Philip B. Zarrilli). Le renouveau du Kalarippayatt survient dans les années 1930, dans les milieux nationalistes indiens, qui veulent donner à l'Inde un art martial spécifique. Un travail de reconstruction, de codification et de modernisation donna naissance à la nouvelle tradition du Kalarippayatt.

[modifier] La pratique du kalarippayatt

Le kalarippayatt se pratique généralement dans le kalari, une salle de 14 m sur 7. Il se caractérise par des positions très basses portant des noms d'animaux ainsi que par de nombreux sauts très hauts. Le kalarippayatt connaît deux styles, le style thekkan (ou "style du sud") et le vadakkan (ou "style du Nord"). Dans les deux styles, une dizaine d'armes sont encore enseignées parmi les dix-huit armes qui étaient étudiées autrefois. Dans la tradition locale il fallait plusieurs années pour maîtriser une seule arme.

On compte, dans la pratique du kalarippayatt, quatre niveaux :

  • meythari : la pratique d'exercices pour maîtriser l'équilibre tant au niveau du sol que durant les sauts, ainsi que la concentration,
  • kolthari : la pratique en utilisant des armes en bois qui sont de plus en plus courte à mesure des progrès de l'élève,
  • ankathari : la pratique en utilisant des armes véritables en métal, tout d'abord en luttant contre la même arme que l'on a en main, puis contre une arme différente,
  • verumkai : la pratique de l'auto-défense à mains nues et la connaissance des points vitaux et des clés.

Le pratiquant de haut niveau connaît donc un ensemble de points vitaux qu'il peut utiliser pour nuire à son adversaire mais il doit aussi maîtriser la contrepartie de ce pouvoir c'est-à-dire savoir guérir en les mettant à contribution. Ce qui fait que les gurû de kalarippayatt sont généralement aussi médecins ayurvédiques, des thérapeutes qui mettent à profit un ensemble de massages kalari pour soigner leurs patients.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Lien interne

[modifier] Bibliographie

  • Tiego Bindra, Le Kalaripayat. L’Ancêtre de tous les arts martiaux d’Asie, Belles-Lettres, Paris, 2005 ISBN 2-251-72004-9
  • Luijendijk, D.H. Kalarippayat: India's Ancient Martial Art, Paladin Press, 2005 ISBN 1-58160-480-7

[modifier] Liens externes