Joseph Benoît

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Joseph Benoît né en 1812 d'une famille paysanne de Saint-Martin-de-Bavel dans l'Ain (France), est un canut, membre des sociétés secrètes qui propageront la foi républicaine, fondateur du premier club révolutionnaire de Lyon, et député ouvrier en 1848. Converti au mutualisme par Pierre Joseph Proudhon, il sera arrêté et banni après le coup d'état du 2 décembre 1848. Il rédigera lors de son exil les "Confessions d'un prolétaire", manuscrit de 426 pages, gardé à la bibliothèque de Lyon, qui retrace les luttes de classe, de justice sociale, etc...

Sommaire

[modifier] Situation historique

Le 30 juillet 1830 à Lyon, les canons sont braqués sur la foule, les baillonettes pourchassent les tisseurs, les compagnons et les ouvriers en soie qui tentent de s'enfuir de la Guillotière vers la Croix-Rousse. Parmi ces manifestants, un jeune homme de 18 ans, le regard grave, crie "vive la liberté! vive la république".

[modifier] Biographie

Joseph Benoît révolutionnaire de par son père qui veut lui donner une éducation, le confie à un ami de Genève, qui lui enseigne la fabrication des montres et l'encourage à lire Jean-Jacques Rousseau. En 1825, marqué par la vie en Suisse et les rêveries mystiques, il quitte la vie moderne pour poursuivre ses études à Lyon au collège de Belley. Il refuse de faire sa première communion et rompt avec le catholicisme, mais le destin fera appel à lui, quand sa famille ruinée lui demandera de travailler... Connaissant déjà Lyon, il se fera engagé par un fabriquant de tulle bobin, et entre ainsi dans la grande famille des canuts, artisans de la soie, qui font la gloire de la ville de Lyon. La reprise économique de l'Empire et de la Restauration ne profite qu'à celle des marchands et fabriquants, mais jamais aux ouvriers cardeurs, dévideurs, ourdisseurs et teinturiers, qui pourtant font de la soierie de luxe et de prestige. Joseph Benoît entend parler d'un certain Pierre Charnier chef d'atelier qui a créé une association philanthropique, le Devoir mutuel, avec pour slogan "réunissons nous, instruisons nous, apprenons que nos intérêts et notre honneur nous commandent l'union".

Une sorte de syndicat, d'esprit nouveau nait, et quatre ans plus tard en 1831 les canuts demandent un tarif minimum des prix de façon, la grève est déclenchée et les manifestants scandent "point de navette sans deux sols!!"

[modifier] Les révoltes des deux sous

Cette révolte est durement mâtée, et en 1831 les compagnons défilent dans les rues en réclamant le smig, et obtiendront le soir même un tarif élaboré entre syndicats des fabriquants et ceux de la canuserie. Le gouvernement remet en cause les conventions collectives, le travail cesse à nouveau, les canuts redescendent dans les rues, et c'est l'affrontement, l'armée commandée par le maréchal Soult à la tête de 20 000 hommes évacue Lyon. Joseph Benoît prend conscience de la force du nombre, et créait en 1834 un journal ouvrier L'Echo de la fabrique. Suite à une diminution du tarif une nouvelle grève nait, les meneurs sont arrêtés pour violation de la loi, Lyon s'insurge, et six jours après l'opposition est écrasée.

[modifier] La société des fleurs

Joseph Benoît s'installe à son compte avec deux de ses confrères pour tisser le velours, ils se sentent libres et indépendants. Joseph instaure la communauté des biens ainsi que la république et, obsédé par la propagande, il créait en 1835, la société des fleurs dont, chaque adhérent porte le nom d'une fleur ou d'une plante. Sur le modèle des sociétés secrètes, ils se réunissent dans les bois ou au bord de la Saône, peu de temps après plusieurs sociétaires sont poursuivis, arrêtés et incarcérés. Alors Joseph Benoît regroupe les rescapés, et en 1837 se joignent à la société des familles de Armand Barbès, Louis Auguste Blanqui et Martin Bernard, organisation qui sera l'instrument des idées socialistes.

Joseph Benoît se marie en 1840, avec une fille-mère, qui adoptera ses idées. Passionné de philosophie, d'histoire et de journalisme, il écrira au journal La Fraternité à partir de 1845, une série d'articles sur l'économie et le social.

[modifier] La République

La monarchie s'écroule en 1848 sous la pression de l'opposition bourgeoise, et la République est proclamée à Lyon le 28 février. Joseph Benoît est nommé membre du comité révolutionnaire, désigné pour régler les différends entre patrons et ouvriers, et chargé de nourrir plus de 30 000 familles ouvrières installées dans les casernes.

Joseph Benoît élu sous l'étiquette babouviste-communiste est accueilli par une ovation du peuple rassemblé place des Terreaux, et le 4 mai, il assiste à la première assemblée nationale, où il militera pour la suppression de l'impôt sur le sel, le droit au travail, l'amnistie générale et contre l'interdiction des clubs, ...etc.. En février 1850, lors de la discussion sur la loi Falloux, il dépose un amendement et monte à la tribune : ...à partir du 1er janvier 1851, l'instruction primaire sera gratuite et obligatoire. Les enfants empêchés par la distance, de suivre les écoles du chef-lieu de la commune, et que les parents ne pourront entretenir à leur dépens, seront logés et nourris aux frais de l'état ou des départements ...

[modifier] Louis Bonaparte

Le 2 décembre 1851, sortant de l'assemblée, il est arrêté avec Eugène Sue, conduit au secret dix sept jours, il est transféré avec trente quatre de ses collègues à Sainte Pélagie. Un décret du 9 janvier 1852, signé par Louis Bonaparte et Morny, les déclare bannis, et pour cela Joseph Benoît assigné au village de Saint-Hubert dans les ardennes, s'enfuit en Belgique pour Deynze, Bruxelles puis Anvers. Il cherche en vain de travailler chez un tisseur, mais devant tant d'hotilité, il décide de se rendre à Genève où il survivra en publiant ses souvenirs : Souvenirs de la République de 1848 et Les Invisibles. Son fils légitime Emile meurt à l'âge de vingt quatre ans en août 1866, il dira de lui : ...un caractère plein de franchise, de grandeur et de noblesse...

[modifier] Amnistie

Sa déception est grande, lorsqu'il entre en France après treize ans d’exil, il se sent étranger à Lyon, le 4 septembre 1870, c'est la capitulation de Mac-Mahon à Sedan, la république est proclamée.

Le 16 septembre, il est élu au conseil municipal du 1er arrondissement, mais sa vivacité et son enthousiasme ne son plus aussi fermes, il apparaît comme un modéré, un conciliateur, il condamne l'intransigeance des communards et des versaillais. Devenu radical, il sera révoqué et achèvera sa vie au côté de Marie sa fille adoptive qui tient une papèterie à Lyon cours Lafayette. Il meurt le 3 mars 1880, l'année où Jules Guesde reprend sa vieille revendication lyonnaise du tarif minimum, pour laquelle il s'était battu.

[modifier] Bibliographie

  • Chapeau bas !! Chapeau bas !! : Auteur : Pierre Charnier - Numéro 60 du 16 décembre 1832
  • Le cousin de M. Chantre : Auteur : Pierre Charnier - Numéro 2 du 13 janvier 1833

[modifier] Référence