Jacques Benoist-Méchin

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Jacques Benoist-Méchin, né le 1er juillet 1901 à Paris, mort le 24 février 1983 à Paris, est un intellectuel, journaliste, historien, musicologue et homme politique français.

Avant 1939, il mène l'existence d'un journaliste particulièrement au fait des questions internationales, dont les paramètres sont profondément affectés par l'issue de la Grande Guerre. La période de sa vie qui court de 1939 à 1954 est marquée par son rôle dans la politique vichyste de collaboration. Son action est particulièrement poussée en 1941, alors qu'il cherche à favoriser les relations entre Hitler et son supérieur hiérarchique, François Darlan, afin d'associer la France à la direction d'une « Nouvelle Europe ». Il démissionne en 1942 du gouvernement de Vichy, n'étant plus en accord avec les idées de Pierre Laval (qui a remplacé François Darlan) sur les relations franco-allemandes. Cela justifie son incarcération en 1944, la tenue de son procès en 1947 et sa détention jusqu'en 1954, où il fut gracié par le président de la République Vincent Auriol. À sa sortie de prison, il développe son œuvre d'écrivain et d'historien, focalisée en particulier sur l'histoire du monde arabe. Il y est d'ailleurs utilisé par différents gouvernements pour les besoins de la politique française au Moyen-Orient.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Enfance et adolescence et jeunesse

Benoist-Méchin est né dans un milieu bourgeois, son père est baron d'Empire, ce qui contribue sans doute à développer son intérêt pour l'époque napoléonienne. Son enfance est toutefois difficile, notamment sur le plan financier[réf. nécessaire]. Au cours de sa vie, il restera très proche de sa mère.

Dans sa jeunesse, il se révèle doué pour les études, capable de traduire les auteurs anciens, et développe une sensibilité littéraire et musicale. Elle le conduit à obtenir une entrevue avec Proust en 1922 et à entretenir des liens avec Henri Sauguet, membre de l'école musicale d'Arcueil.

[modifier] La Première Guerre mondiale

Benoist-Méchin est trop jeune pour prendre activement part aux combats, mais la guerre lui fait prendre conscience de la nécessité d'œuvrer à la pacification de l'Europe et, surtout, à la réconciliation franco-allemande. En 1923, alors qu'il remplit ses obligations militaires, il est marqué par l'occupation française de la Rhénanie décidée par Poincaré et qui n'est pas, selon lui, de nature à favoriser cette réconciliation.

[modifier] Journaliste

De 1925 à 1927, il travaille pour l'agence d'information américaine International News Service. Il collabore ensuite à l'Europe nouvelle de Louise Weiss. Il est donc journaliste au moment de la rédaction du mémorandum Briand par Alexis Léger.

Louise Weiss le congédie plus tard, lui reprochant son admiration pour Hitler auquel il a consacré une biographie, retraçant son ascension. Il est progressivement conduit à voir en Hitler un régénérateur de l'Europe, puis celle-ci une fois dominée, son fédérateur.

[modifier] La Seconde Guerre mondiale

Avant la guerre, Benoist-Méchin fait preuve d'opinions ouvertement favorables à Hitler et au nazisme[réf. nécessaire] . Dans son livre, Eclaircissements sur Mein Kampf, publié en 1939 chez Albin-Michel, il note ainsi à propos de Hitler : « C’est un visionnaire qui a décidé de réaliser son rêve avec le réalisme d'un homme d'État ». Au cours de cette période, il se positionne comme un pacifiste partisan d'un rapprochement avec l'Allemagne, et il devient un familier d'Otto Abetz, l'homme de Hitler en France.

Après la défaite de 1940, Benoist-Méchin est utilisé par les services de Georges Scapini, chargés de venir en aide aux prisonniers français détenus en Allemagne. Il participe ensuite à la collaboration, au ministère des Affaires étrangères du gouvernement de Vichy. Pour justifier son engagement, il déclare :

« un pays vaincu a le choix d'être soumis à son vainqueur ou d'être avec lui ; je choisis d'être avec lui »

Ce qui lui vaut de se voir intenter un procès en 1947, d'être condamné à mort, gracié par Vincent Auriol, puis d'être emprisonné à Clairvaux, et enfin libéré en 1954.

Lors de son procès, Benoist-Méchin se défend des accusations de germanophilie en évoquant sa sensibilité aux questions européennes :

« Je n'ai jamais été germanophile dans le sens où on voudrait le faire entendre aujourd'hui, à savoir que j'aurais préféré l'Allemagne à mon propre pays... Quand je suis de passage à la SDN, à Genève, avec Briand, et que Briand parle de fédération européenne, je l'écoute et je pense qu'il a raison... Mais quant à savoir si je suis germanophile, à partir du moment où l'Allemagne occupe les trois cinquièmes du territoire français, ça, Messieurs, ce n'est pas possible, ça n'existe pas[1]. »

[modifier] Benoist-Méchin et de Gaulle

Malgré sa participation à la collaboration, le général de Gaulle fait réimprimer en 1944 l'Histoire de l'armée allemande à plusieurs centaines d'exemplaires pour la formation des officiers d'état-major. De Gaulle voit dans cet ouvrage de Benoist-Méchin la meilleure compréhension de l'histoire politique de l'Allemagne et des problèmes militaires du siècle.[réf. nécessaire]

De Gaulle aurait « pardonné » à Benoist-Méchin son erreur, mise au compte d'un aveuglement typique d'une époque troublée.[réf. nécessaire] Il semble[réf. nécessaire] que de Gaulle, pourtant très rétif vis-à-vis de personnes ayant joué la carte allemande, ait utilisé Benoist-Méchin pour certaines activités de diplomatie parallèle pour sa politique arabe et en raisons des sympathies qu'il avait gardées dans plusieurs pays de la région.

[modifier] Travaux d'historien

Après sa sortie de prison, il se consacre à la rédaction de biographies, dans un premier temps sur la dynastie d'Arabie saoudite, puis à des grands personnages d'origine européenne ayant eu des activités hors d'Europe. Le thème commun de cette œuvre biographique, c'est le rôle de l'individu d'exception qui change le cours de l'Histoire et tente de créer un empire pour donner forme et durée à l'union des hommes d'une civilisation. Comme Lawrence d'Arabie, sa profonde sympathie pour le monde arabe, qui se manifeste dans les biographies de Lyautey, de Lawrence ou d'Ibn Séoud, exprime son respect et son admiration pour une civilisation riche et créatrice, victime des manigances de l'impérialisme européen. Au contraire d'une partie de la droite européenne, il ne lui assigne pas le destin de colonies de l'occident.

[modifier] Ses amis

  • Marcel Proust, dont il a pu s'entretenir quelques heures avant sa mort , et ce qui a permis à Jacques Benoist-Méchin de rédiger un livre sur Marcel Proust et la musique.
  • Arno Breker, artiste sculpteur, il le rencontra par l'intermédiaire de Pavel Tchiletchev, qui fit le portrait de la première épouse de son père.
  • Otto Abetz, ambassadeur d'Allemagne à Paris, il le rencontra pour la première fois lorsque celui-ci le libéra lorsqu'il fut détenu en Allemagne.
  • Ernst Jünger, est le directeur de l'international news service, dont Jacques Benoist-Méchin fut l'un des journalistes à une époque.

[modifier] Publications

  1.  : Lawrence d'Arabie. Le rêve fracassé (1961)
  2.  : Cléopâtre. Le rêve évanoui (1964)
  3.  : Bonaparte en Égypte. Le rêve inassouvi (Lausanne La guilde du livre 1966 ; Perrin, 1978).
  4.  : Lyautey l'Africain, ou Le rêve immolé (1966)
  5.  : L'empereur Julien. Le rêve calciné (1969)
  6.  : Alexandre le Grand. Le rêve dépassé (1976) ISBN 2-262-02189-9
  7.  : Frédéric de Hohenstaufen. Le rêve excommunié (1980)
  • Histoire de l'armée allemande (1936)
  • Éclaircissements sur Mein Kampf d'Adolphe Hitler, le Livre qui a changé la face du Monde (1939)
  • La Moisson de quarante. Journal d’un prisonnier de guerre (1941)
  • L'Ukraine, des origines à Staline (1941)
  • Ce qui demeure. Lettres de soldats tombés au champ d’honneur, 1914-1918. (1942)
  • Mustapha Kemal. La mort d’un Empire (1954)
  • Ibn Séoud. La naissance d’un Royaume (1955)
  • Soixante jours qui ébranlèrent l'occident (1956)
  • Un printemps arabe (1959)
  • Le roi Saud, ou L'Orient à l'heure des relèves (1960)
  • Deux étés africains (1972)
  • À destins rompus (1974)
  • Fayçal, roi d'Arabie (1975)
  • L'Homme et ses jardins. Les métamorphoses du paradis terrestre (1975)
  • La Musique et l'immortalité dans l'œuvre de Marcel Proust (1977)
  • De la défaite au désastre (1984-1985, posthume)
  • À l'épreuve du temps (1989-1993, posthume)
  • Histoire des Alaouites (1994, posthume)

[modifier] Notes et références

  1. Le procès Benoist-Méchin. Compte rendu intégral des débats. Jean-Louis Aujol, avocat à la cour d'appel de Paris, Albin-Michel.
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