Ivan Franko

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Ivan Franko, photographie de 1886.
Ivan Franko, photographie de 1886.

Ivan Iakovytch Franko (en ukrainen Іван Якович Франко, en russe Иван Яковлевич Франко) (15 août 1856 à Nahouievytchi – 28 mai 1916 à L'viv), écrivain et poète ukrainien, qui fut également critique littéraire et social, journaliste, économiste, activiste politique et traducteur en ukrainien des œuvres de Shakespeare, Byron, Dante, Hugo, Goethe et Schiller. Démocrate révolutionnaire, il est le fondateur du mouvement socialiste en Ukraine. Avec Tarass Chevtchenko, il est l'une des influences majeures de la littérature et de la pensée politique ukrainienne moderne.

Sommaire

[modifier] Éducation

Franko est né dans la province de Halychyna orientale en Galicie (qui fait aujourd'hui partie de l'oblast de L'viv en Ukraine), fils d'un forgeron d'ascendance germanique (originellement nommé Frank). Élève à l'Ecole monastique basilienne puis au gymnasium (école secondaire) de Drohobych jusqu'en 1875, il étudie ensuite la philosophie classique et la littérature ukrainienne à l'Université de L'viv. Il commence alors sa carrière littéraire avec diverses œuvres de poésie et le roman Petrii i Dovbouchtchouky publié dans le magazine des étudiants, Drouh (Ami), dont il devient plus tard éditeur. En 1876, ses romans Lesychyna Tcheliad et Dva Pryiateli (Deux amis) sont publiés dans l'almanach littéraire Dnistrianka. La même année il publie son premier recueil de poésie, Ballades et Récits ainsi que les premières histoires de la série Boryslav en 1877.

[modifier] Activisme pro-socialiste

À l'Université de L'viv il fait la connaissance de Mykhaïlo Drahomanov, avec lequel il partage une longue collaboration politique et littéraire. Il est arrêté en 1877, avec entre autres Mykhaïlo Pavlyk and Ostap Terletsky, à cause de ses écrits politiques socialistes et de son association avec Drahomanov. Accusé à tort d'appartenir à une organisation socialiste secrète, il passe huit mois en prison, où il écrit Smorhonska Akademiya (L'académie Smorhon).

Après sa libération, il étudie les travaux de Karl Marx et Friedrich Engels, écrit des articles pour le journal polonais Praca et contribue à l'organisation de groupes de travailleurs à L'viv. En 1878 il fonde avec Pavlyk le magazine Hromads'kyi Drouh, mais parvient à publier seulement deux numéros avant que celui-ci ne soit interdit par le gouvernement; la publication se poursuit pourtant sous de nouveaux noms, Dzvin, puis Molot. Franko publie également une série de livres, la Dribna Biblioteka à partir de 1878. Il est arrêté de nouveau en 1880, accusé d'avoir incité les paysans à la désobéissance civile, et envoyé trois mois au tristement célèbre camp de prisonnier de Kolyma en Sibérie.

Ses impressions de cet exil se retrouvent dans son roman No Dni (Au fond). À sa libération, il est placé sous surveillance policière et renvoyé de l'Université de L'viv (qui fut malgré tout renommée Université Nationale Ivan Franko de L'viv après sa mort).

En 1881 il contribue activement au journal Swit (Le Monde), dont il écrit plus de la moitié du contenu et dans lequel il publie son roman Boryslav Smiyetsia (Boryslav rit). La même année, il déménage à Nahouyevytchi, où il écrit le roman Zakhar Berkout et traduit le Faust de Goethe en ukrainien. Il publie une série d'articles sur Tarass Chevtchenko, travaille pour le journal Zorya (Aurore) et devient éditeur du journal Dilo (Action) l'année suivante.

En mai 1886 il épouse Olha Khorounjynska et lui dédie un livre de poésie, Z verchyn i nyjyn (Des collines et des vallées). Elle sera plus tard atteinte d'une grave maladie mentale, qui constituera l'une des raisons pour laquelle Franko refusera de quitter L'viv pour Kiev afin de se faire soigner peu avant sa mort en 1916.

[modifier] Activités politiques

En 1888 Franko contribue au journal Pravda (à ne pas confondre avec le journal soviétique du même nom), ce qui conduit à sa troisième arrestation en 1889. Après deux mois de prison, il co-fonde le Parti radical ruthénien-ukrainien avec Mykhaïlo Drahomanov et Mykhaïlo Pavlyk, et publie également le bimestriel Narod (Le Peuple) avec ce dernier de 1890 à 1895.

Il fut le candidat du Parti radical pour les élections au parlement austro-hongrois et à la Diète galicienne, mais ne parvint jamais à gagner une élection.

En 1891, il étudie à l'Université de Tchernivtsi où il écrit une thèse sur Ivan Vychensky puis à l'Université de Vienne, où il soutient sa thèse de doctorat sur le récit romantique Barlaam and Josaphat sous la direction de Vatroslav Jagić, considéré comme le plus prééminent expert de l'époque sur les langues slaves. Franko devient professeur d'histoire de la littérature ukrainienne à l'Université de L'viv en 1894.

En 1898, il publie une sévère critique du socialisme de Marx et Engels, Sotsiializm i sotsiial-demokratyzm (Socialisme et Démocratie sociale), dans le journal Jytie I Slovo (Vies et Paroles) qu'il a fondé avec sa femme. Son expression anti-marxiste se poursuit avec le recueil de poèmes Mii izmarahd (Mon émeraude) publié en 1898, où il qualifie le marxisme de « religion fondée sur les dogmes de la haine et de la lutte des classes. » Sa longue collaboration avec Mykhaïlo Drahomanov est rompue à cause de la divergence de leurs vues sur le socialisme et la question nationale, et Franko accusera plus tard Drahomanov dans Souspil'nopolitychni pohliady M. Drahomanova (Les opinions sociopolitiques de M. Drahomanov) de lier le destin de l'Ukraine à celui de la Russie. Après sa rupture avec le Parti radical, Franko fonde en 1899 le Parti national démocratique avec l'historien Mykhaïlo Hrouchevsky, où il travaille jusqu'à sa retraite de la vie politique en 1904.

[modifier] Fin de vie

En 1902 des étudiants et activistes de L'viv, choqués par la pauvreté de ses conditions de vie, lui achètent une maison dans la ville, où il habitera jusqu'à la fin de sa vie, et qui est actuellement le site du Musée Ivan Franko. En 1914, la collection Pryvit Ivanovi Frankovi (Salutations Ivan Franko) est publiée en son honneur, ainsi que son Iz lit moyeyi molodosti (Des années de ma jeunesse). Il meurt dans la misère le 28 mai 1916, et ceux qui viennent présenter leurs respects le voient allongé sur une table, emmailloté dans un drap déchiré. Il est enterré au cimetière Lytchakivskiy à L'viv.

[modifier] Œuvre littéraire

Franko depeint les dures conditions de travail des ouvriers et paysans ukrainiens (Boryslav Rit (1881-1882) et Boa Constrictor (1878)), traite du nationalisme ukrainien et d'histoire (Zakhar Berkout, 1883), de problèmes sociaux (La Base de la Société, 1895 et Feuilles Mortes, 1896), et de philosophie (Semper Tiro, 1906)

Il dresse des parallèles entre la recherche de la terre promise par les Israélites et la quête de l'indépendance de l'Ukraine dans La Mort de Cain (1889) et Moïse (1905). Bonheur Volé (1893), est considéré comme son chef-d'œuvre dramatique. Au total, Franko a composé plus de mille œuvres.

[modifier] Notes

En 1962, la ville de Stanislaviv en Ukraine occidentale fut renommée Ivano-Frankivsk en l'honneur de l'écrivain.