Ibn al-Khattab

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Samir Saleh Abdoullah al-Souwailem dit Ibn al-Khattab (ابن الخطاب) né à Arar en Arabie saoudite en 1969[1] et mort vers le 20 mars 2002 en Tchétchénie (Russie), appelé souvent Emir Khattab, était un chef de guerre islamiste connu pour ses opérations militaires en Tchétchénie lors des première et seconde guerres de Tchétchénie. Khattab était considéré par les États-Unis et la Russie comme lié à al-Qaeda[2].

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Asie Centrale

En 1986, Khattab quitta l'Arabie saoudite pour participer à la lutte contre les Soviétiques lors de la guerre d'Afghanistan. Durant la guerre il fut grièvement blessé à la main et perdit plusieurs doigts par suite de la manipulation d'une bombe artisanale. Il a rencontré à cette époque Ben Laden et d'autres futurs membres d'al Qaeda, bien qu'il déclarera ne plus avoir eu de contacts par la suite[3].

Entre 1993 et 1995, Khattab combat au côté de l'opposition islamiste durant la guerre civile tadjik[4].

[modifier] Première guerre de Tchétchénie

Selon son frère, il entendit parler pour la première fois du conflit tchétchène à la télévision afghane en 1995 et, la même année, il entra en Russie en tant que journaliste de télévision.

Pendant le premier conflit tchétchène, Khattab combattit les forces de sécurité russes et servit d'intermédiaire financier entre les sources de financement étrangères et les combattants tchétchènes. Pour favoriser la collecte de fonds et diffuser le message du petit djihad, Khattab se faisait souvent accompagner d'une équipe de deux vidéastes qui filmaient les combats et les exécutions des prisonniers de guerre. Au cours de la guerre, Khattab rencontra Chamil Bassaïev et devint son plus proche allié. Il s'associa aussi à Zelimkhan Iandarbïev.

Khattab devint célèbre en Russie à la suite d'une embuscade contre une colonne russe dans l'étroite gorge de Iarychmardy près de Chatoï dans le sud montagneux de la Tchétchénie. L'attaque tua 53 appelés et en blessa 53 selon les sources russes officielles. Selon d'autres source, près de 100 soldats du 245ème régiment motorisé furent tués et certains estiment qu'il y eut 223 morts dont 23 officiers de haut rang. Selon Khattab on déplora seulement 4 morts parmi les 50 attaquants. Cette hécatombe conduisit au remplacement du ministre de la défense de l'époque, Pavel Grachev.

Après la fin de la Première Guerre de Tchétchénie, Khattab devint un puissant chef de guerre et dirigea le Régiment islamique, une milice toute dévouée à sa cause composée principalement de djihadistes étrangers qui avaient participé au conflit. Khattab mit en place un réseau de camps paramilitaires en Tchétchénie qui accueillaient non seulement des islamistes du nord-Caucase mais aussi des partisans géorgiens de l'opposant Zviad Gamsakhourdia.

[modifier] Daghestan

Le 22 décembre 1997, près d'un an après la signature du traité de Khassaviourt concluant la Première Guerre de Tchétchénie, le Régiment islamique et un groupe de rebelles daguestanais attaquèrent une base de l'armée russe à Bouïnaksk à proximité de la Tchétchénie au Daguestan, brûlant près de 300 véhicules (selon les sources russes, seulement 10 détruits et 15 endommagés) et tuèrent un nombre indéterminé de soldats.

En 1998, Khattab créa avec Chamil Bassaïev la Brigade islamique internationale du maintien de la paix (connue aussi sous le nom d'Armée islamique du maintien de la paix) qui fut ajoutée en 2003 à la liste des organisations terroristes par le département d'État américain. En août et septembre 1999 les opérations militaires de cette organisation au Daguestan menèrent à la Seconde guerre de Tchétchénie.

[modifier] Seconde guerre de Tchétchénie

Pendant la guerre, Khattab dirigea sa milice contre les troupes russes en Tchétchénie et s'occupa de l'accueil des djihadistes étrangers et de la gestion des aides financières étrangères. Selon les autorités russes, il planifia aussi des attaques terroristes en Russie. Le 29 février 2000 des insurgés sous la direction de Amir Abu al-Walid, un adjoint de Khattab, attaquèrent une compagnie russe aéroportée du 51e régiment de parachutistes près du village de Oulous-Kert; la bataille dura au moins trois jours, et se traduisit par la mort au combat de 86 parachutistes russes[5]. Le 29 mars 2000, Khattab mena une attaque contre un convoi des forces spéciales russes (OMON) près de Jani-Vedeno, tuant 36 hommes et en en capturant 9 qui furent plus tard exécutés[6].

[modifier] Mort et succesion

Khattab fut tué probablement dans la nuit du 19 au 20 mars 2002. Selon l'agence de presse Kavkaz Center, Khattab est mort après qu'un émissaire daguestanais lui eut transmis une lettre empoisonnée. La Russie annonce pour sa part que Khattab a été tué dans une opération spéciale[2]. Il fut remplacé dans son rôle de financier-médiateur par Amin Abou al-Walid qui fut à son tour tué en 2004.

[modifier] Notes et références

  1. (en) Khattab, the man who died for the cause of Chechnya
  2. ab (en) Chechens 'confirm' warlord's death, BBC News, 29 avril 2002.
  3. STATE TELEVISION SHOWS FOOTAGE OF KHATTAB'S BODY., Jamestown Foundation, 29 avril 2002.
  4. (en) Muslim Fighter Embraces Warrior Mystique, The New York Times, 17 octobre 1999.
  5. [pdf] [1]
  6. (en) BODIES OF NINE PERM OMON TROOPS DISCOVERED IN CHECHNYA., The Jamestown Foundation, 3 mai 2000.