Chamil Bassaïev

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Chamil Salmanovitch Bassaïev (russe: Шамиль Салманович Басаев) (né le 14 janvier 1965 à Tsa-Vedeno, en Tchétchénie et décédé le 10 juillet 2006 en Ingouchie) était le commandant d'un groupe d'indépendantistes tchétchènes wahhabites, se revendiquant comme djihadiste. Son groupe armé agissait en Russie, généralement dans le nord du Caucase, principalement en Tchétchénie.

Renvoyé d'une université technique de Moscou en 1988 pour manque de résultats, Chamil Bassaïev avait profité de la perestroïka pour se lancer dans le commerce, puis, croulant sous les dettes, s'était reconverti dans l'étude de l'islam, avant de rejoindre le combat au début des années 1990 en Géorgie, aux côtés des séparatistes abkhazes pro-russes. Il détourna un avion en 1991 vers la Turquie.

Il se radicalise progressivement après la première guerre russo-tchétchène (1994-96). Selon ses dires, lui et ses hommes ont fait 3 stages en Afghanistan.

Il organise et revendique les prises d'otages sanglantes de civils à Boudionnovsk (ou Boudennosk) (juin 1995, 150 morts) et à Beslan en Ossétie du Nord (septembre 2004, 350 morts), Chamil Bassaïev fut considéré par les autorités russes comme le « terroriste numéro un »[1] dans le pays. Il est aussi accusé par ces dernières d'avoir orchestré des attentats à Moscou et à Volgodonsk fin 1999[2]. A l'élection présidentielle tchétchène de janvier 1997, il obtient 23 % des voix face au modéré Aslan Maskhadov, qui les remporte avec 59 % des voix [3]. Bassaïev a reconnu avoir reçu de l'argent venant des milieux d'affaires de Moscou, en particulier de l'oligarque Boris Berezovski, financier proche de Boris Eltsine [4],[5]. Avec son allié, le Jordanien de tendance wahhabite Habib Abd Ar-Rahman Khattab, il fait une intrusion armée dans le Daghestan voisin de la Tchétchénie à partir du 7 août 1999 en vue d'y instaurer une république islamique[6]. Sa tête est alors mise à prix par le Kremlin.

Le 3 février 2005, la chaîne britannique Channel 4 diffuse un entretien avec Bassaïev, que les autorités russes tentent de faire interdire. Un nouvel entretien avec le journaliste Andreï Babitski est diffusé sur la chaîne états-unienne ABC en juillet 2005, suscitant la colère de Moscou [7]. Bassaïev aurait apparemment été convaincu, peu de temps avant sa mort, par le « président de l'Itchkérie », Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, le successeur d'Aslan Maskhadov, de renoncer aux actes contre les civils [8].

Bassaïev a été tué dans l'explosion d'un camion piégé avec d'autres camarades en Ingouchie, dans le Caucase russe dans la nuit du 9 au 10 juillet 2006. Sa tête avait été mise à prix à 10 millions de dollars par les autorités russes [9]. Les séparatistes ont confirmé sa mort, tout en affirmant qu'elle avait été provoquée par une explosion accidentelle, et non par une opération spéciale du FSB selon la version officielle russe [10]. Avec Dokou Oumarov, « président de l'Itchkérie » depuis la mort d'Abdoul-Khalim Saïdoullaïev, Chamil Bassaïev était le dernier chef de guerre à combattre depuis la première guerre russo-tchétchène [11]. Contrairement aux autres chefs séparatistes tués (Sadullaev, Maskhadov, etc.), son cadavre n'a pas été montré à la télévision d'État russe, pratique pourtant en vigueur depuis la disparition de Djokhar Doudaïev, l'ex-général de l'armée soviétique qui avait proclamé l'indépendance tchétchéne en 1991.

[modifier] Références

  1. http://www.fr.rian.ru/analysis/20060711/51186989.html Biographie de Bassaïev sur le site de RIA Novosti
  2. (en) http://edition.cnn.com/2004/WORLD/europe/09/17/russia.beslan/
  3. "Tchétchénie,Maskhadov a été tué", L'Humanité du 9 mars 2005
  4. "Rencontre avec Mayerberk Vatchaguaïev, représentant officiel de la Tchétchénie à Moscou", in L'Humanité du 10 juin 1999
  5. "Pourquoi Moscou relance la guerre de Tchétchénie", in Le Monde diplomatique, novembre 1999
  6. "La Russie s'enlise en Tchétchénie", in Le Monde diplomatique de mars 2002
  7. "Une interview de Chamil Bassaïev provoque l'ire de Moscou", Le Monde du 29 juillet 2005
  8. "Le chef de la rébellion indépendantiste tchétchène tué", in Le Figaro du 19 juin 2006
  9. "Moscou annonce la mort de Bassaïev", RFI, 10 juillet 2006
  10. "Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaïev a été tué" Caucase.com
  11. "Dokou Oumarov, portrait d’une succession tchétchène sans enjeu", par Laurent Vinatier de l'Institut d'études politiques de Paris, publié sur le site de Caucase.com le 21 juin 2006

[modifier] Voir aussi