Guerre de Chioggia

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La guerre de Chioggia entre Venise et Gênes dura de 1378 à 1381. Elle s'inscrit dans le long conflit opposant les deux cités depuis qu'elles commencèrent leur concurrence commerciale au XIe siècle.

[modifier] Venise menacée

Le 31 mai 1378, la flotte vénitienne commandée par Vittor Pisani attaque par surprise, durant une tempête, la flotte génoise dans la mer Tyrrhénienne et la défait, capturant quatre galères et faisant de nombreux prisonniers.

En mai 1379, la flotte vénitienne est vaincue devant Pola, dans la mer Adriatique, et Gênes s'empare de Chioggia et des forteresses vénitiennes commandant ses communications vers la Lombardie. La guerre qui oppose Venise et Gênes pour le maintien de leurs places commerciales byzantines connaît alors un nouvel épisode. À Byzance, Andronic, l'instrument des Génois, est chassé par les Vénitiens qui placent sur le trône Jean V et son fils Manuel. Andronic mourra en exil en 1385.

Dans un premier temps, Vittor Pisani se laisse surprendre à Pola par le Génois Luciano Doria qui a une flotte bien supérieure à la sienne. Il perd quatorze de ses vingt galères. Si Venise possède bien une autre flotte, elle se trouve alors dans la Méditerranée alors que les Génois sont dans l'Adriatique. Au mois d'août, les gênois s'emparent de Chioggia, aidés par des troupes de Padoue et hongroises. Successivement, les cités de Umago, Grado, Caorle sont incendiées. Malamocco, Loreo, Poveglia, San Erasmo sont occupées. Venise se trouvait assiégée, attendant le retour de la flotte de Carlo Zeno.

[modifier] Le sursaut vénitien

Le 13 septembre, on réunit à Venise, dans la basilique Saint-Marc, l'Arengo, l'antique assemblée populaire, qui refait ainsi surface au moment le plus dramatique de l'histoire de la cité. La population toute entière est mobilisée, le capitaine Pisani, alors emprisonné depuis la première défaite de Pola, est rappelé, les canaux sont barrés par des digues, les ports par des chaînes ; une nouvelle flotte est mise en chantier. L'enthousiasme populaire et la dramatisation n'est pas sans rappeler celle des anciens romains dans les périodes les plus noires. Tous veulent s'embarquer, jusqu'au doge Contarini lui-même, alors âgé de 80 ans.

La ville est assiégée mais ses assiégeants ne peuvent la prendre ; les mois passent. La nuit du 22 décembre, l'amiral Pisani fait lever l'ancre à sa nouvelle flotte, forte de 35 galères et d'un nombre considérable de petites embarcations. Il parvint à surprendre la flotte ennemie dans le port de Chioggia et des centaines de barques chargées de pierres sont coulées à la sortie du port. À terre, les Vénitiens bloquent également toute issue. D'assiégeants les Génois deviennent assiégés. Huit jours plus tard, Carlo Zeno arrive avec ses quinze galères, puis quelques autres, finalement ce sont cinquante grands navires de combat que Venise peut aligner. Le blocus dura plusieurs mois. Gênes envoya vainement vingt galères qui n'osèrent attaquer. Ils capitulèrent le 22 juin 1380.

Le 24 juin le doge Contarini entre triomphalement à Chioggia. Le guerre devait encore durer une année durant laquelle Pisani mourut de malaria et le duc d'Autriche, renversant son alliance, se lia à Venise en échange de la cession de Trévise ; elle devait cesser par la paix de Turin en 1381. Gênes ne put que poursuivre une lutte de commerce, finalement sans grande importance. Par la paix de Turin du 8 avril 1381, Famagouste restait aux Génois mais prescrivait la dépopulation et le démantèlement de Ténédos, remise au duc de Savoie. Le commerce en Dalmatie était désormais soumis aux règles vénitiennes. Par ailleurs, Venise se voyait remise en possession de tous ses privilèges à Constantinople et se faisait même reconnaître le droit de commercer librement en Mer Noire.