Gohonzon

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Littéralement Gohonzon (御本尊) signifie objet de respect fondamental de vénération. Go est le préfixe honorifique. Honzon est objet de vénération.

A l'origine, le Honzon (au Japon) était le vénéré principal d'un temple, représentation d'un bouddha, d'un boddhisattva, d'un sage ou d'un maître, sous la forme d'une effigie ou d'une statue à laquelle on venait faire des offrandes ou adresser des prières.

Sommaire

[modifier] Le Gohonzon de Nichiren

Nichiren utilise le terme de Honzon, auquel il appose le préfixe honorifique pour désigner le mandala dont il est l'auteur et qui est tiré des modèles chinois dans lesquels les stances des sûtras sont inscrites dans le corps d'une représentation géométrique ou bien d'un dessin, notamment sous forme de pagodes.

Le Gohonzon présenté par Nichiren, surtout à partir de l'événement d'Atsuhara, devient l'élément de référence et de vénération dans le rituel qu'il institue pour l'école qui se forme autour de ses enseignements. Bien que Nichiren ait commencé à calligraphier ce type de mandala dès la persécution de Tsatsunokuchi, ce n'est que vers la fin de sa vie qu'il a réellement formalisé la forme définitive du Gohonzon et des éléments qui le compose.

Le Gohonzon de Nichiren est l'objet de culte de l'enseignement essentiel des "Trois grandes lois ésotériques". Les enseignements essentiels désignent la "Loi de Myoho-Rengué-Kyo" qui est sous-entendue dans le chapitre Durée de la vie (16e) du Sûtra du Lotus. Les "Trois grandes lois ésotériques" sont la pratique du Daimoku, la pratique du Gohonzon et le lieu d'enseignement de la pratique (kaidan).

L'ésotérisme en bouddhisme, et plus généralement dans l'acception orientale, implique un enseignement qui ne peut être compris par la seule approche théorique. Il doit être éprouvé aussi bien par la foi que par l'acte concret, c'est-à-dire l'expérience. En Occident, la notion d'ésotérique a une connotation de confidentiel, de difficile d'accès ou bien de réservée aux seuls initiés. Les grecs désignaient par "Εσωτερικος" : ce qui vient de l'intérieur, de l'intime, réservé aux seuls adeptes. Les Trois lois sont ésotériques et doivent donc être expérimentées. La réflexion et le discours à eux seuls ne permettent pas d'en comprendre le sens profond et intime.

[modifier] L'objet

Le Gohonzon est traditionnellement transcrit de manière manuscrite ou imprimé mécaniquement sur papier marouflé. Son support est généralement décoré de motifs propres à l'école auquel il appartient. Il est garni d'un support de fixation et d'un contrepoids qui lui permet une meilleure tenue une fois déroulé. Toujours suivant la tradition japonaise, le Gohonzon est déroulé, ou enchâssé, dans un autel installé au domicile du fidèle.

Sur le papier sont inscrits suivant un diagramme relativement constant, les noms japonais de personnages symboliques tirés du Sûtra du Lotus, et de figures légendaires de la mythologie japonais et de la cosmogonie indienne. On y lit également des mentions de respect des copistes et des citations d'enseignements bouddhiques de Nichiren. Ces inscriptions sont, pour la presque totalité, calligraphiées en caractères emprunté au chinois (kanji). L'ordonnancement des figures est construit autour de l'axe central constitué par le mantra, aussi désigné sous le terme de Daimoku, c'est-à-dire Nam-Myoho-Rengué-Kyo. (prononcé Namu-Myoho-Rengué-Kyo dans la Nichiren Shu)

Il existe à ce jour une variété considérable de Gohonzon, selon les écoles, les patriarches et d'autres plus rares spécifiquement destinés à des familles historiques.

[modifier] Controverses en France

La présence du Gohonzon au domicile du croyant adepte de la Sōka Gakkai est indispensable à l'accomplissement du rite. Selon un article du Dauphiné Libéré, il créerait une forme d'accoutumance[1] et serait l'occasion lors de questions posées par un visiteur intrigué de poser les premiers jalons du prosélytisme[2]. Selon ce même journal, ce serait l'occasion d'introduire un clivage qui va obliger le conjoint du pratiquant et plus généralement à sa famille, à se déterminer lorsqu'on se rendra compte que cet objet d'abord accepté par complaisance prend une place croissante dans le psychisme et dans la vie quotidienne du nouvel adepte. Le Dauphiné Libéré, accusé de diffamation pour ces allégations, a été relaxé au bénéfice de la bonne foi[3].

[modifier] Notes et références

  1. Fait reconnu comme exact par le jugement du 13 décembre 2000 du TGI d'Annecy, qui reprend à son compte, en les reconnaissant comme fondés, les résultats de l'enquête d'un reporter du Dauphiné Libéré, relaxé, tandis que la secte est condamnée: "Attendu (...) que les méfaits de la pratique par la répétition à l'infini des mantras et la dénonciation de leur effet aliénant provoquant une rupture radicale des membres de l'association avec leur famille et des déséquilibres psychologiques appuyés par des interviews constituent des faits précis de nature à porter atteinte à la considération et contraires à l 'honneur puisqu'elles renvoient aux pratiques des sectes dangereuses pour les libertés individuelles; Attendu qu'il en va ainsi de la répétition des mantras décrit comme un "phénomène d'hypnose auto-suggestive qui crée des accoutumances et peut produire des effets aliénants", du "déséquilibre psychologique" qui résulte de la fréquentation de la SOKA GAKKAÏ, de l'adhésion à cette religion qui "provoque, presque à coup sûr, ce genre de rupture radicale" avec les proches non pratiquants, de "l'intolérance de la doctrine ajoutée aux sentiments de persécution "qui" conduit les membres au "rejet de toute forme d'opposition. Petit à petit, la SOKA GAKKAI envahit complètement leur vie" (Le texte intégral du jugement est en ligne)".
  2. Allusions continuelles à ce fait et témoignages d'adeptes dans le magazine interne à la secte, Troisième Civilisation.
  3. Affirmation formulée notamment par un article du Dauphiné Libéré de 1999, que le TGI d'Annecy a relaxé du grief de Diffamation, en condamnant la secte aux dépens le 13 décembre 2001, ainsi qu'à verser 15.000 francs aux personnes qu'elle avait incriminées. Le texte de ce jugement est en ligne

[modifier] Sources utiles

  • Gaston Renondeau, La doctrine de Nichiren, 1953, PUF
  • Dictionnaire du bouddhisme, 1991, Editions du Rocher
  • Lettres et traités de Nichiren Daishonin, 7 volumes, ACEP

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