Georges-Marc Benamou

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Georges-Marc Benamou, né le 30 mars 1957 à Saïda en Algérie, est un journaliste français.

Sommaire

[modifier] Biographie

[modifier] Débuts journalistiques

Fils de pieds-noirs d'Algérie, installé à Nice après les accords d'Evian[1], il obtient une maîtrise de droit et un certificat d'aptitude à la profession d'avocat, et débute sa carrière de journaliste à La Provence.

Il s'installe à Paris et écrit dans les colonnes du Quotidien de Paris, dirigé par Philippe Tesson à partir de 1980. Il devient ensuite grand reporter au magazine Les Nouvelles Littéraires, puis dans le groupe Hachette Filipacchi de 1983 à 1985.

[modifier] Les années tournantes

En 1984, il participe à la création de l'association de lutte contre les discriminations raciales, SOS Racisme, qu'il quittera en 1991, favorable à la Guerre du Golfe.

Le 17 février 1985, il surgit sur le plateau de l'émission Apostrophes de Bernard Pivot qui vient de se terminer pour frapper d'un coup de poing l'écrivain Marc-Edouard Nabe à cause de sa prestation qu'il juge raciste. L'épisode fera couler beaucoup d'encre et lancera la carrière des deux protagonistes.

Aidé par Pierre Bergé, PDG de Yves Saint-Laurent, proche de François Mitterrand et mécène, et de Bernard-Henri Levy, il fonde en novembre 1985, le magazine mensuel Globe, un journal de gauche, intellectuel, pro-mitterrandien et antiraciste[1]. Selon ses partisans, il donnait la parole aux intellectuels qui essayaient de percer, à travers les événements, les personnalités et les faits de société nationaux et internationaux, les secrets de l'époque, celle des « Années tournantes », selon le titre de l'ouvrage qui a rassemblé aux éditions du Seuil en 1992 « le meilleur du Mensuel 1985-1992 ». Y écrivent des personnalités aussi diverses que : Bernard-Henri Lévy, Pierre Bergé, Marek Halter, Daniel Sibony, Gérard Miller, Frédéric Mitterrand, Philippe Sollers, Dan Franck, Laurent Dispot, Nicolas Bourriaud, Alexandre Adler, Edgar Morin, Guy Konopnicki, Philippe Murray, Jacques Laurent, Bernard Frank, Gabriel Matzneff, Cyril Collard, Jean-Marc Roberts, Frédéric Ferney, Alain Minc, Mgr Decourtray

En 1992, le mensuel s'interrompt quelques mois pour se transformer, en février 1993, en hebdomadaire, dont le premier rédacteur en chef est Jacques Bouzerand qui vient du Point. Globe Hebdo innove dans la forme en utilisant à pleine page l'infographie et la cartographie ; en publiant des textes d'écrivains comme Edgar Morin et Marguerite Duras, et des cahiers de photographies de photographes comme Marc Riboud, Delgado… ; des synopsis de films, etc. L'hebdomadaire, faute de recettes publicitaires suffisantes, cesse sa publication en juillet 1994.

[modifier] Dans l'ombre de Mitterrand

Pendant toutes ces années, par l'entremise de Bergé, Georges-Marc Benamou rencontre souvent le président de la République François Mitterrand qui s'est pris d'affection pour lui.

Suite aux manifestions contre le CIP en 1994, il aide Nicolas Sarkozy, ministre du Budget puis directeur de campagne d'Édouard Balladur, à rencontrer les responsables de SOS Racisme et les syndicats étudiants[1]. En 1995, il est conseiller à la direction de l'information de France 2, avant d'être nommé par Jean-Luc Lagardère, directeur de la rédaction de l'hebdomadaire L'Événement du jeudi en 1997, qu'il rebaptise L'Événement et quitte en 1999 sur un échec[1].

En 1997, il publie la chronique des ultimes mois de François Mitterrand intitulé Le Dernier Mitterrand. Sa description du président lors de son dernier réveillon à Latche, dégustant des ortolans, - une espèce protégée -, avec ses proches fait scandale, Pierre Bergé dénonçant « un mensonge honteux » car « Mitterrand était si mal qu'il n'a pas pu se mettre à table et les ortolans avaient été servis l'année d'avant », l'auteur n'y voyant qu'« un caprice de la mémoire ». Ce livre le brouille avec les proches de l'ancien président, à l'exception de Jack Lang[1]. En 2005, il coécrit l'adaptation cinématographique de son roman en collaboration avec Gilles Taurand, mise en scène par Robert Guédiguian sous le titre Le Promeneur du Champ-de-Mars.

Dans les années 2000, il est éditorialiste à Nice-Matin, à La Provence et à Europe 1. Entre 2005 et 2007, il intervient aussi régulièrement dans l'émission quotidienne de débat contradictoire de Samuel Étienne, N'ayons pas peur des mots, sur I>Télé. Il créé également une société de production pour la télévision, Siècle production.

[modifier] Aux côtés de Nicolas Sarkozy

Membre de l'équipe de campagne de Nicolas Sarkozy pour l'élection présidentielle de 2007, Georges-Marc Benamou est nommé le 18 mai 2007, conseiller pour la culture et l'audiovisuel auprès du nouveau Président. Il interrompt alors sa collaboration avec les médias[1].

À ce nouveau poste, il fait face a des nombreuses critiques, à la fois craint pour son pouvoir égal voire supérieur à celui du ministre de la Culture et de la communication, et détesté pour son aspect opportuniste et courtisan[2]. Intime de Sarkozy, il organise pour lui des rencontres avec les intellectuels, et travaille sur les dossiers culturels et audiovisuels, au détriment parfois de Christine Albanel, titulaire de la rue de Valois[2], et au prix de plusieurs inimitiés[3].

[modifier] Départ de l'Elysée, annonce de nomination et disgrâce

Suite au remaniement de l'équipe présidentielle au lendemain des élections municipales, le 17 mars 2008, il quitte l'Élysée, et est annoncé à la direction de l'Académie de France à Rome, à la Villa Médicis pour septembre 2008[4]. Mais ce projet de nomination du conseiller du Président, face à de nombreux prétendants, suscite des jalousies et des controverses[5]. Une pétition réunissant une trentaine d'artistes ou d'intellectuels, dont certains soutiens de Nicolas Sarkozy lors des présidentielles de 2007 est publiée dans Le Monde du 22 mars 2008[6]. Jeanne Moreau écrit personnellement au Président de la République pour lui demander de ne pas valider son projet et de prévoir une procédure de soumission à une instance spécialisée[réf. nécessaire]. Il est reproché le manque de compétence de Benamou, et le « fait du prince » engagé sans consultation du ministre de la Culture, qui a la tutelle de la villa. Candidat favori à ce même poste, Olivier Poivre d'Arvor, directeur de CulturesFrance, avait fait connaître par une lettre ouverte sa déception de ne pas avoir été désigné[7].

Devant cette multiplication de remarques et de critiques, l'Élysée décide le 27 mars de reporter la décision et de soumettre à un comité spécialisé la question de la nomination du successeur de Richard Peduzzi, l'actuel directeur de la Villa[8], tandis que le principal intéressé dénonce « une cabale d'intellectuels mondains » à cause de « [s]on soutien à Nicolas Sarkozy »[9].

Dans sa chronique publiée dans le journal Le Monde du 1er avril 2008, Dominique Dhombres a, en quelques mots, résumé cette affaire de la Villa Médicis et donné les "vraies raisons" de la disgrâce de M. Benamou : "par son incompétence et son arrogance, le conseiller a rendu encore plus compliqué le dossier de la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public, dont il avait, à l'Elysée, le pilotage. Il a aussi déplu, et c'est une litote, aux amis artistes, souvent de gauche, de l'épouse du président de la République. Et il a offensé le frère de qui vous savez. Cela fait beaucoup pour un seul homme."

[modifier] Bibliographie

[modifier] Audiovisuel

  • Producteur de Je me souviens des années 80 (série pour Arte, 1989), A propos de Nice (long métrage, 1995), l'OAS, une histoire interdite (2003).
  • Scénariste du Promeneur du Champ de Mars (long-métrage, adaptation et réalisation de Robert Guédiguian, 2004) et Ils voulaient tuer de Gaulle (télévision, 2005, prix du scénario du Fidoc 2006).

[modifier] Notes et références

  1. abcdef Raphaelle Bacqué, « Georges-Marc Benamou, l'ombre des puissants », Le Monde, 22 novembre 2007
  2. ab Anne Fulda, Benamou, le libéral-libertaire de Sarkozy, Le Figaro, 14 février 2008
  3. Grégoire Poussielgue, « Georges-Marc Benamou quitte l'Elysée pour la Villa Medicis », LesÉchos.fr, 17 mars 2008
  4. « Après la déroute de l'UMP, Nicolas Sarkozy remanie sa communication », Le Monde, 17 mars 2008.
  5. Amédée Sonpipet, « Foire d’empoigne pour la Villa Médicis », bakchich.info, 26 mars 2007
  6. « La Villa Médicis, victime du fait du prince », Le Monde, 22 mars 2008
  7. « Poivre d'Arvor: Benamou m'a tué », BiblioObs, 18 mars 2008
  8. Raphaëlle Bacqué, « L'Elysée renonce à nommer Georges-Marc Benamou à la Villa Médicis », Le Monde, 29 mars 2008
  9. « Georges-Marc Benamou dénonce une cabale », interview à LePoint.fr, 28 mars 2008