Gaspard Eberlé

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Gaspard Eberlé
Naissance : 11 juin 1764
Schelestadt, France
Décès : 16 janvier 1837 72 ans)
Nice, France
Origine : France France
Grade : Général de brigade
Service : 1781 - 1816
Conflits : Guerres de la Révolution
Guerres napoléonniennes
Faits d'armes : Armée des Pyrénées-Orientales
Armée d'Italie
Armée d'Orient
Distinctions : Légion d'honneur
Baron d'Empire
Autres fonctions : Commandant supérieur de la place de Briançon

Gaspard Eberlé (1764-1837), 1er baron Eberlé, est un militaire francais de la Révolution française et du Ier Empire

Fils de François Joseph Eberle et de Catherine Gohlinger, il est né à Schelestadt (Bas-Rhin) le 11 juin 1764 et décédé à Nice (Royaume de Sardaigne) le 16 janvier 1837.

Il entra en septembre 1781 dans le régiment du Maine (28e d'infanterie). Caporal le 1er mai 1787, sergent le 16 mars 1792, il devint sergent-major le 7 novembre suivant.

Il fit avec distinction les campagnes de 1792, 1793 et de l'an II, à l'armée d'Italie. Le 28 vendémiaire an II, à l'attaque de Gillette, son capitaine fut mis hors de combat; Éberlé prit aussitôt le commandement de la compagnie, il tua un soldat piémontais et lui enleva une capote d'officier qu'il portait avec lui. Après s'en être revêtu, il s'avança vers une redoute occupée par 300 hommes et somma le commandant ennemi de faire mettre bas les armes à sa troupe. Celui-ci trompé par le costume, s'imagina qu'il avait affaire à un officier d'un grade élevé suivi par des forces considérables et il se rendit à discrétion avec ses 300 hommes. Sur le rapport que fit de cette action le général en chef Dugommier, Éberlé fut nommé adjudant-général chef de bataillon le 13 brumaire, et adjudant-général chef de brigade le 1er frimaire suivant. Le 25 du même mois à la prise de la redoute anglaise, pendant le siège de Toulon, il s'élança un des premiers â l'assaut, son exemple entraîna les chasseurs d'avant - garde et contribua puissamment au succès de cette entreprise. Passé à l'armée des Pyrénées-Orientales, il se distingua au siège de Collioure et de Port-Vendres.

Le 14 floréal an II, quoiqu'il n'eût avec lui que cinq compagnies de chasseurs et une de grenadiers du 28e régiment d'infanterie, il sauva, pendant la nuit, la première batterie dirigée sur le fort Saint-Elme, et força par sa résistance opiniâtre une forte division ennemie à battre en retraite. Le 22 du même mois, à l'escalade de ce fort, il aida à placer les échelles, s'empara de la porte du fort pour y attacher le pétard, et fut grièvement blessé d'un coup de feu qui lui traversa le genou droit. Le 5 brumaire an III, il fut blessé d'un coup de feu à l'épaule droite en chargeant la cavalerie espagnole sur la grande route de Figuières. Le 30 du même mois, avec 300 chasseurs à pied et la compagnie de grenadiers du 28e, il enleva à la baïonnette la redoute de Nostra-Signora del Roure et s'empara de vive force du pont des Moulins.

Passé en l'an IV à l'armée d'Italie, il commandait l'avant-garde de la division Masséna, lorsque le 24 vendémiaire il s'empara, avec une seule compagnie d'éclaireurs, de la redoute et du camp de Roc-Barbenne où il fit 400 prisonniers. Nommé le 13 brumaire suivant, chef de la 56e demi-brigade de ligne, devenu 85e, Éberlé, à la tête d'une colonne de 700 éclaireurs, enleva plusieurs redoutes, perça la ligne de l'armée ennemie et fit 2 000 prisonniers. Le 29 germinal de la même année il commandait l'avant-garde de la division Serrurier à l'attaque de Mondovi. Atteint de trois coups de feu, dont un lui traversa la jambe droite, il continua de diriger les troupes sous ses ordres jusqu'à la fin du combat. Le 1er frimaire an V, à la reprise de Rivoli, il marcha à la tête de son corps formé en colonne serrée contre l'ennemi qui avait déjà battu deux demi-brigades de la division Joubert et qui s'avançait pour s'emparer de l'ancienne redoute espagnole; il parvint à couper sa ligne, culbuta 400 hommes dans l'Adige et fit 1 500 prisonniers.

Dans le courant de la même année, à l'expédition du Tyrol, il prit sa part de gloire dans tous les avantages obtenus par le général Joubert. À la tête d'une seule compagnie de grenadiers de la 85e demi-brigade, il força le passage d'un pont dans des gorges très-difficiles, fit 500 prisonniers et s'empara de l'artillerie et des équipages de l'ennemi. La 85e demi-brigade fut désignée pour faire partie de l'expédition d'Égypte. Son chef Éberlé se signala de nouveau à la descente du Gizo (île de Malte), ainsi qu'à la bataille des Pyramides. À son retour, en l'an VII, le navire qui le transportait avec 22 Français convalescents comme lui, fut forcé, par les vents contraires, de relâcher sur les côtes de Calabre dans le port de Crotone. À peine venait-il d'y entrer que le port se trouva cerné par des corsaires barbaresques. L'équipage et les passagers furent obligés de se réfugier dans la citadelle, mais bientôt ils y furent assaillis par les insurgés qui le sommèrent de se rendre à discrétion. Êberlé, qui avait pris le commandement de la petite troupe, l'excita, par son exemple, à faire une vigoureuse résistance, et ce fut à la fermeté qu'il déploya dans cette circonstance qu'il dut d'obtenir une capitulation honorable pour ses compagnons et pour lui.

Le 27 pluviôse an VIII, il fut appelé au commandement de la première demi-brigade provisoire de l'armée d'Orient (composée des 3e bataillons, des 9e, 13e et 85e demi-brigades de ligne). C'est à la tête de ce corps qu'il prit part, sous les ordres immédiats du général Delmas, aux opérations de l'armée d'Italie. Le 5 nivôse an IX, il montra la plus éclatante bravoure au passage du Mincio; il eut le bras droit emporté par un obus et fut amputé sur le champ de bataille. Le premier Consul lui décerna, le 25 germinal an IX, un sabre d'honneur à titre de récompense nationale. Le 12 germinal an X, il fut nommé général de brigade et employé comme commandant d'armes à Nice, département des Alpes-Maritimes.

Classé comme membre de droit dans la 5e cohorte de la Légion d'honneur, il en fut nommé commandant le 25 prairial an XII, et lorsque l'Empereur institua cette noblesse dont les titres se trouvaient inscrits en caractères sanglants sur tous les champs de bataille de l'Europe, le général Éberlé fut créé chevalier de l'Empire. En 1814, il commandait encore à Nice, et les habitants de cette cité conserveront toujours le souvenir des services qu'il leur rendit, notamment dans la nuit du 14 au 15 mai de cette même année, où, par sa conduite ferme et dévouée, il préserva la ville de l'incendie et du pillage. Le 20 du même mois, il rentra en France, emmenant avec lui, des magasins de Nice, dans la place d'Antibes, 3 bouches à feu et 6 caissons approvisionnés, malgré tous les obstacles que lui opposèrent les armées ennemies auxquelles il sut imposer par sa contenance.

En non-activité le 1er septembre 1814, l'Empereur, à son retour de l'île d'Elbe, le nomma commandant supérieur de la place de Briançon et du département des Hautes-Alpes, par décret du 26 avril 1815. Il eut le bonheur, malgré la position difficile dans laquelle il se trouva pendant plusieurs mois, de conserver à la France un de ses principaux boulevards, et d'empêcher l'ennemi d'entrer dans aucune des places fortes de son commandement, dans lesquelles se trouvaient des magasins immenses et plus de 50 millions de matériel. Le rapport détaillé des opérations et de la conduite du général Éberlé dans cette circonstance fut soumis au ministre de la guerre le 15 novembre 1815; mais les services qu'il venait de rendre au pays n'étaient pas de la nature de ceux qui pouvaient obtenir les bonnes grâces du gouvernement de cette époque : aussi le vieux guerrier fut-il mis à la retraite par ordonnance royale du 5 juin 1816. Mort le 16 février 1837.

Il était donataire (rente 4'000) sur Rome (6 janvier 1812), chevalier, baron de l'empire par lettres patentes du 1er janvier 1813. Il avait épousé Marie Julie Bermon, dont il eut 5 enfants.

[modifier] Source partielle

« Gaspard Eberlé », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, 1852 [détail édition](Wikisource)