Géza Róheim

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Géza Róheim est un ethnologue et psychanalyste américain d'origine hongroise, né le 12 septembre 1891 à Budapest et décédé en 1953 à New York.

Il laisse une œuvre située dans l'articulation entre le psychisme et la culture, constituant ainsi une partie essentielle de l'anthropologie psychanalytique et les prémisses de l'ethnopsychanalyse, même s'il revient à Georges Devereux d'en être le véritable fondateur.

[modifier] Biographie et travaux

Géza Róheim étudie la géographie et l'anthropologie dans diverses universités : Leipzig, Berlin, puis finalement Budapest où il reçoit son doctorat en 1914. En 1919 il devient le premier professeur d'anthropologie à l'université de Budapest, et il adhère à la société psychanalytique locale.

Sa carrière scientifique s'orientera précisément lorsque l'ethnologue Bronislaw Malinowski, sur la base de ses travaux ethnologiques aux îles Trobriand, émet des critiques à l'égard de la psychanalyse. La plus importante met en doute l'universalité du complexe d'Œdipe. Freud, attentif à ces critiques, propose à Géza Róheim d'en étudier la pertinence. Ce sera là le départ pour un voyage qui le conduira en Somalie, en Australie, en Mélanésie et en Amérique de 1928 à 1931. Géza Róheim étudiera en détail de nombreuses sociétés traditionnelles, des aborigènes australiens aux indiens d'Amérique.

Les objections de Malinowski ne sont pas réellement pertinentes car s'il est vrai que dans les sociétés matrilinéaires l'oncle maternel fait manifestement figure de tiers dans la relation mère - enfant, il n'en demeure pas moins que l'enfant vit (ou connaît) avec son père géniteur, notamment dans la période où se développe la problématique oedipienne.

Une partie de son œuvre commence en réalité bien avant la controverse avec Malinowski. En effet, dès son adolescence, Róheim avait effectué des travaux remarqués sur le folklore hongrois. C'est ainsi qu'en 1909, l’année de son baccalauréat, il fit sa première conférence à la Société Ethnographique hongroise sur la mythologie de la lune. Sa formation psychanalytique entreprise avec Sándor Ferenczi puis avec Vilma Kovàcs sera rapidement appliquée à des données ethnologiques. Avant même de partir en voyages, au début des années 20, Róheim fera beaucoup d’ethnologie psychanalytique sur documents dont son travail reconnu favorablement par Freud sur le totémisme australien. Bien que freudien très orthodoxe, sa conception est marquée par au moins deux singularités :

  • la théorie de la foetalisation de Bolk où il puisera l'idée que l'enfance prolongée de l'être humain est un élément fondamental de l'émergence conjointe du psychisme et de la culture.
  • la notion de trauma spécifique à chaque culture.

Après son premier long voyage, Róheim reviendra quelque temps en Hongrie mais la montée du nazisme le fera définitivement migrer aux Etats-Unis. Il y poursuivra ses travaux anthropologiques et exercera aussi la psychanalyse à New York. Il décédera dans cette ville le jour même où on lui apportait son dernier ouvrage, Les portes du rêves.

Parmi ses nombreux livres, Psychanalyse et anthropologie, publié chez Gallimard, est certainement le plus représentatif de l'ensemble de ses travaux.

« De la fin de l'année 1923 jusqu'au printemps 1931, l'auteur de ces lignes fit du pays Somali, de l'Australie centrale, de l'île Normanby et des Indiens Yuma de l'Arizona, son champ de recherche. Pour la première fois dans l'histoire de l'anthropologie, quelqu'un qui avait été lui-même analysé, et qui avait pratiqué la psychanalyse, vint au contact des sociétés primitives » (Lowie, 1944)

[modifier] Bibliographie

  • Dadoun Roger, Géza Róheim, Paris, Payot, 1972
  • Geza Róheim, L'animisme, la magie et le roi divin, Paris, Payot, 2000.
  • Geza Róheim, Les portes du rêve, Paris, Payot, 2000.

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