Frères de la vie commune

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Les Frères de la vie commune sont les représentants d'un mouvement chrétien apparu dans les Pays-Bas à la fin du Moyen-Âge.

Sommaire

[modifier] Origine

Vers la fin de sa vie, le diacre Gérard Groote (1340-1384) se retira dans sa ville natale de Deventer, dans la province d'Overijssel et le diocèse d'Utrecht, et regroupa à ses côtés un petit nombre de ceux qu'il avait convertis par ses prêches ou qui l'avaient choisi comme leur guide spirituel. Avec l'aide de Florent Radewijn, qui renonça pour cela à un canonicat à Utrecht, il put mener à bien un vœu ancien, celui de créer une communauté de fidèles libres de toute règle monastique. La première communauté de ce genre s'établit (ca. 1380) à Deventer dans la propre maison de Florens. Thomas de Kemp, qui y vécut de 1392 à 1399, nous a laissé de ces communautés la description suivante :

« Ils imitaient humblement la vie des premiers apôtres, n'ayant que Dieu dans le cœur et l'esprit, chacun apportait ses biens pour les mettre en commun, ne recevant en échange qu'une nourriture et des vêtements simples sans penser au lendemain. De leur plein gré ils se consacraient à Dieu, et s'occupaient à obéir à leur recteur ou à leur vicaire... ils s'appliquaient à recopier des livres, se consacrant continuellement à l'étude des choses sacrées et à la méditation pieuse. Ayant récité les matines, ils allaient à l'église (pour la messe)... Ceux qui, parmi eux, étaient prêtres ou instruits de la loi divine prêchaient avec inspiration. »

[modifier] Discipline

La discipline des fraternités de la Vie Commune s'inspirait de la vie des premiers chrétiens telle qu'elle est décrite dans les Actes des Apôtres (chapitre 4). Les membres ne prononçaient pas de vœu et pouvaient quitter la communauté quand ils le souhaitaient ; mais tant qu'ils vivaient en communauté, ils devaient observer la chasteté, se dépouiller de leurs biens, se soumettre aux règles de la vie commune et aux ordres du recteur, pratiquer l'oubli de soi, l'humilité et la piété. Le recteur, choisi par la communauté, n'était pas nécessairement un prêtre, bien que chaque maison comportât généralement un ou plusieurs prêtre ou clercs. Dans l'ensemble, c'étaient cependant des laïcs de tout rang et de conditions variées : nobles, artisans, universitaires, étudiants, hommes de main. Les prêtres de la communauté prêchaient parmi les pauvres ; ils copiaient également des manuscrits, pour financer la fraternité ; et certains enseignaient dans les écoles. Parmi les laïcs, les plus instruits recopiaient des manuscrits, les autres se consacraient à ds travaux manuels ou à l'agriculture. Une fois terminé le service religieux dans la matinée, les Frères se séparaient et vaquaient chacun à leurs occupations : les artisans à leur échope en ville, car il s'agissait de mener une vie dans le monde, et non hors du monde comme le faisaient les moines. Il fallait également gagner sa subsistance, et ne pas mendier.

[modifier] Postérité

Il se créa promptement une quarantaine de maisons de la Vie Commune (aussi appelées maisons de la Devotio moderna) dans les grandes villes des Pays Bas, du Nord et du centre de l'Allemagne. Les communautés de femmes doublaient ce chiffre (la première avait été fondée par Groote lui-même à Deventer).

Le mode de vie des Frères rappelait celui des frères minorites qui causaient alors des troubles au sein de l'Eglise et des Etats, ce qui suscita la méfiance des autorités. La controverse fut portée devant l'université de Cologne, où le jugement fut rendu en faveur des Frères de la Vie Commune, mais le débat ne fut définitivement tranché que lors du Concile de Constance (1414), la cause étant brillamment défendue par Pierre d'Ailly et Gerson. Un siècle plus tard, la Devotio Moderna s'était largement répandue dans tous les Pays Bas et l'Allemagne. Elle suscita des vocations brillantes, comme celle d'Erasme.

La Réforme, puis la Contre-Réforme reprirent successivement et sélectivement aux Frères de la Vie Commune ce qui faisait leur originalité au sein de la chrétienté : humilité, non-violence, autonomie. Le mouvement déclina peu à peu à partir du milieu du XVIe siècle, et au milieu du XVIIe siècle, les fraternités avaient totalement disparu.

[modifier] Références

  • Thomas de Kemp, « Vie de Groot et ses disciples » et « Chronicon canonicórum regulárium Montis sanctæ Agnetis » (« Chroniques de Mont Saint Agnès ») sont les sources premières sur les Frères de la Vie Commune ;
  • (en) « Frères de la vie commune », dans Encyclopædia Britannica, 1911 [détail édition] [lire en ligne]

[modifier] Voir aussi