Film biographique

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Un film biographique, également connu dans le milieu cinéphile sous l'anglicisme biopic (contraction de « biographical picture »), est une œuvre cinématographique de fiction centrée sur la description biographique d'un personnage principal ayant réellement existé. Les évènements et l'environnement de son époque sont donc subordonnés à son récit.

Le genre est devenu populaire particulièrement depuis les années 1980 grâce aux progrès des techniques d'imagerie rendant possible la reconstitution de paysages et de zones urbaines d'époque crédibles pour le spectateur.

Sommaire

[modifier] Héros de l'Histoire et rôles de stars

Un biopic relate l'existence d'un personnage passé, la plupart du temps, mais sans que cela soit obligatoire, une figure historique d'importance. Son choix importe pour susciter la fréquentation lors de la sortie en salles. Comme il s'agit d'une œuvre artistique, la représentation donne le champ libre à l'interprétation à la fois pour l'acteur chargé du rôle principal et pour le réalisateur dans l'éclairage qu'il donne sur le personnage : l'occasion est donnée de différer du consensus laissé par le discours officiel et l'historiographie à propos du sujet traité[1]. En revanche, les réalisateurs inspirés par une cause se laissent fréquemment aller à l'excès inverse, celui de donner une image hagiographique en idéalisant le sujet [2]; c'est pour le moins la lecture que peuvent donner les critiques de cinéma.

Le genre biopic est par ailleurs parfaitement intégré au (en) star system dans la mesure où le choix de l'acteur qui incarne le personnage est lui aussi facteur d'adulation pour les masses et provoque des entrées : on va voir un biopic autant pour le personnage que pour l'interprête qui le joue, la relation d'identification profitant à la carrière de ce dernier et à son image auprès du public[3]. À ce titre, il faut donc des acteurs particulièrement doués et qui n'ont plus de preuves à donner pour incarner des rôles aux antipodes des héros de l'Histoire[4] : une étoile montante ne s'y risquerait pas pour des considérations carriéristes.

[modifier] Titres éponymes

Le titre du film est tout choisi en prenant celui du nom du personnage. Toutefois, il serait bien réducteur d'affirmer qu'aller voir un biopic se réduit à suivre une biographie : la matière fournie est prétexte au choix d'une intrigue se focalisant sur les moments les plus déterminants de sa vie, ceux qui l'ont fait entrer dans l'Histoire dans la plupart des cas, ce qui permet le développement du climax et des caractéristiques des films à succès : développement de la dimension humaine du protagoniste projeté sur des évènements, qu'un résumé biographique éclipse, voire introduction d'une thèse sur le destin du personnage à partir d'une énigme que de nouveaux éléments d'archives aurait permis de dévoiler[5].

Dans d'autres cas, le titre du film n'est pas celui du protagoniste, quoique le film soit clairement un biopic puisque vu depuis le regard subjectif de ce protagoniste. C'est le cas de JFK d'Oliver Stone, traitant de l'assassinat du président Kennedy au travers de l'investigation menée par le juge Jim Garrison rétrospectivement à la commission Warren : le spectateur perçoit les phases de doutes du juge de la Nouvelle Orléans et le cheminement de sa réflexion professionnelle sur les fondements du Droit au fil de son enquête révélant qu'une comptine a été servie au peuple américain, l'amenant à revenir sur les faits et intenter une action en justice à l'encontre d'un establishment présenté comme tyrannique et antidémocratique par ses crispations militaristes à la fin du film.

[modifier] Un genre généralisé

Largement identifié comme type de film apprécié du public, le biopic regroupe aujourd'hui un large spectre du cinéma mondial, associant des blockbusters tels Alexandre le Grand comme le retour sur des personnages beaucoup plus modestes au regard d'un « récit national » : la citation de Sophie Scholl, dont la sortie concorde avec une réflexion en cours en Allemagne sur la période la plus sombre de son Histoire, contribue à alimenter le débat en donnant des figures populaires non collusives de l'amalgame entre le peuple allemand et le régime nazi, amalgame pour lequel il fallu des années avant qu'il s'estompe au sortir des ruines de 1945.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Liste de films biographiques

[modifier] Références

  1. Le film décrivant la vie de Klimt dérive de scènes historiques reconstituées sur Vienne en imageries oniriques laissant l'impression d'un portrait du peintre empreint d'érotomanie, qui est l'éclairage subjectif propre à la patte du réalisateur Raoul Ruiz.
  2. C'est le travers dans lequel Spike Lee finit par donner en tant qu'autorité morale pour la communauté noire dans son biopic sur Malcolm X : faire une hagiographie passionnée du sujet malgré la complexité de l'activisme des années 1970 aux États-Unis qui alimentait le climat de ces assassinats.
  3. C'est particulièrement le cas pour l'interprétation d'Ali où les efforts draconiens de la star Will Smith pour prendre du poids afin de coller à la corpulence du boxeur accompagnent a posteriori l'aura de l'acteur, identifié au sein de la communauté noire pour avoir représenté la figure qui participa à l'accession de celle-ci aux titres les plus prestigieux du monde de la boxe américaine.
  4. Voir Bruno Ganz dans son interprétation du Führer suicidaire de la Chute et Philippe Torreton composant dans Monsieur N un Napoléon de l'île de Sainte-Hélène vaincu pour l'Histoire après le crépuscule de Waterloo, mais toujours combatif sur le plan de son existence personnelle.
  5. Concernant celle sur le destin de Napoléon, voir référence ci-dessus.

[modifier] Liens internes