Fédération française des motards en colère

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La Fédération française des motards en colère (FFMC) est une association française de loi 1901 destinée à fédérer les usagers des véhicules motorisés à deux roues ou trois roues. Son objectif est de développer la pratique de ce moyen de transport et de défendre ses utilisateurs. Elle agit dans le domaine de la sécurité routière en initiant des actions de communication, de prévention et de formation, ceci pour améliorer la connaissance du danger, la prise de conscience des différents usagers de la route ainsi que l'esprit de responsabilité et d’entraide des motards. Parmi ses moyens d’action, on peut noter l’organisation de journées de prévention, des campagnes d'affichage, la tenue de réunion périodique, l'organisation de manifestations ou de journées pédagogiques.


Sommaire

[modifier] Histoire

[modifier] Fédération française de motocyclisme

La Fédération française des motards en colère tire ses origines des années 1970. A cette époque, la Fédération française de motocyclisme (FFM), fédération sportive, délégataire du ministère Jeunesse et Sports, n'arrive plus à tenir compte des revendications nées de la généralisation de l'usage de la moto comme moyen de transport. Les usagers de deux roues se regroupent alors au sein d'entités, tels les moto-clubs, ne disposant cependant pas d'une légitimité suffisante pour parvenir à porter leurs revendications à un niveau national. La Fédération française des motards en colère est née en en février 1980, suite notamment aux deux chocs pétroliers (le litre de super est passé de 1,25 à 3,30 FF en 1980), l'explosion des tarifs d'assurance moto, la réforme du permis moto qui rend plus difficile l'accès aux grosses cylindrées, et surtout la mise en place de la vignette moto.

[modifier] Dissidence vis à vis des pouvoirs publics

La mise en place officielle de la vignette fiscale (supprimée depuis 2001) pour les véhicules de plus de 750 cm³ et du nouveau permis est l'occasion pour cette fédération naissante de se faire connaître. A l'occasion des premières assises nationales, organisées au Havre, le porte-parole national, Jean-Marc Maldonado, lance un appel au boycott de cette vignette. L’assemblée décide alors la création d'une "anti-vignette", dont les recettes doivent permettre de financer un collectif d’avocats qui défendra les motards verbalisés. Dans les premiers temps, huit motards sur dix respecteront ce boycott et ne s’acquitteront pas la vignette. Les verbalisations sont rendues d’autant plus difficiles que la FFMC édite aussi des motocollants pour maquiller la cylindrée des motos. Les caches latéraux des 500 cm³ sont siglés 1000 cm³ et inversement. En quelques semaines, des antennes départementales de la FFMC éclosent partout en France. Les manifestations se succèdent à un rythme effréné et mobilisent à chaque fois des milliers de motards. Ces manifestations sont parfois le théâtre de heurts violents avec les forces de l’ordre.

Le mouvement est alors en phase d'extension. Il s’érige d’abord en victime comme le traduisent les slogans déployés sur les banderoles : "Les motards ne meurent pas, on les tue", "Vignette : 80% dans le baba-re" (Raymond Barre était alors premier ministre) ou encore "Le motard n’est pas une vache à lait".

La vignette passe à la trappe en juin, et Pierre Mayet prend le fauteuil de délégué interministériel à la sécurité routière avec une mission claire : inviter la FFMC à la table de négociations lors de la mise en place d’une "commission nationale moto" devant plancher notamment sur la réforme du permis. L’idée d’une mutuelle d’assurance est lancée.

[modifier] Diversification des activités de la FFMC

Dans la foulée, la FFMC annonce qu’elle travaille à la création de centres de formation à la conduite délivrant des permis à prix coûtant, à la mise en place d’un journal moto indépendant dans lequel le rédactionnel ne serait pas négocié à l’avance en fonction des contrats de publicité, d’une coopérative d’achat pour les accessoires et les motos, et enfin de bases de loisirs. C’est la matérialisation du concept de solidarité si cher aux motards.

L’appel à souscription pour la création de la mutuelle est renouvelé, jusqu’à convaincre près de 40 000 motards de verser 280 francs. Contre toute attente, les fonds nécessaires sont réunis et l’agrément du ministère des finances est accordé en septembre 1983. La mutuelle des motards, officiellement dénommée "solidarité mutuelle des usagers de la route" est née.

Tous les novices et jeunes conducteurs sont invités à aller souscrire auprès de la Mutuelle des Motards, alors que les "bons profils" en sont découragés à coup de désinformation, parfois calomnieuse (« la faillite doit être prononcéee dans les prochains jours »). Ayant fait le pari de s’installer en Corse, elle se heurte au mouvement indépendantiste de l’Île de Beauté qui tente une récupération en règle. En août 1984, une opération de déménagement vers le continent est organisée dans l’urgence; cette opération prit des allures de commando.

À l’aube de l’exercice 1985, le constat est amer : 55% de jeunes conducteurs sur l’ensemble des sociétaires et un taux d’accidents trop élevé pour garantir l’équilibre financier de la structure. Il faut prendre des mesures drastiques pour sauver la mutuelle : rappel de cotisations, augmentation des primes, limitation de l’accès aux novices. À mesure que la FFMC gagne ses combats, la mobilisation baisse.

[modifier] Réorganisation de l'association

Au lendemain de ses Assises Nationales 2007, force est de constater que si les ambitions et le sobjectifs se multiplient, si nombre de motards savent faire appel à l'association en cas de difficultées, les adhésions se sont pas au rendez-vous et les finances sont au plus bas [1]. Il suffirait simplement que 10% des 13000 motards qui ont signé la plainte contre la loi des 100cv passent le cap d’adhérer, ou que 0.1% du million et demi d’utilisateurs de deux roues motorisés rejoignent les rangs de l'association pour connaître de meilleures finances.

L'association élabore des propositions telles que:

  • la modification du tarif et de la pérennité des adhésions;
  • une meilleure communication sur ses activités;
  • le renforcement des structures départementales par le biais de supports régionaux;
  • l'augmentation des postes salariés afin d'avoir des représentants au niveau national plus disponibles avec des compétences techniques particulières (communication, aspect juridique, etc).

[modifier] La lutte contre l'insécurité routière

Du côté des pouvoirs publics, la lutte contre l’insécurité routière s’organise à partir de 1972 avec la création de la "Délégation à la sécurité routière". L’objectif est d’enrayer la courbe ascendante des tués sur la route, passés de 9 000 en 1960 à près de 17 000 en 1972. Parmi ces victimes, les motards se font remarquer puisque leur nombre augmente régulièrement depuis 1970. La Délégation se focalise sur ces usagers en faisant l’impasse sur l’accroissement du parc de véhicules en circulation, et en amalgamant les accidents de cyclomoteurs et de vélos aux statistiques annoncées sur les ondes et dans les journaux. Les assureurs trouvent là une solide justification aux augmentations de primes (de +15 à 30% l’an). Les tarifs annoncés aux motards atteignent le triple, voir le quadruple de ceux réservés aux automobilistes. La situation atteint son paroxysme à la fin des années 70, mais le remède s’avère pire que le mal, puisque près d’un motard sur trois fait l’impasse sur l'assurance. En 1978, un très médiatique "Monsieur Moto" est nommé, en la personne d’Yves Mourousi. Il est alors rattaché au ministère de la Jeunesse et des Sports, pour tenter d’éclairer un dossier qui devient de plus en plus brûlant au fur et à mesure que les échéances électorales approchent. Faute de moyens, et lassé par l’absence de coopération du ministère des Transports, il démissionnera quelques mois plus tard.

Au soir de l’arrivée du Bol d'or de 1978, profitant de quelques faits divers impliquant des motards de retour du Castellet, Christian Gerondeau, alors délégué à la Sécurité Routière, se lance à la radio dans une diatribe motophobe. La première manifestation de motards a lieu le vendredi suivant; des milliers de motards investissent la place de la Bastille et commencent à s’étirer en cortège pour défiler sous les fenêtres des dirigeants politiques. En province, plusieurs moto-clubs s’unissent sous des bannières explicites : "Moto liberté", "SOS Moto survie" ou encore "Moto vivante". Fin 1979, les relations entre tous les mouvements régionaux aboutissent à un projet de coordination nationale.

[modifier] L'Europe des motards

Pendant que les banderoles de "Touche pas à mon pote" clament que "La France, c’est comme une mob, pour avancer il lui faut du mélange", la FFMC prépare elle aussi son mélange : l’Europe des motards. Le 25 juin 1988 est organisée la première manifestation européenne à Strasbourg qui donne naissance à la FEM (Fédération européenne des motards, aujourd’hui FEMA).

[modifier] Revalorisation de l'association

En luttant contre les mesures répressives, la FFMC s’engage dans un processus long. Elle gagne en notoriété et en crédibilité pour devenir un repère sollicité à la fois par les motards et par les pouvoirs publics. À l’échelon départemental, elle est reconnue après plusieurs années d’engagement au sein du programme REAGIR. La longue mobilisation contre la mise en place du permis à points créé contre l’insécurité routière a été vaine mais aura réuni de nouveau les motards autour de la FFMC.

Au Bol d’or 1992, la carte d’adhérent est officiellement lancée. En 1994, le premier poste de salarié permanent à la FFMC est créé. Il s’agit d’une secrétaire permettant d’assister le travail du bureau national, toujours exclusivement constitué de membres bénévoles. Au partir de 1996, la FFMC engage un processus de réorganisation territoriale à l’échelle du département. Tout à la fois nécessité historique et corrélation avec l’organisation décentralisée de l’État, cette organisation permet aux motards d’entrer en contact avec la FFMC.


[modifier] Actions de la FFMC

Voici en résumé les actions menées au fil des années par la FFMC.

[modifier] Les actions menées à terme

  • le retrait de la mise en place de la vignette moto (près de trois fois le prix de la vignette auto);
  • la réforme du permis moto, ostensiblement orienté "anti-gros cubes";
  • la création des commissions REAGIR (Réagir par des Enquêtes sur les Accidents Graves et Initiatives pour y Rémédier);
  • la diminution de 40% du tarif des péages autoroutiers appliqués aux motos, les autoroutes étant préférables pour des raisons de sécurité (4 à 7 fois moins accidentogènes);
  • la baisse des tarifs d’assurance consécutive à la naissance de la Mutuelle des motards;
  • la reconnaissance de la place des deux-roues motorisés comme moyen de transport alternatif, avec leur exclusion de la loi sur la circulation alternée en cas de pollution;
  • la mise en place des "M0 Moto" dans chaque département au sein des DDE, notamment pour améliorer le réseau routier;
  • le doublement des rails de sécurité pour éviter l'effet guillotine;
  • la création des premiers circuits ouverts à tous les motards;
  • la création d’un label de qualité sur les antivols moto avec l’AFNOR pour permettre à chacun de se protéger du vol;
  • une représentation aux niveaux départemental, national et européen pour défendre le point de vue des motards;
  • obtention d'un amendement limitant l'impact sur les particuliers du Projet de loi relatif à la sécurité et au développement des transports[2] de 2005 punissant de 2 ans de prison et 30 000 euros le débridage d’une moto par un concessionnaires .
  • La mise en place de "Relais Motards Calmos" lors des grands évènements motocyclistes. Les bénévoles de la FFMC animent ces relais où les motards font une pause pour prendre un café, une douche, se reposer, faire regarder leur machine, etc.. dans le but d'améliorer leur sécurité et de faire retomber l'adrénaline. Une charte entre la Direction de la Sécurité et de la Circulation Routière (DSCR) et la FFMC est d'ailleurs signée pour définir les modalités des Relais.
  • Intervention en milieu scolaire afin de sensibiliser les élèves (collèges et lycées) au port du casque ainsi que d'un équipement adapté.

[modifier] Les actions non abouties

Parmi les actions menées, certaines n'ont pas porté de fruits :

  • le refus du permis de conduire à points annoncé comme la solution pour réduire l'insécurité routière;
  • le refus des radars automatiques : la FFMC y est opposée car elle estime que l'automatisation de la sanction est contraire au principe de la présomption d'innocence et porte atteinte aux libertés individuelles de chacun.

[modifier] Les négociations en cours

  • la TVA à 5,5 % sur les casques, parce que la sécurité ne devrait pas avoir de prix ;
  • la création ou l'ouverture de circuits gratuits ou peu chers en France, pour obtenir des conditions optimales de sécurité et des espaces possible de formation, très réduits à l’heure actuelle ;
  • l'autorisation de remonter les files de véhicules et l'utilisation des voies de bus sous conditions de sécurité[3] ;
  • les dangers de la privatisation des autoroutes à cause d'un entretien au moindre coût, d'augmentations de tarifs plus importantes et plus fréquentes et l’abandon du réinvestissement dans la construction de nouveaux tronçons, et la perte de la réduction tarifaire des motards ;
  • le retrait de l'obligation d'allumage des feux le jour des automobiles[4] (pour une harmonisation internationale des réglementations), à cause de la déresponsabilisation de l’automobiliste : il n’a plus à envisager de n’avoir pas été vu. Alors que c’est vers les plus fragiles que devrait se porter l’attention des usagers de la route les plus imposants et les mieux protégés, ce sont ces derniers que l’on rendra plus visibles ;
  • refus d'un contrôle technique pour les motos, car des modifications destinées à améliorer la sécurité (durites aviation, phares…) pourraient les rendre hors-la-loi, et beaucoup roulent avec des motos de collection sûres mais non reconnues. De plus, les statistiques prouvent que l’état de la moto n’est que très rarement un facteur dans les accidents ;
  • apprendre les particularités d’un deux-roues aux tenants du permis B via une sensibilisation d’une durée de 10 heures organisée par l'AFDM ;
  • améliorer l'éducation et la formation à la conduite (dont le BSR qui est le résultat de l'AFDM) ;
  • Supprimer la loi sur le bridage des machines dépassant 100 chevaux (106 en réalité) conformément aux lois européennes et ainsi laisser la puissance des motocyclettes tels qu'elles le sont à la sortie des usines.


[modifier] Principes d'action

La Fédération française des motards en colère est connue du grand public pour les manifestations qu’elle organise. Si elle en tire une certaine légitimité, en mobilisant souvent plusieurs dizaines de milliers de motards, ces manifestations ne sont organisées qu'en dernier recours et face à une situation de blocage. Elles ne sont que la partie visible de l'iceberg, qui masque souvent ses propositions faites sur de nombreux sujets, en matière de formation, pour la prise en compte des motards, ou dans le domaine environnemental. Elle est ainsi devenue, au fil de l’expérience acquise en matière de sécurité routière, un interlocuteur reconnu des pouvoirs publics en participant à de nombreux travaux avec des organismes officiels comme le CERTU (aménagements urbains), l'AFNOR (certification d'antivols), etc.


[modifier] Voir aussi

[modifier] Liens internes

[modifier] Références

  1. Voir [1]
  2. [http://www.assemblee-nationale.fr/12/rapports/r2764.asp Rapport consultable sur le site de l'Assemblée nationale
  3. Affaire suivie par Bruno Le Roux, député de Seine-Saint-Denis puis de Dominique Tian, député des Bouches-du-Rhône
  4. Rapport complet et recommandation du comité des experts

[modifier] Liens externes