Estuaire de la Loire

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L'estuaire de la Loire est le dernier parcours de ce fleuve, allant de Nantes jusqu'à son embouchure sur l'océan Atlantique. Il ne constitue qu'une partie de la Basse-Loire, cette dernière englobant la Basse-Loire angevine et armoricaine.

L'estuaire est le lieu dans lequel les eaux marines rencontrent celles d'eau douce descendant le lit fluvial. L'estuaire de la Loire est sillonné de chenaux, parsemé d'îles et bordé de marais. L'estuaire forme une zone humide majeure sur la façade océanique. Il constitue un maillon important dans l'écosystème estuarien avec le lac de Grand-Lieu, les marais de la Brière et ceux de Guérande.

L'estuaire de la Loire, la vue depuis le pont de Saint-Nazaire
L'estuaire de la Loire, la vue depuis le pont de Saint-Nazaire

Sommaire

[modifier] Les marées

L'onde des marées se propage au-delà de Nantes. Les cent derniers kilomètres de la Loire subissent aux rythmes des marées, le mélange quotidien de ces deux masses d'eau. Le niveau de l'eau entre basse-mer et haute-mer atteint 6 mètres à Saint-Nazaire ainsi qu'à Nantes, et monte encore jusqu'à 1 mètre à Ancenis.

[modifier] Le débit

Le débit moyen du fleuve est de 825 m3/s avec un régime hydraulique irrégulier allant de moins de 100 m²/s en étiage à plus de 6000 m²/s en crue. La largeur du fleuve peut atteindre près d'un kilomètre entre les deux rives opposées.

[modifier] La géomorphologie

L'estuaire est bordé de part et d'autre de son cours par des massifs montagneux.

  • Au nord : le Sillon de Bretagne, formation apparue à l'ére primaire lors de la cassure du socle cristallin et l'apparition de failles.
  • Au sud : Les coteaux du Pays de Retz, contrecoups du plissement alpin à l'ére tertiaire, soulèvements et affaissements géologiques.

Au cours de l'ére tertiaire, la mer va envahir la région et déposer des sédiments. L'estuaire va évoluer au gré des régressions marines.

Lors de la dernière Glaciation de Würm, le niveau des océans était une centaine de mètres plus bas. Les côtes étaient plus éloignées. La Loire se jetait dans l'océan Atlantique à la hauteur de l'île de Noirmoutier.

[modifier] Écologie du paysage

Entre ces deux reliefs montagneux, s'étend de part et d'autre du fleuve, de vastes zones humides constituées de marais, de vasières découvertes à chaque marée basse, de roselières verdoyantes et de prairies salées inondés quelques jours par an. Selon l'Organisme Régional d'Etude et d'Aménagement de la Métropole, ces étendues humides couvraient un territoire de plus de 40.000 ha. en 1978. Aujourd'hui on évalue à un peu moins à 20.000 ha. Ce domaine qui constituent une importante richesse écologique pour sa biodiversité. Elles s'étendent de Couëron à la Grande Brière en rive nord et du Pellerin à Saint-Brévin-les-Pins pour la rive sud.
L'eau est l'élément naturel de ce paysage et apporte les ressouces nutritives nécessaire à la flore et la faune de cette nature encore sauvage.
Face au rétrécissement de ces zones humides naturelles, leur nécessaire protection fut décidée afin de limiter les extensions industrielles et prévenir les futurs aménagements du Port autonome de Nantes-Saint-Nazaire. Une partie de cette immense zone humide est classée en "Zone de Protection Spéciale" (directive européenne de 1979), elle même incluse dans une "Zone Naturelle d'Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique".

Parc Régional de Grande Brière
Parc Régional de Grande Brière

Deux grandes réserves naturelles protégées furent créées de part et d'autre de l'estuaire :

Depuis 1971 le Schéma Directeur de l'Aire Métropolitaine de Nantes prévoit de maintenir une zone non urbanisée entre les deux agglomérations de Nantes et de Saint-Nazaire, surnommée l'"Écharpe Verte". Les communes concernées par cette ceinture verte ont classé dans leur Plan d'occupation des sols, des périmètres non constructibles.

[modifier] La Flore

Les vastes zones humides regorgent de nombreuses variétés de plantes. Au moins 600 espèces différentes furent répertoriées. Parmi celles-ci l'Angélique, la renoncule, la pulicaria, l'Ophioglosse commun , la Gratiola officinalis, des roseaux notamment le roseau commun, l'aulne et le saule.

[modifier] La Faune

La faune se répartit entre le monde aquatique, les oiseaux et les mammifères.

[modifier] Les poissons

Les espèces les plus courantes dans l'estuaire sont l'alose, l'anguille, la civelle, la crevette grise, la lamproie, le mulet et le saumon atlantique.

[modifier] Les oiseaux

Les échassiers tels que les bécasseaux, les bécassines, les courlis, les échasses, les cigognes, les grues, les hérons et les pluviers.

Les Anatidae tels que canards, bernaches nonnettes et sarcelles.

Les rapaces tels que les aigles criards, balbuzards et busards .

Les passereaux tels que la mésange, le phragmite des joncs et le traquet.

Enfin les avocettes, rousserolles, alouettes et barges à queue noire

[modifier] Les mammifères

Les chauve-souris telles que les barbastelles, les murins, rhinolophes et vespertilions.

La loutre.

[modifier] Les amphibiens

Le triton et batraciens.

[modifier] Histoire

Dans l'Antiquité installation des Celtes. Peuples gaulois des Namnètes sur la rive nord et des Ambilatres au sud. Les Ambilatres devinrent les alliés des Pictons.

Invasion romaine. Le port de Rezé appelé à l'époque romaine Portus Ratiatus ("port de Rezé") ou Ratiatum Pictonum Portus ("port picton de Rezé"), fut un grand port fluvial à l’époque antique.

L'estuaire voit voguer sur ses flots, de nombreux conquérants, parmi lesquels les Vikings et les Bretons.

Face aux razzias guerrières et aux envahisseurs, la rive sud de l'estuaire se constitue en zone de défense du Bas-Poitou sous le nom de comté d'Herbauges avec Rezé comme chef-lieu. La rive nord devient une marche de Bretagne sous l'autorité franque de Roland, neveu de Charlemagne afin de contenir les velléités bretonnes.

En 845, Nominoé, chef breton repousse les forces franques de Charles le Chauve.

En 851, le Traité d'Angers attribue le comté de Nantes et le Pays de Retz à la Bretagne.

En 919, les Vikings occupent Nantes et s'installent sur les îles situées face à Nantes.

La population franque du Pays de Retz, les Paydrets, furent intégrées au IXesiècle aux Marches de Bretagne et au Comté de Nantes.

Au Moyen-Âge se multiplie la construction de nombreuses églises et abbayes autour de l'estuaire.

Lors de l'Edit de Nantes, le Duc de Mercoeur ennemi juré du roi de France Henri IV se rend malgré la présence de 2000 soldats espagnols stationnés au Pellerin prêts à combattre le roi de France.

Renaissance : Développement du commerce maritime avec le reste de l'Europe. Marchands, armateurs et navigateurs espagnols et hollandais débarquent en grand nombre à Nantes.

Le commerce triangulaire active le trafic maritime, mais la Loire devient difficle à remonter. Création des avant-ports de Couëron, du Pellerin et surtout de Paimboeuf sur la rive sud.

Carte de la Loire de Cassini
Carte de la Loire de Cassini

Construction de raffineries de sucre à Nantes.

Pendant la Révolution française et les Guerres de Vendée, les abbayes et prieurés de l'estuaire sont brûlés.

Nécessité de construire un bassin à flot à Saint-Nazaire. L'activité maritime se déplace de Paimboeuf vers la rive nord. Prolongation de la voie ferrée de Paris-Nantes vers Saint-Nazaire. Afin de contrer l'expansion de Saint-Nazaire, Creusement du Canal de la Martinière sur la rive sud, pour maintenir l'activité économique à Paimboeuf. Industrialisation à Nantes, Couëron, Indre, construction d'un patrimoine industriel important.

Construction de la base navale de Saint-Nazaire. Puis occupation allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et bombardements alliés.

Installation des équipements pétrolier et méthanier à Donges et Montoir.

1965 : Création du Port autonome de Nantes-Saint-Nazaire.

1970 : La centrale thermique de Cordemais est opérationnelle.

1974 : Construction du Pont de Saint-Nazaire.

1976 : Michel d'Ornano, Ministre de l'Industrie, décide d'implanter une centrale nucléaire au Pellerin. Suite à cette décision, l'opposition à ce projet va croissant, avec mobilisation populaire et manifestations. Le combat durera cinq ans, ponctué de débats intenses et d'affrontements violents.

1991 : Inauguration du Pont de Cheviré.

Roquio Navibus à Nantes
Roquio Navibus à Nantes

2005 : Après près d'un demi-siècle d’interruption, un service régulier de liaison fluviale entre Nantes et Trentemoult fait sa réapparition avec une liaison par navettes en navibus.

2005 : Gratuité des bacs de Couëron (port Launay) au Pellerin. Depuis le XIXesiècle, les bacs de Loire ont connu différentes techniques : à rames, ferry à chaînes, à charrières, puis aujourd’hui en amphidrome.

Dragage permanent des fonds de l'estuaire afin de permettre un libre passage entre les bouchons vaseux et hauts-fonds.

[modifier] Actualité

[modifier] Projet d'aménagement

Dans le cadre du nouveau Plan Loire Grandeur nature 2007-2013, concernant la Basse-Loire depuis la Maine jusqu'à l'estuaire, le "Groupement d’Intérêt Public Loire Estuaire" coordonne les projets et propose une approche prospective cohérente et durable du territoire estuarien, notamment la poursuite, le développement et la diffusion de la connaissance et des suivis sur la Loire et son estuaire et les projets de restauration à long terme de l’estuaire en aval de Nantes ainsi que les travaux du "SAGE" : Schéma d'Aménagement et de Gestion des ressources en Eau.

[modifier] Pollution et marées noires

Comme l’explique Monique Guillou, ingénieur de recherche spécialisée en pollution marine pour le réseau Ritmer[1] : « les conséquences écologiques et écotoxicologiques d’une marée noire ne sont plus à démontrer. Mais l’impact de la catastrophe varie bien entendu avec le tonnage de pétrole déversé, sa nature, la situation bathymétrique et géographique des rejets, la nature de la faune présente etc. ». Il est sûr qu’aucun organisme vivant n’échappe à l’intoxication du fuel.

  • 2008 : La rupture d’une canalisation, à la raffinerie de Donges, a provoqué une marée noire en Loire : 400 tonnes de fuel lourd toxique d’hydrocarbures se sont déversés dans le fleuve, lors du remplissage des réservoirs d’un navire à la raffinerie Total de Donges en Loire-Atlantique. Plus d’une vingtaine de kilomètres de côtes et bords de Loire (autour de Paimboeuf), ont été polluées. La LPO (Ligue pour la protection des oiseaux) et les bénévoles de l’association et des membres de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage) ont effectué un décompte des oiseaux touchés, constatant jusqu’à 40 cm d’épaisseur de mazout sur certaines berges. Des dizaines de bécasseaux variables, pluviers argentés, avocettes, tadornes et barges rousses furent découverts mazoutés. Pour la LPO, les oiseaux des vasières, des roselières et du Banc de Bilho sont les plus menacés [2], [3]. Le 15 avril 2008, Total annonce que ce sont 500 tonnes qui se sont échappées dont 180 dans l’estuaire [4].
  • 2006 : Dans la nuit du mercredi 4 au jeudi 5 janvier 2006, une collision s’est produite entre deux butaniers au terminal pétrolier de Donges. Une brèche dans l’un d’eux a laissé échapper 30 tonnes de fuel lourd. Malgré les barrages flottants disposés pour endiguer la pollution, cette dernière, d’abord considérée comme relativement limitée par les autorités, a fait d’énormes dégâts sur l’avifaune de l’estuaire de la Loire, notamment sur les vasières de la rive gauche, entre Corsept et Paimboeuf, une zone cruciale où les oiseaux viennent s’alimenter à marée basse.
    En Loire-Atlantique, des oiseaux mazoutés ont été observés sur le Canal de la Martinière, les Vasières de Corsept-Paimboeuf, la Vasière de Méan, les plages de Saint-Nazaire, la Baie de La Baule et les Marais salants de Guérande. (Mais les dommages de cette pollution se font également ressentir en dehors de l’Estuaire : plusieurs dizaines d’avocettes ont été observées entièrement mazoutées sur la Réserve Naturelle des Marais de Müllembourg (île de Noirmoutier, Vendée, et au sud de l’estuaire). Plusieurs avocettes mazoutées sur la Lagune de Bouin et la Baie de Bourgneuf, ainsi qu’une Mouette rieuse à Tiercé en Anjou[5].
  • 1999 : Le naufrage du pétrolier maltais Erika, en décembre 1999. La catastrophe est bien là : 19 000 tonnes d’hydrocarbures sont déversées dans la mer, 400 kilomètres de littoral souillés, 150 000 oiseaux mazoutés et 250 000 tonnes de déchets récupérés. Selon Gilles Bocquène, chercheur à l’Ifremer, qui a travaillé sur la marée noire de l’Erika : « Seuls les oiseaux marins ont payé un lourd tribut (entre 200 et 300 000 oiseaux morts) »[réf. nécessaire].

[modifier] Galerie de photographies

[modifier] Liens externes

[modifier] Références

  1. Ritmer : Présentation Ritmer
  2. Marée noire dans l’estuaire de la Loire : des oiseaux mazoutés
  3. comm2008-03-18
  4. (fr) Estuaire de la Loire : Total a sous-estimé la fuite sur enviro2B
  5. Actualité > Estuaire de la Loire : des milliers d'oiseaux mazoutés