Enver Hoxha

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Enver Hoxha
Enver Hoxha

Enver Hoxha[1], né le 16 octobre 1908, fonda le Parti communiste albanais en 1941[2] et fut le président de la République populaire d'Albanie de 1945 jusqu'à sa mort, le 11 avril 1985.

Sous le régime qu'il avait mis en place, l'Albanie a subi un profond isolement du reste de l'Europe et une adhésion sans concession au stalinisme, même si le régime a également permis au pays d'évoluer d'une société semi-féodale vers un État industrialisé [3]

Il proclama en 1967 l'Albanie « premier État athée du monde ».

Sommaire

[modifier] Jeunesse

Enver Hoxha est né à Gjirokastre, une ville d'Albanie méridionale où son père, de religion musulmane, était commerçant. Enver, qui avait trois sœurs et un frère, fut surtout élevé par son oncle, Hysen Hoxha. Selon les archives soviétiques et albanaises, le garçon avait toujours rêvé d'entrer au séminaire de Tiflis à la suite de son idole, Staline, dont il gardait un portrait accroché au mur de sa chambre. Malheureusement, il dut prendre en charge sa mère, affaiblie par la maladie.

Il étudia de 1923 à 1927 au lycée français de Gjirokastre puis à celui de Korçë jusqu'en 1930.

En 1930, il obtient une bourse d'État pour étudier les sciences naturelles à l'université de Montpellier.En 1933, il abandonne ses études et se rend à Paris, où il il côtoie des communistes français et albanais en exil. Il devient l'année suivante secrétaire particulier du consul albanais à Bruxelles où il apprend le droit à Université libre de Bruxelles, sans obtenir à nouveau de diplôme. Revenu en Albanie en 1936, il enseigne à Tirana, puis au lycée français de Korçë, avant d'être renvoyé de l'établissement fin 1939 pour avoir participé à Korçë à une manifestation de la célébration de la fête de l'Indépendance au caractère anti-fasctiste. Cet évènement peut être vu comme le début réel de la carrière d'activiste d'Enver Hoxha. Il revint alors à Tirana et devint bistrotier et marchand de tabac.

[modifier] Résistance et accession au pouvoir

Dès l'invasion italienne de l'Albanie en 1939, Enver Hoxha cherche à organiser la résistance et reçoit l'aide d'émissaires du Parti communiste yougoslave envoyés par le Komintern. Le Parti communiste albanais est fondé le 8 novembre 1939. Il faut toutefois modérer l'importance du PC albanais d'alors. Si des sections locales existaient depuis 1929 (notamment à Korçë ou à Tirana), leur influence politique restait très mineure, et des dissensions et sécessions internes n'arrangèrent pas la situation.

Ce n'est qu'en novembre 1941, soit quelques mois après le retournement de l'Allemagne nazie contre Staline, qu'Enver Hoxha est élu secrétaire général d'un nouveau parti communiste dont l'unification des anciennes sections fut ordonnée par le Komintern. Le choix d'Hoxha semble tenir à son instruction et à son passage de quelques années en France — bien que peu prolifique sur le strict plan des études. Ce nouveau PC, fort d'à peine quelques centaines de membres, se voulait établi sur un modèle titiste et était sous l'emprise idéologique du PC yougoslave voisin.

Bien que souhaitant une union nationale, devant déboucher sur une "Grande Albanie", Hohxa, critiqué par le Parti et la Yougoslavie, se vit forcé en 1943 de rompre l'accord de Mukje entre résistants républicains et résistants communistes.

En mai 1944, devant le recul de la Wehrmacht, le Front de libération national, majoritairement composé de communistes, décide de se muer en gouvernement provisoire. Hoxha est élu dirigeant du comité exécutif de ce gouvernement. Les organisation n'appartenant pas au FLN sont déclarées illégales et le roi Zog Ier est interdit de séjour. Durant toute l'année 1944, le PC albanais combat, avec l'aide de partisans communistes grecs, les républicains et monarchistes. Le 22 octobre est fondé le Gouvernement démocratique d'Albanie, dont Hoxha est nommé tant président que ministre de la Défense. En quatre ans, il parvint ainsi à passer de chef d'un petit parti de 200 membres à dirigeant d'un pays à peine libéré, en pleine guerre civile, mais à la tête de dizaines de milliers de partisans.

L'année 1945 fut plus difficile pour Hoxha, qui dut faire face à la montée en puissance des courants pro-yougoslaves et rattachistes au sein du PC : son influence décrut. Élu par 99,9% des voix le 2 décembre 1945, le Front démocratique, dans lequel le Parti communiste est dominant. Le 11 janvier 1946, la République populaire albanaise est proclamée. La fusion avec la Yougoslavie est alors pourtant pressentie comme imminente, Staline refusant de recevoir Hoxha malgré sa demande de soutien et se déclarant en privé favorable à l'incorporation de l'Albanie dans la Yougoslavie.

La situation ne se retourna qu'en 1948, à la suite de la rupture soviéto-yougoslave : le clan pro-yougoslave, se retrouvant soudainement isolé, fut dénoncé par celui d'Hoxha et ses principaux meneurs, Koçi Xoxe en tête, liquidés. Le premier congrès du PCA (qui fut à cette occasion renommé Parti du Travail), en novembre 1948, acheva de restaurer Hoxha comme dirigeant de l'Albanie, et élimina les clivages du sein du Parti.

[modifier] Prise du pouvoir

Élu par 99,9% des voix le 2 décembre 1945, le Front démocratique, dans lequel le Parti communiste est dominant, prend le pouvoir et entreprend de jeter les bases d'une société communiste.

[modifier] Rupture avec l'Union soviétique

En 1956, trois ans après la mort de Staline, Nikita Khrouchtchev prône la déstalinisation. La rupture sera bientôt consommée entre l'Albanie et l'URSS. En revanche, la Chine, à la recherche d'alliés, accroît son aide à Tirana et conclut en 1961 une alliance officielle avec cette dernière. Elle ne cessera qu'en 1978, après le rapprochement entre la Chine et les États-Unis (visite de Nixon à Pékin en 1972), puis la mort de Mao et la fin de facto de l'idéologie maoïste en Chine.

[modifier] Œuvres

Enver Hoxha fut un doctrinaire très prolixe du stalinisme. Plusieurs groupuscules occidentaux se sont réclamés de ses écrits.

Ses œuvres choisies en langue française furent publiées en 6 volumes de 1978 à 1986.

On peut aussi lire ses Mémoires (Nagel, 1984)

Un condensé de sa pensée est paru avec Face au révisionnisme (Maspero, 1972), des textes choisis par Gilbert Mury.

[modifier] Notes et références

  1. parfois écrit phonétiquement en français Hodja
  2. devenu par la suite le Parti du travail d'Albanie
  3. « Sur le plan économique, on peut noter un développement non négligeable de l'industrie, l'achèvement de l'électrification, la construction de la première voie ferrée et son rattachement au réseau européen. Enver Hodja maître de l'Albanie, Georges Castellan, juillet 2002, Clio.fr »

[modifier] Voir aussi

commons:Accueil

Wikimedia Commons propose des documents multimédia libres sur Enver Hoxha.

[modifier] Films

  • Le film sorti en 1998, Kolonel Bunker met en scène l'Albanie sous le règne de Hoxha.

[modifier] Liens internes

[modifier] Liens externes