Dornach (quartier de Mulhouse)

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Dornach est un quartier de Mulhouse. Il s'agit d'une ancienne ville, rattachée à Mulhouse en 1914. C'est une lieu d'occupation très ancien qui doit son nom aux Celtes. La ville dont la population a fortement augmenté grâce à au développement industriel demande en 1908 son rattachement à Mulhouse car elle est incapable de régler seule les problèmes liés au développement urbain.

Sommaire

[modifier] Histoire

On trouve des traces d'occupation de Dornach dès le Néolithique: silex taillés et haches découverts au pied de l'Illberg. Des vestiges datant des périodes de Hallstatt et de La Tène sont des tombes, des fibules vilannoviennes, des monnaies gauloises et d'autres objets. Les Romains latinisent le nom Durnachos en Durnacum ou Turnacum. Lors de grandes invasions, le lieu est occupé par les Alamans et les Francs qui germanisent son nom en Turnich, Durnich, Durnach et enfin Dornach.

Au Moyen Age, le village de Dornach appartient à l'abbaye de Murbach qui le donne en fief à une famille noble prend le nom de Dornach. Au début du 15ème siècle la famille des de Dornach s'éteint. L'unique héritière, Vérène, épouse Hertrich II Zu Rhein. Le fief de Dornach passe entre les mains des Zu Rhein jusqu'à la Révolution française. La Guerre de Trente Ans décime le village qui passe de 200 habitants au début du conflit à 18 ou 20 à la fin de la guerre. Quand la paix est signée, Dornach se repeuple de nouveau.


La première industrialisation de Mulhouse touche rapidement le village. C'est même à Dornach que la première machine à vapeur est installée en 1812[1]. Le long du Steinbaechlein les usines textiles s'intallent: Blech-Fries, DollfusMieg et Cie, Hofer et Schlumberger, Thierry-Mieg au Brustlein. Louis René Villermé visite Dornach pour rédiger le Tableau de l'état physique et moral des ouvriers employés dans les manufactures de coton, de laine et de soie, paru en 1840. Il y décrit les conditions de travail des ouvriers des usines de la commune.

"À Mulhouse, à Dornach, le travail commençait à cinq heures du matin et finissait à cinq heures du soir, été comme hiver. [...] Il faut les voir arriver chaque matin en ville et partir chaque soir. Il y a parmi eux une multitude de femmes pâles, maigres, marchant pieds nus au milieu de la boue et qui à défaut de parapluie, portent, renversés sur la tête, lorsqu’il pleut ou qu’il neige, leurs tabliers ou jupons de dessus pour se préserver la figure et le cou, et un nombre plus considérable de jeunes enfants non moins sales, non moins hâves, couverts de haillons, tout gras de l’huile des métiers qui tombe sur eux pendant qu’ils travaillent. Ces derniers, mieux préservés de la pluie par l’imperméabilité de leurs vêtements, n’ont même pas au bras, comme les femmes dont on vient de parler, un panier où sont les provisions de la journée ; mais ils portent à la main, ou cachent sous leur veste ou comme ils peuvent, le morceau de pain qui doit les nourrir jusqu’à l’heure de leur rentrée à la maison."

Il décrit aussi les logements des ouvriers: «J’ai vu à Mulhouse, à Dornach et dans des maisons voisines, de ces misérables logements où deux familles couchaient chacune dans un coin, sur la paille jetée sur le carreau et retenue par deux planches... Cette misère dans laquelle vivent les ouvriers de l’industrie du coton dans le département du Haut-Rhin est si profonde qu’elle produit ce triste résultat que, tandis que dans les familles des fabricants négociants, drapiers, directeurs d’usines, la moitié des enfants atteint la vingt et unième année, cette même moitié cesse d’exister avant deux ans accomplis dans les familles de tisserands et d’ouvriers de filatures de coton

La maison photographique d'Adolphe Braun est fondée à Dornach en 1853[2]. Elle devient un établissement industriel en 1862. Sa renommée s'étend vite au monde entier grâce à ses reproductions d’œuvres d’art conservées dans les grands musées d’Europe[3]. La population augmente rapidement:160 habitants en 1764, 500 en 1789, à 900 en 1813, à 3000 en 1851, 11 234 en 1913.

Le 19 août 1914, Dornach, nouveau quartier de Mulhouse, se trouve au coeur d'une des premières batailles de la Première Guerre mondiale. En effet, suivant le plan XVII, le 8 aout, les troupes françaises entrent à Mulhouse. Mais la ville retombe aux mains des Allemands deux jours plus tard. Des combats violents ont lieu à Illzach le long du talus du chemin de fer de ceinture. Le 18 août, les troupes françaises reprennent l'offensive. Allemands et Français se retrouvent nez à nez à Dornach le lendemain matin. La bataille de Dornach s'engage. L'artillerie française envoie un grand nombre d'obus sur les maisons de Dornach pour soutenir l'avancée de son infanterie. Vers 17 heures, les troupes françaises prennent possession de Mulhouse. On relève alors des centaines de morts et de blessés des deux côtés. Les troupes françaises abandonnent Mulhouse le 25 août 1914. Pendant la guerre les usines chimiques de Dornach produisent des gaz asphyxiants pour les troupes allemandes. Elles sont bambardées par l'aviation française en novembre 1915[4].

[modifier] Les communautés religieuses à Dornach

[modifier] La communauté juive

Jusqu'en 1798, les juifs sont interdits de résidence à Mulhouse. Ils s'installent donc dans les communes environnantes comme Dornach. En 1798, la communauté juive de la ville rédige un Memorbuch. Il contient des prières en la mémoire des victimes des persécutions en Allemagne, en Autriche, en Bohème, en Espagne, en Pologne et en Hollande[5]. Au XIXe siècle la communauté grandit encore. Une nouvelle synagogue, aujourd'hui abandonnée, est construite en 1851 selon les plans de Jean-Baptiste Schacre, architecte de la ville de Mulhouse. La particularité de la synagogue de Dornach est l'existence d'une petite fosse, située entre l'Almémor[6] et l'Arche sainte[7] et comblée en 1959. En juin 1940, devant l'avance de l'armée allemande, de nombreux Juifs fuient Mulhouse et le quartier de Dornach. Les nazis expulsent ceux qui restent en septembre.

[modifier] Économie

  • L'usine chimique Rhodia qui comptait 135 salariés a fermé ses portes début 2008[8].

[modifier] Voir aussi

[modifier] Références

  1. Historique de l
  2. Laure Boyer, Adolphe Braun, Encyclopaedia Universalis, DVD, 2007
  3. La photographie du XIXe siècle à Chantilly
  4. Gérard Hartmann, Les As
  5. Le Memorbuch d'Haguenau,” Central Archives for the History of the Jewish People, cité par Paula Hyman, The Emancipation of the Jews of Alsace, New Haven,1991, pp. 71-2
  6. Littéralement "estrade", tribune pour la lecture de la Torah (Pentateuque), des Prophètes et du rouleau d'Esther
  7. Armoire renfermant les rouleaux de la Torah
  8. http://www.usinenouvelle.com/article/rhodia-va-fermer-son-site-de-mulhouse-dornach.99015 usinenouvelle.com, avec Reuters

[modifier] Bibliographie

  • Jérôme Blanc:
    • Frédéric Engel-Dollfus, un industriel saint-simonien, Businessmen, 2003, ISBN 2864961199
    • Les Engel, Une Famille D'Industriels Et de Philanthropes, 1994, ISBN 2864960605

[modifier] Liens externes