Diagramme de Minkowski

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.

Diagramme de Minkowski représentant la translation des coordonnées d'espace-temps (x,t) d'un observateur en celles (x', t') d'un second observateur (en bleu) en déplacement par rapport au premier à 40% de la vitesse de la lumière.
Diagramme de Minkowski représentant la translation des coordonnées d'espace-temps (x,t) d'un observateur en celles (x', t') d'un second observateur (en bleu) en déplacement par rapport au premier à 40% de la vitesse de la lumière.

Le diagramme de Minkowski est un diagramme d'espace-temps développé en 1908 par Hermann Minkowski, qui fournit une représentation des propriétés de l'espace-temps défini par la théorie de la relativité restreinte. Il permet une compréhension qualitative et intuitive de phénomènes comme la dilatation du temps, la contraction des longueurs ou encore la notion de simultanéité, sans utiliser d'équations mathématiques.

Le diagramme de Minkowski utilise une seule dimension spatiale. Il superpose deux systèmes de coordonnées correspondant à deux observateurs en translation rectiligne et uniforme l'un par rapport à l'autre. Son objectif principal est de permettre de visualiser immédiatement les coordonnées d'un même évènement dans un référentiel, à partir des coordonnées de l'autre référentiel, et de résoudre ainsi de nombreux problèmes et paradoxes apparents de la relativité restreinte. Ce diagramme permet également de montrer graphiquement la propriété de la vitesse de la lumière d'être une vitesse non dépassable.

La structure et les propriétés du diagramme résulte des postulats de la relativité restreinte et des propriétés de l'espace de Minkowski. Elles illustrent les relations profondes entre l'espace et le temps, découvertes par la théorie de la relativité restreinte.

Sommaire

[modifier] Bases

Ligne d'univers du photon. Les lignes d'univers des particules massives sont nécessairement au dessus de cette droite.
Ligne d'univers du photon. Les lignes d'univers des particules massives sont nécessairement au dessus de cette droite.

Pour la lisibilité du diagramme, une seule dimension spatiale est représentée. Contrairement aux diagrammes distance/temps usuels, la coordonnées spatiale est en abscisse et le temps en ordonnée. Les objets décrits par ce diagramme peuvent être pensés comme se déplaçant du bas vers le haut à mesure que le temps passe. La trajectoire d'un objet dans ce diagramme est appelée ligne d'univers. Une particule immobile aura une ligne d'univers verticale.

Chaque point du diagramme représente une certaine position dans l'espace et le temps. Cette position est appelée un évènement, indépendamment du fait qu'il se passe réellement quelque chose en ce point ou non.

Pour faciliter l'utilisation du diagramme, l'axe des ordonnées représente une quantité "ct" qui est le temps multiplié par la vitesse de la lumière "c". Cette quantité est assimilable également à une distance. De cette manière, la ligne d'univers du photon est une droite de pente 45°, l'échelle des deux axes étant identique dans un diagramme de Minkowski.

[modifier] Construction du diagramme et règles de transformation des coordonnées

[modifier] Représentation asymétrique

Règle de projection d'un évènement A sur les axes (x,ct) et (x', ct')
Règle de projection d'un évènement A sur les axes (x,ct) et (x', ct')

Dans une représentation asymétrique (la plus commune), où un référentiel (x,ct) est considéré au repos et l'autre (x',ct') en mouvement avec une vitesse v (rectiligne et uniforme) par rapport à lui, le diagramme de Minkowski se construit en représentant le premier référentiel avec des axes orthogonaux.

Détermination des axes du second référentiel :

Le second référentiel est représenté avec un axe (O,ct') identifié avec la droite d'équation x=v.t \quad (ou encore x = β.ct, avec β = v / c) et (O,x') avec la droite symétrique par rapport à la droite d'équation x = ct, c'est à dire est d'équation x = (c2 / v).t (ou encore x = β − 1.ct).
D'un point de vue angulaire, cela signifie que l'axe (O,ct') fait un angle α par rapport à (O,ct) et (O,x') fait le même angle mais de sens opposé par rapport à (O,x), et que l'angle α est tel que  \tan(\alpha) = \frac{v}{c} .

Graduation des axes (O,ct') et (O,x') :

Les transformations de Lorentz nous donnent les relations c \Delta t = \gamma \left( c \Delta t' + \beta \Delta x' \right) \, ; \Delta x = \gamma \left( \Delta x' + \beta c \Delta t' \right) \, , avec \beta = \frac{v}{c} et \gamma = 1/\sqrt{1-\beta^2}\, .
Pour le point de coordonnées (0';1') (donc x' = 0 et ct' = 1), on a : ct = γ > 0 et x = γβ > 0 qui forment un couple de solutions positives de l'équation c2t2x2 = 1.
De même, pour le point (1';0') (donc x' = 1 et ct' = 0), on a : ct = γβ > 0 et x = γ > 0 qui forment un couple de solutions positives de l'équation c2t2x2 = − 1.
En fait, cette détermination de la graduation utilise l'invariance de l'intervalle d'espace-temps par changement de référentiel : c^2t^2-x^2=c^2t'^2-x'^2=\pm 1.
Géométriquement, pour placer les points (0';1') et (1';0'), il suffit de considérer le point commun de coordonnées positives de (O,ct') et de la courbe c2t2x2 = 1, d'une part, et le point commun de coordonnées positives de (O,x') et de la courbe c2t2x2 = − 1, d'autre part.

Détermination des coordonnées d'un point :

Les coordonnées (x,ct) et (x',ct') d'un même évènement A se trouvent par projection sur chaque axe, parallèlement à l'autre axe du référentiel, conformément aux règles usuelles des coordonnées cartésiennes.

Cette représentation est alors apte à décrire un certain nombre de raisonnements qualitatifs et quantitatifs : dilatation des durées, contraction des longueurs, combinaison des vitesses... combinaison de transformation de Lorentz successives (unidimensionnelles).

[modifier] Représentation symétrique

Représentation symétrique, avec les lignes de simultanétité pour chaque observateur.
Représentation symétrique, avec les lignes de simultanétité pour chaque observateur.

Il existe une représentation symétrique du diagramme de Minkowski (appelée également diagramme de Loedel d'après le physicien Enrique Loedel Palumbo qui a introduit le premier cette représentation symétrique) où aucun référentiel n'est privilégié. Les deux systèmes d'axes sont représentés symétriquement par rapport aux directions orthogonales, et sont séparés par un angle β tel que :

\sin(\beta) = \frac{v}{c} .

Contrairement à la représentation asymétrique, l'échelle et la graduation des axes des deux référentiels est la même, ce qui facilite l'interprétation des figures. Cette représentation apparaît plus proche de l'esprit de la relativité où aucun référentiel n'est privilégié.

[modifier] Lignes de simultanéité

Par définition, tous les évènements situés sur l'axe (0,x) sont simultanés (possèdent le même temps t = 0). En conséquence, toutes les droites parallèles à (O,x) sont des lignes de simultanéité de l'observateur situé dans le référentiel (x,t). De même, toutes les droites parallèles à (O,x') sont les lignes de simultanéité pour l'observateur situé dans le référentiel (x',t'). Tous les évènements situés sur ces droites se passent "au même instant" pour un observateur donné.

Le diagramme de Minkowski illustre la relativité de la simultanéité. La théorie de la relativité restreinte stipule en effet que deux évènements peuvent être vus comme simultanés pour un observateur, et non simultanés pour un autre en déplacement par rapport au premier. Il est même possible, quand les deux évènements sont séparés par un intervalle de genre espace que deux évènements soient vus dans un certain ordre par un observateur, et dans l'ordre inverse par un autre.

[modifier] Exemples d'application du diagramme de Minkowski

[modifier] Dilatation temporelle

Icône de détail Article détaillé : Dilatation du temps.
Dilatation temporelle : les deux observateurs considèrent que le temps passe plus lentement dans l'autre référentiel
Dilatation temporelle : les deux observateurs considèrent que le temps passe plus lentement dans l'autre référentiel

Selon la théorie de la relativité restreinte, une horloge animée d'une certaine vitesse par rapport à un référentiel qualifié de fixe sera observée comme battant le temps à un rythme plus lent que celui des horloges de ce référentiel.

Cette constatation est réciproque, c'est à dire que l'horloge dans le repère "fixe" sera également observée comme plus lente que celles du référentiel en mouvement, à partir de ce dernier référentiel, ce qui semble à première vue paradoxal.

Ceci peut être visualisé avec un diagramme de Minkowski. Pour un observateur en A (voir schéma ci-contre), le temps "simultané" de l'autre référentiel est le temps en B qui est inférieur à A[1]. L'observateur en A peut donc logiquement conclure que le temps se passe plus lentement dans l'autre référentiel. Réciproquement, pour un observateur en B, le temps "simultané" de l'autre référentiel est en C, qui est inférieur à B, et observe également un ralentissement du temps dans l'autre référentiel.


[modifier] La vitesse de la lumière comme vitesse limite

Emission d'un message vers le passé, à une vitesse supraluminique, de O à B via A.
Emission d'un message vers le passé, à une vitesse supraluminique, de O à B via A.

Le diagramme de Minkowski permet d'illustrer les contradictions et paradoxes qui interviennent à partir du moment où on postule qu'une information peut se propager à une vitesse supérieure à celle de la lumière.

Si un observateur en O est en mesure d'émettre un message vers A à une vitesse supraluminique, alors A peut réfléchir- supraluminiquement également - le message vers la position de O. Le diagramme de Minkowski montre que le message arrive alors dans le passé de l'observateur O (évènement B), avant que celui-ci ne l'ait envoyé..

De plus, pour l'observateur dans le référentiel (x,ct), l'évènement B a lieu avant l'évènement A, alors que l'ordre temporel apparait inverse pour un observateur dans le référentiel (x',ct'). Pour le premier observateur, B est la cause de A, alors que pour le second A est la cause de B. Ceci est une violation du principe de causalité selon lequel l'effet précède toujours la cause.

Ces considérations montrent que la limite de la vitesse de la lumière est une conséquence des propriétés de l'espace-temps et de la notion de causalité, et non une conséquence liées aux propriétés physiques des objets eux-même, comme des limites technologiques par exemple.

[modifier] Voir aussi

[modifier] Sources

  • Rindler, Wolfgang (2001). Relativity: Special, General and Cosmological. Oxford University Press. ISBN 0-19-850836-0. 

[modifier] Notes et références

  1. Le temps "vu" en A sur une horloge de l'autre référentiel sera en fait encore inférieur à B, dû au temps mis par l'image de l'horloge pour aller d'un référentiel à l'autre à la vitesse de la lumière. Mais ceci ne change rien de fondamental au raisonnement.
Autres langues