Cycle économique

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La croissance économique ne se fait pas de façon continue. Elle passe par des phases de croissance rapide et de croissance plus faible, voire de décroissance momentanée ou même de crise économique.

L'évolution de l'activité économique sur des périodes courtes (typiquement sur quelques années) est dénommée la conjoncture économique. Cette notion permet de distinguer ces hauts et bas relativement rapprochés des périodes d'évolutions plus longues de développement, stagnation, voire déclin économique pouvant s'étaler sur des générations.

Observant une certaine régularité dans ces fluctuations de la croissance, des auteurs ont bâti la « théorie des cycles » afin de rendre compte des successions de phases, et ainsi d'envisager une prévision des crises et des reprises de l'économie.

Sommaire

[modifier] Définition

Bien que les alternances de phases de hausse et de baisse de l'activité économique ne soient pas systématiquement régulières et périodiques, ces auteurs ont utilisé le terme « cycle » pour désigner ces fluctuations.

C'est ainsi que les économistes américains Arthur Burns et Wesley Mitchell du National Bureau of Economic Research ont apporté en 1946 dans leur ouvrage Measuring Business Cycles une définition du cycle : « un cycle est composé d'expansions qui se produisent à peu près en même temps dans de nombreuses branches, suivies de récessions, de contractions et de reprises tout aussi généralisées qui se rejoignent dans la phase d'expansion du cycle suivant ».

La prise de conscience de l'existence d'alternances dans les activités productives humaines pouvant ressembler à des cycles a été très précoce. On trouve ainsi dans la Bible la référence aux périodes de « vaches grasses » et de « vaches maigres », ce qui symbolise l'alternance des périodes de prospérité et de disette. Toutefois, la théorisation des cycles a été plus tardive.

[modifier] Les phases du cycle

Le cycle économique
Le cycle économique

La plupart des économistes s'accordent à distinguer quatre phases dans le cycle : la phase ascendante, la crise, la phase descendante et la reprise.

Toutefois, dans la réalité, il est difficile de distinguer avec précision ces phases, qui sont souvent imbriquées.

[modifier] La phase ascendante

Également appelée « phase A », « phase d'essor », « expansion », « boom » ou « prospérité ».

Cette période est caractérisée par une hausse de la production, qui s'accompagne d'une amélioration des salaires, de l'emploi et des bénéfices. Les entrepreneurs investissent alors pour accroître leurs capacités futures de production.

Toutefois, au fur et à mesure de l'expansion, les producteurs se heurtent à différents obstacles qui remettent en cause la poursuite de la croissance : hausse des coûts de production, des taux d'intérêt, des prix, et baisse de la consommation (engendrée par la hausse des prix). Parce que les stocks s'accumulent, il s'ensuit une baisse des prix, qui pousse les industriels à réduire leur production, à licencier... Le spectre de la crise guette alors l'économie.

[modifier] La crise

Il s'agit du point de retournement du cycle (ou « point d'inflexion »). Selon les époques et le contexte économique, les crises peuvent être de différentes natures et causées par différents facteurs : on distingue par exemple les crises de l'Ancien Régime - dues à une sous-production agricole - des crises de surproduction.

[modifier] La phase descendante

Également appelée « phase B », « contraction », « récession » ou « dépression » selon sa gravité.

Durant cette phase, l'économie se restructure tout en cherchant les moyens de sortir de la récession. C'est ainsi généralement durant cette période que les innovations apparaissent, permettant par la suite le retour de la croissance.

[modifier] La reprise

A l'inverse de la crise, il s'agit du point de retournement entre la phase descendante et la phase ascendante.

[modifier] Les différents types de cycle

[modifier] Les cycles longs (ou de Kondratieff)

Icône de détail Article détaillé : Cycle Kondratieff.

[modifier] Les cycles des affaires (ou de Juglar)

Icône de détail Article détaillé : Cycle Juglar.

[modifier] Les cycles mineurs (ou de Kitchin)

Icône de détail Article détaillé : Cycle Kitchin.

[modifier] Politique économique et cycles

Icône de détail Article connexe : Policy mix.

La théorie économique oppose les politiques procycliques (des états et banques centrales) aux politiques contracycliques, qu'elle juge préférables.

Les politiques contracycliques, comme leur nom l'indique, vont à l'encontre des mécanismes de cycles. Elles s'y opposent dans le sens d'utiliser la croissance pour réduire les déficits publics, tandis qu'en période de récession ces politiques peuvent alors tenter de relancer l'économie.

[modifier] Les origines des cycles économiques

Les cycles peuvent avoir plusieurs origines.

  • La première est exogène : c'est l'environnement qui est à l'origine du cycle. En effet, les accidents climatiques, les heurts politiques, les politiques économiques menées par les gouvernements peuvent interférer sur la croissance.
  • Une deuxième est endogène : c'est l'activité économique elle-même qui est à l'origine du cycle. Ainsi, l'accumulation de déséquilibres et d'excès (par exemple suraccumulation du capital, partage de la valeur ajoutée entre travail et capital déséquilibré) pendant la phase de croissance rapide, qui doivent être « digérés » avant qu'ait lieu la « reprise économique », qui pourra elle-même survenir grâce au développement d'innovations.
  • Une troisième est lié aux attitudes et comportements des "agents", notamment aux variations de confiance (anticipations) des consommateurs et producteurs.
  • Une quatrième est d'origine financière. En effet, au niveau des marchés d'actifs financier, on constate une alternance de tendances boursières entre marché haussier et marché baissier. Elle n'est qu'en partie liée aux cycles économiques, tant comme cause que comme effet, car elle peut résulter de comportements propres au seul public boursier, sans qu'il existe une explication économique bien claire. C'est le cas aussi pour les cycles d'endettement (dont toutefois la politique monétaire est aussi un facteur). Des éléments psychologiques, étudiés par la finance comportementale, peuvent en outre expliquer cette alternance.

[modifier] Remise en cause de la théorie des cycles

La théorie des cycles se heurte à différents problèmes, qui remettent en cause sa pertinence.

  • Le problème de la superposition des cycles :

Les trois différents types de cycles se superposent et peuvent donc conduire à des erreurs d'interprétation. Par exemple, l'économie peut se situer simultanément dans une phase A de cycle de Kondratieff et dans une phase B de cycle de Juglar, ce qui peut fausser les prévisions du retour de la croissance.

D'une manière plus générale, il est difficile de prévoir la succession des cycles et la durée précise de chaque phase, même s'il existe des signes avant-coureurs de la venue d'une crise : hausse des prix et des salaires, importante spéculation... Cette limite pose le problème de l'utilité de la théorie des cycles, qui peut alors être considérée comme uniquement constatative (et donc dénuée d'intérêt).

  • Critique à l'encontre des cycles de Kondratieff :

Les cycles ne permettent pas en effet d'expliquer toutes les grandes crises.

D'autre part, comme indiqué précédemment, les fluctuations de l'économie sont parfois la conséquence de causes exogènes : les guerres, épidémies, catastrophes naturelles peuvent affecter la croissance économique et ainsi remettre en cause la théorie des cycles, qui ne peut en aucun cas prévoir ce type d'événements.

Enfin, la prise en compte d'une telle théorie pourrait conduire à des attitudes fatalistes de la part des agents économiques : à quoi bon s'efforcer de trouver des solutions de sorties de crises, si la situation est vouée à s'améliorer d'elle-même ?

  • Le phénomène de disparition des cycles :

Durant la période des « Trente Glorieuses », on a assisté à une disparition des cycles économiques : la période de croissance, intense, n'a connu que de très faibles fluctuations, ce qui contredit la pertinence de la théorie des cycles majeurs et mineurs, ou, du moins, montre les limites d'une telle théorie, qui ne peut s'appliquer qu'imparfaitement à la réalité.

[modifier] Voir également

[modifier] Concepts

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